Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine – version 2024

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flavonoïde n.m.

flavonoid

Nom générique désignant un vaste groupe de substances naturelles polyphénoliques (plus de 3000), généralement colorées en jaune, présentes de façon quasi universelle dans les organes végétaux (feuilles, tiges, fleurs,  fruits) contribuant à leur coloration.
La structure chimique de base est le 2-phénylchromone, exceptionnellement le 3-phénylchromone, possédant le groupe phénol de façon répétitive. Ces substances polyphénoliques sont présentes à l’état libre (aglycones ou génines) ou le plus souvent à celui de glycosides ou hétérosides, plus nettement hydrosolubles que les premiers.
En phytochimie, on classe les flavonoïdes selon la nature de la structure de base. 1° phénylchromones subdivisés en flavones, flavonols et leurs dimères ; flavanones. 2° 3-phénylchromones dont les isoflavones (ex. génistéine à action œstrogénique); 3° 2-phénylchromanes : flavanes incolores et leurs dérivés phénoliques (catéchines assurant une liaison avec les tanins) ; 4° divers autres types  structurels (chalcones et benzalcoumaranones). Parfois rattchés au noyau benzylpyrrylium, les anthocyanes peuvent être également classés dans le cadre général des flavonoïdes.
Le rôle des flavonoïdes dans les plantes reste insuffisamment expliqué. Présents dans nombre d’aliments, les légumes verts et les fruits en particulier, les flavonoïdes sont abondamment consommés dans la ration alimentaire normale où ils agissent en association avec l’acide ascorbique. Plusieurs flavonoïdes naturels, d’hémisynthèse, voire de synthèse imitative sont proposés en thérapeutique pour des effets protecteurs de la perméabilité vasculaire et de la résistance capillaire. On a parlé de vitamine P (perméabilité vasculaire). Certains exercent des effets diurétiques et sont des inhibiteurs d’enzymes.  

Étym. lat. flavus : jaune

vitamine P

[C1]

Édit. 2018

antiradicaux libres l.m.p.

antioxydants

Substances intracellulaires s'opposant à l'action délétère des radicaux libres sur les structures cutanées.
Elles se composent de systèmes enzymatiques endogènes, comme les superoxydes dismutases, catalases, peroxydases, et de molécules anti-oxydantes le plus souvent d'origine exogène : vitamine E ou alpha-tocophérol, vitamine A et bêta-carotène, vitamine C, sélénium, flavonoïdes, eumélamines. Les antiradicaux libres agissent soit par destruction des radicaux libres, soit par neutralisation de l'oxygène singulet.

Syn. anti-oxydant

anti-oxydants

chalcone n.f.

chalcone

Pigment jaune de structure phénolique présent chez les végétaux supérieurs sous forme libre et sous forme d'hétérosides.
Les chalcones dérivent des flavanones par ouverture de l'hétérocycle et ont donc une fonction cétone β-éthylénique. 
Comme les flavonoïdes, les chalcones ont une activité vitaminique P sur la résistance vasculaire.

[C1]

flavonol n.m.

flavonol

L’un des composant du groupe des flavonoïdes à fonction phénol en position 3 (ex. quécétol et rutoside).
Les flavonols sont des pigments végétaux qu'on trouve le plus souvent sous forme d'osides et qui ont des propriétés physiologiques de protection des vaisseaux capillaires. La rutine et la quercitrine sont des hétérosides d'un même flavonol, la quercétine. Les flavonols sont considérés comme des facteurs vitaminiques P.

flavonoïde, vitamine P

[C1,C2]

Édit. 2018

pigment n.m.

pigment

Substance colorée par elle-même quelle qu'en soit l'origine, la structure et la nature.
Du point de vue biologique, on distingue des pigments d'origine endogène et des pigments exogènes d'origine animale ou d'origine végétale.
Leur structure est extrêmement variée : ce sont des molécules organiques complexes, insaturées ; les doubles liaisons conjuguées y sont fréquentes (caroténoïdes) ainsi que les fonctions phénols (flavonoïdes). Plusieurs renferment des métaux comme le fer et le cuivre ; certains sont des polymères (mélanines). Dans les tissus on les trouve à l'état libre et à l'état combiné (sous forme d'hétérosides et d'uronides pour certains pigments flavoniques et surtout sous forme de chromoprotéides porphyriniques ou non prophyriniques). Selon leur rôle physiologique on distingue les pigments respiratoires de structure porphyrinique ou pyrrolique non cyclique, et les pigments non respiratoires qui comprennent l'érythropsine, des constituants des chlorophylles, des coenzymes d'oxydoréduction (flavoenzymes), des substances de réserve (ferritine), de transport (sidérophiline, céruléoplasmine). Certains pigments se présentent sous forme de grains, comme le charbon responsable de l'anthracose, ou le fer (hémosidérine) le cuivre ou de flaques, comme dans la mélanose, les lipopigments ou les produits dérivés de l'hémoglobine.

Étym. lat. pigmentum : pigment

polyphénol n.m.

Composé organique naturel possédant plusieurs fonctions phénol, dont les catéchines, les anthocyanoïdes et les flavonoïdes.
De très nombreux polyphénols sont présents dans les légumes et les fruits ainsi que les aliments obtenus à partir d’eux, en particulier les vins ; ils expliquent par leur action anti-oxydante une partie des bénéfices cardiovasculaires des régimes comme le régime "crétois".

catéchine, anthocyanoïde, flavonoïde, resvératrol

radical libre oxygéné l.m.

oxygen free radical

Radical libre provenant de réactions d’oxydo-réduction univalentes de l’oxygène, tel que l'anion superoxyde, le radical hydroxyle, le radical libre hydroperoxyde ou d'autres composés comme le HPETE.
Les radicaux libres oxygénés sont produits lors des syndromes inflammatoires, d’une hypo ou hyperoxygénation, du syndrome ischémie-reperfusion, d’états de choc circulatoire, lors de la sénescence ou d’intoxications. Ils provoquent une hyperoxydation membranaire cellulaire : membrane plasmique, lysosomes, mitochondries, etc. ; ils augmentent le chimiotactisme cellulaire : macrophage, polynucléaire. Certains agissent sur l’ADN et sont, à ce titre, mutagènes et cancérigènes. Ils ont une fonction bactéricide. Ils sont fixés ou détruits par divers agents biochimiques, tels que les flavonoïdes, les anthocyanes, les thiols comme le glutathion, la vitamine E, l'acide ascorbique, le β-carotène, l'interféron, et des enzymes tels que les superoxyde-dismutases et indirectement les catalases et peroxydases.

vitamine P n.f.

vitamin P

Substance naturelle végétale qui, apportée par l'alimentation, peut augmenter la résistance des parois des capillaires et des vaisseaux et diminuer leur perméabilité.
Il en existe de nombreuses appartenant aux groupes des flavonoïdes : anthocyanidols, flavonols et flavanones. On les trouve en particulier dans le paprika, dans l'écorce des citrons, dans les raisins et le vin. Ce sont des phénols ou des hétérosides phénoliques, p. ex. : les catéchines, l'hespéridoside, l'ériodictyoside, le rutoside.

Syn. vitamine C2

flavonoïdes, anthocyanidols, flavonols, flavanones, catéchines

antithyroïdiens n.m.p.

antithyroids

Composés naturels ou de synthèse, médications ou polluants, possédant la capacité de réduire la production hormonale de la thyroïde.
Ces substances altèrent l’une ou l’autre des étapes de la biosynthèse hormonale (captage, oxydation ou organification de l’iode, couplage des iodotyrosines, protéolyse de la thyroglobuline). Elles sont potentiellement goitrogènes,  susceptibles de déterminer une hypothyroïdie, ou d’être mise à profit dans le traitement des hyperthyroïdies.
On distingue les antithyroïdiens naturels (goitrine, linamanoside, flavonoïdes….) et les antithyroïdiens  de  synthèse (dérivés de la thio-urée).
Des polluants présents dans l’eau, dans l’air, dans l’alimentation sont susceptibles d’interférer aussi avec le fonctionnement de la thyroïde : organochlorés libérés par l’industrie, thiocyanate  présent dans le tabac, perchlorate issu d’explosifs  ou d’engrais,  lithium provenant de la dégradation des piles.

antithyroïdiens naturels, antithyroïdiens de synthèse

[G4, G5, O4]

Édit. 2019

antithyroïdiens naturels l.m.p.

natural antithyroid compounds

Composés naturels potentiellement capables de réduire la production hormonale de la thyroïde.
L’iode est un substrat des hormones thyroïdiennes et un régulateur de leur production. Pour une certaine dose et notamment en cas d’auto-immunité antithyroïdienne, l’apport iodé  réduit l’organification de l’iode et la production thyroïdienne (effet Wolff-Chaikoff) ; cet effet est transitoire et un échappement est observé après quelques semaines.
La goitrine est issue de l’hydrolyse puis de la cyclisation de la progoitrine présente dans le chou, le rutabaga, le chou de Bruxelles, l’huile de colza… Il comporte dans sa structure la thio-urée qui explique l’effet goitrogène.
Le linamanoside, présent dans le manioc, le millet, est un hétéroside cyanogène s’oxydant en thiocyanate qui s’oppose à la pénétration intrathyroïdienne de l’iode et son organification.
Développent aussi des propriétés antithyroïdiennes les disulfites (dans l’ail et l’oignon). Il en est de même pour les flavonoïdes : ils constituent des pigments naturels des végétaux (fleurs, fruits, feuilles), sont présents dans des aliments (manioc, millet sorgho) et des plantes médicinales (ginko biloba, aubépine, passiflore, thym, ortie blanche). 

J. Wolff et I.L. Chaikoff, physiologistes endocrinologues américains (1948)

[G4, O4]

Édit. 2019