Communication scientifique
Session of 25 octobre 2022

« Il me semble qu’il ne faut pas vous opérer de la colonne vertébrale »

MOTS-CLÉS : Traumatisme du rachis/chirurgie, Entretien psychologique, Imagerie diagnostique, Chirurgiens/enseignement et éducation
“In my opinion, you do not need spinal surgery”
KEY-WORDS : Spinal injuries/surgery, Interview, Psychological, Diagnostic imaging, Surgeons/education

J.M. Vital (a, ⁎) , B. Debono (b), V. Challier (c)

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Résumé

La chirurgie rachidienne a deux buts essentiels souvent associés : décomprimer les structures nerveuses pour améliorer douleur et/ou déficit neurologique et stabiliser des segments intervertébraux altérés. Elle est très efficace et pratiquement la seule possibilité thérapeutique en cas de compression du contenu neurologique radiculo-médullaire qui devrait se pérenniser ou en cas d’instabilité du contenant disco-vertébral. Dans cet article les auteurs analysent les raisons qui font dire au chirurgien : « il me semble qu’il ne faut pas vous opérer de la colonne vertébrale ». Autour de l’indication opératoire il y a trois acteurs : le patient, le bilan lésionnel et, bien sûr, le chirurgien. La plainte du patient doit être bien analysée ainsi que sa personnalité, avec sa capacité à se projeter positivement. Le patient doit être inclus dans un modèle bio-psycho-social avec analyse du bio et donc de l’éventuelle cause lésionnelle par l’imagerie mais aussi des problèmes psycho-sociaux. Il est devenu « patient 2.0 » imprégné des informations recueillies sur les réseaux sociaux. Le bilan lésionnel dominé par des examens très puissants comme l’IRM et l’EOS peut ne montrer que des images dues au simple vieillissement accompagnées de comptes rendus trop descriptifs et finalement inquiétants pour le patient. Enfin le chirurgien du rachis (orthopédiste ou neurochirurgien) avancé dans sa carrière voit ses indications opératoires diminuer dans le temps pour plusieurs raisons : vécu personnel de certaines complications ou résultats incomplets, connaissance d’une évolution spontanément favorable de beaucoup de situations purement douloureuses dégénératives, connaissance d’une multitude d’alternatives thérapeutiques réalisées par de nombreux spécialistes avec lesquels un réseau est formé, recul vis à vis des formations proposées par les sociétés de matériel chirurgical. L’analyse de ces trois acteurs permet d’énoncer quelques conseils au jeune chirurgien du rachis qui doit idéalement devenir avec le temps un expert en pathologie rachidienne.

Summary

Spinal surgery has two essential goals that are often associated: (1) to decompress the nervous structures to improve pain and/or neurological deficit and (2) to stabilise altered intervertebral segments. In this article the authors analyze the reasons that bring the surgeon to say: “In my opinion, you do not need spinal surgery”. There are three factors that influence a decision to operate or not to operate: the patient, the lesional work-up and, of course, the surgeon. The patient’s complaint must be well analyzed as well as his or her personality, and notably the patient’s ability to imagine a positive outcome. The patient can be evaluated by means of a bio-psycho-social model, in which analysis of the biological or lesional cause by imaging is complemented by analysis of the patient’s psycho-social problems. At present, we are managing the “patient 2.0” who is permeated with information gleaned from social networks. The lesional assessment, dominated by very powerful examinations such as MRI and EOS, may simply show images due to aging accompanied by reports that are overly descriptive and ultimately stressful for the patient. Finally, the spinal surgeon (orthopedist or neurosurgeon) advanced in his career sees his indications for surgery diminish over time for several reasons: personal experience of certain complications or incomplete results, knowledge of a spontaneously favorable course of many purely painful degenerative situations, knowledge of a multitude of therapeutic alternatives practiced by other specialists with whom a network has developed, and hindsight with respect to the training offered by surgical equipment companies. The analysis of these three factors makes it possible to provide advice to young spine surgeons who should ideally become experts in spinal pathology over time.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2022.11.009

Accès sur le site EM Consulte

(a) Unité Rachis, CHU de Bordeaux, 33000 Bordeaux, France
(b) Centre Francilien du dos, Versailles, France
(c) Clinique Francheville, Périgueux, France

⁎Auteur correspondant.

Bull Acad Natl Med 2023;207:106-16. Doi : 10.1016/j.banm.202211.009