Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine – version 2024

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chorée de Huntington l.f.

Huntington's disease

Affection neurodégénérative, rare, héréditaire de transmission autosomique dominante à pénétrance complète, caractérisée cliniquement par l'association de mouvements choréiques, d'une démence progressive, des troubles de la personnalité (impulsivité, agressivité) et de l'humeur (dépression).
Le début de la maladie a lieu entre dix et soixante ans, par des mouvements choréiques débutant à la face, prédominant aux mains, imprévisibles, irréguliers, avec maladresse, nervosité, perte d’équilibre, faiblesse musculaire, akinésie et évolution hypertonique.
Il existe des troubles mentaux, et ultérieurement une démence progressive de type sous-cortico-frontal, de niveau psychotique.
A l’examen ophtalmologique s’observent une anisocorie avec mydriase et hippus, une rétraction des paupières avec apraxie d’ouverture et fermeture spasmodique, une anomalie des saccades avec ralentissement des vitesses.
L’évolution se fait vers la mort en 10 à 25 ans, dans la cachexie et le marasme intellectuel.
Des résultats cliniques positifs, appuyés sur la tomographie par émission de positons, ont été obtenus grâce à une greffe intracérébrale de neurones fœtaux chez un petit groupe de patients.
Les plus fréquentes et les plus communes modifications neuropathologiques consistent en une atrophie et une perte neuronale affectant d'abord les structures sous-corticales du striatum (noyau caudé et putamen) et probablement, plus tard, du locus niger. À un stade ultérieur, il est communément admis que les lésions dégénératives peuvent concerner le cortex (frontal et temporal surtout), le cervelet et le thalamus.
Cette maladie semble liée à une mutation siégeant sur le bras court du chromosome 4 en 4p16.3, consistant en une amplification du trinucléotide CAG (cytosine, adénine, guanine) au-delà de 37 répétitions. Le gène responsable, dénommé IT 15, code pour une protéine appelée huntingtine. Sa recherche par une technique d'amplification génique constitue un test diagnostique de la présence de l'anomalie génétique, mais pas obligatoirement de la maladie. L'affection est autosomique dominante à pénétrance complète (MIM 143100). Le conseil génétique est difficile.

G. Huntington, médecin américain (1872)

Étym. gr. khordê : corde

Syn. Cordome, chorée chronique progressive héréditaire

démence sous-corticale, conseil génétique en neurologie,

[H1 ]

cirrhose congestive l.f.

congestive cirrhosis

Cirrhose compliquant une stase veineuse sus-hépatique chronique.
Elle peut être due à une insuffisance cardiaque congestive chronique, une péricardite constrictive, un obstacle sur les veines hépatiques (syndrome de Budd-Chiari), ou une maladie des veinules hépatiques (maladie veino-occlusive).
Les symptômes de la maladie causale peuvent être au second plan, et les manifestations de la cirrhose prédominantes. L'ascite, quand elle existe, est souvent riche en protéines. Le diagnostic repose sur l'examen clinique, l'imagerie, l'examen histologique de la biopsie hépatique qui montre typiquement une congestion centrolobulaire et une fibrose veinoveineuse donnant un aspect de foie inversé, les espaces portes étant au centre des nodules. Le pronostic dépend avant tout de la curabilité de la cause.

cirrhose hépatique

[L1,K2]

Creutzfeldt-Jakob (maladie de) (MCJ) l.f.

Creutzfeldt-Jakob disease

Encéphalite spongiforme, dégénérative progressivement, survenant classiquement après la cinquantaine de façon sporadique dans la population (prévalence environ 1 par million d'habitants) ; elle évolue en six mois vers la mort.
Il existe des formes cliniques, dites «nouvelle variante» (abréviation nvMCJ), survenant chez des sujets plus jeunes, évoluant en un an environ et vraisemblablement dues à une infection alimentaire par ingestion de viande bovine contaminée.
Décrite en 1920, la maladie se manifeste cliniquement par des troubles psychiques à type de démence, accompagnée de mouvements anormaux, diplopie, troubles de la marche, rigidité, syndrome pyramidal, puis cécité corticale et mutisme akinétique. Quand la maladie est assez avancée, la ponction lombaire ramène un liquide céphalorachidien contenant de la protéine cérébrale 14-3-3.
Anatomiquement la MCJ est caractérisée par :
- la spongiose de la structure grise du cortex cérébral et cérébelleux, avec vacuolisation des cellules nerveuses et gliales formant des cavités à l'intérieur du cytoplasme ;
- une perte neuronale progressive sans réaction inflammatoire, très difficile à apprécier, pouvant conduire à l'atrophie corticale ;
- la présence de volumineux astrocytes, visibles surtout dans les couches superficielles du cortex cérébral ;
- des dépôts amyloïdes de protéine prion formant des plaques, qui se développent progressivement de façon diffuse, au niveau des synapses et sous forme de bourgeons, le long des neurones du cortex et du cervelet.
Dans la forme nvMCJ, ces plaques amyloïdes sont entourées d'une corolle de vacuoles qui leur donne une forme en fleur caractéristique.
Des maladies analogues sont rapportées à une atteinte avec présence de prions :
- le kuru de Nouvelle Guinée (décrit vers 1900), lié à des rites funéraires cannibales avec ingestion de la cervelle du parent mort, pour l'honorer ;
- des maladies à transmission autosomale dominante, maladie de Gerstmann-Straüssler-Scheinker (1936) ; l'insomnie familiale fatale (1986);
- certaines démences considérées, avant autopsie, comme des maladies d'Alzheimer.
De nombreuses espèces animales peuvent être atteintes d'encéphalopathie spongiforme.
La transmission interhumaine peut être digestive ou à l'occasion de scarifications cutanées comme dans le kuru ; il ne semble pas que l'allaitement soit en cause, mais il est possible qu'elle puisse se faire par le placenta (prouvée chez l'animal). La transmission entre espèces (prouvée expérimentalement) est très vraisemblable chez l'homme par ingestion de viandes bovines contaminées. La transmission iatrogène peut se faire par injections de médicaments (extraits de préparations biologiques à base de tissus nerveux telles les hormones de croissance extractives), par les greffes de tissus ou par contact avec des instruments contaminés lors d'une intervention antérieure sur un malade atteint de MCJ.

J. Gerstmann, neuropsychiatre américain, E. Sträussler, neuropsychiatre autrichien et I. Scheinker, neuropathologiste russe (1936) ; H. G. Creutzfeldt, neuropathologiste allemand (1920) ; A. M. Jakob, neurologue allemand (1921)

prion, Gerstmann-Straüssler-Scheinker (syndrome de), insomnie familiale fatale, Alzheimer (maladie d'), PRNP gene

[D1,E1,H1]

Édit. 2017  

cutanéovasculaires (syndromes) l.m.p.

cutaneous and vascular syndromes

Expression qui regroupe les diverses malformations cutanées associées à des accidents vasculaires cérébraux ischémiques ou hémorragiques.
Le syndrome de Sturge-Weber-Krabbe ou angiomatose encéphalotrigéminée, associe à un angiome plan ou tubéreux de la face une malformation angiomateuse leptoméningée et des calcifications parenchymateuses se manifestant par des crises comitiales, des ischémies corticales et/ou des hémorragies sous-arachnoïdiennes.
Le syndrome d'Ehlers-Danlos, affection héréditaire autosomique dominante caractérisée par une anomalie de synthèse du collagène, associe une hyperlaxité articulaire, une hyperélasticité de la peau et des hémorragies sous-arachnoïdiennes par rupture d'anévrismes, ou des ischémies par dissection des artères extra- et intracrâniennes.
La maladie de Fabry, ou angiokératose corporelle diffuse, est une maladie lysosomique héréditaire liée au sexe, avec réduction de l'activité de l'enzyme α-galactosidase A. Elle associe des lésions cutanées (papules pourpres, disséminées sur le tronc et l'abdomen), oculaires, rénales et neurologiques : accidents ischémiques, secondaires à l'accumulation de glycolipides dans la couche musculaire lisse des artérioles, conduisant à leur obstruction progressive, et plus rarement hémorragiques, secondaires à l'hypertension artérielle liée à l'atteinte rénale.
Le syndrome de Grönblad-Stranberg, ou pseudoxanthome élastique, est une maladie systémique héréditaire du tissu conjonctif liée à une anomalie de la synthèse du collagène avec dépôts de mucopolysaccharides. Il est caractérisé par des lésions cutanées (papules jaunes disséminées), oculaires et neurologiques secondaires à la thrombose des artères de moyen et gros calibre, consécutive à la prolifération de la lame élastique.
Le syndrome de Rendu-Osler-Weber, ou télangiectasie héréditaire hémorragique, est une affection autosomique dominante caractérisée par des télangiectasies disséminées des muqueuses, du derme et des viscères, responsables d'hémorragies souvent occultes et de malformations multiples, dont les fistules artérioveineuses pulmonaires. Celles-ci peuvent être la cause d'embolies cérébrales paradoxales et même d'embolies gazeuses.

W. A. Sturge (1879), F. P. Weber (1904), médecins britanniques ; K. H. Krabbe, neurologiste danois (1934) ; E. L. Ehlers, dermatologiste danois (1901) ; H. A. Danlos, dermatologiste français (1908) ; J. Fabry, dermatologiste allemand (1915) ; Ester Elizabeth Grönblad, ophtalmologiste suédoise (1929) ; J. Stranberg, dermatologiste suédois (1929) ; H. Rendu, médecin français, membre de l’Académie nationale de Médecine (1896) ; W. B. Osler, Sir, médecin canadien, membre de l’Académie nationale de Médecine (1901)

[Q2,J1,H1]

cystadénome épididymaire l.m

papillary cystadenoma of the epididymis

Tumeur bénigne kystique rare de l’épididyme, souvent bilatérale, et parfois en rapport avec une maladie de Von Hippel Lindau.
Maladie de l’adulte jeune, il se développe le plus souvent dans les cônes efférents de la tête de l’épididyme.
Asymptomatique, elle se présente comme une lésion kystique ou solide de 1 à 3 cm de diamètre. Elle est sporadique et unilatérale ; si elle est bilatérale il s’agit d’une manifestation de la maladie de von Hippel Lindau (1/3 des cas). Son exérèse est chirurgicale.

E. von Hippel, ophtalmologiste allemand (1895) ; A. Lindau, anatomopathologiste suédois (1926)

Étym. gr. epi: sur; diduma : testicule

Syn. adénome papillaire de l’épididyme, hamartome épididymaire

von Hippel Lindau (maladie de)

[F5, M3]

Édit. 2020

cytopathie mitochondriale l.f.

mitochondrial cytopathy

Affection liée à l’anomalie héréditaire d’une protéine ou des protéines de la mitochondrie, atteignant le cerveau et les muscles.
Cependant, tous les organes peuvent être atteints, ce qui explique la symptomatologie très variée, en particulier en fonction de l’âge de découverte de la maladie : on connaît notamment les cytopathies portant sur les protéines de la chaîne respiratoire et des oxydations phosphorylantes, conduisant à des myopathies, des cardiomyopathies, des neuropathies optiques (maladie de Leber), ou à des anémies (maladie de Pearson)

T. K. von Leber, ophtalmologiste allemand (1868) ; C. M. Pearson, médecin rhumatologue américain (1961)

Leber (maladie de), Pearson (maladie de)

[R1]

Danon (maladie de) l.f.

Danon’s disease

Glycogénose de type II, maladie de surcharge lysosomale qui se traduit notamment par une atteinte des muscles squelettiques et respiratoires de gravité variable.
La maladie de Danon correspond aux formes de l'adulte de la maladie de Pompe.
L’affection est due au déficit en alpha-1,4-glucosidase acide qui hydrolyse le glycogène en unités glucose, entraînant une surcharge intra-lysosomale de glycogène. Le déficit est ubiquitaire, mais il n'est exprimé que par certains organes (coeur et/ou muscle squelettique surtout). Le gène (GAA) est localisé sur le chromosome 17q23. La transmission est autosomique récessive.

M. J. Danon, neuropathologiste américain (1981) ; J. C. Pompe, anatomopathologiste néerlandais (1932)

Pompe (maladie de)

décompression (accident de plongée par) l.m.

decompression accident in diving

La décompression correspond à la baisse de pression rapide à l’origine de barotraumatismes : rupture des parois des cavités closes de l'organisme par dilatation des gaz contenus dans la cavité (à glotte fermée, les poumons se comportent comme une cavité close) selon la loi de Boyle-Mariotte, qui montre que le volume d’un gaz augmente quand la pression diminue.
Il y a simultanément libération des gaz dissous dans le sang et dans les tissus (azote principalement), surtout lors d'une remontée trop rapide et sans paliers de désaturation. On parle alors d’accidents de désaturation (loi de Henry).
Après un séjour plus ou moins prolongé sous l'eau, la remontée rapide à l'air libre entraîne des accidents immédiats par dilatation de l'air dans les poumons (au niveau de la mer un volume gazeux double entre dix mètres de profondeur et l'arrivée à l'air libre, à 5000 mètres d'altitude (ex. lac de montagne), le volume double pour cinq mètres seulement).
Au niveau de la mer, à partir d'une remontée de neuf mètres déjà, il se forme des bulles d'azote dans les tissus et dans le sang. Ces petites bulles s'entourent d'une couche lipidoprotéique sur laquelle se fixent des plaquettes, puis des leucocytes qui activent le facteur XII de la coagulation. Cela peut être à l'origine d'une coagulation intraveineuse disséminée si on ne réduit pas rapidement les bulles par recompression. De toute façon, ces bulles forment des corps étrangers qui augmentent la viscosité du sang et sont à l'origine de micro-embolies capillaires. Elles se déplacent dans les vaisseaux avec violence et frappent les parois en les agressant, d’où un appel de plaquettes in situ. Si elles sont nombreuses elles ralentissent l'élimination des gaz par les voies aériennes et entraînent une stase pulmonaire et cérébrale. Au niveau pulmonaire, cette stase surcharge le cœur droit et peut causer un œdème pulmonaire. Elle se traduit cliniquement par une douleur thoracique, une dyspnée et des signes de choc. Au niveau du système nerveux elle se manifeste par des signes plus ou moins graves : parésie, hémiplégie, coma au niveau central et monoplégie ou paraplégie au niveau de la moelle, surtout pour la moelle lombaire qui est moins bien vascularisée, avec un lacis veineux très important, pouvant se thromboser en masse.
La poursuite du phénomène entraîne une coagulopathie généralisée, à l’origine de thromboses massives par agrégats de multiples cellules sanguines, et on parle alors de la maladie de désaturation, peu sensible au passage en caisson et de très mauvais pronostic. Des accidents tardifs peuvent s'observer ensuite car les tissus à faible irrigation peuvent être lésés par le dégagement d'azote, notamment au niveau des cartilages articulaires (signe des douleurs aux genoux et aux coudes - "bends" - après la plongée).
La prévention de tels d'accidents se fait par le respect de règles de sécurité précises tenant compte du temps de plongée et de la vitesse de remontée. Des tables de plongée instituant des paliers de décompression à la remontée permettent une bonne évacuation des gaz dissous et évitent les accidents. Ces tables sont établies à partir du niveau de la mer, mais pour les plongées dans les lacs de montagne il faut être plus sévère car la pression atmosphérique diminuant, le diamètre des bulles augmente. Pour les plongées profondes l'emploi de mélanges d'hélium et même d'hydrogène après une dénitrogénation préalable sont indispensables. L’utilisation d’ordinateurs de plongée de plus en plus perfectionnés est utile.
Les accidents immédiats de décompression se voient plus facilement chez les amateurs, mais peuvent survenir chez tout plongeur : prurit cutané («les puces») avec urticaire localisée (« moutons »), douleurs ostéomusculaires des grosses articulations ("bends") ; décompression a minima ou explosive (forme pulmonaire avec rupture des poumons, accidents cérébraux, médullaires, de l'oreille moyenne, troubles cardiaques). Des accidents tardifs d'ostéonécrose par répétition de micro-embolies gazeuses (maladie des caissons, classée comme maladie professionnelle) se voyaient chez certains plongeurs professionnels, mais sont devenues exceptionnelles. Le tableau 29 des maladies professionnelles en permet l’indemnisation.
En urgence, tout signe neurologique central ou périphérique doit être recherché. Le traitement d'urgence est basé sur la recompression en caisson, allant de 6 ATA à 2 ATA (des caissons de transport individuel sont utilisés en premier secours) pour réduire et si possible supprimer les bulles, l'inhalation d'oxygène évite l'entrée d'azote et abaisse l'importance de la recompression, mais celle-ci peut durer 8 h selon les tables thérapeutiques. Les soins de réanimation d'urgence seront administrés selon la clinique. Si l'on ne dispose pas de caisson l'oxygénothérapie a déjà une certaine efficacité. S'il n'y a pas de troubles graves, un retour en plongée pour effectuer correctement les paliers de décompression est une solution de fortune chez un plongeur bien conscient.

barotraumatisme, bends, hélium, oxygénothérapie hyperbare

démence n.f.

dementia

1) Atteinte le plus souvent irréversible des fonctions intellectuelles, acquise, par opposition aux diverses formes d'arriération mentale, d'origine congénitale.
2) Selon le "Diagnostic and statistical manual of mental disorders" (DSM IV, 1995), développement de multiples déficits cognitifs (incluant l'atteinte de la mémoire), dus aux effets physiologiques directs d'une affection médicale générale, de l'usage d'une "substance", ou à de multiples étiologies (p. ex., association d'un trouble vasculaire cérébral et d'une maladie d'Alzheimer).
Les formes évoluées réalisent le classique syndrome aphaso-apraxognosique. Les interférences avec le comportement social et professionnel s'aggravent le plus souvent.
Les rares démences régressives (ou curables) sont susceptibles de répondre à un traitement étiologique spécifique (dérivation d'une hydrocéphalie, ablation d'une tumeur, etc.).
Parmi les démences irréversibles, sont distinguées celles définies par :
- leur cause : vasculaire (lésions multiples, corticales ou sous-corticales) ; dégénérative (maladies d'Alzheimer, de Pick) ; traumatique ("dementia pugilistica" des boxeurs par microtraumatismes cérébraux répétés) ; toxique (sels d’aluminium chez les insuffisants rénaux chroniques, alcool, etc.) ; endocrinienne ou métabolique (thyroïdienne, azotémique, par carence en thiamine, etc.) ;
- le siège des lésions : par opposition aux démences corticales (dont le prototype est la maladie d'Alzheimer), les démences sous-corticales (ou sous-corticofrontales), plus récemment individualisées (M. Albert et coll., 1974), sont rencontrées dans un état touchant essentiellement les noyaux gris centraux comme la paralysie supranucléaire progressive, la maladie de Parkinson et la chorée de Huntington. On observe alors une bradyphrénie, un syndrome dysexécutif frontal, des troubles mnésiques portant sur le rappel et non l'encodage, améliorés par l'indiçage, et l'absence d'aphasie, d'apraxie ou d'agnosie ;
- l'âge : la distinction entre démence présénile (début avant 65 ans) et sénile est en fait abandonnée par suite de l'absence de différences sémiologiques ou neuropathologique entre ces deux groupes.

A. Pick, neuropsychiatre tchèque (1892) ; A. Alzheimer, neuropsychiatre allemand (1906) ; M. L. Albert neurologue américain (1974) ; J. Parkinson, médecin britannique (1817) ; G. Huntington, médecin américain (1872)

Étym. lat. de : en dehors de ; mens : esprit

démence (sémiologie)

démence (neuropathologie) l.f.

dementia (neuropathology)

À l'exclusion des démences secondaires à d'autres affections générales ou neurochirurgicales, deux types principaux de mécanismes lésionnels dominent : dégénératifs et vasculaires.
Les lésions dégénératives associent préférentiellement plaques séniles, dégénérescence neurofibrillaire et granulovacuolaire, chaque forme étiologique pouvant néanmoins présenter des spécificités histologiques et topographiques (maladie d'Alzheimer, maladie à corps de Lewy, chorée de Huntington, maladie de Steele-Richardson-Olszewski). Les lésions vasculaires, séquelles d'atteintes ischémiques, sont classées en fonction de leur taille, de leur nombre et de leur localisation.
La coexistence simultanée de ces deux types de lésions est communément désignée sous le nom de démence mixte.

J.C. Steele, neuropathologiste J.C. Richardson, médecin interniste et J. Olszewski neuropathologiste canadiens (1964) ; A. Alzheimer, neuropsychiatre allemand (1906) ; F.H. Lewy, neurologue allemand (1912) ; G. Huntington, médecin américain (1872)

Étym. lat. de : en dehors de ; mens : esprit

Alzheimer (maladie d'), démence à corps de Lewy, chorée de Huntington, Steele-Richardson-Olszewski (maladie de) l.

démence sous-corticale l.f.

subcortical dementia

Groupe encore imparfaitement délimité de démences qui surviennent plutôt dans le cours d'une affection neurologique affectant essentiellement les noyaux gris centraux (avec, en particulier, une traduction clinique extrapyramidale) ou la substance sous-corticale.
Il s'agit d'affections surtout dégénératives (maladie de Parkinson posant par cette démence le problème d'une diffusion corticale, paralysie supranucléaire progressive ou maladie de Steele-Richardson-Olszewski, chorée de Huntington), mais aussi inflammatoires (sclérose en plaques avec sa "démence de la substance blanche", sans atteinte des noyaux gris, et son déficit attentionnel fondamental, encéphalite à VIH) ou vasculaires (maladie de Binswanger, infarctus thalamiques, CADASIL, etc.).
Bien moins homogène que celui des démences corticales, le tableau neuropsychologique commun se caractérise par une lenteur intellectuelle avec réponses retardées (bradyphrénie), une apathie ou inhibition psychomotrice avec syndrome dépressif très fréquent mais aussi des troubles psychotiques non spécifiques d'une démence sous corticale, une perte mnésique portant sur les rappels plutôt que sur la reconnaissance, un langage peu altéré contrairement aux démences corticales, un syndrome dysexécutif de type frontal avec déficit de la programmation d'une séquence d'actes moteurs, de l'initiation (fluidité verbale) et difficultés à passer d'une tâche ou d'une consigne à l'autre, l'absence d'atteintes instrumentales (aphasie, apraxie, agnosie, etc.) contrastant avec de fréquentes altérations majeures des aptitudes visuoconstructives.
Ce concept a permis d'appeler l'attention sur les interrelations fonctionnelles entre les noyaux gris centraux et le cortex frontal, surtout préfrontal. En revanche, des investigations plus différenciées, comme l'imagerie cérébrale, devraient permettre de préciser s'il s'agit, ou non, d'un groupe univoque lésionnel et physiopathologique.

J. C. Steele, neuropathologiste J. C. Richardson, médecin interniste et J. Olszewski, neuropathologiste canadiens (1964) ; G. Huntington, médecin américain (1872) ; O. Binswanger, neuropsychaitre suisse (1894); M. L. Albert, neurologue américain (1974)

Étym. lat. de : en dehors de ; mens : esprit

Syn. démence sous-corticofrontale

Sigle DSC

diabète insipide néphrogénique l.m.

nephrogenic diabetes insipidus

Perte du pouvoir de concentration des urines par absence de réponse à la vasopressine du tube rénal distal et du tube collecteur avec pour conséquence une polyurie importante avec hyposthénurie et une polydypsie secondaire.
La maladie peut être héréditaire liée au chromosome X avec transmission récessive. Les mutations touchent le gène codant pour le récepteur V2 de la vasopressine. Il existe également des cas de diabète insipide héréditaire autosomique récessif ; le gène en cause est celui codant pour l'aquaporine 2. Dans d'autres cas, la maladie peut soit avoir une origine toxique ou médicamenteuse (méthoxyflurane, lithium, déméclocycline etc.) soit s'inscrire dans l'évolution de diverses maladies comme l'amylose, la sarcoïdose, le syndrome hypercalcémique, la maladie de Fabry, le syndrome de Sjögren, etc.

J. Fabry, dermatologiste allemand (1898) ; H. Sjögren, ophtalmologiste suédois (1930)

Étym. gr. diabêtês : qui traverse

néphropathie tubulaire chronique

dysautonomie familiale l.f.

familial dysautonomia, familial autonomic dysfunction, hereditary sensory and autonomic neuropathy (HSAN) type III, Riley-Day syndrome

Maladie héréditaire autosomique récessive rare (prévalence ‹1/1 000 000 - incidence annuelle de 1 sur 3 600 naissances) caractérisée par une perte des sensations et par une altération sévère de l'activité du système nerveux autonome entraînant des dysfonctionnements multisystémiques.
Elle affecte presque exclusivement la population juive d'Europe de l'Est. Elle touche aussi bien les hommes que les femmes. Elle est présente dès la naissance et est progressive. Elle est caractérisé par une petite taille et un faciès particulier. Les manifestations neurologiques concernent le système autonome et le système de la vie de relation :


- des difficultés d'alimentation dus à des troubles de la motricité digestive touchant la coordination oropharyngée, le péristaltisme oesophagien, la vidange gastrique devenue erratique, accompagnée d’un reflux gastro-oesophagien et d’épisodes prolongés de vomissements appelés « crises dysautomiques ») ;
- l'absence de larmes lors des pleurs (alacrymie) est un des principaux signes de la maladie, mais il peut ne pas être immédiatement reconnu (l'absence de débordement lacrymal est normal jusqu'à environ 7 mois) ;
- une maladie pulmonaire chronique par atteinte pulmonaire fonctionnelle restrictive due aux aspirations répétées nécessitées par des fausses routes alimentaires, ainsi qu’à une scoliose, une faiblesse musculaire et  un dysfonctionnement des chimiorécepteurs entraînant une réduction de la réponse à l'hypoxémie ;
- une hypotension orthostatique sans tachycardie compensatoire souvent rapportée mais les patients peuvent aussi présenter une hypertension épisodique en réponse à un stress émotionnel ou à une douleur viscérale ;
- la perception de la chaleur et de la douleur diminuée dans presque tous les cas, pouvant confiner à une insensibilité généralisée mais la sensibilité aux vibrations est normale ;
- les réflexes tendineux sont diminués chez la plupart des patients ;
- il existe parfois des troubles de la vue, de l’odorat et de la coordination.  Une absence de réponse axonale à l'injection intradermique d'histamine est notée.  L’absence de papilles linguales fongiformes est un  des signes caractéristiques.
Une modification de la personnalité peut aller de l'irritabilité et le repli sur soi à l'excitation généralisée ; des crises cycliques de fréquence quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle se manifestent chez 40 % des patients et surviennent au réveil.
La dysautonomie familiale est due à des mutations du gène IKBKAP localisé sur le bras long du chromosome 9 (9q31). 
La prise en charge symptomatique s'attache principalement à traiter l'alacrymie, les dysfonctionnements gastro-intestinaux et respiratoires et la labilité de la pression sanguine.

C. M. Riley, R. L. Day, pédiatres américains ( 1949)

Syn. neuropathie héréditaire sensitive et autonomique type 3, syndrome de Riley-Day, alacrymie congénitale, NHSA III

Édit. Orphanet,  F. Axelrod, G. Gold von Simson (2007)

dystrophie de la glande mammaire l.f.

breast dystrophy

Dystrophie sclérokystique caractérisée dans sa forme typique par des kystes du sein.
Elle est considérée comme un facteur de risque de cancer du sein. On distingue encore parmi ces lésions dystrophiques :
- la dystrophie fibreuse des seins ou maladie de Schimmelbusch,
- la maladie fibrokystique ou maladie de Reclus,
- l'adénose sclérosante,
- l'adénomatose érosive du mamelon,

C. Schimmelbusch, anatomopathologiste allemand (1892) ; P. Reclus, chirurgien français, membre de l’Académie de médecine (1883)

Étym. gr. dus : difficulté : trophein : nourrir

Syn. Reclus (maladie de)

ehrlichiose monocytique humaine l.f.

human monocytic ehrlichiosis

Maladie humaine répandue en Amérique du Nord, due à la bactérie Ehrlichia  chaffeensis, présente dans les monocytes et les macrophages.
Le tableau clinique de cette maladie associe fièvre, anorexie, céphalées, frissons, myalgies et arthralgies, nausées,  vomissements et douleurs abdominales. Un syndrome méningé est assez fréquent, de même qu'une atteinte pulmonaire. Des complications ont été rapportées : rhabdomyolyse, insuffisance rénale, myocardite. Biologiquement, on constate une thrombopénie, une leucopénie et une augmentation des transaminases. Le diagnostic biologique repose sur l'isolement du germe sur culture de cellules ou surtout sur l'immunofluorescence indirecte et la polymerase chain reaction. Le traitement fait surtout appel à la doxycycline. La maladie est connue des Etats-Unis (principalement dans le sud-est) où elle constitue une endémie rurale verno-estivale avec parfois de petites poussées épidémiques. Le vecteur majeur est la tique Amblyomma americanum. Des traces sérologiques sont aussi retrouvées chez l'Homme en Amérique du sud.

Syn. ehrlichiose humaine américaine, ehrlichiose monocytaire humaine

Ehrlichia chaffeensis, rhabdomyolyse, myocardites, doxycycline, polymerase chain reaction

[D1, D2]

Édit. 2019

endophénotype n.m.

endophenotype

Caractéristique biologique ou psychologique mesurable , héritable , associée à un gène et à une maladie (quelque soit le stade de celle-ci) retrouvée chez les membres de la famille non atteints par la maladie.
Sa situation entre la spécificité génétique qui le détermine et les symptomes de la maladie lui valent aussi l’appellation de phénotype intermédiaire.
Ce terme d’épidémiologie génétique est surtout utilisé en psychiatrie.
Deux exemples sont :
- le déficit de reconnaissance des émotions du visage chez les patients souffrant de trouble bipolaire et leurs apparentés ,
- l’absence d’inhibition de  la réponse électrophysiologique corticale lors de plusieurs répétitions dans un très court espace de temps d’un même stimulus sonore chez les patients souffrant de  schizophrènie et leurs apparentés. 

Syn. phénotype intermédiaire

Ant. exophénotype

phénotype, exophénotype

[Q1]

Édit. 2020

exostose n.f.

osteochondroma, exostosis

L’exostose, ou ostéochondrome, est une excroissance osseuse recouverte d’une coiffe cartilagineuse mince. Elle contient du tissu médullaire en continuité avec celui de l’os porteur.
Sessile ou pédiculée, elle est constituée de corticale, de spongieux et d’une coiffe cartilagineuse fine, qui s’atrophie chez l’adulte. Elle peut être sporadique ou entrer dans le cadre d’une maladie exostosante (15% des cas environ). Probablement originaire d’un chondrocyte de la physe, elle est habituellement découverte avant 30 ans, plus fréquemment chez l’homme. Le plus souvent asymptomatique, elle siège en général sur la métaphyse des os longs, mais peut concerner les os plats des ceintures, la colonne et les côtes.
Ses complication mécaniques sont les compressions (vasculaire, nerveuse, médullaire…), les bursites et les accrochages. En fait, sa principale complication est la dégénérescence chondrosarcomateuse. Cette dernière est rare en cas d’exostose unique surtout quand elle siège au niveau des membres, plus fréquente (5 à 10% des cas) en cas de maladie exostosante, surtout quand elle concerne les ceintures et la colonne. Un des signes qui font la suspecter est la présence d’une coiffe cartilagineuse épaisse, calcifiée, irrégulière et hypervascularisée.
Une mutation-inactivation des deux allèles du gène EXT1 ou EXT2 est présente dans la coiffe des exostoses solitaires ou appartenant à la maladie exostosante.

Étym. gr. exo : hors ; osteon : os

exostosante (maladie), ostéochondrome, exostose sous-unguéale

[F5,I1,I2]

Édit. 2018  

fibromatose cutanée l.f.

cutaneous fibromatosis

Prolifération fibroblastique bénigne, qui se distingue des fibromes par son caractère plus diffus et sa localisation plus profonde, occupant le tissu sous-cutané et même les plans aponévrotique et musculaire.
On en distingue des formes congénitales, juvéniles et tardives. Les premières comprennent la fibrose congénitale solitaire ou hamartome fibreux du nouveau-né, ou infantile, la fibrose congénitale du cou. Les secondes sont représentées par la fibromatose digitale infantile récidivante et les fibromatoses palmoplantaires juvéniles. La fibromatose tardive, apparaissant chez l'adulte, provoque la fasciite nodulaire, la maladie de Dupuytren ou fibromatose de l'aponévrose palmaire et son équivalent plantaire ou maladie de Ledderhose, ainsi que la fibromatose des corps caverneux ou maladie de Lapeyronie. L'aspect histologique consiste, selon les cas, en une prolifération fibroblastique plus ou moins dense, associée à des zones hyalinisées, qui peut parfois prendre une allure inquiétante, justifiant l'appellation de pseudosarcome.

G. Dupuytren,  anatomiste et chirurgien français, membre de l'Académie de médecine (1831) ; G. Ledderhose, chirurgien allemand (1894) ; F. Gigot de Lapeyronie, chirurgien français (1743)

[A3,F5,J1]

Édit. 2018 

fibrose hépatique congénitale (FHC) l.f.

congenital hepatic fibrosis

Affection génétique, transmise sur le mode autosomique récessif, caractérisée par des lésions hépatiques de fibrose avec prolifération des canaux biliaires des espaces portes, associée à une atteinte rénale.
Sa prévalence a été évaluée à 1 pour 100 000 naissances.
Le diagnostic doit être évoqué devant une hépatomégalie ferme, une splénomégalie en cas d’hypertension portale alors que la biologie hépatique est normale. Deux complications peuvent survenir : des hémorragies digestives en rapport avec l’hypertension portale et des angiocholites bactériennes. Il n’y a pas d’insuffisance hépatocellulaire. L’affection peut se compliquer de carcinome hépatocellulaire et de cholangiocarcinome.
La FHC est le plus souvent associée à des anomalies rénales caractérisées par des ectasies tubulaires qui sont retrouvées chez environ deux tiers des malades. Chez certains patients, les ectasies tubulaires perdent leur communication avec le reste de l’arbre urinaire et se transforment en de volumineux kystes entrant dans le cadre de la polykystose rénale récessive. On peut observer une hypertension artérielle au cours des premières années de vie, ou surtout à l'âge adulte des manifestations d'insuffisance rénale qui peuvent être précoces en cas de polykystose rénale.
La FHC correspondant à une malformation de la plaque ductale des canaux biliaires interlotbulaires, résulte d’une anomalie du développement embryologique des voies biliaires qui associe des lésions destructrices et fibrosantes des canaux biliaires.
La fibrose de la FHC est très différente de celle de la cirrhose, diffuse et inhomogène, elle encercle à la fois les canaux biliaires et vasculaires.
Il est quasiment toujours retrouvé au moins une mutation du gène PKHD1 (polycystic kidney hepatic disease 1 gène) localisé en 6p12.3-p12.2 avec production d’une protéine anormale, la fibrocystine.
La malformation de la plaque ductale peut toucher tous les étages de l’arbre biliaire intrahépatique. Elle est à l’origine de quatre maladies : la maladie de Caroli, la FHC, les complexes de von Meyenbourg et la maladie polykystique du foie. La FHC peut être associée à la maladie de Caroli.

Syn. obsolètes, fibro-angio-adénomatose hépatique, fibro-adénomatose biliaire

maladie de Caroli, Meyenbourg (complexe de von), maladie polykystique du foie, fibrose hépatique, polykystose rénale

[L1,M1,O1,Q2]

Édit. 2018

fièvres hémorragiques virales l.f.p.

viral haemorrhagic fevers

Maladies infectieuses provoquées par divers virus non apparentés.
Toutes sont potentiellement graves et susceptibles d’être à l’origine d’épidémies localisées, grevées d’une létalité importante.
Elles ont une distribution géographique le plus souvent circonscrite.
Leur symptomatologie associe un état fébrile, des signes digestifs, une éruption cutanée inconstante et, dans les formes graves des signes viscéraux tels qu’hémorragies diverses par thrombopénie, hépatite nécrosante, encéphalite, myocardite, pneumopathie. Le diagnostic biologique repose sur l’isolement du virus à partir du sang total et sur la sérologie. La transmission est soit indirecte par vecteur, soit directe au contact de malades ou par manipulation de produits biologiques infectés. Il n’y a pas de traitement curatif sauf dans la fièvre de Lassa (ribavirine). Quelques vaccins sont disponibles : fièvre jaune, fièvre hémorragique d’Argentine, fièvres hémorragiques d’Omsk, fièvre de la vallée du Rift.
Les fièvres hémorragiques virales sont nombreuses : fièvres hémorragiques transmises par les piqures de moustiques : fièvre jaune (Flavivirus), dengue hémorragique (Flavivirus), fièvre de la vallée du Rift (Phlebovirus), fièvres hémorragiques transmises par les morsures de tiques : fièvres hémorragiques d’Omsk, maladie de la forêt de Kyasanur (Flavivirus), fièvres hémorragiques de Crimée-Congo (Orthonairovirus), fièvres hémorragiques transmises par l’eau, les aliments, la terre souillés par l’urine de rongeurs ou de singes : fièvres hémorragiques avec syndrome rénal (Hantavirus), fièvres hémorragiques d’Argentine (virus Junin), fièvres hémorragiques de Bolivie (virus Machupo), fièvre de Lassa, fièvres hémorragiques du Venezuela (virus Guanarito) ces quatre derniers virus étant  des Arenavirus;  fièvres hémorragiques de transmission inconnue, dont la contamination est essentiellement interhumaine (contact avec un malade ou avec des produits biologiques infectés tels que le sang ou les excrétas) : maladie à virus Ebola, maladie à virus Marburg (Filovirus).
Les fièvres hémorragiques sont des maladies à déclaration obligatoire.

[D1, D4]

Édit. 2020

galactosidase n.f.

galactosidase

Enzyme catalysant l'hydrolyse de galactosides.
Selon la forme anomérique du galactoside à hydrolyser, il existe des alpha- et des bêta-galactosidases.
Parmi les bêta -galactosidases, on peut citer :
- les bêta-galactosidases bactériennes, dont fait partie l'enzyme adaptatif de Escherichia coli cultivé sur un milieu avec du lactose comme source de carbone ;
- les lactases de l'intestin, qui permettent la digestion du lactose, mais dont l'activité décroît avec l'âge, plus ou moins tôt selon les ethnies ;
- les bêta-galactosidases acides des lysosomes, qui agissent sur de nombreux types de β-galactosides, en particulier les gangliosides GM1, et dont l'absence congénitale conduit à une gangliosidose généralisée du nouveau-né, la maladie de Landing ; 
- des bêta-galactosidases plus spécifiques comme la lactosylcéramide-β-galactosidase, dont l'absence congénitale conduit à une lactosylcéramidose ;
- la cérébroside-bêta -galactosidase, dont l'absence congénitale est responsable d'une leucodystrophie globoïde ou maladie de Krabbe.
Les alpha-galactosidases sont moins répandues, de même que les alpha-galactosides. On connaît surtout les alpha-galactosidases des lysosomes, responsables de la dégradation des trihexosylcéramides (alpha -galactosyl-4-bêta-galactosyl-4-bêta-glucosylcéramides) et des digalactosylcéramides (alpha-galactosyl-4-bêta-galactosyléramides), qui s'accumulent en cas d'absence congénitale de l'enzyme, caractérisant la maladie de Fabry.
 ,

B. H. Landing, anatomopathologiste américain (1957) ; K. H. Krabbe, neurologue danois (1916) ; J. Fabry, dermatologue allemand (1898)

Landing (maladie de), Krabbe (maladie de), Fabry (maladie de), galactoside, Escherichia coli, lactase, lactose, lactosylcéramidose, lysosome

gangliosidose n.f.

gangliosidosis

Génopathie humaine transmise selon le mode autosomique récessif, caractérisée par une accumulation de gangliosides.
La pathologie neurologique de ce type d’affections est dominée par les GM gangliosidoses ou gangliosidoses monosialiques, en particulier les GM1 et GM2.
Les GM1 ou maladie de Norman-Landing, aux tableaux cliniques très divers, sont dues à un déficit en b-galactosidase, et les GM2 à un déficit en hexosaminidase, de type A pour la maladie de Tay-Sachs et de type A et B pour la maladie de Sandhoff.
Dans leurs formes infantiles et juvéniles, ces affections comportent une détérioration intellectuelle, des déficits moteurs, une amaurose, des crises épileptiques et des myoclonies. Dans leurs formes de l'adulte, le tableau clinique peut évoquer une hérédodégénérescence cérébelleuse.

K. Sandhoff, biochimiste allemand (1968) ; R. M. Norman, neuropathologiste britannique (1959) et B. Landing (1964) anatomopathologiste américain ; W. Tay, ophtalmologiste britannique (1881-1882) ; B. Sachs, neuropsychiatre américain (1887)

Sandhof (maladie de), Norman-Landing (maladie de),  Tay-Sachs (maladie de)

gangliosidose généralisée GM2 de type 3 l.f.

generalized gangliosidosis, GM2, type 3 or juvenile type

Dégénérescence cérébrale avec surcharge de gangliosides dans le cerveau.
Déficit partiel d'hexosaminidase A. La maladie débute entre 2 et 6 ans par une détérioration mentale et une ataxie, une rigidité cérébrale, une perte du langage. La cécité n'apparaît qu'en fin d'évolution avec altération des photorécepteurs, de l'épithélium pigmenté, de la macula et du nerf optique. Le décès intervient entre 5 et 15 ans. La maladie est souvent confondue avec la maladie de Batten-Spielmeyer-Vogt où l'atteinte rétinienne est plus précoce. L’affection est autosomique récessive (MIM 230700).

Y. Suzuki et K. Suzuki, neuropathologistes américains (1970)

hexosaminidase

Gitelman (syndrome de) l.m.

Gitelman syndrome

Syndrome caractérisé par une alcalose métabolique avec hypokaliémie, associée à une hypomagnésémie importante et à une faible excrétion urinaire de calcium, secondaires à une tubulopathie rénale distale.
Les symptômes essentiellement neuromusculaires débutent après l'âge de six ans et la maladie est généralement reconnue durant l'adolescence ou l'âge adulte. Ce sont des crampes, une faiblesse et des douleurs musculaires, une fatigue parfois accompagnées de douleurs abdominales, de vomissements et de fièvre. Une paresthésie du visage est souvent présente. La maladie se complique rarement de rhabdomyolyse, de paralysie ou de tétanie. Fréquemment sont observés des vertiges, une polydipsie sans polyurie et une nycturie. Une chondrocalcinose est souvent associée. La pression artérielle est diminuée par rapport à celle de la population générale. Un arrêt cardiaque soudain a parfois été rapporté. En général, la croissance est normale mais peut être retardée chez les patients atteints de sévères hypokaliémies et hypomagnésémies.
Le syndrome de Bartter est le diagnostic différentiel le plus important.
Un complément en magnésium est recommandé ainsi qu’un régime riche en sodium et en potassium. Une surveillance cardiologique est justifiée pour dépister les éventuelles arythmies cardiaques. Le pronostic à long terme de l’affection est excellent.
La prévalence des homozygotes est estimée à environ 1/40 000 mais celle des hétérozygotes est d'environ 1% dans les populations caucasiennes, faisant ainsi du syndrome de Gitelman la maladie tubulaire rénale héréditaire la plus fréquente.
L’affection est transmise selon le mode autosomique récessif. La majorité des patients présentent des mutations du gène SLC12A3 (solute carrier family 12, member 3) qui code pour le co-transporteur Na-Cl (NCC) sensible aux diurétiques thiazidiques. Plus de 140 mutations différentes, réparties sur l'ensemble de la protéine ont été rapportées. Chez une petite minorité de patients, des mutations du gène CLCNKB codant pour le canal chlore ClC-Kb ont été identifiées. Le défaut de transcription du NCC mène à une absence de réabsorption du sodium et du chlore dans le tubule contourné distal. La perte de NaCl au niveau tubulaire conduit à une hypovolémie (donc à une hypotension) et à une alcalose métabolique dite de contraction (l’hypovolémie active le système rénine-angiotensine-aldostérone se traduisant par une tentative de réabsorption du sodium (canal sodé épithélial) et d’excrétion de potassium contribuant à l’alcalose métabolique et à l’hyokaliémie). L’inhibition de l’absorption du NaCl dans le tubule contourné distal a des conséquences sur la réabsorption du calcium et du magnésium dans ce segment.

H. J. Gitelman, J. B. Graham, L. G. Welt médecins américains (1966)

Syn. hypokaliémie-hypomagnésémie familiale

Bartter (syndrome de), SLC12A3 (gène), CLCNKB (gène), rhabdomyolyse, chondrocalcinose

[M1, O1, Q2]

Édit. 2018

hémophilie B n.f.

haemophilia B

Maladie hémorragique héréditaire due au déficit en facteur IX de la coagulation du sang.
Les manifestations de la maladie sont en relation directe avec la teneur en facteur IX. Elles peuvent avoir une importance identique à celle de l’hémophilie A. Selon la teneur en facteur IX, on peut distinguer les hémophilies sévères (<1%), modérées (2 à5%), et mineures (<40%).
Le gène du facteur IX est situé en position Xq27.1-27.2, sur le bras long du chromosome X expliquant la transmission de la maladie liée au sexe.
La thérapie génique administrée à doses utiles à des hémophiles sévères corrige durablement le déficit en facteur IX et entraîne la disparition des phénomènes hémorragiques chez 9 malades sur dix. Cette thérapeutique transgénique de facteur IX en application depuis 2016 est parfaitement tolérée à l’exception d’une élévation temporaire des enzymes hépatiques chez quelques patients.

Rosemary Biggs, hématologue britannique (1952) ; L. A. George, hématologiste américain (2017)

Étym. gr. haima : sang (hémorragie) ; philia : amitié (prédisposition) ; Stephen Christmas, jeune garçon chez qui l’affection fut reconnue

Syn. Christmas (maladie de), déficit en facteur IX

Christmas (maladie de)

[F1]

Édit. 2018

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