Published 26 January 2021

Séance du mardi 26 janvier, à 14h30

 

 

 

 

Communications

 

Édito : Le vaccin à ARN pour la COVID-19, quel risque allergique ?

Pr Pascal DEMOLY (Pneumologie-allergologie, CHU de Montpellier)

Les vaccins en général n’induisent pas d’allergie. Mais l’anaphylaxie, définie comme une réaction d’hypersensibilité généralisée ou systémique grave mettant la vie en danger, survient chez un sujet ayant un antécédent d’allergie caractérisée. Ce risque est estimé à 1/100 0000 dans les programmes de surveillance de la sécurité vaccinale. Il a été observé chez 1 à 20 sujets par million de personnes vaccinées et survient en moyenne 13 minutes après l’injection. Dans le cas du vaccin à ARNm contre SARS-CoV2-, utilisé depuis la fin décembre 2019, l’un des adjuvants du vaccin, le polyéthylène-glycol (PEG) serait en cause. Le PEG est associé à de nombreux médicaments (composant principal des laxatifs osmotiques). C’est ce qui a été observé dès les premières injections du vaccin à ARN : 11 cas d’anaphylaxie pour 1 million, aucun décès. Il est essentiel de réaliser un interrogatoire sur les antécédents allergiques, de recourir par téléphone à l’avis d’un expert allergologue en cas de doute, et, si le sujet est à risque élevé de Covid-19 grave, d’adopter un protocole de vaccination en injections espacées avec une surveillance prolongée au-delà des 15 minutes.

La crainte que suscite l’anaphylaxie doit renforcer la surveillance afin de la dépister, la mesurer, la comprendre et la prévenir car, sachant que plus d’un quart de la population mondiale présente une forme d’allergie, son impact potentiel sur la politique vaccinale est considérable.

 

 

Pathologies mitochondriales et reproduction : considérations cliniques, législatives, éthiques, anthropologiques, par Jean-Noël HUGUES (Professeur de Biologie et Médecine du Développement et de la Reproduction, Université Paris XIII)

Les mitochondries sont des organelles intracellulaires cytoplasmiques qui assurent la production énergétique de la cellule. Leur activité est régie par l’ADN nucléaire mais également par un ADN mitochondrial spécifique, l’ADNmt. Celui-ci, transmis par la mère, est exposé aux risques de mutations dont les conséquences fonctionnelles sont très invalidantes si elles touchent des tissus fortement demandeurs d’énergie. Les techniques d’assistance médicale à la procréation permettent aujourd’hui de réaliser, sous des conditions strictes, des dons de mitochondries en cas de mutations avec expression clinique sévère (syndrome de Leigh : encéphalo-myopathie nécrosante subaiguë). Par ailleurs, la multiplication de l’ADNmt est particulièrement importante durant l’ovogénèse et de nombreux arguments plaident pour son implication dans la compétence ovocytaire et le développement embryonnaire. Une modification quantitative de la production d’ADNmt pourrait être à l’origine de la faible qualité ovocytaire et/ou embryonnaire observée chez les patientes dont l’infertilité est en rapport avec l’âge ou des échecs répétés d’implantation. Dans ces situations, une approche thérapeutique basée sur un apport complémentaire d’ADNmt hétérologue voire autologue a été proposée puis réalisée avec succès. Le développement des techniques de procréation assistée en vue d’un don ou du transfert de mitochondries ouvre des espoirs légitimes, non seulement chez des couples affectés de maladies rares, très invalidantes et transmissibles à la descendance, mais également chez des couples beaucoup plus nombreux dont l’infertilité demeure sans thérapeutique réellement efficace. Néanmoins, l’innocuité de cette approche thérapeutique, basée sur le transfert d’un ADN étranger, doit être mieux évaluée. La régulation législative de son application ainsi que les débats éthiques et anthropologiques qu’elle suscite sont également de la plus haute importance.

 

Mercy Ships et le navire-hôpital Africa Mercy par le Dr Pierre M’PELE (Ambassadeur de Mercy Ships pour l’Afrique, Africa Bureau, Cotonou, Bénin)

Mercy Ships est une organisation humanitaire internationale dont la mission est d’accroître l’accès aux soins de santé à travers le monde. Plus de la moitié de la population mondiale, soit près de 5 milliards de personnes, ne peut accéder à des services chirurgicaux et anesthésiques sûrs. Depuis 1990, les équipes de Mercy Ships opèrent, à bord de navires-hôpitaux à destination des pays les plus pauvres d’Afrique, proposant gratuitement des soins, des formations et une assistance au développement de projets locaux. Le bateau « Africa Mercy », en service depuis 2007, est équipé de cinq blocs opératoires, d’une salle de réveil et de soins intensifs, et de 80 lits d’hospitalisation. Il dispose d’une unité de radiologie avec scanner et d’un laboratoire de biologie médicale. L’Africa Mercy comprend des espaces de travail et de réunion, des couchettes pour un équipage moyen de 400 personnes, en provenance de 40 pays différents. Depuis sa mise en service, il a fait escale, pour des séjours d’environ 10 mois, dans 11 pays d’Afrique de l’ouest, central et à Madagascar.

En Afrique, plus de 25 millions d’interventions chirurgicales supplémentaires seraient nécessaires chaque année pour sauver des vies et prévenir l’invalidité.

La « santé mondiale » s’est concentrée sur des maladies individuelles avec une réduction remarquable de la mortalité et de la morbidité variables selon les régions sans cependant s’accompagner de progrès similaires au niveau des systèmes de santé.

L’Afrique concentre à elle seule 25% de la morbidité mondiale et un tiers des conditions cliniques nécessitant des soins chirurgicaux, obstétricaux et anesthésiques. Le continent africain héberge 17% de la population mondiale mais ne compte que 2% du nombre total des médecins au monde et que 0,7 spécialiste en chirurgie pour 100.000 habitants.

 

La stimulation cardiaque sans sonde : où en est-on ? par Pascal DEFAYE (Unité de Rythmologie et Stimulation Cardiaque, CHU de Grenoble-Alpes)

Les stimulateurs sans sondes ont été développés dans le but de pallier les complications à court et long-terme de la stimulation conventionnelle (complications liées au boîtier et aux sondes).

Il s’agit d’une révolution technologique car, par une procédure invasive minimale, sont implantés des stimulateurs d’un volume très réduit, incorporant des batteries miniaturisées et de longue durée. Les premières grandes études post-implantation sont en faveur de cette technologie en raison de l’efficacité de la stimulation et du faible niveau de complications. Celles-ci surviennent, pratiquement toutes, dans les 30 jours post-implantation alors qu’elles sont absentes ensuite tout le long du suivi. En raison d’un problème d’usure prématurée de la batterie, le premier stimulateur mis sur le marché a été retiré et, pour le moment, seul le Medtronic Micra™ est implanté. Les recommandations d’implantation réservent la stimulation sans sonde à la stimulation VVI (stimulateur simple chambre ventriculaire) quand la stimulation avec sonde est soit impossible (thromboses), soit à haut risque d’infection. L’avenir est lié au développement de stimulateurs double chambre, à la resynchronisation par un stimulateur sans sonde intraventriculaire gauche, à l’utilisation des battements ventriculaires pour les transformer en énergie pour le stimulateur, ainsi qu’à un stimulateur sans sonde associé à un défibrillateur sous-cutané.