Communication scientifique
Session of 10 mai 2022

Développements thérapeutiques en hématologie au XXIe siècle

Therapeutic developments in hematology in the 21st century
KEY-WORDS : Hematological malignancies review

N.C. Gorin*

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts

Résumé

Les progrès achevés en hématologie à la fin du XXe siècle et au cours des premières années du XXIe siècle ont été considérables. Elles ont été essentiellement dues au fait que les cellules sanguines chez les patients atteints d’hémopathies malignes, peuvent facilement être prélevées et étudiées. Des progrès méthodologiques majeurs ont été réalisés en cytogénétique avec l’utilisation de la fluorescence in situ, en immunophénotypage avec des cytomètres de flux à 8 et 10 couleurs, en biologie moléculaire avec la découverte de nombreux oncogènes et marqueurs moléculaires tumoraux par « Polymerase Chain reaction » (PCR) et plus récemment avec l’utilisation du séquençage (Next Generation Sequencing NGS). Les cellules tumorales sont aujourd’hui étudiées à l’échelle individuelle. Les patients sont surveillés en continu en fonction de la détection ou non de la maladie résiduelle (MRD) et l’objectif qui était hier d’obtenir des remisions complètes (RC) cytologiques est aujourd’hui remplacé par la nécessité d’obtenir des RC moléculaires sans maladie résiduelle détectable dites RC « MRD négatives ». En parallèle et en partie grâce à ces avancées technologiques, des progrès jusque-là inégalés sont survenus dans le domaine thérapeutique avec l’apparition de thérapeutiques ciblées soit agents chimiques tels les inhibiteurs de tyrosine kinase largement utilisés pour le traitement des leucémies chroniques et dans une moindre mesure leucémies aiguës myéloblastiques, soit immunothérapies (anticorps monoclonaux combinés à des toxiques antitumoraux, anticorps monoclonaux bispécifiques, CAR-T cells, etc.) pour les leucémies aiguës lymphoblastiques, lymphomes et myélomes. Les greffes de cellules souches hématopoiétiques ont également évolué dans de larges proportions. Près de 50 000 greffes sont réalisées chaque année dans le monde (60 % autogreffes, 40 % allogreffes). Les cellules souches sont aujourd’hui en majorité (80 %) prélevées par cytaphérèses dans le sang périphérique alors que la moelle osseuse était la source privilégiée au XXe siècle. Les conditionnements prégreffe sont dans la majorité des cas des conditionnements atténués et la mortalité liée à la greffe a chuté considérablement. Surtout il est devenu possible de trouver un donneur pour pratiquement chaque indication grâce au fichier international de donneurs volontaires non apparentés et surtout grâce à la possibilité récente (depuis 2005) de réaliser les greffes à partir de donneurs intrafamiliaux haploidentiques. De ce fait les greffes tendent de plus en plus à être intrafamiliales. L’avenir des greffes est en constante discussion face au développement des thérapeutiques ciblées et nul ne peut prédire avec clarté la place qu’elles auront conservé dans 5 ans.

Summary

The progress achieved in hematology at the end of the 20th century and during the first years of the 21st century was considerable. This probably was mainly due to the fact that blood cells from patients with hematological malignancies can easily be collected and studied. Major methodological progress has been made in cytogenetics with the use of in situ fluorescence, in immunophenotyping with 8 and 10 color flow cytometers, in molecular biology with the discovery of numerous oncogenes and tumor molecular markers by Polymerase Chain reaction (PCR) and more recently with the use of Next Generation Sequencing (NGS). Tumor cells are now studied on an individual scale. Patients are continuously monitored according to the detection or not of minimal residual disease (MRD) and the objective which was yesterday to obtain complete cytological remissions (CR) is today replaced by the need to obtain molecular CR without detectable residual disease called “MRD negative” CRs. In parallel and in part thanks to these technological advances, hitherto unequaled progress has occurred in the therapeutic field with the appearance of targeted therapies, either chemical agents such as tyrosine kinase inhibitors, widely used for the treatment of chronic leukemia and, to a lesser extent acute myeloblastic leukemias, or immunotherapies (monoclonal antibodies combined with antitumor toxins, bispecific monoclonal antibodies, CAR-T cells, etc.) for acute lymphoblastic leukemias, lymphomas and myelomas. Hematopoietic stem cell transplants have also evolved in large proportions. Nearly 50,000 transplants are performed each year worldwide (60% autografts, 40% allografts). Stem cells are now mostly (80%) collected by cytapheresis from peripheral blood, whereas bone marrow was the preferred source in the 20th century. Pre-graft conditioning is now in most cases attenuated (Reduced intensity conditioning “RIC”) and graft-related mortality has dropped considerably. Above all, it has become possible to find a donor for practically every indication thanks to the international file of unrelated voluntary donors and above all thanks to the recent possibility (since 2005) of carrying out transplants from haploidentical intra-family donors with the use of high dose cytoxan. As a result, transplants increasingly tend to be intrafamilial. The future of transplants is under constant discussion in the face of the development of targeted therapies and no one can predict with any clarity the place they will have retained in 5 years.

Accès sur Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2022.07.005

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*Département d’hématologie et thérapie cellulaire, European Society for Blood and Marrow Transplantation (EBMT), Hôpital Saint-Antoine, université Paris Sorbonne, Paris, France

Bull Acad Natl Med 2022;206:952-60. Doi : 10.1016/j.banm.2022.07.005