Communiqué
Session of 19 octobre 2010

À propos des dangers des vaccins comportant un sel d’aluminium

MOTS-CLÉS : adjuvants immunologiques. aluminium. vaccins

Pierre Bégué (au nom de la sous-commission des vaccinations de la Commission VII — Maladies infectieuses et Médecine tropicale)

De façon récurrente, l’aluminium dans les vaccins est incriminé. En 1998, une équipe de chercheurs français a décrit la myofasciite à macrophages (MFM) caractérisée par une lésion inflammatoire localisée au seul point d’injection ; ils ont relié cette lésion particulière à un syndrome comportant fatigue chronique et douleurs musculaires et articulaires et l’ont imputé à l’aluminium de l’adjuvant vaccinal. Une étude conduite avec l’AFSSAPS n’a pu conclure en 2004 à la relation entre les signes systémiques et la lésion histologique et ne remet pas en cause la balance bénéfice-risque des vaccins contenant un adjuvant aluminique [1, 2]. Ces constatations avaient été faites également en 2003 par l’Académie nationale de médecine [3]. Un travail plus récent en 2009, sur de courtes séries comparatives, montre la présence de troubles des fonctions cognitives chez les malades ayant une MFM. L’hypothèse invoquée d’une atteinte neurologique en partie due à l’aluminium n’a pas été confirmée [4].

Pourtant, récemment, une étude annoncée — mais non publiée — accusant l’aluminium des vaccins de favoriser des maladies neurologiques, a relancé la polémique.

L’Académie nationale de médecine rappelle qu’ un certain nombre de vaccins nécessitent l’adjonction d’un adjuvant pour obtenir une réponse immunitaire efficace et prolongée. Depuis 1926 les sels d’aluminium (hydroxyde et phosphate d’aluminium) ont été, jusqu’ à ces dernières années, les seuls adjuvants utilisés chez des centaines de millions de personnes, dont de très nombreux enfants, en raison de leur efficacité associée à une très bonne tolérance. La présence de sels d’aluminium au site de l’injection vaccinale permet la maturation des cellules immunitaires prenant en charge les antigènes vaccinaux, en particulier pour induire des réponses lymphocytaires de type Th2.

L’Académie nationale de médecine considère que rien ne permet, dans l’état actuel des connaissances, d’imputer à cet adjuvant vaccinal, employé depuis de si nombreuses décennies, des troubles systémiques et neurologiques certainement plurifactoriels et d’évaluation délicate.

L’Académie nationale de médecine regrette que certains chercheurs, cèdent à la tentation de faire passer la vulgarisation avant toute publication dans des revues scientifiques sur des faits indiscutables.

L’Académie nationale de médecine met en garde contre la peur injustifiée des vaccins, parfois abusivement relayée par les médias, retentit rapidement sur la couverture vaccinale d’une population et la gestion de la vaccination par les praticiens, ce qui serait hautement dommageable pour la prévention des maladies infectieuses que la vaccination généralisée a réussi à contrôler ou même éliminer.

BIBLIOGRAPHIE [1] AFSSAPS. Rapport d’étude, octobre 2003 ‘‘ http://www.afssaps.fr/var/ ’’ [2] AFSSAPS. Avis du conseil scientifique. 5 mai 2004.

[3] BÉGUÉ P. — Conclusions et recommandations, in Séance thématique vaccinations. Bull.

 

Acad. Natle. Med. 2003, 187 : 1523-1527.

[4] COUETTE M., BOISSE M.F., MAISON P., BRUGIÈRES P., CESARO P., CHEVALIER X., GHÉRARDI R.K., BACHOUD-LÉVI A.C., AUTHIER F. — Long-term persistence of vaccine — derived aluminium hydroxyde is associated with chronic cognitive dysfunction. Journal of inorganic biochemistry , 2009, 103 : 1571-78.

 

L’auteur n’a pas de conflit d’intérêts avec les établissements fabriquant des vaccins.

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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 19 octobre 2010, a adopté le texte de ce communiqué moins deux abstentions.

 

* Membre de l’Académie nationale de médecine

 

Bull. Acad. Natle Méd., 2010, 194, no 7, 1383-1384, séance du 19 octobre 2010