Published 14 January 2016

Les hépatites virales sont cosmopolites et représentent un fardeau considérable justifiant des recherches fondamentales et cliniques, qui ont connu dans les dernières décennies un essor sans précédent, permettant d’envisager une élimination à terme de ce fléau responsable de plus d’un million de décès par an dans le monde et à l’origine, avec le carcinome hépatocellulaire, du cinquième cancer le plus fréquent.

La prévention vaccinale s’étend aux 5 virus

Disponible depuis plus de 30 ans, la vaccination contre le VHB est le moyen de plus efficace pour éliminer progressivement l’hépatite B et l’hépatite D. Contre le VHA, un vaccin inactivé très efficace permet depuis  une vingtaine d’années d’immuniser les enfants et les adultes à risque. Contre le VHE, un vaccin recombinant est homologué et commercialisé depuis 2011 pour les personnes à risque de plus de 16 ans, mais seulement en Chine. Contre le VHC, enfin, des résultats prometteurs ont été obtenus dans le cadre du projet Hepatibivax à Tours avec un candidat vaccin bivalent combinant les protéines d’enveloppe du VHB et du VHC.

On va pouvoir guérir  les hépatites chroniques

Dans le cas de l’hépatite B, le traitement permet actuellement d’arrêter la réplication du virus et d’empêcher la maladie hépatique de progresser, mais il faut développer de nouvelles molécules pour éradiquer le virus avant l’âge de 50 ans et envisager la guérison complète. Les progrès sont beaucoup plus spectaculaires dans le traitement de l’hépatite C avec l’utilisation combinée des antiviraux d’action directe qui ciblent différents mécanismes de la réplication virale, entraînant l’éradication du VHC et la guérison dans plus de 95% des cas.

Pionnière dans les différentes méthodes de contrôle des hépatites virales, la France a paradoxalement la population la moins bien protégée du fait de polémiques infondées, comme vient de le reconnaître, en juin dernier,  le non-lieu requis par le parquet de Paris dans l’enquête sur le vaccin contre l’hépatite B, faute de lien établi entre la prise du vaccin et le déclenchement de certaines pathologies neurologiques.

L’Académie nationale de médecine se félicite des progrès thérapeutiques mais considère, ne serait-ce que du fait du coût extrêmement élevé des traitements, que la vaccination reste la solution la plus satisfaisante pour envisager l’élimination du fléau mondial que représentent les hépatites aiguës et chroniques. C’est pourquoi, elle insiste sur  la nécessité :

– d’améliorer l’application des recommandations vaccinales contre l’hépatite B et de poursuivre le rattrapage de cette vaccination jusqu’à l’âge adulte afin de limiter la perte de chance vis-à-vis du risque de cirrhose et de cancer du foie aux âges exposés à un risque maximal d’infections ;

– de mettre en œuvre une politique de dépistage des porteurs du VHB et du VHC, l’efficacité des traitements actuellement disponibles permettant d’envisager la suppression progressive de ce réservoir. On estime en effet que 55% et 40% de personnes infectées respectivement par le VHB et par le VHC en France ignorent leur statut.