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Vaccination anti-Covid ; le temps des rappels est-il venu ?
Communiqué de l’Académie nationale de médecine
16 août 2021
Alors que la couverture vaccinale contre la Covid-19 n’atteint pas encore le taux de 60% de Français ayant reçu une vaccination complète, l’administration d’une dose de rappel est envisagée pour les populations qui étaient considérées comme prioritaires au début de la campagne nationale de vaccination (résidants d’EHPAD et d’USLD, personnes âgées de plus de 80 ans vivant à domicile, atteintes de comorbidités ou immunodéprimées).
Cette disposition ne doit pas être confondue avec l’administration d’une troisième dose de vaccin recommandée depuis le 18 juin et déjà pratiquée chez les personnes immunodéprimées ou atteintes de certains cancers [1] pour compenser une déficience du système immunitaire. L’injection d’une dose de rappel vise à renforcer la protection vaccinale chez les sujets dont la réponse immunitaire humorale, évaluée par le titre des anticorps neutralisants, est devenue faible, voire indétectable après quelques mois. La décroissance du taux d’anticorps s’observe chez toutes les personnes vaccinées, mais elle est plus rapide après 65 ans ou en cas de comorbidité [2].
Le rappel reste entouré d’un certain nombre d’incertitudes liées à la méconnaissance des corrélats immunitaires de protection contre la Covid-19 et contre l’infection par le SARS-CoV-2. En plus de la réponse humorale active sur la neutralisation du virus et de ses principaux variants, il existe une immunité cellulaire (lymphocytes CD4 et CD8) post-vaccinale d’expression cytotoxique et cytokinique dont l’effet sur la transmission virale et sur la physiopathologie de l’infection est encore mal défini.
Peu de données sont aujourd’hui disponibles pour démontrer la nécessité de généraliser un rappel vaccinal après les 2 premières doses de vaccin. Un sujet vacciné conserve une mémoire immunitaire qui le protège pendant une durée minimum de 6 à 8 mois contre les formes sévères de Covid-19. Si le principe d’un rappel se justifie chez les personnes âgées ou vulnérables, les modalités de ce rappel devraient être étayées par des études cliniques permettant de déterminer, suivant la nature du vaccin, l’intervalle à respecter après la deuxième dose de vaccin et l’âge seuil de cette prescription.
On pourrait être amené à proposer le rappel aux personnes âgées de plus de 65 ans ou atteintes de comorbidité. L’avantage éventuel d’une immunisation hétérologue [2], soit par un vaccin déjà disponible sur le marché, soit par un vaccin actuellement en phase 3 de développement, doit aussi être évalué. Des données complémentaires sur la nature, la cinétique, la persistance des anticorps et des réponses cellulaires chez les sujets âgés, sont attendues pour optimiser le schéma vaccinal selon les facteurs de risque individuels.
L’instauration de rappels dans le calendrier vaccinal contre la Covid-19 constitue un nouvel enjeu de communication. Elle ne doit pas susciter d’inquiétude quant à l’efficacité des vaccins contre le SARS-CoV-2, variant Delta inclus [3]. Elle ne doit pas détourner la campagne de vaccination de son objectif principal visant à atteindre une immunité collective le plus rapidement possible. Enfin, elle ne doit pas faire ignorer le devoir d’assistance aux pays démunis et le partage nécessaire des stocks de vaccins dans le cadre du programme Covax.
Compte-tenu de la couverture vaccinale encore insuffisante en France et de la nécessité de maintenir l’immunité chez les personnes les plus fragiles, l’Académie nationale de médecine recommande :
- de ne pas se tromper de priorité et de privilégier la complétude de l’immunité collective ;
- d’associer le rappel vaccinal des populations âgées de plus de 65 ans et atteintes de comorbidités à un programme de rattrapage vaccinal pour ces mêmes personnes encore non primo-vaccinées ;
- de compléter les études sur la cinétique des anticorps post-vaccination dans les différentes classes d’âge et vis-à-vis des nouveaux variants afin de déterminer le délai idéal pour une injection de rappel ;
- d’étudier l’efficacité et l’innocuité des rappels homologues ou hétérologues en testant les vaccins de nouvelle génération ;
- de s’assurer qu’un programme de rappels ne compromettra pas les actions de solidarité vaccinale avec les pays à ressources limitées et auprès des populations les plus pauvres et marginalisées.
- DGS-URGENT N°2021-61, 18 juin 2021
- Pinti M et al. Aging of the immune system: focus on inflammation and vaccination. Eur.j.Immunol. 2016, 46: 2286-2301
- DGS-URGENT N°2021-61, 18 juin 2021
- He Q et al. Heterologous prime-boost: breaking the protective immune response bottleneck of COVID-19 vaccine candidates. Emerg Microbes Infect. 2021 ; 10(1) : 629-37.
- Urbanowicz RA et al. Two doses of the SARS-CoV-2 BNT162b2 vaccine enhances antibody responses to variants in individuals with prior SARS-CoV-2 infection. Science Translational Medicine 10 Aug 2021: eabj0847.
Contact Presse : Virginie Gustin 0662524342 ; virgine.gustin@academie-medecine.fr
Anti-Covid vaccination; is it time for booster shots?
Press release from the French National Academy of Medicine
August 16, 2021
While a complete vaccination coverage against Covid-19 has not yet reached 60% in France, the administration of a booster dose is being considered for populations who were thought as priorities at the start of the national vaccination campaign: residents of EHPAD (establishment for dependent elderly people) and USLD (long term care unit), people over 80 years old living at home, people suffering from co-morbidities or immunocompromised).
This provision should not be confused with the administration of a third dose of vaccine recommended since June 18, [i]and already practiced in immunocompromised people or those suffering from some cancers [1] to compensate for a deficiency in the immune system. The purpose of a booster dose is to reinforce vaccine protection in subjects whose humoral immune response, as assessed by the titer of neutralizing antibodies, has become weak or even undetectable after a few months. The decline in antibody levels is observed in all vaccinated individuals, but is more rapid over 65 years or in cases of co-morbidity [2].
There are still a number of uncertainties about the booster shots related to the lack of knowledge of the immune correlates of protection against Covid-19 and SARS-CoV-2 infection. In addition to the humoral response active in neutralizing the virus and its main variants, there is a post-vaccination cellular immunity (CD4 and CD8 lymphocytes) with a cytotoxic expression and cytokine production, the effect of which on viral transmission and on the pathophysiology of infection is still poorly defined.
Few data are currently available to demonstrate the need to generalize a vaccination booster after the first 2 doses of vaccine. A vaccinated subject retains an immune memory that protects him/her for a minimum of 6 to 8 months against severe forms of Covid-19. If the principle of a booster is justified in the elderly or vulnerable, the modalities of this booster should be supported by clinical studies to determine, depending on the nature of the vaccine, the interval to be respected after the second dose of vaccine and the threshold age for this prescription.
It may be necessary to offer the booster to people over 65 years of age or with co-morbidities. The potential benefit of heterologous immunization [1], either with a vaccine already on the market or with a vaccine currently in phase 3 development, should also be assessed. Additional data on the nature, kinetics, persistence of antibodies and cellular responses in the elderly are needed to optimize the vaccination schedule according to individual risk factors.
The introduction of booster shots in the Covid-19 vaccination schedule is a new communication issue. It should not raise concerns about the efficacy of vaccines against SARS-CoV-2, including the Delta variant [4]. It should not deflect (et non discard) the vaccination campaign from its main objective of achieving herd immunity as quickly as possible. Finally, it should not detract from the duty to assist poor countries and the necessary sharing of vaccine stocks under the Covax program.
Given the still insufficient vaccination coverage in France and the need to maintain immunity in the most vulnerable people, the French National Academy of Medicine recommends
– not to err on the side of priority and to favor the completeness of collective immunity;
– to associate the vaccination booster for populations over 65 years and suffering from co-morbidities with a catch-up vaccination program for these same people who have not yet been vaccinated for the first time;
– to complete studies on the kinetics of post-vaccination antibodies in the different age groups and with regard to the new variants in order to determine the ideal time for a booster injection;
– to study the efficacy and safety of homologous or heterologous boosters by testing new generation vaccines
– to ensure that a booster program will not compromise vaccine solidarity efforts with resource-limited countries and the poorest and most marginalized populations.
1- Pinti M et al. Aging of the immune system: focus on inflammation and vaccination. Eur.j.Immunol. 2016, 46: 2286-2DGS-URGENT N°2021-61, 18 juin 2021.
2-DGS-URGENT N°2021-61, 18 juin 2021
3- He Q et al. Heterologous prime-boost: breaking the protective immune response bottleneck of COVID-19 vaccine candidates. Emerg Microbes Infect. 2021 ; 10(1) : 629-37.
4- Urbanowicz RA et al. Two doses of the SARS-CoV-2 BNT162b2 vaccine enhances antibody responses to variants in individuals with prior SARS-CoV-2 infection. Science Translational Medicine 10 Aug 2021: eabj0847.
Press contact: Virginie Gustin 0662524342 ; virgine.gustin@academie-medecine.fr