Rapport
Séance du 7 janvier 2003

Campagnes nationales de prévention assurées par des médecins généralistes

MOTS-CLÉS : alcoolisme. comportement dépendant. maladies sexuellement transmissibles.. médecine familiale. obésité. prévention. tabagisme
National prevention campaign to be carried out by general practitioners
KEY-WORDS : alcoholism. behavior, addictive. family practice. obesity. primary prevention. sexually transmitted diseases.. smoking

P. Ambroise-Thomas

RAPPORT au nom d’un groupe de travail *

Campagnes nationales de prévention assurées par des médecins généralistes

National prevention campaign to be carried out by general practitioners

Pierre AMBROISE-THOMAS Préambule et recommandations générales

La prévention est un aspect essentiel de la santé publique qui, dans une certaine mesure, peut aussi contribuer à l’optimisation des dépenses de santé.

Elle est dite primaire quand elle s’attaque aux causes, secondaire quand elle procède au dépistage des affections et tertiaire quand elle vise à éviter toute évolution défavorable.

C’est à ces différents niveaux que, dans le cadre de consultations spécifiques, des médecins de famille pourraient jouer un rôle essentiel. Beaucoup d’entre eux le désirent et y verraient une activité gratifiante, avec une meilleure reconnaissance de leur place dans le système sanitaire français.

Ceci concerne certaines campagnes nationales pour lesquelles, dans un premier temps, l’Académie nationale de médecine recommande de retenir comme thèmes : les déséquilibres alimentaires avec leurs composantes pédiatriques (obésité de l’enfant), l’alcool, le tabac et les autres conduites addictives, les maladies sexuellement transmissibles. Par la suite, d’autres priorités pourront être choisies, concernant par exemple la violence, mais, en dehors de ces grandes campagnes nationales, la prévention doit être considérée comme faisant partie intégrante de tout acte médical avec les conseils et les informations donnés aux patients durant les consultations habituelles.

Recrutement, formation et évaluation des pratiques des médecins géné- ralistes concernés

Les médecins de famille participant à ces campagnes de prévention seraient recrutés sur la base du volontariat.

Ils bénéficieraient d’une formation adaptée, dispensée par les Facultés de médecine ou par les structures de formation continue. Cet enseignement intègrerait des Diplômes d’Université ou des unités de valeur de ces diplômes proposés par certaines Facultés (Tabacologie, Alcoologie, Addictologie) et pourrait s’inspirer du programme général proposé par l’Académie nationale de médecine.

Pour la durée de cette formation, il serait souhaitable de prévoir une indemnisation des médecins qui y participeront.

La « validation » des structures d’enseignement serait assurée par un comité associant des membres de l’Académie nationale de médecine, des représentants de la conférence des Doyens des Facultés de Médecine, des représentants du Conseil National de l’Ordre des médecins, et des sociétés savantes concernées.

Le contrôle des connaissances relèverait de la responsabilité des Facultés de Médecine, les Agences Régionales de la Santé étant chargées de l’évaluation ultérieure des pratiques, en liaison avec les représentants agréés des médecins généralistes.

Pour l’avenir, il serait souhaitable que les Facultés de Médecine développent sensiblement dans leurs programmes de formation initiale, la part dévolue à la prévention.

La participation de médecins généralistes aux campagnes nationales de prévention constituerait une activité spécifique mais, en aucun cas, ne pourrait être considérée comme relevant d’une spécialité.

Organisation pratique et fonctionnement

À partir des priorités définies au niveau national, ces activités de prévention seraient organisées à l’échelon régional, en collaboration avec les représentants agréés des médecins généralistes. Elles seraient évidemment « articulées » avec les structures préventives spécialisées ayant des activités complé- mentaires : consultations de CHU, campagnes des associations régionales ou nationales, etc.

Les consultations de prévention seraient destinées à identifier les patients « à risques » — en profitant notamment de certaines occasions telles que les Journées d’Appel de Préparation à la Défense (APD) — et à mettre éventuellement en œuvre la prise en charge de ces patients. Elles complèteraient donc
l’action de consultations déjà existantes (médecine scolaire, médecine du travail, PMI, etc.).

Ces consultations de prévention d’une durée suffisante, par exemple d’une demi heure, se dérouleraient selon un protocole précis et avec un document détaillé à remplir et à inclure dans le dossier du patient.

Il appartiendrait à la Direction Générale de la Santé d’établir ce protocole et de réaliser les documents correspondants aux différents types de consultations.

Les consultations de prévention donneraient lieu à une rémunération forfaitaire, par exemple sous la forme d’une dotation contractuelle accordée à chaque médecin par les caisses d’assurance maladie, en fonction du temps consacré à ces campagnes de prévention.

Évaluation des résultats

L’évaluation biennale des résultats serait réalisée, à l’échelon régional, par les Agences Régionales pour la Santé (ARS) et, au niveau national, par l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation de la Santé (ANAES).

À l’issue de ces évaluations, d’autres thèmes prioritaires pourraient être éventuellement retenus.

*

* *

L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 7 janvier 2003, a adopté ce rapport à l’unanimité.


* constitué de MM. AMBROISE-THOMAS (Président), TUBIANA, HOLLENDER, ARMENGAUD, ARTHUIS, BANZET, CIER, CREMER, DUBOIS G., GLORION, MICHEL, QUENEAU, SÉNÉCAL, STEG, CHATIN (invité).

Bull. Acad. Natle Méd., 2003, 187, no 1, 175-177, séance du 7 janvier 2003