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Session of 9 décembre 2008

à Louis Guize (1939-2008),

Claude Jaffiol *

 

Hommage à Louis Guize (1939-2008)

Claude JAFFIOL *

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire perpétuel, Madame, chers Collègues, Mesdames, Messieurs.

Je suis honoré mais aussi très ému de présenter, au nom de Louis Guize, le travail qu’il aurait exposé en ces lieux si le sort n’en avait décidé autrement.

Son étude s’inscrit dans le cadre des activités du groupe de travail, que je coordonne, consacré aux liens entre précarité et diabète, thème d’actualité auquel notre ami portait un intérêt tout particulier. Louis Guize participait très régulièrement à nos réunions qu’il animait avec conviction grâce à ses connaissances et à son esprit critique qui faisaient de lui un interlocuteur très écouté.

Entre nous, les relations au sein de ce groupe de travail ont rapidement évolué.

Le plaisir d’un échange intellectuel nourri par la remarquable intelligence de Louis s’est progressivement enrichi d’une estime réciproque puis d’une amitié sincère qui me conduit aujourd’hui à porter ce témoignage.

Notre président a rappelé, dans une allocution antérieure, les étapes marquantes de la carrière de celui qui apporta à la cardiologie le fruit de recherches originales et le bénéfice d’une expérience clinique irremplaçable nourrie par des années de pratique hospitalière.

Aussi, je serai assez succinct sur ce point.

Louis Guize est né le 26 Août 1939.

Interne puis assistant du Professeur Lenègre, il sera nommé professeur en 1972 et gravira tous les échelons de la carrière hospitalière et universitaire consacrée par son élection au sein de notre Compagnie comme Membre correspondant en 2003.

Au sein de sa discipline, il privilégia deux axes de travail.

Au premier rang, l’électro-physiologie qui fit l’objet de sa Thèse inaugurale sur les voies de conduction en microscopie optique et électronique. Louis Guize devint une autorité reconnue dans le domaine de la rythmologie. Ce champ de recherches fut particulièrement fécond avec la mise au point de techniques thérapeutiques novatrices. Il mit au point des systèmes d’intervention électrique source de progrès dans le domaine des stimulateurs cardiaques et du défibrillateur implantable. Il fut l’un des promoteurs de la rythmologie interventionnelle, auteur de la première ablation endocavitaire par radio fréquence chez l’homme. Il créa une technique de cryothermie pour traiter les troubles du rythme.

L’épidémiologie et la prévention auxquelles il attachait une grande importance représentent le deuxième domaine privilégié par Louis Guize.

Avec Jean Himbert, il fonda en 1972 le Centre d’investigation préventive et clinique d’Ile de France ce qui lui permit de collecter un nombre impressionnant de données qui donnèrent lieu à de multiples publications internationales dans le domaine de l’athérosclérose et du diabète. Certaines ont été exploitées dans le travail que je vais présenter.

Mon propos ferait preuve d’indigence s’il se limitait à la seule évocation de son œuvre scientifique et occultait les qualités humaines de celui dont la présence est toujours vivante parmi nous.

Une élégance naturelle, une extrême courtoisie et d’exceptionnelles qualités de cœur frappaient ceux qui avaient le privilège de le côtoyer. Ce dernier trait de sa personnalité explique son intérêt pour les populations précaires qui font l’objet de l’étude que je vais présenter en son nom.

Nous partagions la même conviction que, notre Académie, au-delà de ses légitimes interrogations scientifiques, devait s’investir dans les problèmes socio-économiques confirmant ainsi son intérêt et sa proximité avec la souffrance de nombre de nos concitoyens.

Louis Guize était un homme de cœur très attaché à sa famille frappée, comme nous tous, par sa disparition trop précoce.

Son départ prématuré pleuré par ses proches et ses amis ne saurait effacer la conviction que Louis Guize est aujourd’hui parmi nous à la place qu’il devait légitimement occuper comme Membre Titulaire de notre Compagnie.

 

<p>* Membre de l’Académie nationale de médecine</p>

Bull. Acad. Natle Méd., 2008, 192, no 9, 1705-1706, séance du 9 décembre 2008