Résumé
Le rôle majeur des lymphocytes B dans la physiopathologie des maladies auto-immunes systémiques a été mis en exergue depuis le début des années 2000 seulement. Depuis, différents traitements entraînant, soit une déplétion des lymphocytes B, soit une diminution de leur activation ont été développés. Beaucoup de ces traitements viennent de l’hématologie où ils sont utilisés pour traiter les hémopathies malignes B. Dans cette revue, nous décrivons ces différents traitements et leur mode d’action. S’ils ont permis des avancées importantes, ils n’ont le plus souvent qu’un effet suspensif et doivent être administrés de façon chronique, ce qui peut entraîner à terme des effets indésirables. La principale raison de l’effet uniquement suspensif des traitements classiques déplétant les lymphocytes B est que, si la déplétion B sanguine est totale, la déplétion B tissulaire est minime voire inexistante. Pour pallier cette insuffisance, certaines équipes ont commencé à utiliser dans les maladies systémiques auto-immunes réfractaires des stratégies thérapeutiques issues aussi de l’hématologie et ayant une action de déplétion totale des lymphocytes B à la fois sanguine et tissulaire : les cellules CAR-T anti-CD19 ou anti-BCMA et les anticorps bispécifiques anti-CD3/CD19 ou anti-CD3/BCMA engageant les cellules T. Quelques dizaines de patients ont été traités avec l’une ou l’autre stratégie. La tolérance a été excellente avec une déplétion B totale mais une réapparition des lymphocytes B à 3 mois sous la forme de lymphocytes B naïfs. Beaucoup de ces malades sont restés en rémission complète de la maladie sans traitement plus de 2 ans après la procédure. Ainsi ces stratégies de déplétion totale des lymphocytes B peuvent permettre une réinitialisation des lymphocytes B avec disparition des lymphocytes auto-immuns pathologiques, ce qui pourrait permettre ainsi une rémission prolongée sans traitement. Les cellules CAR-T et les anticorps bispécifiques recruteurs de cellules T ont fait évoluer le paradigme du traitement des maladies auto-immunes systémiques d’un simple traitement d’entretien à une guérison potentielle.
Summary
The major role played by B-lymphocytes in the pathophysiology of systemic autoimmune diseases has only been highlighted since the early 2000s. Since then, various treatments have been developed which either deplete B-lymphocytes or reduce their activation. Many of these treatments originate from hematology, where they are used to treat B-cell malignant diseases. In this review, we describe these different treatments and their mode of action. Although they have led to important advances, they often have only a suspensory effect and must be administered chronically, which can lead to undesirable side effects over time. The main reason for the purely suspensory effect of conventional B-cell depleting treatments is that, while blood B depletion is total, tissue B depletion is minimal or even non-existent. To compensate for this shortcoming, some teams have begun to use therapeutic strategies for refractory systemic autoimmune diseases that also originate in hematology and have a total B-cell depletion action in both blood and tissue: anti-CD19 or anti-BCMA CAR-T cells and bispecific anti-CD3/CD19 or anti-CD3/BCMA antibodies T-cells engagers. A few dozen patients were treated with either strategy. Tolerance was excellent, with complete B depletion but a reappearance of B-lymphocytes at 3months in the form of naive B-lymphocytes. Many of these patients remained in complete remission of the disease without treatment for more than 2years after the procedure. These total B-cell depletion strategies may therefore enable B-cell reset, with the disappearance of pathological autoimmune lymphocytes, thus enabling prolonged remission without any treatment. CAR-T cells and bispecific T-cell engagers antibodies have shifted the treatment paradigm for systemic autoimmune diseases from simple maintenance therapy to a potential cure.
Accès en ligne : https://doi.org/10.1016/j.banm.2024.12.014 (Discussion)
Bull Acad Natl Med 2025;209:543-53. Doi : 10.1016/j.banm.2024.12.014
