Published 10 December 2019

Résumés des séances de l’Académie*

* Par Catherine Barthélémy, Pierre Brissot, Martin Danis, Vincent Delmas, Francis Michot

Importance du cholestérol et de son traitement dans la prévention de l’AVC par Pierre AMARENCO (Service de neurologie et centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale, SOS-AIT, Hôpital Bichat, Paris)

 

Après un infarctus cérébral ou un accident ischémique transitoire (AIT) d’origine athéroscléreuse, il est recommandé de prescrire un traitement par statine à forte dose. Il persiste cependant une incertitude sur la cible de LDL cholestérol la plus appropriée à atteindre pour réduire le risque de récidive d’événements cardiovasculaires majeurs après un AVC. L’objectif de l’étude présentée a été de déterminer cette cible. Les patients qui avaient eu un infarctus cérébral dans les trois mois précédents ou un AIT dans les 15 jours précédents et qui avaient une maladie athéroscléreuse associée ont été randomisés pour une cible de LDL cholestérol inférieure à 0,7 g/L (1,8 mmol/l) ou une cible de 1,00±0,1 g/L (2,5 mmol/l), atteinte au moyen d’une statine seule ou de son association à l’ézétimibe (inhibiteur de l’absorption intestinale du cholestérol). Le critère de jugement primaire était un critère composé de récidive d’infarctus cérébral ou d’AVC de type indéterminé, d’infarctus du myocarde, de nouveaux symptômes coronaires nécessitant une hospitalisation et suivis d’une revascularisation coronaire urgente, d’un AIT suivi d’une revascularisation carotide urgente, ou d’un décès vasculaire. Deux mille huit cent soixante patients ont été inclus, 1430 dans chaque groupe, avec un LDL cholestérol de base de 1,35 g/L et ont été suivis durant 3,5 ans en médiane. Le niveau moyen de LDL cholestérol atteint a été de 0,65 g/L et de 0,96 g/L, respectivement. Un événement primaire est survenu chez 121 (8,5%) patients dans le groupe qui devait atteindre moins de 0,7 g/L, et 156 (10,9%) dans le groupe 1,00±0,1 g/L (P=0.036). En conclusion, après un AVC ischémique athéro-thrombotique, une cible de LDL cholestérol à moins de 0,7 g/L réduit le risque d’événements cardiovasculaires comparativement à une cible de LDL cholestérol de 1,00±0,10 g/L.

 

L’exposome, un concept holistique et utile par Robert BAROUKI (Inserm UMR-S 1124 – ERL 3649, « Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs », Université Paris Descartes)

 

L’exposome représente l’ensemble des expositions qui peuvent influencer la santé humaine tout au long de la vie. Il comprend les expositions physiques extérieures (dont l’alimentation), le contexte psychologique et social, et les régulations du milieu intérieur. Ce nouveau concept englobe en réalité l’ensemble des facteurs de risque d’origine non génétique. Différents types d’exposomes peuvent être individualisés : l’exposome chimique interne (caractérisation exhaustive de la composition chimique des liquides biologiques), l’éco-exposome (mettant l’accent sur les relations bidirectionnelles entre les populations humaines et les écosystèmes différents), l’exposome combinatoire (qui analyse les effets de mélanges de substances chimiques et de la combinaison de leurs effets). De nouvelles méthodologies (comme les méthodes analytiques, les biostatistiques et la bio-informatique) permettent d’aborder, du moins partiellement, les différentes composantes de l’exposome. L’étude de l’exposome implique une analyse intégrée des différents stress en tenant compte des effets à long terme et potentiellement multigénérationnels. Les modifications du milieu de vie urbain peuvent parfois correspondre à un exposome bénéfique : espaces verts, bassins d’eau. L’approche de l’exposome sera grandement facilitée par les progrès remarquables de l’épigénétique. Ce concept, à présent inscrit dans la loi santé, devrait avoir différents impacts en santé publique : une approche plus précise de la prévention y compris au niveau individuel ; une modification des principes de la réglementation actuellement fondée sur une sectorisation par source ou par facteur de stress (comme l’air, l’eau, le bruit, ou les substances prises individuellement) ; une stimulation du développement de recherches multidisciplinaires avec affinement de nos approches pédagogiques.