1) Le Parlement a décidé la suppression de l’internat en médecine obtenu par concours. Il s’agit non pas de mettre en place un « Internat pour tous », comme cela a été avancé, mais de faire un examen de classement des résidents, c’est-à-dire des étudiants en médecine accédant au 3ème cycle de leurs études universitaires et hospitalières. Le terme interne ne désigne plus une compétence acquise mais une fonction en liaison avec le flux des spécialistes et des généralistes dans notre pays. Il est exact que l’internat des hôpitaux, devenu depuis 1983-84 un concours universitaire obligatoire pour devenir spécialiste et au-delà, hospitalo-universitaire, prêtait à la critique quant au déroulement et au programme des épreuves du concours.
Il est non moins exact que la formation du résident accédant à la médecine générale était encore plus critiquable, comme l’indiquait clairement le rapport du Comité National d’Évaluation Universitaire.
2) L’Académie nationale de médecine a depuis longtemps constitué un groupe de travail sur ces problèmes dont les conclusions ont été communiquées aux deux ministères de l’Éducation nationale et de la Santé. Elle estimait en particulier :
— que l’internat devrait être réservé non seulement aux futurs spécialistes mais aussi aux médecins généralistes après concours, dont le programme prépare à la pratique et à l’apprentissage de la responsabilité dans la plupart des disciplines cliniques, l’internat constituant une sorte d’école d’application de l’enseignement universitaire ;
— que le recrutement se fasse à un niveau interrégional (cinq à six grandes régions) pour éviter le gigantisme d’une épreuve valable pour tout le territoire. Cette modalité ne s’oppose pas, contrairement à une idée répandue, à des échanges d’internes en France ou en Europe ;
— que soit supprimé en fin du 2ème cycle, c’est-à-dire à Bac + 6 ou Bac + 7, le système des questions à choix multiples ;
— que l’examen de fin du 2ème cycle puisse conduire certains étudiants à ne pas exercer la discipline médicale mais être le préalable à d’autres orientations (docteur ès sciences médicales par exemple).
Ces propositions n’ont pas été retenues dans le texte récemment publié. Ce texte prévoit aussi que les centres hospitaliers régionaux doivent fusionner et s’intégrer dans les centres hospitalo-universitaires.
3) Pour nous, il convient de s’interroger sur le recrutement des collaborateurs dits « internes » dans les CHU (ou groupements de CHU), lesquels s’efforcent de se maintenir en première place dans les soins aux malades et la recherche clinique. Il nous paraît certain que des chefs de service responsables doivent et devront recruter les meilleurs parmi les étudiants en 3ème cycle, à partir de critères différents de ceux d’un examen théorique de fin du 2ème cycle. Ce problème, qui se présente dans d’autres pays développés, ne pourra être résolu dans le nôtre que par un mode sélectif reposant en totalité ou en très grande partie sur des épreuves anonymes, comme le demandent, avec force, tous les étudiants de notre pays, attachés à l’égalité des chances. La proposition de certains de faire un concours d’accès aux postes de chefs de clinique, en les appelant « internes », à l’exemple du système britannique où tous les spécialistes sont hospitaliers mais accèdent tard à un poste, interviendrait alors à Bac +10 à Bac + 12, dans le cursus des études médicales…
L’Académie nationale de médecine justement préoccupée de la qualité des soins offerts à nos concitoyens dans les années à venir, que ce soit en pratique hospitalière ou en pratique de ville, est prête à participer aux réflexions concernant le cursus des études médicales et les modalités d’application de la décision parlementaire.
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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 19 juin 2001, a adopté le texte de ce communiqué (un voix contre, seize abstentions).
Bull. Acad. Natle Méd., 2001, 185, no 6, 1171-1172, séance du 19 juin 2001