Communication scientifique
Session of 25 mars 2003

du Président de l’Académie nationale de médecine du Brésil

A. Paulino-Netto

Allocution du Président de l’Academia Nacional de Medicina du Brésil

Augusto PAULINO-NETTO *

Au début du xvie siècle, les richesses naturelles du Brésil éveillèrent la cupidité des pirates de toute l’Europe, y compris des corsaires français.

Plusieurs expéditions françaises cherchèrent à créer la France Antartique au Nouveau Monde, en 1550.

Pendant cinq ans, Nicolas Durand de Villegaignon a occupé, dans la baie de Rio de Janeiro, une île qui désormais porte le nom d’île de Villegaignon.

Un peu plus tard, en 1594, Jacques Riffault et Charles des Vaux, et plus tard Mr. de la Ravardière, en 1612, désireux d’asseoir cette fois la présence française dans la zone équatoriale, conquirent une île au nord du Brésil, dans l’État du Maranhão et fondèrent une ville nommée jusqu’à ce jour Saint-Louis, en hommage au Roi Saint-Louis.

En 1808, Napoléon Bonaparte envahit le Portugal, en obligeant le roi à fuir. Ce dernier se réfugia au Brésil et transforma sa colonie en Siège du Royaume-Uni du Portugal et du Brésil.

Au Brésil, le roi D. João VI fonda les deux premières Écoles de Médecine brésiliennes.

Un des élèves diplômés, Joaquim Soares de Meirelles, décida de se rendre à Paris pour y obtenir son doctorat. Il visita la nouvelle Académie Royale de Médecine de France et, avec d’autres collègues brésiliens, fonda en 1829 l’Académie Impériale de Médecine brésilienne, en s’inspirant de l’Académie Royale de Médecine française.

Deux médecins français ont été membres fondateurs de notre Académie : les docteurs Jean Maurice Faivre et Joseph François Sigaud.

J’ai l’honneur de vous dire, chers collègues, que j’ai des attaches familiales avec la culture française. En effet, à la fin du xviiie siècle, mon quadrisaïeul est venu à Paris faire ses études de médecine et a épousé une parisienne. Il a obtenu son doctorat à l’Université de Paris en 1809.

La culture française régnait au Brésil et on y respirait le souffle de ses romanciers, de son théâtre, de ses savants. La médecine, en particulier, a subi cette influence grâce à
la présence de plusieurs médecins français qui ont émigré au Brésil, comme Sigaud et Faivre, et ont enrichi cette discipline.

Ils ont en effet dispensé des cours de médecine générale ou d’obstétrique. L’Acadé- mie a manifesté sa reconnaissance en créant le Prix Madame Durocher en hommage à cette grande sage femme qui a vécu à Rio de Janeiro au xixe siècle.

Au milieu du xxe siècle, après la Deuxième Guerre mondiale, c’est la culture américaine et la méthodologie scientifique qui sont devenues prédominantes au Brésil. Malheureusement, la dimension humaniste, pourtant nécessaire et fondamentale, en était absente dans tous les domaines.

Jusqu’aux années 50, tous les élèves brésiliens ont étudié l’anatomie, la biochimie, la physiologie et d’autres disciplines dans des manuels français.

À cette époque, la Presse Médicale française constituait la Bible des médecins brésiliens. Il existe donc un lien étroit entre l’enseignement de la médecine française et celui de la médecine brésilienne.

Cette séance simultanée des deux académies, l’Académie nationale de médecine française et la nôtre, fondée en 1829, avec des séances ayant lieu tous les jeudis, depuis 174 années, revêt une signification très importante pour nous.

Au nom de tous mes collègues académiciens et en tant que Président de l’Académie Nationale de Médecine du Brésil, je suis très heureux d’avoir la possibilité de renouer les échanges avec l’Académie nationale de médecine et l’Academie nationale de chirurgie françaises.

Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous adresser tous mes remerciements pour m’avoir donné l’opportunité de témoigner ma reconnaissance et m’avoir réservé un accueil chaleureux et amical.

Je saisi cette occasion pour remercier également les Académies de Médecine et de Chirurgie françaises et leurs représentants.

Vive la France, vive le Brésil !


* Academia Nacional de Medicina. Av. Gal Justo, 365/7° Andar Centro. 20021-130 Rio de Janeiro — Brésil.

Bull. Acad. Natle Méd., 2003, 187, n° 3, 485-486, séance du 25 mars 2003