Résumé
L’acidocétose diabétique reste encore préoccupante en Afrique, en raison de sa prévalence et de sa mortalité élevées. Nous avons développé un programme interventionnel à l’effet d’infléchir la courbe de mortalité de cette complication. Sur 2400 patients diabétiques inclus dans cette étude, 737 (30,7 %) ont présenté une acidocétose, évoquée uniquement–en l’absence de réalisation d’une gazométrie–devant une glycémie au-delà de 3g/l et la présence de corps cétoniques dans les urines. L’utilisation de la perfusion continue d’insuline par la macropompe autopulseuse a permis d’améliorer le pronostic de l’affection, car le taux de mortalité a été de 5,1 %. Il reste évident que la clé de la prise en charge de l’acidocétose réside, en Afrique, comme partout ailleurs, dans sa prévention par l’éducation thérapeutique. Le pied diabétique se caractérise par une prévalence élevée et un fort taux de mortalité. Dans les cas graves, il peut conduire à une amputation au niveau des membres inférieurs Ce constat, et la nécessité d’actions de prévention multidisciplinaire, nous ont amené à créer dans le service d’endocrinologie-diabétologie du CHU de Yopougon, une Unité de soins et de recherche destinée à la prise en charge du pied diabétique. Cette stratégie nous a permis de réduire de manière significative, le taux d’amputation qui était de 63 % et celui de mortalité qui était de 16 %. Notre étude rétrospective, a permis de colliger 44 cas de diabète sucré atypique à tendance cétosique (DSATC) parmi 896 patients hospitalisés qui présentaient un diabète décompensé ; soit 4,9 % des cas. Les patients inclus présentaient un diabète caractérisé à l’admission par une acidocétose franche ou une cétose sans acidose, sans facteur déclenchant identifié. L’évolution rapidement favorable, a été par la suite marquée par l’apparition d’une rémission prolongée permettant de remplacer l’insuline par des antidiabétiques oraux, dans 88,6 % des cas. Cette nouvelle série consacrée au DSATC est la première rapportée en Afrique subsaharienne et témoigne vraisemblablement de l’émergence des diabètes atypiques sur ce continent. Le syndrome hyperglycémique hyperosmolaire se caractérise habituellement par son pronostic péjoratif avec des taux de mortalité pouvant atteindre 15 % en moyenne dans les centres les mieux équipés. Ce pronostic pourrait être amélioré par un diagnostic plus précoce. Nous avons décrit les données épidémiologiques, cliniques, biologiques, thérapeutiques et évolutives d’une série de 53 patients observés parmi 896 patients admis pour diabète incontrôlé Le tableau clinique était plutôt modéré, avec seulement 17,0 % de cas de déshydratation et 5,7 % d’obnubilation. La glycémie capillaire était de 5,45±0,3g/l et l’osmolarité plasmatique de 322,5±21,7 mOsm/l à l’admission. Sous insulinothérapie intensive, l’évolution a été favorable dans 98 % des cas.
Summary
Diabetic ketoacidosis still appears as a real concern in Africa due both to its high prevalence and mortality rates. We settled a special management program in order to lower this high mortality rate. Out of 2,400 diabetic patients included in the study, 737 (30.7 %) cases of ketoacidosis were suspected. As we could not assess blood body ketones, ketoacidosis diagnosis was based only on urine ketone bodies and blood sugar rate above 300mg/dl. Due to continuous insulin infusion by a self-propelled macropump, the mortality rate was as low as 5.1 %. Obviously, therapeutic education remains the cornerstone of diabetic ketoacidosis prevention. High prevalence and mortality rates appear as the main features of diabetic foot. In some circumstances, it may lead to lower limb amputation. Thus, taking into account this complication and preventive multidisciplinary approach, we settled a care and research unit designed to manage our patients in the endocrinology/diabetology department of the Yopougon University Hospital. This strategy was efficient as previous amputation rate of 63 %, and mortality rate of 16 % were significantly reduced. Through a retrospective study on 896 patients hospitalized for uncontrolled diabetes, we identify 44 cases of ketosis-prone atypical diabetes, KPAD, 4.9 % of overall diabetes. Patients presented with overt or incipient ketoacidosis at admission without precipitating factor. Mean age was 45.0 (±24.1) years with a strong male predominance (sex ratio: 1.6). Family history of diabetes could be recorded in 34.1 % of these cases. Mean capillary glucose at admission was 435 (±125) mg/dl. Further evolution was favorable with development of a prolonged insulin remission and use of oral antidiabetic drugs instead of insulin in 88.6 % of cases. This new series related to KPAD is the first one from sub-Saharan Africa and emphasizes the emergence of atypical diabetes in this continent. The hyperosmolar hyperglycemic syndrome is commonly characterized by a poor prognosis with a mortality rate, which can reach up to 15 % in the best care settings. An early diagnosis and management could improve this situation. We described the epidemiological, clinical, biochemical, therapeutic, and evolutive features of a series of 53 diabetic patients from 896 admitted for uncontrolled disease. With only 17.0 % of dehydration and 5.7 % of disorientated patients, clinical presentation was rather mild. At admission, mean capillary glucose level was 545±30mg/dl, and mean plasma osmolarity 322.5±21.7 mOsm/L. Under intensive insulin therapy, we were able to achieve a favorable evolution in 98 % of cases.
Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2020.10.021
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b. Gangneung-Wonju National University, 01 BP 4241, Abidjan, Côte d’Ivoire
Bull Acad Natl Med 2021;205:566-73. Doi : 10.1016/j.banm.2020.10.021