Conclusion

Pierre AMBROISE-THOMAS Il aurait été évidemment irréaliste de prétendre, dans le cadre d’une réunion finalement assez courte, couvrir tous les domaines de la pathologie tropicale. Cette séance commune de l’Académie des sciences d’Outre Mer et de l’Académie nationale de médecine nous a cependant permis d’en aborder quelques aspects essentiels.

La liste des maladies transmissibles, en particulier tropicales, s’allonge régulièrement avec l’apparition de maladies émergentes, résultant notamment du franchissement de la « barrière d’espèces » par des microorganismes pathogènes, microbiens ou viraux. Avec l’autorité que lui donne une parfaite connaissance de ces questions complexes, Madame Jeanne-Marie AMAT-ROZE nous a rappelé l’essentiel des circonstances qui favorisent ces émergences.

Quant aux maladies transmissibles déjà connues, leur épidémiologie connaît de profondes modifications liées aussi bien aux comportements humains qu’aux modifications environnementales de tous ordres. C’est ce qu’a souligné Jean-Pierre DEDET à propos des leishmanioses dont il est un des tous meilleurs spécialistes mondiaux.

Dans la lutte contre les maladies transmissibles, la vaccination s’est affirmée, depuis Pasteur, comme l’un des moyens les plus appropriées. Son usage en Afrique subsaharienne et les perspectives de développement qu’elle ouvrira si les programmes sont pleinement réalisés nous ont été présentés par Pierre Saliou qui allie, à propos de la vaccinologie, une remarquable expérience de terrain, de recherches et de développement industriel.

Enfin, la mise au point de médicaments adaptés au besoin des états du sud, efficaces et bien tolérés, ne constitue qu’une première étape. Encore faut-il que ces médicaments puissent être accessibles à des populations pauvres et donc de prix modique et qu’ils soient effectivement disponibles « au bout de la piste ». Ces impératifs et toutes les contraintes qu’ils supposent nous ont été magistralement présentés par Robert Sebbag. Nul ne pouvait en parler mieux que lui, en raison de son expérience personnelle de médecin « de terrain » et de responsable d’un programme, exemplaire à tous égards, créé par un grand laboratoire pharmaceutique français et précisément intitulé « accès aux médicaments ».

Cette séance ne peut que nous faire souhaiter la répétition de ces rencontres bi-académiques, qui permettront non seulement l’échange d’informations sur des aspects trop souvent méconnus de la médecine mais surtout, selon la très belle formule de Valèry, de « nous enrichir de nos mutuelles différences ».

Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 191, no 8, 1603-1604, séance du 20 novembre 2007