Éditorial
Session of 13 novembre 2018

Les jeunes chirurgiens et la recherche

MOTS-CLÉS : RECHERCHE CHIRURGICALE. CHIRURGIENS
Surgical research and young surgeons.
KEY-WORDS : SURGICAL RESEARCH. SURGERY. SURGEONS. RESIDENTS

Michel HUGUIER*

En recherche clinique, des chirurgiens hospitalo-universitaires dont, à l’époque, la plupart n’étaient pas chefs de service ont perçu la nécessité de faire des études multicentriques notamment pour réaliser des essais randomisés [1]. Ainsi, avec Jean-Marie Hay, avons-nous créé en1977 des associations de chirurgiens, universitaires ou non, exerçant en secteur public ou non.  Des principes précis ont assuré que le bénéfice des publications qui en étaient issues, parues dans les meilleurs périodiques chirurgicaux mondiaux, soit proportionnel au travail de chacun. Ils ont été respectés assurant un formidable dynamisme aux travaux réalisés.  Nous citerons de nombreux premiers essais randomisés mondiaux : gastrectomie dans le cancer de l’antre gastrique, chimiothérapie intra artérielle dans les métastases hépatiques, hormonothérapie dans les cancers du pancréas, etc.

Pour sensibiliser de jeunes chirurgiens à une recherche plus fondamentale des dispositions réglementaires ont permis en 1986 la création d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en sciences chirurgicales [2]. Ce DEA national reposait, à côté de séminaires de formation théorique, sur un travail de recherche d’un an à temps plein dans un laboratoire français ou étranger. Les objectifs étaient de donner à ceux qui deviendraient de futurs chefs d’équipes hospitalo-universitaires une ouverture d’esprit par l’acquisition de connaissances un peu approfondies dans des domaines aussi variés que l’immunologie, la génomique ou les biomatériaux. De plus, on souhaitait ainsi créer des liens entre des équipes chirurgicales et des unités de recherche [3].

Deux témoignages parmi d’autres sont significatifs du succès de ce DEA. L’un est celui d’un interne qui écrivait : « Au delà de l’acquisition des techniques microchirurgicales le DEA m’a appris à développer la rigueur du raisonnement scientifique tout en gardant l’enthousiasme de la recherche » [4]. L’autre est celui d’un directeur d’un laboratoire associé au CNRS qui écrivait «  J’ai accueilli d’autres internes venant de DEA différents. J’ai donc la possibilité de comparer des étudiants de même niveau universitaire. Sans aucun doute l’étudiante de votre DEA en Sciences chirurgicales était la meilleure d’entre eux» [5]. Cela explique qu’une proportion élevée de titulaires du DEA, aujourd’hui Mastère de Sciences chirurgicales prolongent leur travail par un doctorat [6].

Remerciements : je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué à la bonne marche et au développement de ce DEA devenu mastère et qui a toujours été réhabilité depuis sa création.

 

RÉFÉRENCES

[1] Sava P, Huguier M. La recherche chirurgicale française : de nouvelles armes pour l’avenir ? Presse Med. 1988;17:182-4.

[2] Huguier M, Poitout D, Abbou C, Carpentier A, Castaing D, Eloy R et al. Le diplôme d’Etudes approfondies (DEA) en Sciences chirurgicales. Ann Chir 1986;40:449-53.

[3] Huguier M. Basic surgical research. 1996;119:180-1.

[4] Camby C. L’enthousiasme de la recherche. L’internat de Paris. 1997;14:32.

[5] Huguier M, Franco D. Le diplôme d’études approfondies en sciences chirurgicales. Chirurgie 1998;123:333-4.

[6] Huguier M, Houssin D, Franco D, Carpentier A, Cohadon F, Chopin d et al. La formation des chirurgiens à la recherche en laboratoire. Bulll Acad Natle Med 1994;178:1609-19.

* Membre de l’Académie nationale de médecine, président de la division chirurgicale.

Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, nos 8-9, 1855-1856, séance du 13 novembre 2018