Publié le 6 juillet 2017

Le 27 juin 2017, la séance de l’Académie a été consacrée aux « Activités physiques et sportives » (des preuves scientifiques à la prise en compte par les pouvoirs publics en prévention) organisée par Claude Pierre Giudicelli.

Dans une suite d’exposés ont été traités successivement :

– le concept d’activité physique (Martine DUCLOS)

– les moyens de faire évoluer les comportements vis à vis de l’activité physique ? (Jean-François TOUSSAINT)

– les bases biologiques (André-Xavier BIGARD)

– la prescription médicale de l’activité physique (Daniel RIVIÈRE)

 L’expertise collective conduite par l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) de 2015 à 2016, a permis d’établir que l’activité physique (AP) correspond à « tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques, entraînant une augmentation de la dépense énergétique par rapport à celle de repos ». C’est la composante la plus variable de la dépense énergétique totale d’un individu car elle regroupe l’ensemble des activités qui peuvent être pratiquées dans différents contextes, principalement le travail, les déplacements, les activités domestiques et les loisirs. Ces derniers incluent l’exercice physique et le sport. L’AP peut être caractérisée par plusieurs paramètres (type de pratique, fréquence, intensité,  durée de chaque session).

Parmi les différents types d’AP certaines développent :

– les capacités cardio-respiratoires (activités dites d’endurance) qui permettent d’accroître l’aptitude à maintenir des exercices prolongés ;

– les fonctions musculaires (force et puissance) avec principalement, dans la vie de tous les jours, les montées et descentes d’escaliers, les levers de chaise, le port de charges, etc. ;

– le maintien de l’équilibre, particulièrement importantes chez les sujets avançant en âge ;

– la souplesse et la mobilité articulaire, assurant l’amplitude de déplacement des segments osseux autour d’une articulation.

Toute aussi importante est la définition de l’inactivité physique, niveau insuffisant de l’activité nécessaire au maintien de l’état de santé dont le niveau quotidien est inférieur au seuil recommandé : soit 30 minutes d’AP d’intensité modérée au minimum 5 fois par semaine pour les adultes et 60 minutes par jour pour les enfants et les adolescents.

La sédentarité correspond à une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique faible, inférieure à 1,6 MET (le MET représentant la valeur du métabolisme de repos par la durée). Son évaluation en heures/jour, nécessite de considérer le temps passé en position assise ou allongée. Le comportement sédentaire a ses effets propres sur la santé. Dans beaucoup d’études cliniques et épidémiologiques, une confusion persiste encore entre l’inactivité et la sédentarité. Il est important de retenir qu’une personne peut être physiquement active, en s’engageant régulièrement dans des AP, tout en étant par ailleurs très sédentaire quand elle est assise plus de 8-9 heures par jour. Cette situation est faussement rassurante dans la mesure où la sédentarité représente par elle-même un facteur de risque.

En effet, les études épidémiologiques prouvent que la sédentarité augmente les risques de survenue de maladies cardiovasculaires, métaboliques et de certains cancers.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, 1/4 des européens adultes et 4/5 des adolescents ne sont pas suffisamment actifs. L’inactivité est le quatrième facteur de risque de décès dans le monde, toutes causes confondues.

Derrière ces données épidémiologiques, il y a des réalités biologiques. Depuis quelques années, des progrès considérables ont été réalisés dans la compréhension des mécanismes cellulaires et moléculaires qui rendent compte des effets bénéfiques de l’AP sur la santé. Les effets de l’AP régulière sont en rapport avec différents facteurs :

– le brain-derived neurotrophic factor (BDNF) de l’hippocampe, les effets angiogéniques et l’anabolisme musculaire induits par les contractions, la sensibilité à l’insuline ;

– l’état inflammatoire de bas-grade qui intervient dans de nombreuses affections chroniques est atténué par l’action de l’IL-6, cytokine produite par le muscle. Cette cytokine a aussi une action métabolique en favorisant l’oxydation des acides gras.

L’ensemble de ces connaissances permet de justifier une notion récemment apparue, celle de prescription de l’activité physique qui mérite d’être éclaircie : la prescription concerne des patients porteurs de maladies chroniques dont l’évolution et les complications peuvent être améliorées par la pratique régulière d’une AP. Elle est donc distincte de la préconisation de l’AP qui doit être recommandée à la population générale dans un contexte général de prévention primaire.

La prescription de l’AP est un acte médical, qui nécessite de respecter une méthode systématisée :

– étude des antécédents du patient en particulier dans le domaine des pratiques sportives et conduite d’un entretien motivationnel ;

– pratique d’un examen médical complet en particulier des appareils cardio-vasculaire et locomoteur ;

– réalisation d’une évaluation fonctionnelle.

 

A l’issue peuvent être rédigés ;

– un certificat d’absence de contrindication ou de pratique adaptée aux limitations et aux facteurs de risque ;

– une prescription des actions à envisager, incluant l’augmentation de la mobilité active, les activités de loisir, la réduction de la sédentarité, une activité sportive adaptée, correspondant aux choix du patient ;

– un calendrier de visites de contrôles afin de vérifier la bonne tolérance médicale du programme et de raviver la motivation du patient.

Si la prescription de l’AP chez des patients porteurs de maladies chroniques est parfaitement justifiée par l’état actuel des connaissances, elle n’est pas sans poser quelques difficultés qui ont trait à :

– la prise en charge financière, non seulement de l’encadrement par des professionnels de l’AP, mais aussi de la visite médicale de prescription ;

– les formations initiale et continue des médecins à la prescription de l’AP. Si la formation continue peut être envisagée dans le cadre des programmes de développement permanent des connaissances (DPC), la formation initiale doit très rapidement comporter un enseignement commun à l’ensemble des étudiants.