Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine – version 2024

10 résultats 

Kahler (maladie de) l.f.

myeloma, multiple myeloma, myelomatosis

O. Kahler, médecin autrichien de Prague (1889) ; H. Bence Jones, médecin britannique (1848)

Syn. myélome multiple

myélome multiple

myélome mutiple l.m.

multiple myeloma

Hémopathie maligne évolutive caractérisée par une prolifération monoclonale médullaire hématopoïétique de cellules lymphoïdes B différenciées de morphologie plasmocytaire avec une production en excès d’une immunoglobuline monoclonale sérique de type le plus souvent IgG ou IgA, mais parfois IgD ou IgE, ou constituée de chaînes légères kappa ou lamba.
L’incidence annuelle de l’affection est de l’ordre de 5 cas pour 100.000 personnes ; l’âge médian au diagnostic est de 69 ans (extrêmes : 35 à 93 ans). L’étiologie est inconnue, on suspecte un rôle de l’exposition aux radiations, au benzène, aux insecticides.
C’est une affection multifocale primitive de la moelle osseuse. Les lésions ostéolytiques entraînent des douleurs, une fragilité osseuse avec fractures, notamment vertébrales (qui peuvent être révélatrices), une anémie, une pancytopénie, une hypercalcémie avec des atteintes rénales, une sensibilité accrue aux infections bactériennes ou virales, une amylose.
Le syndrome biologique comporte une augmentation importante de la vitesse de sédimentation, une anémie, la présence à l’électrophorèse du sérum dans la zone bêta-gamma d’un pic protéique élevé, étroit et symétrique correspondant à une immunoglobuline monoclonale IgG, IgA ou IgD (dans respectivement 60, 20 et 1% des cas), exceptionnellement à une immunoglobuline monoclonale IgE ou IgM, ou constitué de chaînes légères lamba ou kappa dans 15 % des cas. On retrouve fréquemment des chaînes légères kappa ou lambda dans les urines (responsables de la classique protéinurie thermosoluble de Bence-Jones), toutefois dans 1 % des cas les myélomes ne sécrètent pas d’immunoglobulines (myélomes non sécrétants). Il existe parfois une hypercalcémie de pronostic réservé et une élévation de la bêta-2-microglobuline corrélée à l’importance de la masse tumorale.
La prolifération plasmocytaire maligne est mise en évidence par le myélogramme, par un prélèvement médullaire au niveau du sternum ou des ailes iliaques ou, mieux, par la biopsie ostéomédullaire prélevée au niveau du bassin. A l’examen histologique les lésions sont souvent nodulaires. Les cellules tumorales ressemblent à des plasmocytes normaux avec un gros noyau excentré ou sont plus immatures avec des anomalies de la maturation myélocytoplasmique, une forte basophilie du cytoplasme et des cellules géantes. Il est de règle lors de la découverte d’une gammapathie monoclonale sérique de rechercher une plasmocytose médullaire qui exprime une immunoglobuline intracytoplasmique de même chaîne légère. Un pourcentage de 10 % de cellules plasmocytaires est considéré sur un myélogramme comme la limite inférieure compatible avec le diagnostic de myélome. En dessous de ce pourcentage, seule l’évolution permettra de différencier une maladie bénigne d’un authentique myélome par des dosages sériques et des biopsies médullaires.
Les atteintes du système nerveux central sont exceptionnelles, cependant des neuropathies sensitivomotrices démyélinisantes sont fréquemment observées.
Les complications oculaires comportent une dilatation veineuse, voire des occlusions veineuses rétiniennes liées au syndrome d’hyperviscosité qui accompagne l’affection.
La stratification de la maladie est réalisée suivant différents critères : cliniques, biologiques, radiologiques.
L’évolution est sérieuse du fait des complications telles qu’infection, hypercalcémie, insuffisance rénale et amylose de type AL. Le pronostic varie en fonction du stade évolutif et des possibilités thérapeutiques : les traitements conventionnels apportaient des stabilisations de durée limitée de l’ordre de deux à trois années. Il existe cependant de rares formes dont l’évolution peut s’étaler sur plus d’une dizaine d’années (
smoldering myeloma).
Le traitement repose sur la chimiothérapie, la radiothérapie et sur des mesures symptomatiques : traitement des douleurs, prévention des complications rénales par ingestion régulière de boissons abondantes et alcalines, administration de biphosphonates pour corriger l’hypercalcémie, réduire les douleurs osseuses et améliorer la structure osseuse.
La chimiothérapie s’est enrichie de protocoles thérapeutiques plus efficaces et de nouvelles molécules plus performantes
Le traitement varie avec le stade évolutif et l’âge du malade. Chez les patients de plus de 65 ans, les protocoles les plus classiques associent melphalan et prednisone en cures mensuelles ; cependant l’administration de nouvelles molécules telles que les inhibiteurs de la protéasone (Bortezomib) associés à d’autres cytostatiques en traitement d’induction et de la Lenalidomid en traitement d’entretien a sensiblement amélioré la fréquence et la durée des réponses thérapeutiques. Chez le sujet de moins de 65 ans les traitements d’intensification sont d’application classique : ils font appel à un traitement cytoréducteur suivi d’une chimiothérapie intensive par le melphalan I.V. (associée ou non à une irradiation corporelle totale) ; ce choix thérapeutique conduit à obtenir de fréquentes rémissions complètes de durée variable et apporte un net gain de survie. Certaines rémissions complètes perdurent pendant de longues années avec l’espoir d’une guérison. Une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques est réservée aux malades jeunes ; elle permet, elle aussi, d’obtenir des résultats favorables et des guérisons. La radiothérapie locale sur les lésions ostéolytiques est réservée en cas d’atteinte rachidienne avec risque de complications neurologiques.
Une translocation chromosomique de la région 14q32 impliquant le locus de la chaîne lourde des Ig (IgM) a été retrouvée dans 75 pour 100 des cas, ainsi que des délétions en 13q et la monosomie 13 (chez 43 p. 100 des patients)
Du myélome multiple on rapproche la macroglobulinémie primitive de Waldenström dans laquelle est sécrétée une immunoglobuline de type IgM et qui s’accompagne souvent d’une polyneuropathie. Bien qu’il s’agisse d’un lymphome malin, il existe des formes de transition entre ces deux affections.

O. Kahler, médecin interniste autrichien de Prague (1889) ; H. Bence Jones, médecin britannique (1848) ; P. De Plaen, épidémiologiste belge (2003) ; P. R. Greipp, hématologiste américain (2005) ; N. C. Munshi, hématologiste américain (2011) ; F. Solis, médecin mexicain (2018) ; M. A. Dimopoulos, hématologiste grec, membre de l'Académie de médecine (2018) ; T. Facon, hématologiste français (2018)

Étym. gr. muelos : moelle ; -ome : suffixe indiquant la tumeur

Syn. maladie de Kahler, myélome multiple des os, myélome plasmocytaire

Bence-Jones (protéine de), immunoglobuline monoclonale, lymphocyte B , plasmocyte , immunoglobuline, ostéolyse, anémie,  pancytopénie, hypercalcémie, amylose, bêta-2-microglobuline, myélogrammen biopsie ostéomédullaire, neuropathie sensitivomotrice, hyperviscosité plasmatique, biphosphonates, melphalan, prednisone, bortezomib, maladie de  Waldenström, lymphome malin

[F1, G5]

Édit. 2019

myélome (manifestations rénales du) l.f.p.

renal manifestations of myeloma

Néphropathies très diverses, fréquentes, imputables à des facteurs multiples : évolution du myélome, développement d'une amylose rénale, troubles métaboliques, complications évolutives diverses notamment infectieuses.
L'atteinte histologique témoigne d'une néphrotoxicité variable de l'immunoglobuline monoclonale : le plus souvent tubulopathie myélomateuse avec cylindres caractéristiques, plus rarement amylose ou dépôts de chaînes légères monoclonales d'immunoglobulines dans les membranes basales tubulaires et les glomérules.
La présence d'une protéinurie dite monoclonale ou de Bence Jones, formée de chaînes légères, thermosoluble, non détectée par les bandelettes urinaires est la règle. Une protéinurie non sélective à prédominance d'albumine est généralement le témoin du développement d'une glomérulopathie amyloïde. Une insuffisance rénale progressive est fréquemment observée, elle peut s'aggraver à l'occasion de troubles métaboliques comme une hypercalcémie, une hyperuricémie, à la suite d'une infection urinaire. Une insuffisance rénale aigüe peut faire suite à une déshydratation, une exploration iodée.
La thérapeutique repose sur le traitement de fond de la maladie myélomateuse et la prévention de facteurs d'aggravation comme une hypercalcémie, une déshydratation.

Étym. gr. muelos : moelle ; -ome : suffixe indiquant la tumeur

myélome, Bence-Jones (protéine de), amylose rénale, immunoglobuline monoclonale

[F1]

Édit. 2018

myéloméningocèle n.f.

myelomeningocele

Dystrophie caractérisée par une fermeture anormale (dysraphie) du canal rachidien avec spina bifida et associée, au travers de celui-ci, à la hernie d'un sac méningé renfermant du LCR et des éléments nerveux (moelle et racines) habituellement malformés.
La peau en regard peut être absente, laissant apparaître le contenu nerveux de la malformation. Le sac méningé peut être fistulisé, avec écoulement du LCR. Il forme un dôme avec une zone centrale rouge dite région médullovasculaire qui s'épithélialise généralement après la naissance.
Le siège du spina bifida est le plus souvent lombosacré (partie basse de la moelle et queue de cheval), plus rarement cervical haut. Cette lésion est souvent accompagnée d'une malformation d'Arnold-Chiari type II (40 à 90 p.100 des cas), mais aussi d'une hydrocéphalie (90 p.100 des cas), parfois aussi d'une malformation médullaire (hydromyélie, syringomyélie, diastématomyélie).
Le diagnostic prénatal est possible par l’échographie et par le dosage de l'α fœtoprotéine dans le liquide amniotique ou même dans le plasma de la mère.

J. Arnold, anatomopathologiste allemand (1894) ; H. Chiari, anatomopathologiste autrichien (1891)

Étym. gr. muelos : moelle ; mêninx, mêningos : membrane : kêlê : tumeur

dysraphie, encéphalomyélodysraphie, status dysraphicus, spina bifida, Arnold-Chiari (malformation d')

myéloméningocèle antérieure l.f.

anterior myelomeningocele

Myéloméningocèle de siège cervical haut.
Elle s'associe dans certains cas à une hydrocéphalie et une migration de la base du cerveau et du cervelet dans le canal cervical, réalisant le syndrome d'Arnold-Chiari.

J. Arnold, anatomopathologiste allemand (1894) ; H. Chiari, anatomopathologiste autrichien (1891)

Étym. gr. muelos : moelle ; mêninx, mêningos : membrane : kêlê : tumeur

Arnold-Chiari (malformation d')

myélome plasmocytaire l.m.

myélome

myélomère n.m.

myelomere

moelle épinière

myélome IgE l.m.

IgE myeloma

Variété la moins fréquente de myélome multiple (quelques dizaines de cas reconnus) de caractère plus agressif que les autres formes.
Les caractéristiques cliniques et biologiques, hormis le type d’immunoglobuline atteinte, sont proches de celles des autres variétés de myélome ; le pic monoclonal est réduit et peut échapper à sa détection ; l’hypercalcémie déjà présente au diagnostic dans 10% des cas se manifeste chez un tiers des patients au cours de l’évolution. La particularité marquante est son anomalie cytogénétique fréquente: t(11;14)(q13;q32). La réponse thérapeutique des malades soumis aux schémas conventionnels paraît moins favorable et la durée de vie est plus raccourcie.

S. G. Johansson et A. Bennid, médecins suédois (1967)

myélome multiple

[F1]

Édit. 2020

myélome IgD Lm.

IgD myeloma

Variété de myélome représentant près de 2% de tous les cas de myélome multiple.
Le pic monoclonal, souvent minime, risque de ne pas être détecté et d’entraîner un retard dans l’établissement du diagnostic. C’est une forme plus agressive par l’importance des lésions ostéolytiques, des atteintes extramédullaires, la présence d’amyloïdose, d’une insuffisance rénale et d’une hypercalcémie. La moyenne d’âge est plus jeune que dans les autres formes. Le pronostic est plus réservé en raison, en partie, d’un diagnostic tardif et d’une maladie déjà fort évolutive.

D. S. Rowe et J. L. Fahey, médecins américains (1965)

myélome multiple

[F1]

Édit. 2020

myélocystocèle n.f.

myelocystocele

Forme la plus grave du spina bifida comportant une dilatation du canal central de la moelle épinière.

F. D. von Recklinghausen, anatomopathologiste allemand (1886)

Étym. gr. muélos : moelle, kustis : vessie

Syn. hydromyélocèle (Virchow), myélocystoméningocèle, hydrorachis interne intramédullaire (Cruveilhier), hydromyéloméningocèle

spina bifida

[I2,H1]