Published 24 June 2013

L’Académie de médécine renouvelle sa mise en garde sur les dangers des cabines de bronzage. Communiqué approuvé par le conseil d’administration du 24 juin 2013.

L’Académie nationale de médecine demande, comme pour le tabac et l’alcool, l’interdiction de toute publicité pour une pratique unanimement reconnue comme dangereuse pour la santé, car augmentant considérablement le risque de mélanome, un cancer cutané particulièrement agressif, surtout quand cette publicité utilise l’image du sport pour attirer les plus jeunes.
La communauté médicale et scientifique dans son ensemble réitère depuis plusieurs années ses avertissements et fait part de ses inquiétudes aux autorités de notre pays. Mais, les professionnels du bronzage se sentent protégés par la réglementation actuelle qui leur donne toute liberté pour franchir en toute impunité une étape supplémentaire dans leur campagne de désinformation conduisant irrémédiablement à l’augmentation de la prévalence du mélanome :

  • Sur le site d’une enseigneconnue1, les champions du cercle des Nageurs de Marseille, dont certains se sont particulièrement distingués lors des Jeux Olympiques de Londres 2012, sont présentés comme les « nouveaux ambassadeurs » d’une marque « à l’image de notre équipe : jeune, dynamique et ambitieuse dans sa spécialité ».
  • Dans une étude publiée par des universitaires de la Harvard Business School de Boston, on apprend que, pour compenser le manque de soleil durant l’année dans l’une des villes où il pleut le plus en Angleterre, les joueurs de Manchester United utilisent, à raison de 3 séances par semaine, des cabines de bronzage installées dans leur vestiaire sur une idée2 que les entraîneurs des plus grandes équipes de football disent vouloir reprendre …

Alors qu’il conviendrait de prévenir chez les sportifs, en particuliers de haut niveau, du risque accru de développement du mélanome, du fait justement d’une exposition souvent prolongée au soleil, les marchands de soleil artificiel offrent aux clubs et aux fédérations l’installation de cabines et leur libre accès. En s’infiltrant dans le monde du sport, comme à une certaine époque le lobby du tabac, les professionnels du bronzage se donnent ainsi à peu de frais une image positive de jeunesse, de performance et d’apparente bonne santé puisque le bronzage permanent permettrait de « conserver un teint hâlé et (se) faire du bien au moral, surtout à l’approche de l’hiver».

  • Une publicité mensongère ne doit-t-elle pas être interdite ?
  • Peut-on laisser nos champions céder à la désinformation des lobbys des UV artificiels ?
  • Est-ce cette image du sport que l’on veut promouvoir ?

Promouvoir, notamment auprès des jeunes les plus influençables, en l’associant à l’image de la santé, du sport, du bien-être, une pratique classée comme notoirement cancérigène, notamment par le CIRC3 (Centre International de Recherche contre le Cancer de l’OMS), est une dangereuse imposture.

L’Académie de médecine4 rappelle que l’exposition aux rayons ultraviolets A ne s’accompagne d’une pigmentation de la peau que si elle est importante et de ce fait à l’origine d’altérations cellulaires. Ces mêmes expositions n’apportent aucun des bénéfices revendiqués par les professionnels du bronzage : l’apport de vitamine D active n’est pas lié à l’action des UVA et peut facilement se faire par voie orale ; l’exposition ne s’accompagne ni d’une pigmentation ni d’un épaississement de l’épiderme qui participeraient à une protection efficace de la peau ; enfin, dans le traitement de la dépression saisonnière, les UVA n’ont aucun utilité et seule la luminothérapie peut avoir une certaine efficacité. Toutes les expositions aux UVA sont dangereuses et sans intérêt pour la santé des populations. La fausse innocuité des UVA est régulièrement
soulignée.5

 

  1. http://www.pointsoleil.com/nouveaux-ambassadeurs
  2. http://www.sportune.fr/sport-business/manchester-united-des-cabines-de-bronzage-pour-lesjoueurs-84377
  3. http://www.iarc.fr/print.php?&uri=/fr/media-centre/iarcnews/2009/sunbeds_uvradiation.php
  4. http://www.academie-medecine.fr/detailPublication.cfm?idRub=27&idLigne=1830
  5. [1] Arch dermatol 2006 ;142 :1471-1474. – Sports Med. 2013 Apr 9. – Sports Med. 2012;42:399-413. Br J
    Dermatol. 2011;165:360-7.