Published 23 October 2001
Éloge

Paul LECHAT

Éloge de Robert Moreau (1916-2000)

Paul LECHAT

Depuis longtemps, les hommes ont été avertis qu’ils ne connaîtraient ni le jour ni l’heure de leur trépas, et malgré ses immenses progrès, la médecine n’a pas encore réussi à écarter d’eux une telle incertitude. Lorsqu’elle survient soudainement, la disparition d’un être cher n’en est que plus douloureuse pour sa famille et pour ses amis, et celle du Professeur Robert Moreau au matin du 6 juin de l’année 2000 constitue un nouvel exemple de cette triste éventualité. La surprise fut d’autant plus grande qu’il avait participé activement la veille à la réunion du Bureau puis à celle du Conseil d’Administration de notre Académie.

Robert César Moreau est né à Vitry sur Seine le 16 mai 1916. Comme il l’a dit lui-même aucun gène pharmaceutique ou médical ne figure dans son patrimoine héréditaire. Ses ascendants n’étaient ni riches ni célèbres et il devra sa carrière à ses seuls mérites personnels, à son travail et à sa persévérance dans l’effort. Il fait ses études secondaires dans un établissement parisien réputé qui s’appelait alors le Collège Chaptal, où l’a précédé son aîné Yves Raoul qu’il retrouvera tout au long de sa carrière à la Faculté de Pharmacie, à l’Académie de Pharmacie et enfin ici-même à l’Académie nationale de médecine où il occupera un fauteuil presque voisin. A Chaptal la préparation aux Grandes Écoles était de tradition, mais on y cultivait aussi les sciences expérimentales. Deux étudiants en pharmacie vantent alors à Robert Moreau les mérites des études qu’ils suivent, tant et si bien qu’après avoir obtenu le double baccalauréat mathématiques élémentaires et philosophie, il se retrouve en octobre 1934 stagiaire dans l’officine de M. Tabart, boulevard SaintGermain, début obligé à l’époque de la scolarité pharmaceutique. Étudiant plus tard à la Faculté de pharmacie de Paris, la seule qui existait alors avenue de l’Observatoire, il a raconté comment, au cours de visites studieuses au jardin botanique, il s’y lie d’amitié avec un autre étudiant, André Fabre. Un jour, ce dernier le présente à son père, qui était professeur de toxicologie, et celui-ci lui conseille de préparer le concours de l’internat en pharmacie des Hôpitaux de Paris. L’année suivante, il en sort major, comme l’avaient été avant lui des personnalités éminentes telles que Joseph Bienaimé Caventou, major du premier de ces concours organisé en 1815, puis plus près de nous en 1881 le grand chimiste Auguste Béhal et en 1920 Raymond Charonnat qui allait devenir le maître de Robert Moreau à la Faculté de Pharmacie. A cette promotion de 1937 appartiennent Albert German, Bernard Gauthier, et André Fabre, qui seront plus tard, comme Moreau, présidents de l’Académie de Pharmacie. A l’époque, la réputation du pharmacien-chef de l’Hôpital Necker-Enfants malades était déjà grande. Bien qu’il ne fut pas encore le tout-puissant Doyen de la Faculté de Pharmacie, René Fabre y occupait une place importante, en attendant de devenir secrétaire général de l’Académie de Pharmacie, membre de l’Académie des Sciences et enfin Président de l’Académie nationale de médecine. Tout naturellement Robert Moreau choisit une place d’interne dans son service et ce sera le début d’une longue collaboration et d’un indéfectible attachement.

Mais la Seconde Guerre mondiale approche et le voici mobilisé en octobre 1939.

Comme de nombreux pharmaciens de son âge, il effectue un stage de 3 mois à l’EOR de Rouen, avant d’être affecté ainsi que ses camarades André Fabre et Bernard Gauthier au laboratoire de toxicologie de l’HOE no 7 à Royallieu, près de Compiè- gne. Il est transfuseur volontaire quand cette formation est évacuée le 22 mai 1940, puis fait partie des groupes chirurgicaux mobiles de la VIIème armée, avant de partir vers le sud comme tant d’autres ; il se retrouve à Clermont-Ferrand, cette capitale de l’Auvergne où avait été repliée l’Université de Strasbourg et où se pressait alors une foule de réfugiés civils et de militaires désemparés. Avec André Fabre il trouve réconfort chez la tante de ce dernier, Mme Blanquet, sœur de René Fabre, professeur de physique à la Faculté de Médecine et de Pharmacie. Démobilisé, il rentre à Paris et reprend sa place d’interne en pharmacie à l’hôpital Necker ; il obtient en 1942 la médaille d’or de l’internat et l’année suivante est nommé Chef de laboratoire. Il passe alors ce concours du Pharmacopat des Hôpitaux de Paris, réputé le plus difficile de tous pour un pharmacien. Aucun programme n’y figurait, mais il fallait avoir des connaissances dans tous les domaines : connaître la chimie des terpènes aussi bien que le cycle du plasmodium , la pharmacologie des digitaliques comme les caractères des bacilles anaérobies, savoir reconnaître la poudre d’ipéca, le salicylate de sodium et le millepertuis frais, ne pas identifier dans un mélange complexe le strontium au lieu du magnésium, l’arsenic au lieu de l’antimoine ! Robert Moreau triomphe de tous ces pièges et devient pharmacien des Hôpitaux de Paris.

Comme tous les derniers nommés au concours, il est affecté d’abord à l’hospice de Brévannes, sorte de purgatoire dont on sortait au bout de quelques années pour accéder à un service plus proche de Paris ; pour lui, ce fut trois ans plus tard l’hospice d’Ivry et enfin en 1949 l’hôpital Beaujon où il succède au professeur Guillaume Valette, notre regretté ancien Président. Le service de la pharmacie y était important, à la mesure du nombre de lits de cet hôpital alors le plus récent de Paris, les tâches difficiles en raison de la pénurie de certains médicaments nouveaux, en particulier des antibiotiques, en raison également de l’usage nouveau et intensif des solutés de gros volume pour perfusions veineuses. Robert Moreau fait face avec énergie et efficacité à ces problèmes, aidé par des internes dévoués et des chefs de laboratoire (Alexandre, César, Delacoux) qui assurent le fonctionnement du laboratoire central de biochimie médicale dont l’activité, comme dans tous les hôpitaux, croît rapidement. Il crée en outre la première banque de sang de l’Assistance publique. A Beaujon, Moreau sera l’un des derniers vrais pharmaciens chefs, soutenu par son épouse dans son action et dans ses relations avec les médecins et chirurgiens, chefs de service ; il y sera en tout cas le dernier pharmacien résident, l’Assistance publique ayant décidé d’attribuer à des administratifs les logements des pharmaciens d’ancien statut au fur et à mesure que ceux-ci prenaient leur retraite.

Le Professeur Raymond Charonnat, directeur de la Pharmacie centrale des Hôpitaux, appréciait les qualités et l’activité de Robert Moreau et envisageait qu’il soit un jour son successeur, je tiens à l’attester ; après sa tragique disparition en 1957, il n’en fut pas ainsi et Robert Moreau restera à Beaujon jusqu’à sa retraite hospitalière en octobre 1984. Comme ses collègues pharmaciens des Hôpitaux de l’époque, il fut de fait un hospitalo-universitaire avant l’heure, avant que cette appellation ne soit officialisée en 1958. Chaque matinée, il la passait à l’hôpital et chaque après-midi le voyait à la Faculté, pour des semaines qui dépassaient largement les 35 heures….

Sa carrière universitaire ne fut pas moins brillante que sa carrière hospitalière.

Pendant son internat, il s’inscrit, comme ceux qui étaient soucieux d’élargir leurs connaissances et avaient quelque ambition, à la Faculté des Sciences. C’était le temps où l’université existait encore et où l’on trouvait à La Sorbonne des Maîtres qui dispensaient librement un enseignement de grande qualité, sans programme imposé ni préoccupation de débouchés pratiques. L’un des survivants de cette époque est le professeur Maurice Fontaine, membre de l’Académie des Sciences, que notre compagnie s’honore de compter aussi parmi les siens, comme doyen d’âge de la 6ème section. C’était aussi une occasion unique pour les pharmaciens de fréquenter des étudiants venus d’autres horizons : des Normaliens reconnaissables aux blouses de couleur marron qu’ils portaient aux travaux pratiques, des Internes en médecine, des élèves de l’École vétérinaire et naturellement des étudiants en sciences.

Moreau acquiert successivement cinq certificats de licence : chimie générale, chimie biologique, botanique générale, minéralogie et physique générale. C’était plus qu’il n’en fallait pour passer sa thèse de Doctorat en pharmacie consacrée à l’étude analytique du mercure, puis sa thèse de Doctorat d’Etat és sciences physiques traitant de l’action du soufre sur le diphénylméthane.

A la Faculté de pharmacie de Paris, il gravit tous les degrés : moniteur puis chef de travaux pratiques, maître de conférences, professeur et enfin professeur émérite.

Nommé maître de conférences en 1949, il demande au professeur Raymond Charonnat de l’accueillir au laboratoire de chimie organique que celui-ci dirigeait depuis un an, y ayant succédé au grand organicien Marcel Sommelet, modeste et trop méconnu en France. Robert Moreau va passer huit années aux côtés de Charonnat, dont il fit une remarquable évocation et auquel il rendit un émouvant hommage dans sa leçon inaugurale du 23 février 1959.

Ce jour là il prenait possession de la chaire de pharmacie chimique qui avait été illustrée par des maîtres prestigieux tels que Charles Moureu et Paul Lebeau, où son prédécesseur immédiat était Raymond Delaby, qui fit montre d’un talent pédagogique remarquable. Quant à lui, Robert Moreau définissait sa conception personnelle de l’enseignement qu’il prenait en charge et dont l’étendue lui apparaissait redoutable car, disait-il, la fécondité de la synthèse organique déverse quotidiennement sur le marché une foule de médicaments qui viennent grossir les rangs serrés des anciens. Pour ne retenir parmi tous ces appelés que quelques élus, il va s’aider de ses fonctions hospitalières qui lui permettront de ne choisir que les produits vraiment utilisés. Pour chacun d’eux, il se propose de ne retenir, parmi les nombreuses possibles, que la seule synthèse qui se fait en pratique, et parmi les essais imposés par la pharmacopée les seuls qui soient indispensables à un contrôle efficace de la pureté des médicaments. Quant aux rapports entre constitution chimique et activité pharmacologique, il entendait bien les discuter sans pour cela empiéter sur le domaine de l’enseignement de la pharmacodynamie.

Jusqu’à sa retraite en octobre 1984, Robert Moreau assume l’enseignement de la pharmacie chimique, mais entre temps cette dénomination avait laissé place à celle, plus moderne et plus explicite, de chimie thérapeutique. De la qualité de son enseignement, je ne saurais mieux dire que le Professeur Jean-Paul Fournier, son actuel successeur. Celui-ci écrit qu’ « il était distillé avec un art sans pareil dans la longue tradition de ses maîtres. Chaque cours était conçu comme une pièce de théâtre dont il était l’auteur, le metteur en scène et l’acteur principal. Le contenu de la pièce était soigneusement actualisé chaque année et enrichi des connaissances scientifiques les plus récentes. Son art dans la transmission de la connaissance atteignait son apogée lors de conférences post-universitaires dont le plus borné des auditeurs ressortait avec une intelligence retrouvée ». Par ailleurs, Jean-Paul Fournier souligne la connaissance encyclopédique de Moreau, sa mémoire sans faille, sa rigueur intellectuelle, mais aussi sa bienveillance envers ses jeunes assistants, n’hésitant pas à se porter au secours de ses élèves victimes d’une critique injustifiée. Robert Moreau a suivi pour lui-même la règle qu’il donnait lorsqu’il déclarait « l’enseignement supérieur perdrait la plus grande partie de sa valeur et de sa signification si ses membres ne consacraient pas une part importante de leur temps à la recherche. Je compte ne pas me soustraire à ce que je considère comme une obligation, au demeurant bien facile à respecter en raison de l’attirance invincible qu’elle exerce sur chacun d’entre nous ». Ce programme, il l’a rempli scrupuleusement en effectuant ses recherches dans le domaine de la chimie organique et de la chimie thérapeutique. Il s’est consacré principalement aux molécules organiques soufrées, le point de départ de ses travaux étant l’étude de l’action du soufre sur le diphénylméthane, sujet de sa thèse de Doctorat ès sciences physiques, qui lui a été inspiré par Raymond Charonnat. Par la suite, il se consacre à l’étude de composés comportant quelque atome de soufre soit dans leur groupe fonctionnel, soit dans leur structure hétérocyclique. Il va préciser, entre autres, le mécanisme de la réaction de Willgerodt-Kindler, où interviennent benzophénone, soufre et morpholine. Vont suivre la préparation d’acides 2-alcoylphénylacétiques, de N-arylthiobenzamides, de thioamides, de thioimidoesters, de benzènesulfonamides et sulfones, de dérivés thiophéniques, de thiazoles et d’isothiazoles substitués, de benzothiazines. Il ne s’écartera des dérivés soufrés que pour étudier les alcools dérivés de la décahydroxyquinoléine et le mode d’action de l’acide benzoylacrylique sur les amines. En 1982 il présente à cette tribune même les résultats de ses recherches sur des sulfamides nouveaux dérivés du sulpiride, parmi lesquels le lorapride se montre doué d’une intéressante activité anti-ulcéreuse.

L’ensemble de ses travaux, réalisés avec élégance et précision, est concrétisé par 80 publications originales et 21 thèses de Doctorat en pharmacie ou ès sciences qu’il a dirigées personnellement, et dont certains auteurs sont devenus à leur tour professeurs. Robert Moreau est en outre auteur de 42 revues sur des sujets divers relatifs à la chimie des médicaments.

Ses titres et travaux lui ouvrent tôt les portes des Académies et des Sociétés Savantes.

Il a tout juste 40 ans lorsqu’il est élu membre de l’Académie de Pharmacie, dont il sera plus tard le Président. De même, il préside la société de chimie thérapeutique, et dans les deux cas il assure sa fonction avec l’autorité tranquille que lui assure sa compétence. Il est élu par ailleurs membre libre de l’Académie nationale de Chirurgie dentaire ; membre de la Commission de nomenclature de la Société chimique de France, il contribue à l’adaptation en français des règles de nomenclature publiées en anglais par l’Union internationale de chimie pure et appliquée. Logiquement, il devient expert à l’OMS pour les « préparations pharmaceutiques ». Il a expliqué que son enseignement de pharmacie chimique s’appuyait en bonne partie sur la pharmacopée et c’est tout naturellement qu’il se retrouve en 1959 membre de la Commission de la pharmacopée française alors présidée par le professeur MauriceMarie Janot. Ce dernier, éminent spécialiste de chimie végétale et futur membre de l’Académie des Sciences, fait participer Moreau de plus en plus activement aux travaux de sa commission et lui fait partager son enthousiasme pour ce genre d’activité. Le professeur Alain Le Hir a défini avec justesse le rôle qui est alors le sien : « faire des pharmacopées des ouvrages doués d’une grande souplesse d’adaptation afin de suivre constamment les progrès scientifiques et techniques pour demeurer des instruments de travail valables : il essaie aussi de promouvoir dans ces ouvrages l’établissement de normes pour toute une gamme de matériel médicochi rurgical qui n’est pas encore couvert par une réglementation précise, qui s’avère pourtant aussi nécessaire que dans le domaine des médicaments ».

Après l’avoir introduit en 1976 dans la toute nouvelle commission européenne de pharmacopée, Janot laisse à Moreau la présidence de la commission française.

Celui-ci devient aussi président de la Commission Européenne de 1983 à 1986, ce qui lui vaut de nombreux allers et retours entre Paris et Strasbourg. Pour ses qualités d’expert, puis de membre et enfin président de cet organisme, Agnès Artiges, directeur européen de la qualité du médicament, a rendu hommage en ces termes à Robert Moreau : « Dans tous les domaines il a apporté une contribution décisive à l’élaboration de la pharmacopée européenne ; en tant que président de la commission, il a su dégager toute son expérience d’organisateur, de courtoise diplomatie et d’animateur pour faire progresser cet organisme au diapason d’un environnement européen scientifique, technique et réglementaire très évolutif ».

On peut dire finalement de Robert Moreau qu’il a été un double spécialiste, des molécules organiques soufrées d’une part, et des normes des pharmacopées d’autre part. A cet égard, il a répondu à la définition du spécialiste proposée par le grand physicien Werner Heisenberg, pour qui « le spécialiste est un homme qui connaît bien quelques-unes des erreurs les plus grossières que l’on risque de faire dans un domaine donné et qui sait donc les éviter ».

Loin de rester inactif après avoir pris sa retraite universitaire, outre ses fonctions à la pharmacopée européenne, Robert Moreau met ses connaissances en matière de médicaments au service de l’industrie pharmaceutique en assurant de 1986 à 1992 les fonctions de pharmacien gérant responsable des laboratoires Sandoz-France. Il est également membre du jury du Prix Galien, apportant là comme ailleurs, un concours éclairé et impartial aux délibérations qui conduisent à l’attribution chaque année de cette récompense devenue prestigieuse.

Au cours de sa carrière, il accomplit comme nombre de ses collègues des missions d’enseignement à l’étranger, dans plusieurs pays d’Afrique, en Russie, au Mexique, au Viêt-Nam ; il fut membre de différentes commissions ministérielles, relevant de l’Education nationale ou de la Santé publique : Conseil supérieur des hôpitaux, Comité consultatif des universités, Conseil régional de l’Île de France de l’Ordre des pharmaciens. Les services rendus par lui à l’État valurent à Robert Moreau des distinctions méritées : Officier de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre national du Mérite, Commandeur des Palmes académiques. Homme d’une grande probité, d’un abord que sa timidité rendait en apparence réservé, il se montrait en fait chaleureux envers ses amis et d’une fidélité totale envers ses élèves. Sportif, il pratiqua le judo dans sa jeunesse, et aussi longtemps que ses forces le lui permirent, il suivit des parties de chasse en compagnie de collègues et d’amis, tandis que l’été au large du Pouliguen il aimait pratiquer la pêche en mer. Féru de l’épopée napoléonienne il confectionna avec patience et souci extrême du détail des effigies miniatures des soldats de l’Empire, dont la collection remarquable remplit chez lui toute une vitrine.

 

Robert Moreau fut élu en avril 1983 membre titulaire de l’Académie nationale de médecine, dans la section des sciences pharmaceutiques. Il a servi notre compagnie pendant 17 ans, avec la même conscience que celle dont il avait fait preuve envers l’université et l’hôpital. Avec une assiduité exemplaire, il assistait à toutes nos séances. Membre actif des commissions X et XI, il examinait avec sa rigueur et son impartialité coutumières les questions relatives aux eaux minérales, au thermalisme et à l’alimentation. Les candidats aux bourses de recherche de notre Académie sont nombreux et la tâche d’évaluer leurs dossiers est particulièrement lourde : là encore, Robert Moreau apporta sa précieuse collaboration et les rapports qu’il présenta restent un modèle de précision et d’objectivité. Il accéda à la vice-présidence le 25 janvier 2000, ce qui l’aurait conduit à la présidence de notre Académie cette année si le destin n’en avait décidé autrement.

Chère Simone, Lorsqu’aux jours sombres de 1941 nous étions tous deux internes en pharmacie de René Truhaut à l’Asile de Ville-Evrard, nous étions loin d’imaginer que nous nous trouverions ici, ce soir, où j’ai été heureux de rendre hommage à votre mari, qui était pour moi un ami de presque 60 ans. Si la mort ne surprend pas le sage, comme l’a dit La Fontaine, elle n’en laisse pas moins ses proches dans la tristesse. Aussi tenonsnous à vous assurer, ainsi qu’à vos enfants, vos petits-enfants et votre famille, de toute notre sympathie et à vous offrir les condoléances attristées des membres de notre Académie : ils garderont fidèlement, j’en suis sûr, le souvenir de Robert Moreau, dont les qualités peuvent être résumées dans cette appréciation de son cher Patron, le doyen René Fabre, qui disait de lui qu’il fut « un excellent élève, un éminent collègue et un ami parfait ».