Rapport
Session of 4 février 2003

Sur la demande d’autorisation d’exploiter, en tant qu’eau minérale naturelle, à l’émergence, l’eau du captage « Les Capucins » situé sur la commune de St-Jean d’Angely (Charente-Maritime)

MOTS-CLÉS : eau minéralisée. saint-jean d’angély (charente-maritime). source les capucins.
KEY-WORDS : france.. mineral waters

P. Queneau

Contexte géologique et hydrogéologique

Saint-Jean d’Angély se situe sur la bordure septentrionale du Bassin Aquitain où affleurent les termes ultimes du Jurassique et les dépôts du Cénomanien. Les terrains résultent d’une intense sédimentation débutant au Lias inférieur .

Le forage a traversé des terrains calcaires et marneux jusqu’au réservoir, situé entre 925 et 975 m de profondeur. Le forage est artésien, avec un débit d’artésianisme de 35 m3/h mesuré en septembre 1998. La pression au toit de la nappe est supérieure à 85 bars.

Conception de l’ouvrage ‘‘ Les Capucins ’’

Le forage précité est transformé en forage d’exploitation en 1998. Sa profondeur finale a été portée à 975 m. Il comporte deux tubages téléscopés en acier, d’un diamètre de 9 ’’5/8 de 0 à 301 m et d’un diamètre de 8 ’’1/2 de 273 à 825 m. De 825 à 975 m, le trou est nu.

Le forage est équipé d’une pompe à débit variable (débit nominal 30 m3/h) située à 41 m de profondeur et d’une colonne d’exhaure de 80 mm, le tout en inox. L’étanchéité de la tête du forage est assurée par une bride étanche boulonnée sur le premier tubage.

Productivité du forage

Compte tenu du débit critique de 80 m3/h et du débit artésien à 35 m3/h, le débit préconisé est de 30 m3/h.

Les périmètres de protection

Le terrain sur lequel est implanté le forage appartient à la commune de St-Jean d’Angély et se trouve libre de toute construction. Conformément à l’avis de la DRIRE (11 juillet 2000), il apparaît que la vulnérabilité est très faible du fait :

— de la profondeur de l’ouvrage, à plus de 900 m, — de la situation de la zone de réalimentation à plus de 50 km au nord-est de l’ouvrage, — du caractère captif de la nappe, pression de fond supérieure à 85 bars, — de la profondeur des premiers niveaux producteurs, à plus de 850 m.

L’ouvrage est par ailleurs cimenté à l’extrados sur une profondeur importante.

Le périmètre de protection est un carré de 10 mètres de côté, centré sur la tête de forage.

Les prélèvements et les analyses

Conformément à l’article 7 du décret du 28 mars 1957 modifié, le Laboratoire d’Etudes et de Recherches en Hydrologie de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) a fait procéder à des prélèvements pour analyses à l’émergence les 19/02/2001 et 28/08/2001.

Les analyses bactériologiques effectuées sur les prélèvements à l’émergence montrent que l’eau est indemne de toute contamination. Il n’a pas été décelé de germes témoins de contamination fécale, de Pseudomonas aeruginosa , ni de

Légionella pneumophila .

Les analyses physico-chimiques effectuées à l’émergence présentent une eau fortement minéralisée (3 700 mg/L d’extrait sec pour une charge ionique de 55 méq/L), avec un pH à 6,9 et une température de 41° C. Le profil de cette eau est de type sulfaté-calcique.

La teneur en sulfate, très élevée (2 200 mg/L), représente 83 % de la charge ionique. Il faut noter la présence d’arsenic à la concentration d’environ 125 µg/L, de strontium à 10 mg/L et de silice à 20 mg/L. La sulfuration totale est d’environ 0,009 mmole/L. Par ailleurs, le taux de fluor est relativement élevé, proche de 2,1 mg/L. Ces taux élevés ne permettent pas d’envisager une exploitation d’embouteillage et devront être appréciés dans le cadre des indications thérapeutiques à visée thermale.

Les analyses physico-chimiques effectuées à 6 mois d’intervalle montrent une bonne stabilité de leurs caractéristiques essentielles, les fourchettes de fluctuation demeurant inférieures à fi 10 % et restant donc comprises dans les limites des fluctuations naturelles.

Analyses de micropulluants organiques : sur les prélèvements effectués le 19/02/2001 la recherche de composés organiques volatils et semi-volatils, de pesticides organochlorés et d’autres hydrocarbures s’est révélée négative.

Sur le plan de la radioactivité , les analyses effectuées par le Service Central de

Protection contre les Rayonnements Ionisants montrent que l’eau de ces sources présente une faible radioactivité en raison de la présence de potassium naturel et de radium 226.

L’équivalent en terme de dose efficace induite pour une consommation de 730 litres par an est d’environ 0,05 mSv. L’OPRI conclut ainsi : ‘‘ en application de la directive européenne 98/93 du 3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, rien ne s’oppose sur le plan de la radioactivité à ce que cette eau soit régulièrement consommée ’’.

Conclusions

La Commission XI, réunie le 10 décembre 2002 sous la présidence du Professeur Claude Boudène, regrette que, malgré les demandes de l’Acadé- mie 1, ce dossier n’ait pu comporter d’étude clinique et thérapeutique permettant de justifier scientifiquement la demande d’agrément pour les orientations rhumatologiques et phlébologiques.

La Commission observe toutefois qu’un projet d’étude établi, à la demande du pétitionnaire, par des Collègues de l’Université de Bordeaux II (notamment rhumatologues et phlébologues) avait été approuvé au titre de la loi Huriet par le Comité Consultatif de Protection des Personnes dans la Recherche Biomé- dicale (CCPPRB).

Ce projet d’étude témoignait d’une volonté de démarche évaluative. Cependant la sous-direction de la gestion des risques des milieux de la Direction Générale de la Santé allait imposer au pétitionnaire de « surseoir à la réalisation d’essais cliniques sur l’homme dans un module thermal expérimental sur une eau non encore autorisée » (courrier du 17 novembre 2000).

Dans ces conditions, compte tenu de la tentative d’évaluation clinique et thérapeutique précitée et au vu de la stabilité de la ressource hydrique, de sa composition physico-chimique globalement satisfaisante et de l’absence de toute contamination bactérienne, la Commission XI propose à l’Académie d’accepter l’exploitation, en tant qu’eau minérale naturelle, à l’émergence, de l’eau du captage ‘‘ Les Capucins ’’ à Saint Jean d’Angély, avec agrément pour les orientations rhumatologiques et phlébologiques.

*

* *

L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 4 février 2003, a adopté ce rapport à l’unanimité, moins deux abstentions.

1. Claude Laroche et Patrice Queneau — Rapport au nom de la Commission XI (Climatisme — Thermalisme — Eaux minérales) — « A propos du dossier de demande d’autorisation d’exploiter en tant qu’eau minérale naturelle, à l’émergence et après transport à distance, l’eau du captage « Les Capucins » situé sur la commune de Saint Jean d’Angély (CharenteMaritime) ». Bull. Acad. Natle Méd ., 2001, 185 , no 1, 203-6.

Bull. Acad. Natle Méd., 2003, 187, n° 2, 431-434, séance du 4 février 2003