Séance commune Académie nationale de médecine, Académie vétérinaire de France sur les Zoonoses, passé, présent et avenir
Introduction
Charles PILET *
Pendant trop longtemps, médecine de l’homme et médecine de l’animal ont cheminé parallèlement comme si, sur le plan biologique, l’homme n’était pas une espèce animale parmi d’autres. Les grandes crises sanitaires de ces deux dernières décennies nous ont rappelé le rôle essentiel de l’animal dans l’apparition et l’évolution de nombreuses maladies humaines. On sait désormais, que le Sida a pour origine un virus du singe transformé, que certaines formes de Creutzeldt-Jacob sont dues au prion de l’encéphalite spongiforme bovine, que les listérioses humaines sont souvent provoquées par ingestion de produits carnés d’origine animale, que le Coronavirus du Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) a été isolé chez l’animal. Quant à la psychose actuelle suscitée par l’éventuel danger de la grippe aviaire, elle vient apporter une justification supplémentaire au nécessaire rapprochement entre nos deux médecines.
Il convient donc de se réjouir de la séance commune de nos deux Académies qui, après celle de 1999 marque la nécessité d’un rapprochement entre médecins et vétérinaires, pour assurer la lutte contre les zoonoses.
Les agents infectieux ne connaissent, ni frontières géographiques, ni frontières biologiques. De ce fait l’épidémiologie des maladies infectieuses ne saurait être que comparée. Il en va de même pour le diagnostic. A cet égard, nous mesurons trop le temps perdu, en raison du cheminement trop souvent séparé et parallèle de la recherche, pour ne pas souhaiter un nécessaire rapprochement entre les structures responsables de nos deux médecines et les conséquences bénéfiques qu’induirait un tel rapprochement en matière de santé publique.
L’Académie nationale de médecine s’est déjà prononcée pour une rénovation de notre veille sanitaire, incluant « l’amont », c’est-à-dire l’animal, ainsi que pour la réintroduction de l’enseignement des zoonoses dans le cursus des études médicales et enfin pour un effort vers une recherche commune sur les maladies animales transmissibles à l’homme.
La réunion d’aujourd’hui constitue l’occasion de rappeler ces nécessités.
Bull. Acad. Natle Méd., 2006, 190, no 3, 563, séance du 7 mars 2006