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Session of 13 février 2007

IAMP : Réseau inter académique pour la promotion de la santé dans les pays à faible revenu

MOTS-CLÉS : Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 191, no 2, 397-403, séance du 13 février 2007
Inter academy medical panel, IAM
KEY-WORDS : academies. developing countries.. health. network

Guy Blaudin de Thé, Dominique Richard-Lenoble

Résumé

Le Réseau Inter Académique pour la promotion de la Santé (IAMP) a été établi en 2000 pour participer aux défis que représentent les problèmes globaux de santé dans le monde. Forte de soixante-cinq académies (Médecine, Sciences, Technologies) les objectifs du réseau sont de renforcer les liens entre les académies membres ou à créer, promouvoir des activités d’expertise et de conseils auprès des décideurs et acteurs de santé, publics et privés, et promouvoir les capacités de recherche en santé publique pertinentes pour le pays concerné. Les activités de l’IAMP pour la période 2007-2009 sont : — la participation à la diffusion des ouvrages DCP-2, — une série de projets de promotion de la santé de la mère et de l’enfant, — la surveillance et la maîtrise des maladies émergentes. Il est proposé que l’Académie forme au sein de la Commission des Relations Internationales un groupe de travail pour stimuler la participation de l’Académie nationale de médecine aux activités de l’IAMP.

Summary

The Inter Academy Medical Panel (IAMP) was created in 2000 to respond, together with other international organizations, to the health challenges facing the world, and especially developing countries. With 65 member academies, IAMP aims to promote collaborative activities, and to help health authorities and healthcare professionals to define health priorities and to ensure cost-effectiveness. In the period 2007-2009, IAMP activities will include : participation in the distribution of DCP-2 documents in developing countries ; projects focusing on mother and child health ; and surveillance and control of emerging diseases. The Academy is invited to create a working group to promote and guide ANM involvement in IAMP activities.

L’IAMP (Inter Academy Medical Panel) est un réseau mondial de soixante-cinq Académies de Médecine, des Sciences et Technologies ayant pour mission la promotion de la santé dans les pays à faible revenu.

L’IAMP a trois objectifs principaux, — améliorer le niveau de santé de ces pays ; — développer leurs capacités de recherche appliquée en santé, et faire évoluer leurs structures de santé.

Les objectifs spécifiques et les moyens proposés incluent des programmes de recherche et interventions en santé, — des collaborations interacadémiques, et des relations étroites avec les organismes internationaux concernés par la Santé et en particulier l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Cette dernière considère très positive l’établissement de ce réseau inter Académique car formé d’experts reconnus mais non directement impliqués et indépendants des pouvoirs publics.

La poursuite des objectifs amène l’IAMP à :

— renforcer les liens entre les académies membres du réseau pour des actions conjointes et aider à la création de nouvelles académies dans les pays en développement (PED) ;

— promouvoir les activités inter académiques d’expertise et de conseil auprès des décideurs et acteurs publics et privés de santé dans leurs choix de priorités en matière de santé en encourageant la promotion des trois volumes du consortium DCP (Diseases Control Priorities) qui devraient pouvoir guider les choix et décisions en matière de santé ;

— promouvoir les capacités de recherches en santé pertinentes pour les pays concernés ; soutenir le développement de toute autre activités inter acadé- miques servant la mission de promotion de la santé.

L’IAMP a été crée à Tokyo le 19 mai 2000 lors de la conférence générale du réseau IAP des Académies des Sciences. La gravité et l’urgence des questions globales de Santé dans les pays à faibles revenus nécessitaient une mobilisation des forces non gouvernementales.

A ce jour le réseau, parmi les soixante-cinq académies nationales constituant l’IAMP, vingt et une sont des Académies de Médecine, 42 des Académies des Sciences ayant une section médicale et deux des Académies des Technologies. La carte ci-jointe montre la distribution géographique des académies participantes où l’on voit la sous- représentativité de l’Afrique, due au petit nombre d’Académies nationales dans de larges régions :

LA STRUCTURE DE L’IAMP COMPORTE :

• une présidence à deux têtes, l’une issue d’un pays industrialisé assumée par

Guy de Thé de l’Académie nationale de médecine, renouvelé pour une nouvelle période de trois ans (2006-2009), l’autre d’un pays en développement, Anthony Mbewu, Président du Medical Research Council d’Afrique du Sud (2006-2009). Le Professeur A. Mbewu a remplacé le Professeur Challoner de l’I.O.M. des Etats-Unis, qui avait participé avec l’Académie nationale de médecine à l’organisation de la première conférence générale de l’IAMP à Paris en Mars 2002 et aux trois réunions de préparation des volumes DCP.

• Un comité exécutif, composé des représentants de huit académies, quatre venant des P.E.D. (Afrique, Chine, Mexique, Pologne) et quatre des pays industrialisés (Italie, Japon, Etats-Unis et Suède), entérine ou non la mise en œuvre des projets proposés, évalue annuellement leurs activités et leur rapport financiers.

• Un secrétariat exécutif , sous la responsabilité de l’Académie du tiers monde (TWAS) à Trieste (Italie), en assure le fonctionnement et le soutien financier.

L’Assemblée Générale, tous les trois ans, prend, sur propositions des coprésidents, les décisions qui engagent le réseau IAMP.

La première conférence générale a été organisée à Paris du 20 au 22 mars 2002 par l’Académie nationale de médecine et la Fondation Singer Polignac, avec pour thèmes principaux « les maladies infectieuses émergentes, la chimiorésistance et le bioterrorisme ». Les actes de cette réunion ont été publiés par Elsevier [1].

Durant la période 2002-2006, l’IAMP a servi d’appui au conseil éditorial du projet du consortium DCP-2 (formé par la Banque Mondiale, le NIH et l’OMS, soutenu par la fondation Bill et Melinda Gates). La Banque Mondiale avait publié en 1993 l’ouvrage « Diseases Contol Priorities in developing countries » ou DCP qui a été utilisé par de grands pays en développement tels l’Inde et certains pays d’Amérique du Sud dans leurs choix de priorités en matière de santé et de développement. Le projet DCP-2, mis en œuvre en 2002, était une refonte et une extension de cette première publication.

La deuxième conférence générale de l’IAMP fut organisée à Pékin du 3 au 6 avril 2006 conjointement avec le lancement des ouvrages DCP-2. Cette conférence, qui a réuni trois cent vingts académiciens et décideurs et experts en santé représentant 49 pays d’Asie, a été l’objet de plusieurs sessions d’aide à la décision en matière de santé. Diverses sessions ont abordé des priorités en santé allant de l’épidémiologie et la virologie moléculaire, de la grippe aviaire en Asie jusqu’aux accidents de la circulation qui représentent un problème majeur pour la Chine et de nombreux pays en développement.

Les ouvrages présentés à Pékin sont consultables à la bibliothèque de l’Académie nationale de médecine et comprennent trois volumes :

• Le premier, « Global Burden of Diseases and Risk Factors » [2], présente les données internationales et nationales de prévalence et de mortalité des différentes maladies, ainsi que les facteurs de risque associés.

• Le second, « Diseases Control Priorities Programme » [3], est un ensemble de quatre-vingts chapitres décrivant, pour les pathologies principales les données épidémio-cliniques et de santé publique avec les possibilités d’intervention et l’estimation des rapports coût-efficacité des différents scé- narios proposés pour une meilleure maîtrise de ces pathologies endémiques ou épidémiques.

• Le troisième, traduit en huit langues, « Priorités en matière de santé » [4], se veut être un ouvrage d’aide directe aux décisions en fournissant une synthèse des données fournies dans les deux premiers manuels.

ACTIVITÉS DE L’IAMP POUR LA PÉRIODE 2007-2009

Les projets prioritaires de l’IAMP ont été définis lors de son assemblée générale de Pékin selon trois axes : — participation à la diffusion des volumes DCP-2, — aide aux projets de promotion de la santé de la mère et de l’enfant, — surveillance et maîtrise des maladies infectieuses émergentes. Au nombre de sept, chaque projet a été proposé par une Académie nationale qui devient responsable de son développement et de son financement, avec l’aide des coprésidents de l’IAMP.

Premier projet : participation à la diffusion des ouvrages DCP-2.

Chaque Académie est encouragée à organiser des sessions de présentation et de diffusion de ces ouvrages et à entrer en relation avec les autorités de santé pour en promouvoir l’utilisation. Au niveau des pays francophones susceptibles d’accueillir de telles réunions, l’Académie des sciences du Cameroun a répondu à l’appel du secrétariat exécutif pour être candidat à regrouper des experts concernés d’Afrique équatoriale.

Les actions conjointes avec la Francophonie sont vivement souhaitées.

La présentation se fait lors de conférences inter africaines où des sessions sont organisées sur le thème des choix en matière de Santé Projets de promotion de la Santé de la mère et l’enfant

Deuxième projet : mother-child.org : Site Internet interactif de communication et d’échanges sur les recherches sur la mère et l’enfant, favorisant les collaborations entre les cliniciens et les chercheurs des PED et de équipes des pays industrialisés. Sous la responsabilité du Professeur Richard Hamilton de l’Académie des sciences de la santé du Canada à Montréal.

 

Troisième projet de réduction de la mortalité périnatalité maternelle et infantile dans les PED , sous la responsabilité du Professeur Jan Lindsten de l’Académie royale suédoise des sciences. Ce projet se propose d’analyser les facteurs de mortalité périnatale materno-fœtale infantile et ses disparités selon dans sept pays ayant différents environnements géographique et socioculturels.

La participation de l’Académie de Médecine se caractériserait par l’appartenance au comité scientifique et la mise à disposition d’une bourse de recherche post doctorale (ou doctorale) d’un an pour collecter les données comparatives dans un pays francophone et participer à leur analyse. Cette participation à une étude internationale pourrait constituer une étape importante d’un CV pour un jeune épidémiologiste francophone.

Quatrième projet : ateliers de formation à la publication pour les jeunes chercheurs en sciences et médecine, sous la responsabilité des Professeurs

G.B. Okelo et W. Agong de l’Académie Africaine des Sciences (Nairobi). En 2006, un atelier de formation a été organisé à Nairobi avec des participants du Kenya, de Tanzanie, d’Uganda, du Soudan et d’Éthiopie.

En 2007, il est prévu deux ateliers, l’un dans un pays francophone, probablement le Sénégal, ou le Cameroun, l’autre en Afrique du Sud. D’autres sites pourraient être choisis sur demande forte de ces pays et avec le soutien des autorités locales.

Une collaboration entre l’IAMP et le projet WHEP (Woman Health Education Programme) de l’IAP, sous la responsabilité du Professeur André Capron de l’Académie des Sciences de France est souhaitée.

 

Surveillance et maîtrise des maladies infectieuses émergentes

Cinquième projet : contrôle du rhumatisme articulaire aigu (R.A.A) dans les PED d’Afrique : Professeur A. Mbewu, Académie des sciences d’Afrique du Sud.

 

Sixième projet : évaluation de la qualité des soins en matière de santé :

Sous la responsabilité du Professeur Joe Ivey Boufford de l’IOM, États-Unis.

 

Septième projet : contrôle des affections émergentes : Professeur P.

Lachmann, Académie des sciences de la santé R.U. et Professeur Wen Yu Mei, Académie chinoise des technologies (CIE) Shanghai RP de Chine.

Parmi ces activités l’implication de l’Académie nationale de médecine pour la période 2007-2009 pourrait impliquer :

— La mise en place d’ateliers de formation à la publication pour les jeunes chercheurs en santé et les cliniciens dans les pays francophones d’Afrique et d’Asie. Pour 2007 nous prévoyons un atelier soit au Sénégal soit au Cameroun sous l’égide de l’Académie des sciences de ce pays qui s’est montrée très intéressée par ces ateliers. D’autres sites pourraient être choisis sur demande forte de ces pays et avec le soutien des autorités locales.

— La participation à la promotion des ouvrages DCP-2 pour aider à la décision en priorité en matière de santé. Cette activité se ferait sous forme de sessions spécifiques lors de congrès et réunions inter Africaines, et de rencontres de santé publiques avec les autorités de Santé. Les actions conjointes avec la Francophonie sont vivement souhaitées.

— La participation au projet d’études sur les facteurs de mortalité maternelle et infantile dans différentes régions du monde coordonné par le Professeur Jan Lindsten de l’Académie des Sciences de Suède.

Cette participation se caractériserait par la mise à disposition d’une bourse de recherche post doctorale (ou doctorale) d’un an pour collecter les données comparatives et participer à leur analyse. Cette participation à une étude internationale pourrait constituer une étape importante d’un CV pour un jeune épidémiologiste francophone.

— La participation à la promotion du site Internet interactif « mother-child.org » pour stimuler les recherches sur la santé de la mère et l’enfant sous la responsabilité du Professeur Richard Hamilton de l’Académie des Sciences de la santé du Canada. Cette participation est assurée par le Pr François Bertin de l’université de Lyon.

— La Fédération européenne des académies de médecine (FEAM) dont les activités ont été présentées par notre confrère, Jean Civatte, membre de l’IAMP.

La FEAM a un projet sur les vaccinations en Europe qu’elle pourrait étendre vers les problèmes de vaccinologie en Afrique et qui pourrait faire l’objet d’un projet conjoint FEAM- IAMP dont elle serait coordinatrice.

Enfin il est proposé, dans le cadre de la commission des relations internationales, que soit mis en place pour cette période 2007-2009 un groupe de travail IAMP . Il serait formé des confrères concernés et animé par l’un de nous.

BIBLIOGRAPHIE [1] B. DE THÉ G., CHALLONER D., AUQUIER L. Confronting infections, antibiotic resistance and bioterrorism around the world. The role of the Academies of Medecine. Elsevier, 2002, 212 p.

[2] Global burden of disease and risk factors, New York, N.Y., Oxford University Press ,

Washington, D.C., World Bank, 2006. XXIX-475 p.

[3] Priorités en matière de santé, Washington, D.C., Banque mondiale, 2006. XIII-223 p.

[4] Disease control priorities in developing countries, New York, N.Y., Oxford University Press ,

Washington, D.C., World Bank, 2006. XLII-1401 p. Il comporte 73 chapitres.

 

* Membre de l’Académie nationale de médecine ** Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine

 

Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 191, no 2, 397-403, séance du 13 février 2007