Published 11 April 2016

 

 

Le coût de plus en plus exorbitant de certains médicaments issus des biotechnologies rend problématique leur prise en charge par l’Assurance maladie dans la mesure où ces traitements concernent non seulement des populations toujours plus importantes, mais aussi des maladies rares. Ainsi, en 2013, le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge a coûté 429 millions d’euros et celui des hépatites C les plus graves (F3 et F4) était estimé à 1,7 milliard d’euros. En cancérologie, la situation est encore plus préoccupante sur le plan économique. Par exemple, dans les mélanomes malins métastasés, le coût des traitements par immunothérapie, atteint plus de 250 000 euros pour chaque malade, pour gagner quelques mois de survie. De telles situations se profilent aujourd’hui pour des cancers du poumon, de la prostate, du pancréas…

L’Académie nationale de médecine se préoccupe de cette évolution qui menace les fondements de notre système d’Assurance maladie. Elle s’est donnée pour objectifs de répondre aux deux questions suivantes :

  • Quels éléments scientifiques médicaux permettent de fonder les décisions ?
  • Jusqu’où les régimes d’Assurance maladie pourront-ils prendre en charge le coût de ces traitements ?

Les valeurs de solidarité, de responsabilité, de liberté, d’humanisme et d’éthique de l’Assurance maladie ne doivent pas être remises en cause en France comme c’est déjà le cas dans certains pays étrangers. Mais les associations de malades doivent être conscientes qu’elles peuvent être utilisées comme moyen de pression des laboratoires auprès des pouvoirs publics avec l’aide des médecins qui cherchent légitimement à mettre toutes les ressources disponibles au service de leurs patients.

 C’est pourquoi, l’Académie de médecine propose de :

  • Veiller à ce que l’évaluation du service médical rendu par un nouveau médicament et l’exploitation des données soient indépendantes du laboratoire dont le médicament est évalué.
  • Concevoir les évaluations médicales au-delà des études bénéfice-risque, notamment en pondérant le bénéfice sur la survie par sa qualité, en tenant compte des hospitalisations et des effets secondaires indésirables liés aux traitements.
  • Créer, à côté de l’Agence européenne du médicament, une Agence de fixation des prix et une Centrale d’achat européenne, avec adhésion volontaire, afin de peser plus lourd dans les discussions avec les laboratoires pharmaceutiques que ne peut le faire chaque pays séparément.

 

Information du 5 avril 2016 Coût des traitements innovants et solidarité nationale / DMLA, hépatite C, cancers, transplantation rénale). Consultable dur le site de l’Académie