Communication scientifique
Session of 25 novembre 2003

Conclusions

Pierre Begue

Résumé

L’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) primitive ou secondaire est une pathologie inexpliquée, fatale dans ses formes graves de l’adulte ou du nouveau-né, sans traitement réellement satisfaisant. La compréhension de la maladie a considérablement évolué ces dernières années, à la fois au plan génétique, par l’identification de mutations du gène BMP-RII (récepteur II de la protéine morphogénique osseuse) dans l’HTAP primitive familiale, et physiopathologique, par l’identification de mécanismes moléculaires impliqués dans le remaniement hypertrophique de la paroi artérielle tel le rôle du transporteur de la sérotonine (5-HTT) dans l’hyperplasie des cellules musculaires lisses (CML-AP). La mise en évidence du rôle étiologique de la voie BMP (protéine morphogénique osseuse) dans l’HTAP primitive familiale soulève maintenant de nombreuses questions concernant le lien entre le génotype mutant pour le récepteur II des BMP et le phénotype HTAP. D’autres facteurs génétiques ou des facteurs présents dans l’environnement jouent probablement un rôle crucial, puisque l’HTAP n’apparaît pas chez tous les porteurs de mutations BMP-RII. Simultanément, des études fonctionnelles explorant les altérations vasculaires complexes de l’HTAP ont mis en évidence d’importantes voies moléculaires impliquées dans la contraction et la prolifération des cellules musculaires lisses (CML) pulmonaires, le dysfonctionnement des cellules endothéliales et le remodelage de la matrice extra-cellulaire. Ces voies pourraient jouer un rôle soit dans l’initiation, soit dans la pérennisation de la maladie. La mise en évidence d’un lien étroit entre le polymorphisme génétique de certains des gènes candidats liés à ces processus et l’HTAPP est en faveur d’une relation causale entre l’expression ou la fonction de ces gènes et le phénotype HTAP. L’association entre l’HTAPP et l’allèle long (L) du gène du transporteur de la sérotonine (5-HTT) montre que le 5-HTT, qui contrôle l’hyperplasie des cellules musculaires lisses, joue un rôle important dans la physiopathologie de la maladie. L’identification de ces voies moléculaires devrait clarifier la pathogénie non seulement de la forme primitive mais aussi des formes secondaires d’hypertension pulmonaire. Ces nouvelles connaissances devraient aboutir dans les

* Professeur Serge ADNOT, INSERM U492, — Département de Physiologie— Explorations Fonctionnelles — Hôpital H. Mondor — AP-HP — Faculté de Médecine de Créteil, 94010 Créteil, France Tél : 33 1 49 81 36 93. Fax : 33 1 48 98 17 77 E-mail : serge.adnot@creteil.inserm.fr Tirés-à-part : Professeur Serge ADNOT, à l’adresse ci-dessus.

Article reçu le 30 octobre 2003, accepté le 3 novembre 2003.

Bull. Acad. Natle Méd., 2003, 187, no 8, 1523-1527, séance du 25 novembre 2003