Communication scientifique
Session of 30 janvier 2018

Approches computationnelles de la schizophrénie

MOTS-CLÉS : Modèles théoriques. Classification internationale des maladies. Psychiatrie. Schizophrénie
Computational approaches to schizophrenia
KEY-WORDS : Models, Theoretical. International Classification of Diseases. Psychiatry. Schizophrenia

Renaud JARDRI*

L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt en relation avec le contenu de cet article.

Résumé

L’un des défis de la psychiatrie contemporaine est de réussir à articuler des données collectées à différentes échelles (moléculaire, neuronale, comportementale, etc.) en un cadre théorique unifié. Une telle approche permettrait d’affiner nos classifications nosographiques, de prédire l’évolution des troubles mentaux et d’accompagner nos décisions thérapeutiques. Malgré d’indéniables progrès dans le champ de la psychiatrie, ce transfert du fondamental vers la clinique reste complexe, notamment du fait de la très grande hétérogénéité de troubles tels que la schizophrénie. Je souhaite ici défendre l’idée qu’une approche computationnelle pourrait permettre d’atteindre cet objectif : (i) en psychiatrie de manière générale et (ii) dans la schizophrénie en particulier. Afin d’illustrer mon propos, j’exposerai le rôle complémentaire que jouent les modèles computationnels « guidés par les données » et ceux « fondés sur une théorie », en m’appuyant respectivement sur la prédiction diagnostique et pronostique par apprentissage-machine dans la schizophrénie et sur les modèles Bayésiens hiérarchiques de l’expérience psychotique.

Summary

One of the main challenge in modern psychiatry is certainly to combine the multiple levels of understanding today available in the field (i.e., molecular, circuits, behavior, etc.) into a unique theoretical framework, and when possible to refine the nosology, predict major outcomes of the illness and guide treatment planning. Despite constant efforts, such translation from bench to bedside stays very challenging, notably for heterogenous super-categories of disorder such schizophrenia. I would like to argue that computational modeling may help reaching this goal, in psychiatry in general (i), and schizophrenia in particular (ii). To illustrate the complementary roles of data-driven and theory-driven computational approaches of schizophrenia, I sketch two recent examples from the literature, respectively taken from diagnosis and outcome predictions using machine-learning and from the hierarchical Bayesian modeling of psychotic symptoms.

* Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, hôpital Fontan, CS 70001, CHU de Lille, 59037, Lille cedex, France

Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, nos 1-2, 105-114, séance du 30 janvier 2018