Le 4 octobre 2016 l’Académie nationale de médecine a consacré sa séance aux évolutions récentes concernant l’épilepsie de l’adulte.
Au cours des échanges qui ont fait suite à la présentation de Sophie Dupont sur l’actualité thérapeutique, le professeur Claude Huriet a fait, au sujet de la Dépakine, la mise au point suivante :
Depuis quelques mois, une nouvelle « tempête médiatique » a surgi, concernant les malformations foetales qui peuvent survenir chez des enfants dont la mère a été traitée par Dépakine.
Les accidents survenus, après prescription de Dépakine à des femmes enceintes épileptiques, constituent des drames, mais non un scandale.
Un scandale, c’est la survenue d’un événement du fait de pratiques contraires à la morale, qui suscitent l’émotion et l’indignation.
Ce n’est pas le cas de la Dépakine, et les attaques, habituelles, contre les laboratoires pharmaceutiques, les médecins prescripteurs.., et les pouvoirs publics ne sont pas fondées
I) La gravité de l’épilepsie chez une femme enceinte tient à la possible survenue d’une mort foetale si la maladie est insuffisamment traitée.
II) La Dépakine est un médicament très efficace qui est parfois le seul à pouvoir maîtriser les formes graves de la maladie, sans alternative thérapeutique, et dont les représentants des victimes ne réclament pas l’interdiction.
III) Il est de la responsabilité du médecin, et cette responsabilité est la plus lourde qui soit, d’apprécier, face à des situations individuelles, le bénéfice que l’on peut attendre d’un geste thérapeutique ainsi que les inconvénients voire les risques du traitement.
Quelle incrimination retenir, sauf à qualifier ce drame « d’accident médical non fautif » ou à évoquer un défaut d’information de la patiente !
Mais comment «éclairer le consentement d’une femme enceinte» présentant une épilepsie sévère en lui donnant le choix entre l’arrêt d’un traitement nécessaire et celui de l’interruption d’une grossesse en raison du risque de troubles graves du développement fœtal.