Communication scientifique
Séance du 16 novembre 2022

Automédication et mésusage

MOTS-CLÉS : Automédication, Mésusage de médicament, Pharmacovigilance
Self-medication and drug misuse
KEY-WORDS : Self Medication, Drug misuse, Pharmacovigilance

H. Bagheri (a), (⁎) , J.P. Giroud (b)

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Résumé

L’automédication est définie comme la prise d’un ou plusieurs médicaments, sur sa propre initiative sans avis médical et sans le conseil d’un pharmacien. Le médicament peut être acheté sans ordonnance en pharmacie ou être présent dans la pharmacie familiale. Les médicaments utilisés en automédication sont utilisés pour le traitement des pathologies dites « mineures » avec un profil d’effet indésirable « sécurisant » lorsqu’ils sont utilisés de manière appropriée. Néanmoins, pour nombreux de ces médicaments, les informations concernant leur efficacité et leur risque s’avèrent insuffisantes et non transparentes. Les auteurs décrivent les dangers de l’automédication et leur mésusage à travers divers exemples, comme l’utilisation des décongestionnants oraux dans le rhume pouvant générer des effets indésirables rares mais graves (effets indésirables cardiovasculaires ou neurologiques). En effet, la porosité des frontières entre les différents statuts des produits de santé facilite leur changement de statut. L’augmentation des passages du « médicament » aux produits plus faiblement réglementés, la banalisation de leur utilisation par le public et leur consommation croissante nécessitent la sensibilisation des consommateurs, mais aussi des professionnels de santé. Durant la pandémie de la COVID-19, plusieurs produits ont été commercialisés comme dispositif médical comme agent virucide (spray nasal) sans aucune efficacité. En conclusion, face à une utilisation croissante des produits (médicament, complément alimentaire, dispositif médical…) en automédication, il est nécessaire de disposer d’une base d’informations grand public, indépendantes, présentant une recommandation de médicaments validés par des experts et de garantir le maintien sur le marché des médicaments avec un rapport bénéfice/risque favorable, grâce à une pharmacovigilance active pour la détection des effets indésirables graves ou rares.

Summary

Self-medication means to take drugs without getting permission from a doctor or without following the advice of a pharmacist. The drug could be bought without prescription in pharmacy or be available in family pharmacy. Self-medication drugs are considered to be safe for an appropriate use for the treatment of pathologies classed as “minor”. However, data about their efficacy and risk remain insufficient and non transparent. The authors describe the danger of self-medication and the misuse of these drugs by several examples, such as per os nasal decongestants used for common cold which should induce rare but serious adverse effects (cardiovascular or neurologic adverse effects). In fact, the absence of clear distinction between the different statutes of health products facilitates their status changes. The increasing shift from “medicines” to less regulated products, the trivialization of their use by the public and their increasing consumption require to raise the awareness of consumers and health professionals. Furthermore, during the COVID-19 pandemic, several products were marketed as medical device as virucidal agent (nasal spray) without any efficacy. In conclusion, taken into account the increase use of products (drugs, food supplement, medical device…) in self-medication, it should be necessary to dispose an independent public database for self-medication drugs with validated guidelines and to guarantee the marketing of these drugs with a favourable benefit/risk ratio by an active pharmacovigilance for detection of rare or serious adverse effects.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2022.12.010

Accès sur le site EM Consulte

(a) Service de pharmacologie médicale, centre de pharmacovigilance et d’informations sur le médicament de Toulouse, faculté de médecine, CHU de Toulouse, France
(b) Académie de médecine, Paris, France

⁎Auteur correspondant, CHU de Toulouse, Inserm U1027, université Toulouse III, service de pharmacologie médicale et clinique, centre midi-pyrénées de pharmacovigilance, de pharmacoépidémiologie et d’information sur le médicament, 37, allée Jules Guesde, 31000 Toulouse, France.

Bull Acad Natl Med 2023;207:178-195. Doi : 10.1016/j.banm.2022.12.010