Publié le 3 novembre 2020

Communications de l’Académie nationale de médecine

Mardi 3 novembre 2020

 

La dégénérescence maculaire liée à l’âge : 2020 par Dominique CHAUVAUD (Chirurgie ophtalmologique, Paris)

La DMLA constitue la première cause du handicap visuel dans le monde pour la population âgée de plus de 50 ans. Le nombre total de personnes atteintes est estimé en 2020 à 196 millions. Cependant, il est observé depuis les deux dernières décennies une diminution de la prévalence, sans doute en raison de l’amélioration du mode de vie, dont la baisse du tabagisme, et de la prise en charge des patients. Les facteurs de risques sont l’âge, l’origine ethnique (fréquence accrue chez les européens), les facteurs génétiques (106 gènes impliqués), le tabac, l’obésité. Pour la lumière bleue, les résultats chez l’animal ne sont pas transposables chez l’homme, mais il est préférable d’utiliser des lampes LED émettant dans la partie chaude du spectre. Les progrès de la prise en charge de la DMLA dans sa forme exsudative ont réduit considérablement le handicap visuel et son évolution. Cependant le traitement actuel reste symptomatique et nécessite de nombreuses injections intra-vitréennes mensuelles, sans doute pendant toute la vie des patients ; elles sont d’un coût élevé sans pour autant empêcher l’altération de la fonction visuelle à long terme, liée  à une atrophie de la rétine maculaire. La thérapie génique ouvre peut-être une nouvelle voie thérapeutique, avec moins d’injections. La forme atrophique de la DMLA pourrait bénéficier de transplantation de cellules multipotentes.

Les microvésicules cellulaires : nouveaux biomarqueurs pour une médecine personnalisée à visée cardiovasculaire par Françoise DIGNAT-GEORGE (Aix-Marseille Université, C2VN-UMR-INSERM 1263, INRA 1260, Faculté de Pharmacie, Marseille. Service d’hématologie et de biologie vasculaire, CHU La Conception, AP-HM, Marseille)

Les maladies cardiovasculaires sont une des premières causes de mortalité et de morbidité dans le monde et la recherche de biomarqueurs permettant de stratifier le risque est un enjeu majeur. Les vésicules extracellulaires (VEC) sont des fragments de membranes générés par toutes les cellules de l’organisme. Elles sont reconnues aujourd’hui comme des vecteurs d’information biologiques participant à la communication intercellulaire et comme des biomarqueurs émergents et prometteurs pour prédire le risque thrombotique ou évaluer l’efficacité d’un traitement. Dans le contexte particulier de la pandémie Covid19, une étude sur 111 patients atteints de formes sévères ou modérées de cette maladie endothéliale avec complications thombo-emboliques a été menée.  Elle a permis de confirmer la valeur prédictive de l’activité pro-coagulante des microvésicules en lien avec des complications thrombo-emboliques

(suivant la séquence inflammation, orage cytokinique, décharge massive de micro-vésicules et thrombose). Les progrès accomplis ces dernières années pour développer des techniques ultrasensibles, joints aux  efforts de standardisation impulsés par les sociétés savantes travaillant en synergie avec les équipes de recherche permettent aujourd’hui d’implémenter les microvésicules dans les éléments normatifs des analyses de biologie médicale et de les positionner comme candidats prometteurs pour une médecine personnalisée dans les maladies cardiovasculaires et plus généralement dans  les maladies chroniques .

 

Relation pharmacocinétique / pharmacodynamique entre la concentration sanguine de tétrahydrocannabinol et l’aptitude à conduire un véhicule chez des consommateurs occasionnels ou chroniques de cannabis par Jean-Claude ALVAREZ (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines UFR des sciences de la santé, Simone Veil, Guyancourt, Ile-de-France)

En France, quels que soient l’âge, le sexe ou la catégorie socioprofessionnelle, la fréquence d’usage du cannabis (définie par au moins une consommation dans l’année) de la population générale continue d’être la plus élevée en Europe. Cette consommation concerne surtout les plus jeunes et les hommes, 28% dans la tranche des 18-25 ans. Conduire sous l’influence du cannabis entraîne un risque accru d’implication dans un accident mortel de la circulation routière. Tout conducteur « ayant fait usage » de cannabis est poursuivi, le témoin de cet usage étant la présence de tétrahydrocannabinol (THC) ou de ses métabolites dans le sang. Or la relation  entre la pharmacocinétique/pharmacodynamique (PK/PD) après une prise fumée de cannabis et l’aptitude à conduire est peu documentée. Dans l’étude présentée, 15 consommateurs chroniques (CC, 1-2 joints/jour) et 15 consommateurs occasionnels (CO, 1-2 joints/semaine) sont étudiés après consommation d’une cigarette contenant de manière  randomisée du placebo, 10 mg ou 30 mg de THC. Les effets sur la conduite sont évalués par un test de vigilance et par simulateur de conduite durant la même période. Les effets sur l’allongement du temps de réaction sont plus importants pour les CO que pour les CC. Pour l’aptitude à conduire il n’est pas retrouvé  d’effet dose. L’effet total sur la conduite dure jusqu’à 13h chez les CO et seulement 8h chez les CC. En conclusion, la consommation fumée de cannabis entraîne un effet délétère sur la conduite, décalé dans le temps par rapport à la cinétique sanguine du THC et prolongé chez les consommateurs occasionnels.

Les  discussions ayant eu lieu à la suite des communications peuvent être consultées dans le Bulletin de l’Académie nationale de médecine lorsqu’elles sont publiées.