Résumé
Les adénomes hypophysaires, également appelés tumeurs neuroendocrines hypophysaires (PitNETs) sont fréquentes (prévalence jusqu’à 5 %). Ces tumeurs sont classées en cinq sous-types histologiques principaux, par analogie avec les différents types cellulaires présents dans l’hypophyse normale : lignée lactotrope (production de PRL, la prolactine), somatotrope (production de GH, l’hormone de croissance), thyréotrope (production de TSH, l’hormone thyrotrope), corticotrope (production d’ACTH, la corticotropine) et gonadotrope (production de FSH et LH, hormones gonadotropes). Cet article présente la classification pangénomique complète des PitNETs, et l’inscrit dans une perspective plus large d’intérêt clinique. Cette classification est centrée sur le transcriptome, qui est le carrefour central de l’information biologique au sein des tumeurs. En effet, toute anomalie moléculaire importante pour la tumorigenèse aura un impact sur le programme d’expression génique, et sera donc associée à une « signature » transcriptionnelle spécifique. Les huit groupes moléculaires qui ressortent de cette étude sont assez distincts en termes de profils d’expression. Deux groupes sont directement associées à des événements moléculaires considérés comme « drivers » (mutations USP8 dans certains corticotropes, et GNAS dans certains somatotropes). Cependant pour les autres groupes moléculaire, l’anomalie moléculaire originelle est inconnue. Des anomalies épigénétiques sont possibles, d’une part, en raison de l’absence de mutation retrouvée dans ces tumeurs (en dehors de USP8 et GNAS), et d’autre part, de la signature épigénétique marquée des groupes moléculaires somato-lacto-thyréotropes (hypométhylation diffuse du génome). En termes cliniques, prédire l’agressivité des PitNETs reste un défi. Or, les caractéristiques d’agressivité ne ressortent pas associées à un groupe moléculaire spécifique. Au contraire, les signatures moléculaires d’agressivité semblent spécifiques de chaque groupe moléculaire. La classification des PitNETs selon les groupes moléculaires proposés ici devrait donc être un préalable à l’établissement de toute signature moléculaire pronostique.
Summary
Pituitary adenomas, also known as pituitary neuroendocrine tumors (PitNETs) are common (prevalence up to 5%). These tumors are classified into five main histological subtypes, by analogy with the different cell types present in the normal pituitary gland: lactotropic (production of PRL, the prolactin), somatotropic (production of GH, the growth hormone), thyrotropic (production of TSH, the thyroid-stimulating hormone), corticotropic (production of ACTH, the corticotropin) and gonadotropic (production of FSH and LH, the gonadotropic hormones) lineages. This article presents the complete genome-wide classification of PitNETs, and places it in a broader perspective of clinical interest. This classification focuses on the transcriptome, which is the central hub of biological information within tumors. Indeed, any molecular abnormality important for tumorigenesis will have an impact on the gene expression program, will therefore be associated with a specific transcriptional “signature”. The eight molecular groups that emerged from this study are quite distinct in terms of expression profiles. Two groups are directly associated with molecular events considered as “drivers” (USP8 mutations in some corticotropes, and GNAS in some somatotropes). However, for the other molecular groups, the original molecular abnormality is unknown. Epigenetic abnormalities are possible, on the one hand because of the absence of mutations found in these tumors (apart from USP8 and GNAS), and on the other hand because of the marked epigenetic signature of the somato-lacto-thyrotropic molecular groups (diffuse hypomethylation of the genome). In clinical terms, predicting the aggressiveness of PitNETs remains a challenge. Aggressive features are not associated with a specific molecular group. On the contrary, the molecular signatures of aggressiveness appear to be specific to each molecular group. The classification of PitNETs according to the molecular groups proposed here should therefore be a prerequisite for the establishment of any prognostic molecular signature.
Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2022.05.004
Accès sur le site EM Consulte
(b) Service d’anatomopathologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, Assistance publique–Hôpitaux de Paris, 75013 Paris, France
(c) Service de neurochirurgie, hôpital Pitié-Salpêtrière, Assistance publique–Hôpitaux de Paris, 75013 Paris, France
(d) Université de Paris, institut Cochin, Inserm U1016, CNRS UMR8104, 75014 Paris, France
⁎Auteur correspondant.
Bull Acad Natl Med 2022;206:831-6. Doi : 10.1016/j.banm.2022.05.004