Communication scientifique
Séance du 26 avril 2022

Cardiomyopathies aux anthracyclines : détection des patients à risque (résultats de l’observatoire national OFECPACA)

MOTS-CLÉS : Cardiotoxicité, Anthracyclines, Facteurs de risque, Prévention, Registre national
Anthracyclines cardiotoxicity: Detection of patients with cardiovascular risk factors (results of the OFECPACA national observatory)
KEY-WORDS : Cardiotoxicity, Antrhacyclines, Risk factors, Prevention, National registry

P. Gibelin*

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Résumé

La cardiotoxicité liée à la chimiothérapie est en augmentation du fait, d’une part, du vieillissement de la population et, d’autre part, d’une meilleure efficacité du traitement anticancéreux. Les anthracyclines représentent la base du traitement dans de nombreux cancers solides et hématologiques. La toxicité cardiaque aboutit à une cardiomyopathie hypokinétique. De nombreux traitements associés et/ou adjuvants favorisent l’atteinte cardiaque. Il en est de même de la radiothérapie associée. La fréquence dépend du type d’anthracyclines, de la dose et des facteurs de risque de cardiotoxicité des patients à savoir des antécédents cardiovasculaires et/ou facteurs de risque cardiovasculaires. Il est important de détecter précocement cette cardiotoxicité permettant de mettre en place un traitement efficace rapidement. En collaboration avec le groupe insuffisance cardiaque et cardiomyopathie de la Société française de cardiologie, nous avons mis en place un registre national d’évaluation de l’état cardiovasculaire des patients programmés pour une chimiothérapie aux anthracyclines associés ou non à un traitement par le trastuzumab (OFECPACA). Cinq centres ont participé à l’étude (Grenoble, Marseille, Bordeaux, Lyon, Nice). Deux cent dix-huit patients ont été inclus (72 % femmes, âge moyen 66 ans). En ce qui concerne les antécédents cardiovasculaires, on dénombre 9 % de patients avec une coronaropathie, 7 % avec insuffisants cardiaques, 5 % avec des antécédents de troubles du rythme. Pour les facteurs de risque cardiovasculaires, on enregistre 48 % de patients avec HTA, 26 % avec hypercholestérolémie, 26 % de diabétiques, et 32 % de surpoids ou obésité. À l’échocardiographie, 4 % des patients avaient une FEVG inférieure à 50 % et, sur le plan biologique, 10 % des patients avaient une valeur de la troponine supérieure à la limite supérieure du laboratoire. En conclusion, ces résultats soulignent l’intérêt de développer des centres d’oncocardiologie avec des équipes multidisciplinaires afin d’optimiser la prise en charge des patients nécessitant une chimiothérapie potentiellement cardiotoxique.

Summary

Anthracyclines still represent the mainstay of treatment in many solid and hematological cancers. Chemotherapy-related cardiotoxicity is increasing, due partly to the aging of the population and partly to better efficacy of cancer treatment. Cardiac toxicity leads to hypokinetic cardiomyopathy. Many associated and/or adjuvant treatments promote cardiac damage. The same applies to associated radiotherapy. The frequency depends on the type of anthracyclines, the dose, and the risk factors for cardiotoxicity of the patients, namely the cardiovascular history and/or cardiovascular risk factors). It is important to detect this cardiotoxicity early, allowing treatment to be put in place effective quickly. In collaboration with the “Heart failure and cardiomyopathy group” of the French Society of Cardiology, a national registry for the evaluation of the cardiovascular status of patients scheduled for anthracycline chemotherapy associated or not with trastuzumab treatment (OFECPACA) was set up. Five centers took part in the study (Grenoble, Marseille, Bordeaux, Lyon, Nice). Two hundred and eighteen patients were included (72% women, average age 66 years), 9% of which with coronary artery disease, 7% with heart failure, 5% with a history of arrhythmias. For cardiovascular risk factors, there were 48% of patients with hypertension, 26% with hypercholesterolemia, 26% were diabetics, and 32% were overweight or obese. On echocardiography, 4% of patients had an LVEF less than 50% and, biologically, 10% of patients had a troponin value above the upper laboratory limit. In conclusion, these results underline the interest of developing oncocardiology centers with multidisciplinary teams to optimize the management of patients requiring potentially cardiotoxic chemotherapy.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2022.03.009

Accès sur le site EM Consulte

*Université Côte d’Azur, Nice, France

Bull Acad Natl Med 2022;206:676-83. Doi : 10.1016/j.banm.2022.03.009