Résumés de la séance du 1er décembre 2020
1- Stratégies thérapeutiques pour l’application clinique des ARN interférents.
Elias Fattal, Université Paris-Saclay, CNRS, Institut Galien Paris Sud, Châtenay-Malabry.
La régulation de l’expression des gènes a soulevé de nombreux espoirs de découverte de nouvelles stratégies thérapeutiques. Il est en ainsi des petits ARN interférents (ARNi) capables de moduler l’expression d’un grand nombre de gènes.
Cependant, malgré leur potentiel, plusieurs obstacles s’opposent à l’efficacité des ARNi : leur instabilité car rapidement dégradés, leur faible pénétration cellulaire, des effets hors cible, la stimulation d’une réponse immunitaire. De plus, ces molécules hydrophiles et chargées négativement doivent être chimiquement modifiées ou vectorisées pour pouvoir pénétrer au sein des cellules cibles et atteindre le cytoplasme afin d’induire l’inhibition génique.
Trois approches ont été développées afin de surmonter ces obstacles : 1-modifier chimiquement le squelette de l’ARNi, 2-générer chimiquement des conjugués moléculaires galactosylés pour le ciblage hépatique (Givlaari dans le traitement de la porphyrie hépatique aigue), 3-concevoir des systèmes particulaires capables de vectoriser les ARNi vers leur cible hépatique à l’aide notamment de nanoparticules lipidiques.
Les objectifs des prochaines années sont de détourner les conjugués ou nanoparticules du tissu hépatique pour atteindre d’autres sites pathologiques (tumeurs ou inflammation) ou d’autres tissus (cœur, cerveau), par voie locale ou par l’intermédiaire d’aptosomes; d’appliquer ces approches aux potentialités thérapeutiques de l’administration d’antagomir ou de miARN.
2- Etude de l’impact de la pollution à l’ozone sur les arrêts cardiaques dans la région Niçoise. Pierre Gibelin, Cardiologie, Nice.
De nombreuses études ont montré l’association entre pollution atmosphérique particulièrement des particules fines et arrêts cardiaques hors hôpital. En revanche, les publications concernant l’association entre arrêts cardiaques et pollution à l’ozone sont moins nombreuses et discordantes.
Le but de cette étude rétrospective (2010-2018) est d’évaluer l’impact d’une pollution aigüe à l’ozone sur les arrêts cardiaques hors hôpital dans la région Niçoise.
557 arrêts cardiaques ont été étudiés. La moyenne d’âge était de 68 ans pour les hommes et de 75 ans pour les femmes. 9O% des arrêts cardiaques surviennent au domicile, 7,1% des patients arrivent vivants aux urgences, la survie à 1 mois étant de 5,1%. Après ajustement avec la température et l’humidité, un risque élevé d’arrêts cardiaques est associé à un niveau élevé d’ozone (OR de 1,12 à 2 heures et de 1,18 à 24h) pour toute augmentation de 10µg /m3. Une dysfonction du système nerveux autonome semble l’hypothèse étiologique la plus pertinente. En revanche, il n’a pas été mis en évidence de lien entre taux de particules fines et arrêts cardiaques. Ces résultats sont en accord avec ceux de la littérature.
Les SAMU et les services d’urgences devraient connaitre en permanence les niveaux du taux d’ozone dans les grandes villes de France et la population régulièrement informée.
3- Vaccin contre l’hépatite C : intérêt et stratégies utilisées pour les candidats vaccins.
Philippe Roingeard, INSERM U1259, Université et CHU de Tours.
L’infection chronique par le virus de l’hépatite C est associée à des maladies graves du foie évoluant vers une insuffisance hépatique et un carcinome hépatocellulaire. L’introduction récente d’antiviraux extrêmement efficaces, à action directe contre le virus, a révolutionné le traitement de l’hépatite C.
Toutefois, ce succès est modulé par la difficulté persistante à éradiquer le virus dans le monde entier en raison du nombre élevé de personnes chroniquement infectés (>70 millions selon l’OMS) et du coût élevé des traitements. Le dépistage des sujets à traiter reste difficile et l’épidémie progresse dans certaines parties du monde. Si les antiviraux à action directe éliminent efficacement le virus chez les sujets infectés, ils n’empêchent pas leur réinfection lorsque les facteurs de risque persistent. Ils n’éliminent pas non plus complètement le risque de poursuite d’un processus de cirrhose et de développement d’un carcinome hépatocellulaire.
Pour toutes ces raisons, le développement d’un vaccin prophylactique contre l’hépatite C reste une nécessité de santé publique ; parmi les stratégies actuellement suivies pour développer un vaccin, un vaccin bivalent contre l’hépatite B et l’hépatite C, comprenant un mélange de particules d’enveloppe des différents génotypes du VHC, aurait de multiples avantages : s’intégrer dans le schéma vaccinal déjà établi pour le vaccin VHB, associer leur rôle préventif dans le cancer du foie, renforcer les objectifs de l’OMS visant à lutter contre toutes les formes d’hépatites virales. Le développement d’un tel vaccin, malgré des résultats encourageants des premières phases chez l’animal, reste difficile sur les plans économique et industriel.