Résumé
Le nombre de patients ayant bénéficié, en France, d’une intervention de chirurgie bariatrique a été multiplié par trois entre 2006 et 2014. Cet engouement ne doit pas faire oublier que plus de la moitié de ces patients sont perdus de vue, malgré le risque de graves complications post-opératoires et de séquelles souvent sous-estimées.
L’Académie nationale de médecine propose une démarche pragmatique et des pistes concrètes de solution. Le suivi de ces patients ne pourra être assuré sans augmenter le nombre de professionnels de santé impliqués dans leur parcours de soins. Les médecins généralistes, du fait de leur nombre, leur répartition sur le territoire, et leur proximité des patients, pourraient-ils participer à ce suivi ? Sous quelles conditions peut-on valider cette hypothèse ? Qu’en pensent les autres professionnels de santé, notamment les chirurgiens bariatriques, et les patients eux-mêmes ?
Pour répondre à ces questions, un sondage national a été effectué auprès d’un échantillon de chirurgiens, de patients déjà opérés et de médecins généralistes pour évaluer comment l’intégration de ces derniers dans le parcours de soins pourrait améliorer le suivi de ces patients. Au vu des résultats, il apparaît que le médecin généraliste est effectivement le mieux à même de pallier l’insuffisance de suivi de ces patients, à condition d’être formé et investi au sein d’un parcours de soins mieux coordonné sur la base de relations interprofessionnelles de qualité.
Les sociétés savantes, réunies sous l’égide de l’Académie, alertent sur l’absence de recul pour évaluer cette chirurgie. Elles s’engagent à mettre en œuvre une procédure collective pour mobiliser les médecins généralistes et lancer une expérimentation afin de valider les nouvelles recommandations qu’elles formulent à l’intention des autorités sanitaires.
Summary
Bariatric procedures have increased three fold in France between 2006 and 2014. However, more than half of the patients are lost to follow-up after surgery with the risk of severe complications. Taken in account this major public health concern, the French Academy of medicine has undertaken a pragmatic approach to propose solutions. It appeared that the follow up of the patients could not be improved without increasing the number of health care professionals in the health care organization with a better organization of therapeutic patient’s education. The question raised concerns the role of general practitioners as the best choice to assume the control of the patients during their follow up.
A national survey used specific questionnaires was sent to three groups, surgeons, general practitioners and patients. The replies were collected and evaluated for each group and then crossed between the three groups. The results confirmed that improving the follow up of the patients is mainly based on the relationship between health care professionals with the development of collaborative clinical pathways. General practitioners appear as the best way to assume the long term control of the patients. Because of its novelty, this practice is not yet evaluated or fully regulated.
This is why learned societies brought together under the aegis of the French National Academy of Medicine have proposed new guidelines to the French health authorities while committing to implement a collective procedure to mobilize general practitioners and all health professionals involved in the pre, post-operative and long term control of patients having undertaken bariatric surgery.
Bull. Acad. Natle Méd., 2017, 201, n°s 7-8-9, 973-982, séance du 5 décembre 2017