Published 19 June 2018

Introduction :

« Allergologie, naissance d’une nouvelle spécialité » par le Pr François-Bernard MICHEL, pneumologue, allergologue, Montpellier, membre de l’Académie nationale de médecine.

L’allergologie est une spécialité médicale maintenant reconnue en France, alors qu’elle est restée longtemps basée sur des connaissances incertaines, des tests diagnostiques non standardisés et des traitements de désensibilisation non contrôlés. Les allergies respiratoires sont pourtant extrêmement fréquentes : 16 millions de français souffrent de rhinite et 4,2 millions d’asthme. Un pneumologue marseillais, Jacques Charpin, membre de l’Académie, a été un pionnier de l’exploration des pollutions atmosphériques par les pollens, mesurant la charge de l’air en pollens, son évolution dans l’année, sa relation avec la fréquence des allergies respiratoires et rédigeant en premier auteur en 1958 un ouvrage français d’allergologie.

Pollution, perte de la biodiversité, gènes, interagissent pour amplifier actuellement la place des maladies allergiques.

 

Communications

« Pollution de l’air et baisse de la biodiversité : quels enjeux pour le patient allergique ? » par Isabella ANNESI-MAESANO

(Équipe EPAR (Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires), Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique , INSERM et Sorbonne Université-Médecine Saint-Antoine, Paris)

Au cours des quatre dernières décennies, la prévalence de l’asthme et des allergies a doublé. Le rôle des gènes dans cette évolution est faible vu la lenteur des modifications génétiques. En revanche la pollution de l’air a considérablement augmenté, en particulier celle liée aux émissions d’usines, aux pulvérisations agricoles, aux échappements des véhicules, qui s’ajoutent aux particules naturelles (pollens, moisissures,…). Les particules ultrafines, de diamètre inférieur à 2,5 µm, qui inspirées pénètrent jusqu’aux alvéoles, sont les plus en cause. À côté des particules, on trouve des gaz inhalés, dont les oxydes d’azote (NO2) émis lors de combustions ou de l’utilisation des engrais azotés, qui aggravent la pollution. Vivre à proximité d’un axe de circulation intense est un facteur de risque démontré de survenue d’allergies respiratoires, surtout d’asthme. Le deuxième facteur probable d’évolution des maladies allergiques est lié à la perte de la biodiversité : une population de plus en plus urbanisée, soumise à un contact beaucoup plus pauvre en microorganismes et végétaux diversifiés, avec un microbiome respiratoire, intestinal, différent, moins riche, dès la naissance, appauvrissant les stimulations antigéniques initiales, augmenterait le risque allergique ultérieur. Plusieurs études écologiques et démographiques montrent que l’asthme et les allergies augmentent en même temps que l’urbanisation, alors qu’elles restent plus rares dans les zones rurales. L’« exposome » que subit un organisme humain de sa conception à sa fin de vie en passant par le développement in utero, complétant l’effet du génome, est un concept correspondant à la totalité des expositions à des facteurs environnementaux. Diminuer l’exposition aux facteurs néfastes est un enjeu pour, entre autres, la prévention des maladies allergiques.

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Entretien avec Mme Isabella ANNESI-MAESANO à l’ANM le 19/06/2018 :

« Nouveaux phénotypes et endotypes des maladies allergiques respiratoires » par le Pr Jocelyne JUST

(Service d’Allergologie, Centre de l’Asthme et des Allergies, APHP, Hôpital Trousseau, Paris. Équipe EPAR, UMR-S 1136 INSERM & Sorbonne Université-Médecine, Paris)

L’asthme est une maladie hétérogène avec différentes trajectoires au cours de l’enfance. Le mauvais pronostic de l’asthme est attaché à des phénotypes particuliers. Ces phénotypes peuvent être des phénotypes d’asthme à début précoce avec de nombreuses comorbidités allergiques (multisensibilisation aux allergènes alimentaires et respiratoires, associée à un risque plus élevé d’exacerbations). Chez l’enfant, il existe un lien fort entre l’éosinophilie intra-alvéolaire et l’atopie. La plupart des patients souffrant d’asthme avec une inflammation éosinophilique sont contrôlés par des doses faibles de corticostéroïde inhalé. Plus rarement il s’agit d’asthmes d’apparition tardive en période prépubertaire, comme l’asthme hyperéosinophilique non-atopique avec polypose nasale, ou l’asthme neutrophilique chez les filles obèses avec retard pubertaire. La relation entre l’asthme sévère de l’enfant et la BPCO ultérieure semble établie.

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Entretien avec Mme Jocelyne JUST à l’ANM le 19/06/2018 :

« Allergologie aujourd’hui. Un livre blanc pour enseignement et pratiques » par le Pr Pascal DEMOLY

(Département de Pneumologie et Addictologie, Hôpital Arnaud de Villeneuve, CHU de Montpellier. Université de Montpellier et Sorbonne Université UPMC Paris 6, UMR-S 1136, IPLESP, Équipe EPAR, Paris)

Après la création en 2017 (Arrêté du 21 avril 2017) de la spécialité universitaire « Allergologie » dans un Co-DES, coordonné avec la médecine interne-immunologie clinique, les maladies infectieuses et tropicales, il est maintenant temps de structurer l’offre, des soins primaires aux soins tertiaires. Considérée par l’OMS au quatrième rang des maladies chroniques les plus fréquentes, l’allergie peut toucher l’ensemble de la population dès le plus jeune âge.

La prise en charge tardive d’une allergie respiratoire prédispose indéniablement à son aggravation. Sept ans, c’est le temps moyen d’errance thérapeutique des patients allergiques avant de consulter un allergologue. Comparativement à des patients mono-allergiques, les patients poly-allergiques, notamment alimentaires et respiratoires, ont un risque accru de développer un asthme sévère caractérisé par une aggravation des symptômes classiques pouvant mener jusqu’à l’hospitalisation. Plus l’asthme est sévère, plus les hospitalisations sont fréquentes : en France, 15 000 personnes sont hospitalisées chaque année pour une crise d’asthme et 1 000 personnes âgées de moins de 65 ans en décèdent ; autant de morts évitables par une prise en charge précoce et adaptée. Le coût d’un asthme non contrôlé et non pris en charge s’élevait à 538 euros par trimestre contre 85 euros pour un patient asthmatique bien suivi.

Un « livre blanc » rédigé par la Fédération Française d’Allergologie ambitionne de susciter une prise de conscience, de la part des pouvoirs publics, des professionnels de santé et du grand public, sur les conséquences d’une maladie trop souvent banalisée voire méconnue. Défendre l’accès des patients allergiques respiratoires sévères aux meilleurs soins est l’affaire de tous.

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Entretien avec M. Pascal DEMOLY à l’ANM le 19/06/2018 :