Communication scientifique
Session of 23 janvier 2007

Les helminthes transmissibles des carnivores domestiques à l’homme : évaluation des risques et stratégies de prévention

MOTS-CLÉS : chat. chien. helminthes animales. zoonoses/transmission
Zoonotic worms from carnivorous pets : risk assessment and prevention
KEY-WORDS : cats. dogs. helminthiasis, animal. zoonosis/transmission

Jacques Guillot, Patrice Bouree

Résumé

Parmi les agents pathogènes des carnivores transmissibles à l’homme, les parasites intestinaux appartenant aux classes des nématodes ou des cestodes ont une grande importance. Cet article concerne plus particulièrement les risques représentés actuellement par les ascarides du genre Toxocara et les cestodes du genre Echinococcus. Ces agents pathogènes sont transmis par l’ingestion d’éléments microscopiques : œufs larvés pour Toxocara spp. et embryophores pour Echinococcus spp. Ces organismes sont particulièrement résistants dans l’environnement. Les stratégies envisageables pour limiter les risques de zoonose sont a priori très simples. Pour être pleinement efficaces, les mesures de prévention doivent cependant bénéficier d’une attitude responsable de la part des propriétaires de chiens et de chats et d’une parfaite collaboration entre les vétérinaires et les médecins. La création récente de comités d’experts aux Etats-Unis (CAPC, Companion Animal Parasitology Council), à l’échelle européenne (ESCCAP, European Scientific Counsel Companion Animal Parasitology) ou au niveau national (CEPHA, Comité d’Experts en Parasitologie Humaine et Animale) a pour objectif de faciliter la collaboration de l’ensemble des acteurs de Santé publique et de promouvoir des mesures de lutte consensuelles efficaces.

Summary

A wide range of parasites can infect carnivorous pets. Some are more significant than others, owing to their prevalence, their pathogenicity for animal hosts, or their capacity to cause human disease. This article focuses on roundworms (Toxocara spp.) and tapeworms (Echinococcus spp.), which are emerging public health hazards in France. When humans ingest infective Toxocara eggs, the eggs hatch and release larvae that can migrate anywhere in the body, causing a disease called visceral larva migrans. Common target organs are the eyes, brain, liver, and lungs, with a risk of permanent visual, neurological and other tissue damage. Epidemiological studies have identified geophagy and pet dogs (particularly puppies) as the principal risk factors for human toxocarosis. Childrens’ play habits and their attraction to pets put them at a higher risk for infection than adults. Eggs of the dog tapeworm Echinococcus granulosus hatch and release embryos that migrate to various organs and form voluminous cysts, causing a disease called cystic echinococcosis. Human alveolar echinococcosis is caused by the larval stage of the fox tapeworm Echinococcus multilocularis, which usually develops in the liver. Larval growth is slow, resulting in an asymptomatic phase of several years before diagnosis. Left untreated, the condition may be lethal. In central and eastern European areas where Echinococcus multilocularis is endemic, dogs that have access to rodents should be considered as potential hazards for humans. Rational measures for preventing animal and human infection include pet owner education and regular deworming of dogs and cats. Education of pet owners should focus on prevention, and will include personal hygiene, clearing up pet feces regularly to reduce environmental contamination, and minimizing exposure of children to potentially contaminated environments. Because puppies, kittens, pregnant and nursing animals and hunting dogs are at the highest risk of roundworm or tapeworm infection —- and are therefore responsible for most environmental contamination and human disease —- antihelminthic treatments are most effective when they are initiated early and target these animal populations. Various guidelines for the treatment and control of parasitic infections in carnivorous pets have been proposed in the United States (by the Centers for Disease Control and Prevention, and the Companion Animal Parasitology Council) and in Europe (by the European Scientific Counsel Companion Animal Parasitology). In France a non profit organization (CEPHA, Comité d’Experts en Parasitologie Humaine et Animale) was recently created to participate in the prevention of parasitic zoonoses associated with companion animals.

INTRODUCTION

Les carnivores domestiques font maintenant partie de l’environnement immédiat de la plupart des Français quel que soit leur milieu de vie (urbain, périurbain ou rural) et quelle que soit leur classe sociale. On estime que près de huit millions de chiens et dix millions de chats sont actuellement présents en France. Ces animaux vivent en contact étroit avec leurs propriétaires. Les multiples bienfaits de ces animaux de compagnie sont indéniables en particulier pour les enfants ou pour les personnes isolées dans des grandes villes où les liens sociaux ont eu tendance à diminuer ces dernières années. Le rôle positif joué par les carnivores domestiques ne doit cependant pas occulter les risques sanitaires liés à la fréquente promiscuité entre les animaux et leurs propriétaires. Il ne faut pas non plus minimiser le danger représenté
par les animaux errants (chats surtout) ou les carnivores sauvages (renards en Europe, ratons laveurs en Amérique du Nord) ; ces animaux échappent à tout contrôle sanitaire et sont très fréquemment porteurs d’agents pathogènes. Parmi les parasites transmissibles des carnivores à l’homme, les parasites intestinaux appartenant aux classes des nématodes et des cestodes ont une grande importance [1]. La prévalence d’infestation par certains de ces parasites (tels les ascarides ou le cestode Dipylidium caninum ) est très élevée et le niveau d’exposition de l’homme (plus particulièrement des enfants) est loin d’être négligeable. Pour d’autres parasites intestinaux comme les échinocoques, la proportion de chiens (voire de chats pour Echinococcus multilocularis ) porteurs est beaucoup plus limitée, mais la gravité des maladies humaines qu’ils provoquent fait que l’infestation par ces parasites doit être empêchée chaque fois que cela est possible. La première partie de cet article rappelle les particularités biologiques des principaux helminthes intestinaux agents de zoonoses et les modes de contamination de l’homme. La seconde partie est dévolue aux stratégies envisageables pour limiter les risques. Pour les propriétaires de carnivores domestiques, les stratégies de prévention incluent le simple respect de règles d’hygiène et la mise en place d’une vermifugation régulière des animaux. Pour cela, les campagnes de sensibilisation des propriétaires d’animaux domestiques est un élément clef ; il en est de même d’une parfaite collaboration entre les vétérinaires et les médecins. La création récente de comités d’experts aux Etats-Unis (CAPC, Companion Animal Parasitology Council ), à l’échelle européenne (ESCCAP, European Scientific Counsel Companion Animal Parasitology ) ou au niveau national (CEPHA, Comité d’Experts en Parasitologie Humaine et Animale) a pour objectif de faciliter la collaboration de l’ensemble des acteurs de Santé publique et de promouvoir des mesures de lutte consensuelles et efficaces.

NÉMATODES ET CESTODES INTESTINAUX PARASITES DES CARNIVORES DOMESTIQUES ET TRANSMISSIBLES À L’HOMME

Chez les carnivores domestiques, la diversité des parasites intestinaux est très grande, même dans les pays tempérés. Ces parasites appartiennent au sous-règne des protozoaires (coccidies et Giardia duodenalis surtout), au règne des champignons (

Candida albicans ), aux classes des nématodes (ascarides, strongles, anguillules et spirures) et des cestodes (Mésocestoïdidés, Taeniidés, Dilépididés et Diphyllobothriidés surtout). Si l’on restreint l’analyse aux nématodes et aux cestodes, les principales espèces transmissibles à l’homme en France métropolitaine sont les ascarides Toxocara canis et Toxocara cati et les cestodes Dipylidium caninum , Echinococcus granulosus et Echinococcus multilocularis .

Ascarides parasites de carnivores domestiques

Les ascarides sont des parasites de l’intestin grêle, fréquemment observés chez l’homme (en milieu tropical), les carnivores domestiques, les ruminants, les porcins

FIGURE 1. — Œufs de

Toxocara canis. Ces œufs sont ovoïdes et mesurent de 75 à 90 µ m de diamètre.

Libérés dans les matières fécales du chien, ces œufs évoluent dans le milieu extérieur. Ils deviennent infestants sous la forme larvée (Service de Parasitologie ENVA).

et les équidés. Ces parasites sont pour la plupart spécifiques d’hôtes à l’état adulte [2]. Les ascarides femelles sont très prolifiques. Les œufs évacués avec les matières fécales des animaux parasités (Figure 1) évoluent dans le milieu extérieur où ils sont particulièrement résistants. Ces œufs larvés, ingérés par un nouvel hôte, vont éclore dans son tube digestif. Les larves d’ascarides se caractérisent par une beaucoup plus grande ubiquité que les formes adultes ce qui leur permet de commencer leur développement chez les mammifères les plus divers, y compris l’homme pour les espèces d’ascarides de carnivores domestiques (surtout Toxocara canis ). Bien qu’elles finissent par dégénérer chez ces hôtes inhabituels, ces larves peuvent être à l’origine de troubles généraux traduisant les signes d’une larva migrans viscérale. La toxocarose humaine est sans doute très fréquente en France. Cependant, en raison de la prédominance des formes asymptomatiques, la prévalence de cette parasitose demeure sous-estimée. La migration aberrante des larves dans l’organisme humain va occasionner des troubles variés, selon l’organe atteint : dyspnée asthmatiforme, syndrome de Loeffler, hépato-splénomégalie, nausées, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales, céphalées, convulsions. Deux localisations sont préférentielles :

l’œil et le système nerveux central. L’atteinte oculaire se manifeste par une baisse brutale de l’acuité visuelle ou une uvéite. L’inflammation chronique peut aboutir au décollement de rétine. La localisation neurologique peut provoquer des épilepsies locales ou généralisées, une paraparésie, ou encore une méningite à éosinophiles [2, 3].

L’homme s’infeste en absorbant des œufs larvés de

Toxocara canis mais aussi de

Toxocara cati [4]. Dans les tissus, la distinction entre Toxocara canis et Toxocara cati est difficile, car elle repose sur la taille de la section de la larve. Par ailleurs, ces deux parasites partagent de nombreux épitopes communs et les réactions immunologiques croisées sont sans doute habituelles. Dans certains cas, cependant, l’infestation humaine par Toxocara cati a pu être prouvée, en particulier par l’analyse de l’humeur aqueuse de l’œil. Signalons enfin que quelques cas d’infestation par des vers adultes de Toxocara cati ont été rapportés chez l’homme. Dans tous ces cas, des contacts fréquents avec des chats ont systématiquement été rapportés [5].

Compte tenu du grand nombre de chats et de chiens en France, de la grande prolificité des ascarides et de la résistance des œufs larvés dans le milieu extérieur, le risque d’infestation humaine est majeur [1]. Les jeunes enfants sont plus particuliè- rement exposés en jouant dans la terre ou le sable. Il faut encore rappeler le risque limité de contamination par les caresses de chiens dont le pelage abrite des œufs larvés [6]. L’estimation de l’exposition de la population humaine peut être établie par les études de séroprévalence dans différentes classes d’âge ou secteurs d’activité.

Ainsi, en France, une étude chez les adultes en milieu urbain a révélé une séropré- valence de 4,8 % [7] alors qu’elle est de 6 à 11 % chez les enfants aux Pays-Bas [8] et atteint 92,8 % à la Réunion [9]. Outre l’ingestion d’œufs avec des crudités ou de la terre, l’homme peut s’infester accessoirement par absorption de larves de Toxocara contenues dans des abats mal cuits.

Cestodes parasites de carnivores

Les cestodes parasites des carnivores domestiques sont très nombreux. Les animaux s’infestent en ingérant des larves contenues dans de la viande ( Taenia ovis ), des abats (

T. hydatigena , T. multiceps , Echinococcus granulosus ), du poisson ( Diphyllobotrium latum ), des proies (lagomorphes, petits rongeurs, lézards) ( T. serialis , T. pisiformis , T.

taeniformis , Echinococcus multilocularis , Mesocestoides spp.) ou des ectoparasites (puces ou poux) (

Dipylidium caninum ). L’homme peut s’immiscer accidentellement dans le cycle évolutif de certains de ces cestodes comme hôte définitif [1]. Il héberge alors les formes adultes qui provoquent le téniasis. Bien que rapportée pour Dipylidium caninum ou Mesocestoides lineatus , cette éventualité demeure rare. En fait, dans la plupart des cas de zoonose due aux cestodes de carnivores, l’homme est un hôte intermédiaire contaminé par des embryophores libérés dans les matières fécales du chien ou du chat [1]. Il souffre alors de métacestodose (affection due à la présence de larves de cestodes dans l’organisme). Cet état résulte parfois de l’infestation par des cestodes, parasites à l’état adulte du chien ( Taenia multiceps ), du chat (

Taenia taeniaformis ) ou du renard ( Taenia crassiceps ). Cependant la grande majorité des cas de métacestodose humaine est due aux échinocoques et ceci dans de très nombreux pays, dont la France.

Echinococcus granulosus est présent à l’état adulte dans l’intestin grêle du chien (et d’autres canidés comme le loup ou le renard) (Figure 2). De nombreuses espèces de

FIGURE 2. — Aspect microscopique d’Echinococcus granulosus. Ce cestode de quelques millimètres vit à l’état adulte dans l’intestin grêle du chien (Association Française des Enseignants et Praticiens Hospitaliers Titulaires de Parasitologie et Mycologie Médicale).

mammifères, dont l’homme, peuvent être hôtes intermédiaires. Elles s’infestent en ingérant des embryophores d’échinocoques, libérés dans les fèces ou aux marges de l’anus du chien. Les embryophores sont directement infestants pour l’hôte intermé- diaire. Une fois ingéré, chaque embryophore donne naissance à une larve qui se développe préférentiellement dans le foie et les poumons. Cette larve vésiculeuse bien circonscrite est souvent très volumineuse. Avec la réaction fibreuse de l’hôte qui l’enveloppe (l’adventice), elle constitue un kyste hydatique.

La caractérisation moléculaire de nombreux isolats d’ Echinococcus granulosus a confirmé l’existence de souches distinctes (génotypes) définies par leur adaptation à une espèce d’hôte intermédiaire et par leur répartition géographique. Le génotype G1 est le plus souvent isolé ; il associe le chien et le mouton préférentiellement. Ce génotype est celui qui est le plus fréquemment responsable de zoonose. Les isolats provenant des équidés constituent un groupe à part entière (génotype G4) génétiquement très éloigné des autres types d’ Echinococcus granulosus , d’où la proposition de création d’une nouvelle espèce (

E. equinus ) [10]. Ce génotype ne serait qu’exceptionnellement responsable de zoonose.

En France, on estime que le nombre de cas humains d’échinococcose larvaire kystique est de quelques centaines chaque année. L’estimation précise du nombre d’individus atteints n’est pas évidente car la présence du (ou des kystes) peut passer inaperçue pendant plusieurs années. Si le kyste se rompt (à la suite d’une chute ou d’un accident) la libération d’une grande quantité de molécules antigéniques peut déclencher un choc anaphylactique. La proportion de chiens parasités en France n’est pas, non plus, connue avec précision. Elle est sans doute assez réduite sauf dans les zones d’élevage de moutons ou dans des zones où sont encore pratiqués des abattages rituels sans contrôle sanitaire. L’apparition de foyers d’échinococcose
larvaire kystique peut également survenir à la suite de la transhumance de troupeaux de moutons parasités. Une enquête réalisée en 1989 dans les abattoirs a permis de mettre en évidence des kystes hydatiques sur 0,72 % des carcasses de moutons ou de chèvre, 0,13 % de bovins et seulement 0,009 % de porcins.

Echinococcus multilocularis est un parasite habituel du renard [1]. Dans la nature, le cycle fait intervenir des micromammifères (campagnols surtout) comme hôtes intermédiaires. Ces animaux hébergent la larve d’ Echinococcus multilocularis qui envahit progressivement le tissu hépatique. L’homme mais aussi des animaux domestiques comme le chien ou le cheval peuvent accidentellement être hôtes intermédiaires. L’homme s’infeste en ingérant des embryophores présents dans la terre ou sur des baies sauvages poussant au ras du sol. La larve se développe alors insidieusement pendant de très nombreuses années. Le diagnostic d’échinococcose larvaire multiloculaire est évoqué devant un ictère chronique témoignant d’une lésion hépatique importante. L’échographie du foie révèle de multiples lacunes de taille variée (d’où la dénomination d’échinococcose alvéolaire) (Figure 3). A ce stade, le seul traitement possible est la transplantation hépatique. Echinococcus multilocularis a une très large répartition dans de nombreux pays de l’hémisphère

Nord. L’échinococcose alvéolaire est très répandue en Europe centrale et dans une grande partie de l’Est de la France (mais aussi en Savoie et Haute-Savoie). L’institut de Veille Sanitaire et le CHU de Besançon ont mis en place une surveillance des cas humains. Entre 1982 et 2004, les 320 cas recensés provenaient pour la plupart de Franche-Comté (41 % des cas), Loraine (21 %), Rhône-Alpes (13 %), Auvergne (7 %) et Champagne-Ardennes (6 %). Les derniers recensements mettent en évidence une extension vers le Sud (Aveyron, Lozère) et l’Ouest (Bourgogne et Ile de France). Ainsi, la région parisienne n’est-elle plus épargnée. Cette information est d’autant plus inquiétante que le chien peut prendre la place du renard et jouer le rôle d’hôte définitif en libérant de grandes quantités d’embryophores dans l’environnement immédiat de l’homme. Une étude récente réalisée dans le Sud de l’Allemagne [11] a clairement identifié les facteurs de risque associés à l’échinococcose alvéolaire pour l’Homme. Dans la liste de ces facteurs, figurent en tout premier lieu la possession d’un chien, le fait de séjourner dans une zone rurale et le fait de se promener régulièrement en forêt. Parmi les propriétaires de chiens, ceux dont les animaux chassent ou ont simplement un accès libre à un jardin sont particulièrement exposés. Le chat peut lui aussi être infesté mais en général, l’élimination d’embryophores est alors réduite et son rôle dans l’entretien et la propagation d’ Echinococcus multilocularis est maintenant considéré comme négligeable [12].

STRATÉGIES DE PRÉVENTION DE L’INFESTATION HUMAINE PAR DES PARASITES DIGESTIFS DE CARNIVORES DOMESTIQUES

Ascarides et échinocoques sont transmis à l’homme par l’ingestion d’éléments parasitaires microscopiques : œufs embryonnés pour Toxocara spp. et embryopho-

FIGURE 3. — Lésions d’échinococcose alvéolaire chez l’Homme.

Le tissu hépatique est complètement envahi par la larve d’ Echinococcus multilocularis qui forme de multiples petits alvéoles dans le tissu (Service de Parasitologie ENVA).

res pour

Echinococcus spp. expulsés dans les fèces de carnivores infestés. Ces éléments parasitaires sont particulièrement résistants. Ils peuvent donc subsister sur le pelage des animaux ou dans l’environnement. Les mesures de prévention incluent en premier lieu le respect de mesures d’hygiène stricte dans les relations avec les carnivores domestiques. Le lavage régulier des mains doit être recommandé. Le simple fait de se laver les mains juste après avoir touché de la terre ou du sable (ou après avoir manipulé un animal) permettrait sans doute de limiter considérablement le risque de transmission de Toxocara ou Echinococcus à l’homme. La destruction des œufs d’ascarides ou des embryophores de cestodes présents dans le milieu extérieur est très difficile : ils résistent à la chaleur, au froid et à la plupart des agents chimiques. Pour limiter la contamination environnementale, il faut donc inciter les propriétaires de chiens à ramasser les excréments de leurs animaux, à ne pas laisser les chiens déféquer dans des endroits publics fréquentés par des enfants, à respecter les restrictions d’accès des animaux aux lieux publics (aires de jeux, plages…). Le cas des chats errants ou des renards est plus difficile à gérer.

L’autre stratégie de lutte contre les nématodes et cestodes transmissibles à l’homme consiste à promouvoir des protocoles de vermifugation régulière des carnivores domestiques. Il existe maintenant de muliples spécialités vétérinaires qui permettent de protéger efficacement les chiens et les chats vis-à-vis des nématodes digestifs mais aussi des cestodes (y compris les échinocoques). Certaines spécialités permettent même de combiner la lutte contre les parasites intestinaux et la lutte contre les principaux ectoparasites. Une attention particulière devra être apportée aux chiots et aux chatons qui seront vermifugés avec un produit actif vis-à-vis des ascarides adultes (et si possible des larves en migration) le plus précocement possible (entre deux et trois semaines après la naissance). Les animaux seront traités toutes les deux semaines jusqu’au sevrage puis une fois par mois jusqu’à l’âge de six mois. Il faut également penser à vermifuger les chiennes après la période de l’œstrus et si elles ont été fécondées, en cours de gestation ou juste après la mise bas. Dans les zones où sévit l’échinococcose alvéolaire et pour des animaux qui ont l’habitude de chasser des petits rongeurs, une vermifugation mensuelle avec un cestodicide est indispensable.

Force est de constater qu’à ce jour, les mesures de lutte ne sont qu’imparfaitement appliquées. Le manque d’informations des propriétaires de carnivores domestiques et le manque de concertation entre médecins et vétérinaires sont en partie responsables de cette situation. Depuis quelques années, des associations ou des groupes d’experts ont été créés aux Etats-Unis, en Europe ainsi qu’à l’échelle nationale. Ces groupes qui associent parfois des médecins et des vétérinaires se sont fixés comme objectif de réduire l’importance des zoonoses parasitaires provenant des carnivores domestiques.

Promotion des stratégies de prévention aux Etats-Unis

Aux USA, la majorité des vétérinaires ne recommande pas de traitement préventif contre la toxocarose canine ; les connaissances des propriétaires d’animaux en la matière sont très faibles et les médecins attribuent aux vétérinaires une grande responsabilité en termes de thérapeutique et de conseils. C’est la raison pour laquelle les CDC ( Centers for Disease Control and Prevention ) proposent depuis quelques années un guide de bonnes pratiques antiparasitaires pour l’animal de compagnie à destination des vétérinaires. Ce guide, téléchargeable sur internet, fournit des renseignements précis et réactualisés à propos des risques de transmission des nématodes digestifs et des anthelminthiques actuellement disponibles aux Etats-Unis [13].

Le site internet des CDC fournit plus généralement un grand nombre d’informations sur les zoonoses quel que soit l’animal domestique et quel que soit le statut de l’individu à risque (enfant, femme enceinte ou patient infecté par le VIH). Pour compléter ce dispositif, un groupe de vétérinaires experts en parasitologie a été créé en 2001. Ce groupe dénommé CAPC ( Companion Animal Parasitology Council ) se réunit régulièrement pour concevoir et promouvoir des recommandations en matière de prévention des principales parasitoses des carnivores domestiques sur le
continent Nord américain [14]. Il est constitué d’experts indépendants. Il fonctionne grâce au soutien financier des principaux laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent des antiparasitaires destinés aux animaux de compagnie.

Promotion des stratégies de prévention en Europe

En Europe, un groupe comparable au CAPC américain a été créé en 2005. Ce groupe d’experts en Parasitologie vétérinaire se dénomme ESCCAP ( European Scientific Counsel Companion Animal Parasitology ) [15]. Il comporte actuellement neuf membres permanents représentant le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, la France, la Suisse, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark. La participation d’experts repré- sentant les pays d’Europe Centrale est prévue prochainement. ESCCAP est reconnu comme une association à but non lucratif. Son mode de fonctionnement est très proche de celui du CAPC. Des réunions sont régulièrement organisées, au moins tous les six mois. Elles permettent de présenter les recommandations des experts ( guidelines ) et de dialoguer avec les laboratoires pharmaceutiques qui apportent leur soutien. Il est prévu deux versions pour chaque guide : une version pour les vétérinaires et une version « grand public ». A ce jour, un seul guide de bonnes pratiques a été rédigé : il concerne la vermifugation des carnivores domestiques. Les prochains guides porteront sur le traitement et la prévention des infestations par les ectoparasites. Des contacts sont établis pour que le groupe ESCCAP soit officiellement reconnu par le Collège européen de parasitologie vétérinaire (EVPC).

Promotion des stratégies de prévention en France

La lutte contre les zoonoses parasitaires provenant des carnivores domestiques a longtemps été négligée dans notre pays. Sous l’égide du Ministère de l’Agriculture, un « livret de responsabilisation » des propriétaires de carnivores domestiques a été très largement diffusé en 2005. Ce livret comporte des chapitres spécifiques sur l’identification et l’éducation des animaux, sur l’incontournable problème des déjections canines et les protocoles de vaccination. Le risque représenté par les parasites n’est abordé que de façon indirecte.

A partir de 2000, l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a mené un travail de hiérarchisation pour établir un programme d’actions prioritaires à propos des zoonoses non alimentaires en France [16]. Un groupe d’experts multidisciplinaires a établi une liste de zoonoses à considérer à partir de la liste complète de l’Office International des Epizooties. Les experts ont retenu trente-sept zoonoses autochtones (dont douze zoonoses d’origine parasitaire ou fongique) qui ont ensuite été classées comme « prioritaires », « importantes » ou « peu importantes » en fonction de la gravité de la maladie humaine, la fréquence de la maladie animale et l’existence de programme de surveillance à un niveau européen ou international. Suivant ce classement, les échinococcoses larvaires (kystique et multiloculaire) sont considérées comme des zoonoses prioritaires alors que la toxocarose est qualifiée de zoonose importante. La
priorisation des zoonoses a servi de base au programme d’actions de l’InVS. Pour obtenir des informations concernant l’épidémiologie des échinococcoses en France, des études sont en cours de réalisation. En revanche, aucune action n’est prévue pour la toxocarose [16].

En 2005, un groupe d’experts indépendants dénommé CEPHA (Comité d’Experts en Parasitologie humaine et animale) a été créé avec le soutien institutionnel du laboratoire Novartis (Santé animale). Il associe deux médecins et deux vétérinaires.

Ce comité scientifique s’est fixé comme objectifs de faciliter la collecte des données épidémiologiques concernant les zoonoses parasitaires en France et de soutenir les travaux de recherche en parasitologie humaine et animale. Il s’agit également de sensibiliser le grand public aux risques de zoonoses parasitaires et d’informer les différents acteurs de santé publique pour garantir une formation continue sur le sujet. Pour faciliter la collecte de données épidémiologiques, le choix de sujets de thèses d’exercice communs aux doctorants en médecine et vétérinaires est encouragé par le CEPHA. La création d’une nouvelle revue, appelée « Zoonoses », répond aux deux derniers objectifs du CEPHA. Cette revue semestrielle se propose de fournir des informations sur les maladies infectieuses naturellement transmissibles des animaux vertébrés à l’homme. L’originalité de « Zoonoses » réside dans « l’analyse combinée » (médecine humaine/médecine vétérinaire) des agents pathogènes transmis de l’animal à l’homme et des maladies correspondantes. Il ne s’agit pas du tout d’accuser la relation homme-animal mais plutôt de créer un véritable lien entre différents partenaires pour faciliter la prévention des maladies transmissibles et harmoniser les informations destinées au grand public. Même si les maladies d’origine parasitaire constituent la préoccupation majeure du comité, les zoonoses d’origine bactérienne, virale ou fongique seront également abordées. Chaque numéro est organisé autour d’un thème d’actualité. En septembre 2006, le premier numéro de « Zoonoses » a porté sur les toxocaroses. Ce numéro a été distribué à tous les vétérinaires praticiens. Il est par ailleurs disponible pour tous les médecins qui en font la demande.

CONCLUSION

Le risque de transmission de parasites intestinaux des carnivores domestiques à l’Homme ne doit pas être négligé en France. Les ascarides du genre Toxocara et les cestodes du genre

Echinococcus représentent actuellement un risque majeur si l’on considère la forte prévalence d’infestation ascaridienne chez le chien et le chat ainsi que l’extension de la zone d’endémie de l’échinococcose alvéolaire transmise par les renards. La prévention des zoonoses dues aux helminthes des carnivores domestiques est l’affaire de tous : les propriétaires d’animaux qui doivent adopter un comportement responsable, les vétérinaires qui doivent informer les propriétaires et promouvoir la vermifugation régulière des animaux, les médecins qui doivent diagnostiquer les zoonoses et fournir les informations nécessaires pour leur préven-
tion. Un dialogue permanent entre les différents acteurs de la Santé Publique est indispensable. La création récente de groupes d’experts devrait faciliter ce dialogue et favoriser une lutte intégrée vis-à-vis des principales zoonoses parasitaires BIBLIOGRAPHIE [1] EUZÉBY J. — Les parasitoses humaines d’origine animale ; caractères épidémiologiques. Flammarion Médecine France, 1984, 324 p.

[2] BOURÉE P., GUILLOT J. — Les ascarides de carnivores : biologie, pouvoir pathogène et risques pour l’Homme. Zoonoses , 2006, 1, 2-6.

[3] DEI-CAS E. —

Larva migrans . Encyclopédie Médicale et Chirurgicale des Maladies Infectieuses, 1996, 8-518, A-10.

[4] FISCHER M. — Toxocara cati : an underestimated zoonotic agent. Trends in Parasitology, 2003, 19 , 167-170.

[5] PETITHORY J.C., BEDDOCK A. — Rôle de

Toxocara cati dans le syndrome de larva migrans viscéral.

Bulletin de la Société Française de Parasitologie, 1997, 15 , 199-211.

[6] WOLFE A., WRIGHT I.P. — Human toxocariasis and direct contact with dogs.

Veterinary Record, 2003, 152 , 419-422.

[7] MAGNAVAL J.F., GLICKMAN L.T., DORCHIES P. — La toxocarose, une zoonose helminthique majeure. Revue de Médecine Vétérinaire, 1994, 145 , 611-627.

[8] BUIJ J., BORSBOOM G., VAN GEMUS J.J. et al . — Toxocara seroprevalence in 5 year-old elementary school children : relation with allergic asthma.

American Journal of Epidemiology, 1994, 140 , 839-847.

[9] MAGNAVAL J.F., MICHAULT A., CALON N., CHARLET J.P. — Epidemiology of human toxocariasis in La Réunion. Trans. Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, 1994, 88 , 531-533.

[10] THOMPSON R.C., MCMANUS D.P. — Towards a taxonomic revision of the genus

Echinococcus .

Trends in Parasitology , 2002, 18 , 452-457.

[11] KERN P., AMMON A., KRON M., SINN G., SANDER S., PETERSEN L.R., GAUS W., KERN P. — Risk factors for alveolar echinococcosis in humans. Emerging Infectious Diseases, 2004, 10 , 2088- 2093.

[12] THOMPSON R.C., KAPEL C.M., HOBBS R.P., DEPLAZES P. — Comparative development of Echinococcus multilocularis in its definitive hosts. Parasitology , 2006, 132 , 709-716.

[13] Site internet

Centers for Disease Control and Prevention , www.cdc.gov/ncidod/dpd/parasites/ ascaris/prevention.htm [14] Site internet Companion Animal Parasitology Council , www.capcvet.org/ ?p=Home [15] Site internet

European Scientific Counsel Companion Animal Parasitology, www.esccap.org/ [16] CAPEK I., VAILLANT V., MAILLES A., DE VALK H. — Définition de priorités et actions réalisées dans le domaine des zoonoses non alimentaires, 2000-2005. Bulletin d’Epidémiologie Hebdomadaire , 2006, 27-28 , 196-199.

DISCUSSION

M. Christian NEZELOF

Faut-il rendre accessibles les jardins publics aux chiens et aux chats ?

Le risque principal est représenté par les bacs à sable qui offrent des conditions idéales pour le développement et la survie des éléments parasitaires (œufs d’ascarides surtout).

Ces bacs à sable sont par ailleurs très appréciés des enfants qui sont particulièrement sensibles aux larva migrans viscérales dues aux ascarides. Il ne faut donc pas nécessairement interdire l’accès des carnivores domestiques aux jardins publics mais mettre en place des clôtures autour des bacs à sable (pour empêcher l’accès des chiens) ou couvrir les bacs à sable pendant la nuit (pour éviter que les chats errants ne viennent y déféquer).

M. Dominique RICHARD-LENOBLE

Les deux formes cliniques de l’anisakidose sont, l’une aiguë qui disparaîtra avec la baisse de consommation de poissons crus et l’autre, chronique de prévalence mal connue mais qui va nécessiter une étude sérologique dont la spécificité est difficile. Que pensez-vous du degré d’implication des toxocaroses (du chien ou du chat) dans l’étiologie de ces syndromes de sensibilisation (urticaire, asthme) décrits pour l’anisakidose ‘‘ chronique ’’ ?

Il est très difficile de porter un diagnostic de certitude pour les formes d’anisakidose « chronique » mais aussi (bien que dans une moindre mesure) pour les larva migrans liées aux Toxocara du chien ou du chat. Par ailleurs, aucune de ces affections ne fait l’objet d’une déclaration obligatoire. Compte tenu du nombre de chiens et de chats en France et de la diversité des formes cliniques possibles lors de larva migrans, on peut cependant penser que les toxocaroses sont beaucoup plus fréquentes que la forme d’anisakidose dite « chronique ».

Mme Jeanne BURGÈRE-PICOUX

Dans les stratégies de prévention préconisées pour l’échinococcose alvéolaire, il importera de souligner les modalités de contamination par l’homme. Par exemple, on a souvent souligné l’importance des baies dans ces modes de transmission mais beaucoup moins l’eau fraîche d’un ruisseau qui a pu être contaminée en amont par des matières fécales.

Le risque représenté par la consommation de baies sauvages (fraises des bois, myrtilles…) crues a souvent été mis en exergue. Cependant il existe effectivement d’autres modalités d’infestation comme l’absorption d’eau d’un ruisseau. Les enquêtes épidémiologiques récentes (réalisées en Allemagne surtout) mettent en évidence les facteurs de risque suivants : le fait d’habituer en milieu rural (à proximité de champs), le contact avec la terre, la possession d’un chien de chasse et dans une moindre mesure le fait de consommer des baies sauvages.

M. André-Laurent PARODI

Quelle est la valeur du dépistage coproscopique de la toxocarose du chien ? Il existe, semble-t-il, des périodes d’éclipses de l’excrétion d’œufs, chez la chienne notamment, la gestation ‘‘ réveillant ’’ l’activité parasitaire ?

Un examen coproscopique positif apporte la preuve de la présence d’ascarides adultes dans l’intestin grêle des carnivores. En revanche, un examen coproscopique négatif ne permet pas d’exclure la contamination du chien ou du chat (par des larves en hypobiose).

Lorsqu’un chien adulte est infesté par Toxocara canis , les larves du parasite entament une migration dite « somatique ». Elles gagnent par voie sanguine différents organes ou tissus où elles s’enkystent. Cet état de vie ralentie (hypobiose) peut se poursuivre pendant des années. Si le chien est un mâle, les larves finissent par dégénérer. Si le chien est une femelle, les larves sont capables de reprendre leur migration à l’occasion des phases de reproduction de la chienne. Lors de gestation, les larves vont ainsi donner des vers adultes dans l’intestin de la chienne gestante. Elles sont également capables de traverser le placenta et contaminer les chiots. Elles peuvent enfin passer dans le tissu mammaire et assurer la contamination précoce des chiots par le colostrum puis le lait. Le parasite du chat ( Toxocara cati ) présente un cycle comparable mais avec une contamination préférentielle des chatons au moment de l’allaitement (et non pas lors de la gestation).

M. Roger NORDMANN

Si la question des bacs à sable des jardins publics a été évoquée précédemment, il n’en a pas été de même pour les plages publiques. Or des propriétaires de chiens laissent souvent patauger leurs animaux au milieu des enfants sur les plages en refusant de les éloigner lorsqu’un panneau d’interdiction n’est pas présent. Ne devrait-on pas généraliser l’interdiction des animaux sur l’ensemble des plages publiques (sans qu’il soit nécessaire d’apposer un panneau d’interdiction, lequel implique vraisemblablement une décision municipale) ?

Les plages de sable offrent des conditions optimales de développement et de survie aux parasites (tout comme les bacs à sable des jardins publics). La logique voudrait donc que l’accès des plages soit systématiquement interdit aux chiens. Le cas des chats errants est plus difficile à gérer.

M. Charles-Joël MENKÈS

Peut-on éviter une contamination, lors de la consommation des baies, par une congélation plus ou moins prolongée ?

Les embryophores d’

Echinococcus multilocularis sont très résistants dans le milieu extérieur. Leur destruction peut être assurée par la congélation mais une température très basse (inférieure à —20° C) pendant plusieurs jours est nécessaire. Les congélateurs domestiques ne fournissent généralement pas les conditions requises pour une destruction totale des embryophores.

M. Jacques EUZEBY

Que penser de l’importance zoonosique d’un autre ascaride, Baylisascaris procyonis, du raton laveur ? Les échinocoques ont plusieurs génotypes : neuf pour Echinococcus granulosus, deux pour Echinococcus multilocularis : quelle est l’incidence zoonosique de ces divers génotypes ; avez-vous une idée de l’efficacité, pour la désinfestation des bacs à sable, de la chaleur sèche ou de la chaleur humide à 100° C, appliquée sous bâche ?

Baylisascaris procyonis est présent à l’état adulte dans l’intestin grêle des ratons laveurs en

Amérique du Nord mais aussi sans doute en Europe (y compris dans le nord de la France). Le cycle de vie de B. procyonis est semblable à celui des autres ascarides et la transmission se fait principalement par absorption d’œufs embryonnés présents dans le milieu extérieur. Si les œufs sont ingérés par un autre animal que le raton laveur, les larves du parasite peuvent migrer dans l’organisme et envahir le système nerveux central. Chez l’homme, la larva migrans à B. procyonis est une zoonose gravissime sur le continent nord américain. Les signes cliniques incluent une encéphalite (parfois mortelle) et des troubles oculaires comparables à ceux décrits dans le cas des toxocaroses. Baylisascaris procyonis est un parasite du raton laveur, mais il semble que des chiens (en Amérique du Nord et peut être en Europe ?) puissent également héberger des vers adultes et donc représenter une source d’éléments infestants pour l’homme. L’espèce Echinococcus granulosus est composée de souches distinctes (génotypes) définies par leur adaptation à une espèce d’hôte intermédiaire et par leur répartition géographique. Le génotype G1 est le plus souvent isolé ; il associe le chien et le mouton préférentiellement. Ce génotype est celui qui est le plus fréquemment responsable de zoonose en France. Les isolats provenant des équidés constituent un groupe à part entière (génotype G4) génétiquement très éloigné des autres types d’ Echinococcus granulosus . Ce génotype ne serait qu’exceptionnellement responsable de zoonose. Il est très difficile de détruire les œufs d’ascarides présents dans le sable. Les différents systèmes de désinfestation des bacs à sable sont peut être efficaces mais demeurent très coûteux. En aucun cas, ces systèmes ne devront se substituer aux mesures préventives qui consistent à interdire l’accès des chiens ou à couvrir les bacs à sable pendant la nuit (pour éviter que les chats errants ne viennent y déféquer). Le remplacement régulier du sable est également préconisé.


* Service de Parasitologie, École Nationale Vétérinaire d’Alfort, 7 avenue du Général de Gaulle, 94704 Maisons-Alfort * Parasitologie, École nationale vétérinaire d’Alfort, 7, avenue du Général de Gaulle, 94704 Maisons-Alfort Tirés à part : Professeur Jacques GUILLOT, même adresse. Article reçu le 9 novembre 2006, accepté le 11 décembre 2006.

Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 191, no 1, 67-81, séance du 23 janvier 2007