Résumé
L’expansion récente du virus Oropouche (OROV) responsable d’une maladie fébrile ressemblant à la dengue chez l’Homme en Amérique Centrale, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes dans des zones auparavant non endémiques, l’identification d’une transmission materno-fœtale et les premiers signalements de décès dus à la maladie causée par cet arbovirus ont suscité des inquiétudes quant à la menace plus forte que cet agent représente pour les pays voisins (territoires français des Caraïbes), les Amériques, y compris les États-Unis. Le risque d’expansion concerne également l’espace européen dans la mesure où le portage du virus a été documenté en 2024 chez des cas humains importés au retour de séjour au Brésil ou à Cuba. Le virus OROV présente par ailleurs la particularité d’être transmis par différents vecteurs, principalement par des culoicoïdes ou moucherons piqueurs. Par analogie et au cours des deux dernières décennies, trois arbovirus exotiques (dont un Orthobunyavirus, de la même famille que l’OROV) transmis par des culicoïdes, introduits puis implantés en Europe ont été responsables d’émergences épizootiques chez des animaux de rente. Il s’agit des agents responsables de la fièvre catarrhale ovine, de la maladie de Schmallenberg et de la maladie hémorragique épizootique des bovins. Ces évènements ont démontré la possibilité d’un relais vectoriel autochtone chez des ruminants. En termes d’anticipation, le risque d’installation du virus OROV en Europe ne peut être formellement exclu à la faveur de la prochaine période saisonnière d’activité des moucherons piqueurs. Il importe aussi de mieux connaître les possibilités d’introduction ou d’extension dans un pays de ces virus émergents transmis par des culicoïdes tant en médecine vétérinaire qu’en médecine humaine.
Summary
The recent spread of the Oropouche virus (OROV), which causes a febrile dengue-like disease in humans in previously non-endemic areas of Central and South America and the Caribbean, the identification of maternal-foetal transmission and the first reports of deaths due to disease caused by this arbovirus have raised concerns about the greater threat posed by this agent to neighbouring countries (French Caribbean territories) and the Americas, including the United States. The risk of expansion also concerns Europe, insofar as the virus was documented in 2024 in human cases imported on return from a stay in Brazil or Cuba. The OROV virus is transmitted by a number of different vectors, mainly by Culicoids or biting midges. By analogy, over the last two decades, three exotic arboviruses (including an Orthobunyavirus, from the same family as OROV) transmitted by Culicoids, introduced and then established in Europe, have been responsible for epizootic outbreaks in livestock. These are the agents responsible for bluetongue, Schmallenberg disease and epizootic haemorrhagic disease of cattle. These events have demonstrated the possibility of an autochthonous vector relay in ruminants. In terms of anticipation, the risk of the OROV virus establishing itself in Europe cannot be formally ruled out during the next seasonal period of biting midge activity. It is also important to gain a better understanding of the possibilities for the introduction or spread within a country of these emerging viruses transmitted by Culicoids in both veterinary and human medicine.
Accès en ligne : https://doi.org/10.1016/j.banm.2025.04.018
(b) École nationale vétérinaire d’Alfort, Alfort, France
(c) Unité Lyssavirus, épidémiologie et neuropathologie, Institut Pasteur, Université Paris Cité, 75015 Paris, France
(d) Sorbonne Université/Inserm/CNRS/Institut de la vision, 17, rue Moreau, 75012 Paris, France
(e) CGAAER, 251, rue de Vaugirard, 75015 Paris, France
(f) Service des maladies infectieuses et tropicales, pôle Spécialités médicales, CHU Pellegrin & UMR Inserm 1219/EMR IRD 271, Bordeaux Population Health center, Université de Bordeaux, Bordeaux, France
⁎Auteur correspondant.
Bull Acad Natl Med 2025;209:847-58. Doi : 10.1016/j.banm.2025.04.018
