Résumé
Le sommeil de l’adolescent présente des caractéristiques particulières liées à des facteurs biologiques spécifiques à l’adolescence, des facteurs liés à la socialisation très importante à cette période de la vie, aux modifications des comportements, notamment avec l’utilisation des écrans le soir, à l’organisation scolaire, et à la fragilité de la personnalité à cet âge. Le sommeil est insuffisant pour 30 à 40 % des jeunes et s’accompagne d’une irrégularité horaire entre la semaine et les jours de repos qui réalise un vrai jet-lag social répété toutes les semaines et génère une somnolence le lendemain. Les conséquences sont à la fois à court terme : troubles cognitifs et altération des performances scolaires, troubles de la mémoire, troubles de l’humeur, irritabilité, baisse de la tolérance au glucose. À long terme, les conséquences visibles touchent une moins bonne régulation du poids avec plus d’obésité, une plus grande fragilité sur le plan immunologique. Sur le plan cardiovasculaire, les conséquences mettront plus de temps pour être visibles. Les possibilités d’amélioration se situent du côté des parents qui peuvent être plus attentifs et encadrants, notamment sur l’usage des écrans : pas plus de 2h le soir et jamais dans la nuit. Du coté de l’école, ce serait d’éviter des prises de cours manifestement trop précoce, et de favoriser une éducation au sommeil dès le plus jeune âge.
Summary
Sleep in teenagers is determined by several factors. Sleep undergoes physiological modifications during adolescence and this is influenced by factors linked to socialization, changes in behavior (for example screen use in the evenings), organization of the school day and elements linked to a potentially fragile personality during adolescence. Sleep time is insufficient for 30–40% of teenagers and is accompanied by marked variation of sleep times between school days and rest days. This social jet-lag, repeated every week, leads to daytime sleepiness. The consequences are both short and long term. The short-term studies show cognitive problems with reduced academic performance, irritability, mood disorders and reduced glucose tolerance. The longer-term studies show increased obesity and reduced immune function. Cardiovascular consequences may be seen later. Improving sleep depends on parental intervention to encourage appropriate bedtimes and to help teenagers control screen exposure (with the recommendations of<2hours in the evening and never at night). Schools can contribute by avoiding very early school start times and educating children about the importance of sleep.
Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2024.02.019 (Discussion)
Accès sur le site EM Consulte (Discussion)
(b) Centre de recherche en neurosciences de Lyon CRNL, U1028 UMR5292, FORGETTING, CH Le Vinatier – Bâtiment 462 – Neurocampus, université Claude-Bernard Lyon 1, CNRS, Inserm, 95, boulevard Pinel, 69500 Bron, France
(c) Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, pôle psychiatrie, santé mentale et addictologie, hôpitaux universitaires de Strasbourg, 1, place de l’Hôpital, 67091 Strasbourg cedex, France
(d) Centre des troubles du sommeil (CIRCSom), hôpitaux universitaires de Strasbourg, 1, place de l’Hôpital, 67091 Strasbourg cedex, France
(e) CNRS UPR 3212, institut des neurosciences cellulaires et intégratives, Strasbourg, France
(f) Centre d’excellence pour l’autisme et les troubles du neurodéveloppement, STRAS&ND, Strasbourg, France
(g) Centre du Sommeil, AP–HP hôpital Raymond-Poincaré, EA 4047, université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines, 92380 Garches, France
⁎Auteur correspondant.
Bull Acad Natl Med 2024;208:911-19. Doi : 10.1016/j.banm.2024.02.019