Communication scientifique
Session of 8 mars 2022

Quelles questions éthiques soulève l’assistance au suicide en fin de vie ?

MOTS-CLÉS : Assistance au suicide, Fin de vie
What ethical questions does assisted suicide at the end of life raise?
KEY-WORDS : Assisted suicide, End of life

R. Aubry*

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Résumé

Cet article a pour ambition d’apporter un éclairage sur la réalité complexe des questions de nature éthique liées à l’assistance au suicide. Ces questions peuvent se poser, particulièrement dans le cadre des conséquences impensées de la médecine en termes d’augmentation de l’espérance de vie possible dans des situations de détresse physique ou existentielle. Après avoir défini la notion d’assistance au suicide et précisé à quel moment cette question peut se poser, nous tenterons d’approfondir les différentes questions de nature éthique qui se posent. Le premier dilemme analysé est lié à la tension qui existe entre l’interdit de faire mourir, interdit fondateur pour nos sociétés, le respect de l’autonomie de la personne, ainsi que le devoir de solidarité vis à vis des personnes les plus vulnérables. La seconde question éthique abordée est celle de l’autonomie : on ne peut pas considérer celle-ci comme une valeur absolue, en particulier lorsque la maladie influence notre rapport à notre corps, à notre existence… D’autant plus que notre autonomie est influencée par des éléments extérieurs. La troisième question abordée est celle de la place du tiers qui assiste la personne et de son influence possible sur la demande elle-même. Est analysée ensuite la différence éthique entre euthanasie et assistance au suicide avec, en particulier, une réflexion sur l’implication du médecin. L’ambiguïté, qui existe entre la nécessité d’une politique de prévention contre le suicide et la nécessité de réfléchir à l’assistance au suicide dans certaines situations de fin de vie, est ensuite questionnée. Enfin, sont abordées les conditions éthiques d’une prise de décision pouvant conduire à accepter l’assistance au suicide. Le dernier point de cette série de questionnement concerne certaines situations exceptionnelles en fin de vie qui ne peuvent pas relever de l’assistance au suicide, mais posent, néanmoins, la question d’une éthique de la transgression de l’interdit d’administrer un produit létal. Il apparaît fondamental que de telles questions fassent débat, pour réfléchir à d’éventuelles évolutions du droit, mais aussi aux limites de la médecine et aux nécessaires politiques d’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité.

Summary

The aim of this article is to shed light on the complex reality of the ethical issues related to assisted suicide. These questions may arise, particularly in the context of the unintended consequences of medicine in terms of increasing possible life expectancy in situations of physical or existential distress After defining the concept of assisted suicide and specifying when this question may arise, we will attempt to examine in greater depth the various ethical questions that arise. The first dilemma analyzed is linked to the tension that exists between the prohibition to cause death, a founding prohibition for our societies, the respect of the autonomy of the person, as well as the duty of solidarity towards the most vulnerable persons. The second ethical question addressed is that of autonomy: this cannot be considered as an absolute value, especially when the disease influences our relationship with our body, our existence… All the more so as our autonomy is influenced by external elements. The third question addressed is that of the place of the third party who assists the person and their possible influence on the request itself. The ethical difference between euthanasia and assisted suicide is then analyzed, with in particular a reflection to the involvement of the physician. The ambiguity that exists between the need for a policy of prevention against suicide and the need to reflect on assisted suicide in certain end-of-life situations is then questioned. Finally, the ethical conditions of decision-making that could lead to accepting assisted suicide are discussed. The last point in this series of questions concerns certain exceptional situations at the end of life which cannot be considered assisted suicide, but which nevertheless raise the question of an ethics of transgressing the prohibition on administering a lethal product. It seems fundamental that such questions be debated, to reflect on possible changes in the law, but also on the limits of medicine and on the necessary policies of support for people in vulnerable situations.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2022.04.006

Accès sur le site EM Consulte

*Pôle autonomie–handicap, CHRU de Besançon, 25000 Besançon, France

Bull Acad Natl Med 2022;206:637-42. Doi : 10.1016/j.banm.2022.04.006