Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine – version 2024

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urgence n.f.

emergency

1) Dans le domaine médical, situation d'un patient à soigner sans délais.
La notion médicale fait intervenir deux acteurs antagonistes, celui qui appelle à l'aide et celui qui est sollicité : chacun apprécie différemment la situation.
L'appellant ressent l'urgence de façon surtout subjective, c'est l'urgence ressentie. Celui qui est sollicité apprécie plus objectivement et cherche à distinguer l'urgence vraie de la fausse urgence.
Après avoir obtenu les renseignements permettant un  premier bilan fonctionnel et lésionnel, le médecin apprécie si l'urgence est vraie et, si oui, quel est le temps nécessaire pour être efficace. Compte tenu de ces données, il met en œuvre son intervention en fonction des risques estimés et des moyens disponibles. Selon ces critères on peut décrire :
- l'«urgence absolue» qui correspond à une situation de détresse vitale,
- l'«extrême urgence» (urgence immédiate) qui évolue très vite vers l'urgence absolue.
Les extrêmes urgences sont bien souvent intransportables.
- l'«urgence relative» qui peut attendre,
- l'«urgence potentielle» qui nécessite seulement une surveillance attentive.
A partir de la notion de transportabilité, certains auteurs subdivisent l'urgence relative en :
- «première urgence», état grave mais ventilation spontanée efficace, patient à transporter couché,
- «deuxième urgence», conscience conservée, hémorragies arrêtées, patient à transporter couché,
- «troisième urgence», éclopés, blessures minimes, patient pouvant être transporté assis.
Mais d'autres classifications sont encore utilisées par les organismes civils ou militaires chargés des secours : les militaires, par exemple, regroupent les extrêmes urgences et les premières urgences, sous le terme d'urgence absolue.
Toutes ces classifications permettent aux organismes responsables de préciser leur tactique pour la mise en œuvre des secours. Mais les réalités médicales rentrent mal dans un cadre aussi formel et les études épidémiologiques permettent de mieux cerner les choses en fonction de la nature des affections. Elles ont conduit à instituer des services de soins intensifs et de structures d'accueil des urgences dans les hôpitaux ainsi que des SMUR pour intervenir lors des urgences extrahospitalières. Ces services se sont équipés d'appareillages spécialisés (défibrillateurs cardiaques portables, respirateurs mécaniques autonomes, matelas coquille, pantalon anti-G, etc.) et ils ont été conduit à former des secouristes spécialisés (« paramedics» aux É.U., équipes spécialisées de pompiers en France).
2) Par ellipse et au pluriel, service d'accueil des urgences.
3) En procédure civile ou administrative la notion d’urgence sévit également.
80% des missions d’expertise judiciaire en responsabilité médicale le sont par une procédure d’urgence appelée procédure de référé, avant dire droit, c'est-à-dire avant que l’affaire ne soit portée en jugement au fond devant un tribunal. Dans 80% des cas de référés en médecine les parties s’accordent sur le rapport de l’expert et règlent le litige par une transaction.

Étym. lat. urgens : pressant (participe présent adjectivé d'urgeo : presser, insister avec opiniâtreté)

défibrillateur, détresse, matelas à dépression, pantalon anti-G, SAMU, SMUR, urgence (épidémiologie de l'), urgences (service d'accueil des), urgent