Rapport
Session of 14 novembre 2006

06-19 Place des eaux minérales dans l’alimentation

MOTS-CLÉS : aromatisants. eau minéralisée. eau/composition chimique. étiquetage aliments. recherche.
Mineral water as part of the daily diet
KEY-WORDS : flavoring agents. food labeling. mineral waters. research.. water/chemistry

Patrice Queneau et Jacques Hubert (au nom d’un groupe de travail))

Résumé

La qualité des eaux consommées en France est globalement excellente. Toutefois, le consommateur doit être clairement informé de leur composition et des mises en garde dont elles peuvent faire l’objet, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. On distingue, pour l’essentiel : — Les eaux minérales naturelles pré-emballées, dont la pureté naturelle est garantie, qui ont l’avantage d’un nom commercial spécifique et d’une composition constante pour chaque source. Cependant, certaines d’entre elles comportent des concentrations d’ions trop élevées pour pouvoir être consommées sans restriction, ce qui, parallèlement, leur confère d’authentiques indications thérapeutiques (eaux riches en calcium, en sulfates…). — Les eaux de source pré-emballées, dont l’équilibre physico-chimique est contrôlé selon des normes, ce qui les met à l’abri de tout excès en minéraux. Cependant, ces eaux ont un nom commercial qui n’est pas spécifique d’une source — Les eaux de distribution publique, soumises après traitement aux normes de potabilité (contrôles réguliers), qui peuvent être bues toute une vie sans inconvénient. — Des « boissons supplémentées ou aromatisées à base d’eau de source ou d’eau minérale » régies par d’autres lois. Les eaux minérales naturelles distribuées en France présentent une grande richesse du fait de la diversité de leur origine et de leur composition, ce qui leur confère un large éventail d’utilisation. Il est préférable, pour la consommation familiale courante, d’utiliser une eau minérale naturelle peu minéralisée ou une eau de source, si l’on souhaite remplacer l’eau de distribution. Leur goût agréable en fait un précieux recours pour prévenir et traiter les pertes hydro-électrolytiques (fièvre, température extérieure élevée, traitement diurétique, diarrhée…), notamment chez les personnes âgées dont les besoins en eau sont élevés (1500 à 1700 mL/j) et qui doivent être encouragées à boire lorsque leur sensation de soif est altérée. A la différence des eaux de source, dont le résidu sec doit être < à 1500 mg/L, les eaux minérales, peuvent avoir des teneurs élevées en ions. Ceux-ci leur confèrent des effets bénéfiques sur la santé, telles les eaux riches en magnésium et surtout en calcium, utiles : — pour prévenir et traiter l’ostéoporose sans apport de calories, — en cas d’intolérance au lactose ou de consommation insuffisante de produits laitiers (enfants, femmes enceintes, personnes âgées…) — Les eaux fortement minéralisées peuvent être néfastes, notamment celles riches en sodium, qui peuvent rendre inopérant un régime hyposodé. Elles sont contre-indiquées en cas d’HTA, d’insuffisance cardiaque ou rénale (d’origine glomérulaire ou vasculaire), ainsi qu’en cas d’œdèmes et lors des corticothérapies prolongées. La teneur en sucre des eaux supplémentées aromatisées ‘‘ à base d’eau minérale naturelle ’’ fait aujourd’hui problème dans l’optique de la lutte contre l’obésité. Une dérive plus grave encore est représentée par le développement de boissons fortement sucrées et alcoolisées, les « prémix », amenant à d’authentiques accoutumances. D’où la nécessité : — d’améliorer notablement la lisibilité des étiquettes. Les teneurs ioniques, notamment en sodium, fluor et sulfates, doivent être indiquées en gros caractères et avec les mises en garde nécessaires si elles dépassent les limites légales. Il en est de même pour les eaux supplémentées en sucre dont la teneur doit être indiquée en équivalents de morceaux de sucre ou en g/L et non par 100 mL — de développer la recherche fondamentale et clinique dans le domaine des eaux minérales avec des méthodologies appropriées (études épidémiologiques…) afin d’obtenir des données fiables et conduire à des « niveaux de preuves » significatifs, pour décider des indications préférentielles et édicter les mises en garde à leur utilisation chez les sujets à risques particuliers (nourrissons, femmes enceintes, personnes âgées, malades atteints d’ostéoporose, de lithiase rénale, d’affections cardio-vasculaires, d’insuffisance rénale, etc).

Summary

The overall quality of drinking water in France is excellent. However, the consumer needs to be provided with clear information on its precise composition and associated dangers. This is far from the case today. There are four main types of drinking water : — Bottled natural mineral water, guaranteed to be originally pure. This water is marketed under a brand name. Its chemical composition is stable for a given spring. However, the mineral content of some brands may be too high for the water to be drunk ad libitum. On the other hand, mineral water can have genuine therapeutic indications (e.g. calcium- or sulfate-rich water). — Bottled spring water. The physicochemical composition of the water must comply with certain standards, meaning that it must not contain excess minerals. However, a given brand name is not linked to a specific spring. — Tap water is subject to strict controls designed to ensure that it complies with relevant standards. There are no drawbacks to drinking tap water. — Fortified and flavored mineral or spring water-based beverages. These are covered by different legislation. The following remarks can be made with regard to these different types of drinking water : a wide variety of natural mineral waters are sold in France. Their uses are manifold. If bottled water is chosen to replace tap water in the daily diet, it is preferable to use a natural mineral water low in minerals or bottled spring water. Because they have a pleasant taste, it is useful for the prevention and treatment of hydroelectrolytic loss (due to fever, high ambient temperatures, diuretic treatment, diarrhea, etc.). This is particularly true in the elderly, as their daily fluid requirements are high (1500 to 1700 mL) and they may not always feel thirsty. Unlike spring water (dry residue <1500 mg/L), natural mineral water is often rich in mineral ions such as magnesium and calcium. Because of their health benefits, these mineral water are useful for calorie-free prevention and treatment of osteoporosis, for subjects with lactose intolerance, and for diets low in dairy products (for children, pregnant women, the elderly, etc.). — Water with a high mineral content can be dangerous. Water rich in sodium can make inefficient a low-salt diet and is contraindicated in case of hypertension, heart or kidney failure, edema, and long-term steroid treatment. — The sugar content of fortified flavored natural mineral water has become a problem in the fight against obesity. -Even more worrying is the development of high-sugar alcoholic beverages — premixes- which can lead to addiction. The following measures should be taken : — Product labels should be easier to read. The ion content, especially in sodium, fluoride, and sulfates, should be written in large characters if above legal levels. The label should carry appropriate warnings. The sugar content of fortified mineral water should be given in sugarcube equivalents and g/L (not per 100 mL) ; — Experimental and clinical research on mineral water should be conducted, using appropriate methods such as epidemiological studies to collect reliable data and to obtain reliable evidence. There should be a special emphasis on the indications and on warnings, especially for at-risk individuals (newborns, pregnant women, the elderly, patients with osteoporosis, kidney stones, heart disease, kidney failure, etc).

CONCLUSION

LES EAUX DE BOISSON : UN PRODUIT ALIMENTAIRE BANALISÉ MAIS TRÈS SURVEILLÉ

De remèdes autrefois supposés spécifiques et distribués en pharmacie, les eaux minérales naturelles sont devenues un produit de consommation de masse, utilisées souvent sans discernement. En effet, la prise d’eaux minérales fait aujourd’hui en France, comme dans de nombreux pays, l’objet d’un grand engouement , conduisant à une certaine forme de « banalisation ». Il apparaît cependant que le choix de telle ou telle eau minérale est peu déterminé par sa composition et ses caractéristiques physico-chimiques, mais bien davantage par son goût , ainsi que sa disponibilité , sa diffusion commerciale et la publicité dont elle est l’objet.

A cet effet, il faut noter que leur minéralisation confère aux eaux miné- rales naturelles — et à leurs dérivés — un goût agréable qui les différencie d’une eau distillée, seule eau véritablement pure mais souvent perçue comme moins agréable à boire.

Les eaux de boisson sont le produit alimentaire le plus surveillé en France .

Aussi la qualité des eaux consommées en France est-elle globalement excellente , pour autant que :

— certaines précautions soient prises pour éviter une mauvaise information du consommateur, d’où l’importance de la qualité des informations figurant sur les étiquettes des bouteilles.

— certaines clarifications légales soient mises en œuvre.

SYNTHÈSE SUR LES QUALITÉS DES CINQ PRINCIPAUX TYPES D’EAUX DE BOISSON CONSOMMÉES EN FRANCE

Outre certains cas particuliers (eaux de pluie récupérées en citerne, eaux adoucies, eaux des buvettes dans les stations thermales), il existe cinq principaux types d’eaux disponibles à la consommation :

Les eaux minérales naturelles pré-emballées, classées selon leur minéralisation (résidu sec après dessication à 180° C) :

• < 50 mg/L : très faiblement minéralisées • 50 à 500 mg/L : faiblement minéralisées • 500 à 1000 mg/L : moyennement minéralisées (les plus nombreuses) • > 1500 mg/L : riches en sels minéraux Ce sont des eaux d’excellente qualité , dont la pureté naturelle est garantie (bien que certains traitements soient autorisés), qui ont l’avantage d’un nom commercial spécifique et d’une composition constante pour chaque source d’eau minérale.

Cependant, certaines comportent des concentrations d’ions trop élevées pour pouvoir être consommées sans restriction , ce qui, à l’inverse, leur confére d’authentiques indications thérapeutiques (eaux riches en calcium, en sulfates…).

 

Les eaux de source pré-emballées

D’origine souterraine, microbiologiquement saines et à l’abri de toute pollution, aptes à la consommation humaine sans traitement, ce sont également des eaux d’excellente qualité , dont l’équilibre physico-chimique est contrôlé selon des normes, ce qui les met à l’abri de tout excès en minéraux .

 

A contrario , ces eaux n’ont pas d’obligation de stabilité dans leur composition et, d’autre part, leur nom commercial n’est pas spécifique d’une source :

ainsi deux indications apparaissent sur les étiquettes de ces eaux de source :

• le nom commercial , souvent en caractères très visibles
• le nom de la source , dont la taille typographique doit théoriquement être supérieure à celle du nom commercial, mais qui se révèle souvent moins bien lisible (choix de couleur terne).

Ainsi, à un nom commercial identique correspondent souvent des sources différentes, de compositions différentes, avec parfois des variations importantes .

L’information du consommateur doit être impérativement améliorée.

Les eaux de distribution publique

Soumises après traitement (chloration notamment) aux normes de potabilité à la fois bactériologiques et physico-chimiques (contrôles réguliers), e lles peuvent être bues toute une vie sans inconvénient , sauf en cas de pollution par des pesticides, des nitrates ou d’autres contaminants . En cas de dépassement des seuils autorisés, une dérogation peut-être envisagée, à condition qu’il n’y ait pas de danger pour la santé. Cependant, dans certaines zones d’élevage intensif, la teneur en nitrates peut conduire :

— à interdire la consommation par les femmes enceintes et les nourrissons, dès que la teneur en nitrates dépasse 50mg/L.

— à restreindre la consommation par tous les citoyens dès que la teneur en nitrates dépasse 100mg/L.

Autres eaux : eaux supplémentées et eaux aromatisées

D’apparition récente sur le marché, mais en pleine expansion, ces eaux ne sont pas soumises à la même législation et posent le redoutable problème de l’addition de sucre , qui constituent un apport calorique supplémentaire , parfois élevé, facteur d’obésité chez l’enfant et l’adolescent, notamment .

Ces eaux sucrées devraient être soumises à la même limitation que les sodas pour leur distribution dans les établissements scolaires .

Ainsi, sont commercialisées de nouvelles variétés de boissons « à base d’eau de source ou d’eau minérale naturelle » (selon les mentions figurant sur les étiquettes), supplémentées en glucides voire enrichies en calcium, ainsi que des eaux aromatisées , le plus souvent sucrées.

Or, relevant de la législation des boissons rafraîchissantes sans alcool, ces eaux dépendent de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) et non plus de l’AFSSA (sauf si elles sont enrichies en sels minéraux ou en d’autres substances, avec une revendication sur le plan de la santé).

L’eau d’origine est a priori celle de la même marque que pour les eaux minérales, mais celle-ci n’est pas précisée pour la plupart de ces boissons.

Eaux purifiées reconstituées

Apparaissent également, largement dans le monde, mais encore que de façon anecdotique aujourd’hui en France, des eaux produites par traitement (osmose inverse), généralement à partir d’une ressource en eau (qui peut être une eau de distribution), puis additionnées de différents sels minéraux adaptés aux goûts et aux habitudes du pays concerné et distribuées en bouteilles.

Sur le plan légal, ces eaux bénéficient du même flou juridique et posent les mêmes problèmes concernant l’information du consommateur.

PLACE DES EAUX MINÉRALES NATURELLES DANS L’ALIMENTATION

Leur goût agréable en fait un moyen utile d’hydratation et d’apport de nombreux ions . En cas de risque de déshydratation — et plus encore lorsque la sensation de soif est altérée, avec dégoût de l’eau — les eaux minérales naturelles sont d’un précieux secours prévenir et traiter les pertes hydroélectrolytiques (fièvre, température extérieure élevée, traitement diurétique, diarrhée…), notamment chez les personnes âgées dont les besoins en eau sont plus élevés que ceux de l’adulte (1 500 à 1 700 mL/j).

Les eaux minérales naturelles distribuées en France présentent une grande richesse du fait de la diversité de leur origine et de leur composition, ce qui leur confère un large éventail d’utilisation . La stabilité de leur teneur en minéraux et en oligo-éléments garantit la constance de leur composition.

La plupart des eaux minérales naturelles peuvent être consommées par toutes les catégories de la population (hormis les nourrissons et certains malades), grâce à leur teneur modérée et équilibrée en minéraux ainsi qu’en oligo-éléments.

À la différence des eaux de source, dont le résidu sec doit être inférieur à 1 500 mg/L, les eaux minérales, non soumises à cette restriction, peuvent avoir des teneurs élevées en ions. Celles-ci leur confèrent des effets bénéfiques sur la santé , telles les eaux riches en magnésium et surtout en calcium, particulièrement indiquées :

— pour prévenir et traiter l’ostéoporose sans apport de calories, en cas d’intolérance au lactose ou de consommation insuffisante de produits laitiers chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées notamment.

Contre-indications : hormis les cas où est recherché un effet thérapeutique, plusieurs eaux minérales ont cependant une composition telle qu’elles ne doivent pas être proposées comme boissons de consommation courante. Il en
est ainsi des eaux fortement alcalines, ainsi que de celles dont la teneur en fluor et/ou en sulfates est excessive.

 

Dangers des eaux minérales supplémentées —

La teneur en sucre des eaux supplémentées aromatisées ‘‘ à base d’eau minérale naturelle ’’ fait aujourd’hui problème dans l’optique de la lutte contre l’obésité , notamment chez les adolescents. Une réduction de leur teneur en sucre serait hautement souhaitable.

— Une dérive plus grave encore est représentée par le développement de boissons fortement sucrées et alcoolisées, amenant à d’authentiques accoutumances : cette association est pernicieuse car le goût sucré masque celui de l’alcool : ces « prémix » posent aujourd’hui en France un problème de santé publique majeur, qui trouve dans « l’ambiance des eaux minérales » un vecteur redoutable, à combattre de toute urgence et par tous moyens appropriés.

RECOMMANDATIONS DE L’ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE

AMÉLIORER L’INFORMATION DU CONSOMMATEUR, NOTAMMENT PAR DES ÉTIQUETTES PRÉCISES, EXPLICITES ET « LISIBLES »

Le plus souvent, le consommateur n’a pas conscience de la composition des eaux minérales qu’il consomme, de surcroît souvent en grande quantité (un litre par jour voire davantage). Son information doit donc être améliorée en devenant plus précise, plus explicite et plus « lisible » (sur des étiquettes notamment). D’où plusieurs recommandations :

Améliorer notablement la lisibilité de la composition des eaux minéra- les . Les teneurs ioniques, notamment en sodium, fluor et sulfates , doivent être systématiquement indiquées en gros caractères et de manière compréhensible avec indications explicites concernant les teneurs excessives en certains minéraux et oligo-éléments (et donc « non potables » au sens réglementaire du terme). Ceci, afin de permettre au consommateur de faire un choix éclairé :

— en fonction d’indications particulières : par exemple, choix d’eaux riches en calcium chez l’enfant et chez les personnes âgées, notamment atteintes d’ostéoporose ; ou recours à des eaux riches en sulfates, pour lutter contre la constipation , notamment chez le petit enfant ou la femme enceinte (utilisation au long cours par contre déconseillée).

— en fonction de contre-indications particulières : par exemple, s’abstenir d’eaux riches en sodium chez des malades hypertendus ou atteints d’une
autre maladie cardio-vasculaire, hépatique (cirrhose…), rénale (d’origine glomérulaire ou vasculaire), ou encore d’œdèmes ou recevant un traitement corticoïde.

Modifier les informations sur les eaux supplémentées non aromatisées ‘‘ à base d’eau minérale naturelle ’’ . Au lieu de l’information nutritionnelle standard mentionnant l’absence de calories, de protéines, de lipides et de fibres alimentaires (qui n’a aucune pertinence concernant de l’eau ), les teneurs en minéraux et en oligo-éléments devraient être indiquées comme pour l’eau minérale native, avec les restrictions indiquées ci-dessus.

Exprimer la teneur en sucre des eaux supplémentées aromatisées en g/L et non par 100 mL, indication trompeuse pour le consommateur, car risquant de lui faire croire à une teneur en sucre dix fois inférieure à sa teneur réelle.

L’utilisation du nom de la source pour des boissons sucrées est elle-même très discutable , car elle laisse entendre que ladite boisson bénéficie des seules propriétés de l’eau minérale d’origine, alors qu’elle cache des supplémentations dangereuses (boissons sucrées) . La réglementation de ces boissons demande à être reconsidérée.

L’objectif final est de conseiller d’adopter, pour la consommation familiale courante, une eau minérale naturelle peu minéralisée ou une eau de source , si l’on souhaite remplacer l’eau de distribution.

DÉVELOPPER LA RECHERCHE FONDAMENTALE ET CLINIQUE DANS LE DOMAINE DES EAUX MINÉRALES

Une recherche fondamentale doit être développée afin de mieux préciser les mécanismes d’action sur l’organisme des eaux minérales et de leurs composants. Une telle recherche doit ainsi soutenir la recherche clinique (sur le rôle du CO2 par exemple).

Une recherche clinique de qualité est à développer, au bénéfice de méthodologies appropriées (études épidémiologiques…) avec leurs difficultés et leurs limites. Cependant, des travaux ciblés, menés en toute indépendance scientifique et s’inspirant des critères mis en place par l’Académie pour encadrer la recherche clinique thermale , doivent permettre d’obtenir des données fiables et conduire à des « niveaux de preuves » significatifs.

 

Propositions de thèmes prioritaires de recherche clinique :

— l’utilisation des eaux minérales chez les personnes ou des malades à risques particuliers : nourrissons, femmes enceintes, personnes âgées, malades atteints d’ostéoporose, de lithiase rénale, d’affections cardiovasculaires, d’insuffisance rénale, etc…

la question des teneurs élevées en sodium , qui doit faire l’objet d’études complémentaires, afin de mieux préciser :

• les rôles respectifs et à long terme des anions HCO – et Cl- sur la pression 3 artérielle.

• les limites d’utilisation et les contre-indications des eaux riches en sodium dans la consommation courante régulière, et plus encore chez les malades porteurs de maladies cardio-vasculaires, rénales (d’origine glomérulaire et vasculaire) et hépatiques.

les indications et les contre-indications d’eaux minérales à composi- tion particulière (riches en calcium, en sulfates, en magnésium…). Dans l’exemple de l’ostéoporose , plusieurs travaux ont démontré une biodisponibilité équivalente entre le calcium de l’eau minérale et celui des laitages. Peu d’études, par contre, ont été consacrées à son effet sur la densité osseuse et aucune sur sa capacité éventuelle à prévenir les fractures osseuses . En outre, le rôle des anions, carbonates ou sulfates, qui accompagnent le calcium, reste controversé. De même, il y a lieu de préciser l’action de la silice (contenue dans certaines eaux) sur le métabolisme osseux.

— les dangers des eaux minérales supplémentées en sucre et/ou en alcool (« prémix ») *

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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 14 novembre 2006, a adopté le texte de ce rapport à l’unanimité.

 

Ce rapport dans son intégralité, peut être consulté sur le site www.academie-medecine.fr

* Membre de l’Académie nationale de médecine ** Service d’Urologie, CHU-Nancy *** Constitué de : Membres de l’Académie : MM. J.M. BOURRE, D. COUTURIER, J.F. DUHAMEL, C.J. MENKÈS, J.P. NICOLAS, P. QUENEAU (Coordonnateur ). Invités : MM. M. FANTINO, J. HUBERT, P. JUNGERS, B. VELLAS. Experts consultés : C. JAFFIOL, M-A. BRUHAT, D. GALLOT, J.-B. CHAREYRAS, M. DAUDON

Bull. Acad. Natle Méd., 2006, 190, no 8, 2013-2021, séance du 14 novembre 2006