Commentaire d’EASAC et de FEAM
Le secteur de la santé— ouvrir la voie vers une économie à zéro émission de carbone
Un nouveau commentaire conjoint d’EASAC et de FEAM, représentant les Académies européennes des sciences et de médecine, souligne la responsabilité du secteur de la santé dans la réduction de ses propres émissions de gaz à effet de serre et dans la collaboration avec d’autres secteurs pour accélérer la décarbonisation de l’économie au sens large.
Les effets croissants et potentiellement désastreux du changement climatique sur la santé mentale et physique – y compris l’exposition accrue à la chaleur extrême, aux inondations et aux sécheresses, l’effet de la baisse des rendements agricoles sur la nutrition, l’incidence croissante des maladies à transmission vectorielle telles que la dengue et les effets indirects induits par les systèmes socio-économiques tels que l’augmentation de la pauvreté et les déplacements – sont devenus plus visibles ces dernières années. Ils représentent des défis de plus en plus importants et imprévus pour nos systèmes de santé.
Ironiquement, le secteur de la santé est lui-même responsable de 5 % des émissions de gaz à effet de serre en Europe et contribue donc à un avenir de plus en plus instable, à moins qu’il n’agisse rapidement. “Avec pour mission la guérison, le secteur des soins de santé a de bonnes raisons de devenir un leader en matière de solutions climatiques. Dans certains pays, nous voyons déjà des initiatives pionnières du secteur de la santé pour réduire son empreinte carbone”, explique le professeur Volker ter Meulen, Président du Programme Biosciences d’EASAC.
Le commentaire s’appuie sur le rapport d’EASAC intitulé “L’impératif de l’action climatique pour protéger la santé humaine en Europe”, publié en juin 2019. Alors que le rapport initial se concentrait sur les impacts du changement climatique sur la santé, les scientifiques insistent désormais sur la responsabilité du secteur de la santé de montrer l’exemple, en réduisant ses propres émissions de GES, et de travailler avec d’autres secteurs pour accélérer la décarbonisation de l’économie au sens large.
Avantages locaux et à court-terme pour la santé
“Le plus important, c’est que la décarbonisation du secteur de la santé n’aidera pas seulement le climat”, explique Robin Fears, directeur du programme Biosciences d’EASAC. “Nous voyons beaucoup d’améliorations possibles à partir d’achats écologiques, des espaces plus verts et de meilleures structures de bâtiments, jusqu’à des régimes alimentaires plus sains pour les patients, basés sur des aliments cultivés de manière durable, en passant par la santé numérique et d’autres modèles innovants de soins aux patients. Ces mesures d’atténuation au sein des systèmes de soins de santé peuvent encourager une utilisation optimale des ressources et apporter des avantages locaux et à court terme pour la santé.”
“La lutte contre le changement climatique devrait être considérée comme faisant partie intégrante de la mission du secteur, qui consiste à fournir des soins de haute qualité aux patients et à promouvoir la santé publique”, ajoute Andrew Haines, professeur de changement environnemental et de santé publique à la London School of Hygiene and Tropical Medicine. “Cela implique également de passer de la guérison à la prévention, notamment en s’attaquant aux causes sociales, environnementales et économiques des maladies. Aider les gens à faire des choix plus sains et plus durables a le potentiel de réduire le besoin de consultations hospitalières.”
Une grande opportunité pour l’Union européenne
L’EASAC et la FEAM se félicitent des objectifs de décarbonisation de plus en plus ambitieux de l’UE. Cependant, ils regrettent que jusqu’à présent, le secteur des soins de santé ait rarement été inclus dans les discussions sur la décarbonisation au niveau européen. Ils voient une grande opportunité pour l’UE de s’impliquer davantage dans les questions de santé et fournissent des recommandations sur la manière de promouvoir de telles initiatives.
“Les ambitions du secteur de la santé devraient stimuler et être stimulées par une action politique coordonnée au niveau de l’UE, par exemple en s’appuyant sur les initiatives actuelles de la Commission européenne pour des marchés publics durables et la stratégie pharmaceutique”, explique le professeur George Griffin, président de FEAM.
Les ambitions récemment annoncées pour l’Union européenne de la santé donnent un nouvel élan à l’action dans le secteur de la santé. Elles devraient être alignées sur d’autres priorités politiques et stratégiques, en particulier concernant l’économie circulaire, la bioéconomie, la santé numérique, la construction (vague de rénovation), la stratégie “de la ferme à la fourchette”, le Green Deal européen, la relance post-COVID-19, ainsi que sur l’action internationale collective relative aux Objectifs de Développement Durable et aux cibles de l’Accord de Paris.
Le leadership du secteur de la santé peut aider à surmonter les obstacles au changement transformateur en démontrant les avantages de la décarbonisation pour la santé dans toute une série de secteurs – notamment l’énergie, l’alimentation, les transports et le logement. “L’UE a la possibilité de stimuler l’action internationale : cette année, la COP26 offre une occasion sans précédent d’accélérer l’engagement en faveur des objectifs de l’Accord de Paris, dans lequel tous les secteurs doivent jouer leur rôle”, conclut M. Griffin.
Le commentaire fera l’objet d’une présentation et d’une discussion lors d’un évènement public organisé le 10 mai 2021 à 14h00. L’inscription au webinaire se fait ici.
À propos d’EASAC
EASAC est composé des Académies nationales des sciences des États membres de l’UE, de la Norvège, de la Suisse et du Royaume-Uni, qui collaborent pour donner des conseils aux décideurs européens. EASAC permet à la voix collective de la science européenne de se faire entendre. Par l’intermédiaire d’EASAC, les Académies travaillent ensemble pour fournir des conseils indépendants et fondés sur la science concernant les aspects scientifiques des politiques européennes, à destination de ceux qui élaborent ou influencent les politiques au sein des institutions européennes. En s’appuyant sur les adhésions et les réseaux des Académies, EASAC a accès au meilleur de la science européenne pour mener à bien son travail. Ses avis sont vigoureusement indépendants de tout parti pris commercial ou politique, et ses processus sont ouverts et transparents.
À propos de FEAM
FEAM est la Fédération européenne des Académies nationales de médecine et des sections médicales des académies des sciences. Elle réunit 23 académies nationales représentant des milliers de scientifiques parmi les meilleurs d’Europe. Sa mission est de promouvoir la coopération entre les Académies nationales de médecine et les sections médicales des Académies des sciences en Europe ; de fournir une plate-forme pour formuler leurs voix collectivement sur toute question ayant une dimension européenne concernant la médecine humaine et animale, la recherche biomédicale, l’éducation et la santé; et enfin d’étendre aux autorités européennes le rôle consultatif qu’elles exercent dans leur propre pays sur ces questions.
Contact
Dr Robin Fears
Directeur du programme biosciences d’EASAC
Email : robin.fears@easac.eu
Téléphone: +44 (7597) 308284
Prof. George Griffin
Département des maladies infectieuses et de Médecine, Université de St. George à Londres, GB
Email : george.griffin@feam.eu
Téléphone : +32 (0) 2 792 39 56
Pour les informations d’ordre général :
Mme Sabine Froning
Chargée de communication d’EASAC
Email : sabine.froning@easac.eu
Téléphone: +49 15208727000