Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine – version 2024

81 résultats 

hépatite médicamenteuse l.f.

hépatite toxique

[L1]

hépatite toxique l.f.

toxic hepatitis

Atteinte hépatique pouvant être causée par de nombreuses substances et se manifestant par des troubles de gravité croissante, témoins d'une cytolyse de plus en plus étendue selon la dose absorbée.
L'atteinte du foie est le plus souvent associée à une altération des reins, d'où le terme d'hépatonéphrite. Les ictères hémolytiques ne font pas partie de cette catégorie d'affection.
Principaux signes : augmentation des transaminases, de la gamma-glutamyl-transférase ( GT), effondrement de la synthèse des protéines, en particulier des intermédiaires de la coagulation, hépatite grave avec hémorragies, ictère de type cytolytique ou rétentionnel, puis coma. Les formes les plus graves sont qualifiées de fulminantes et correspondent à une cytolyse diffuse et spontanément irréversible : seule une greffe hépatique peut permettre la guérison.
La classification des hépatites toxiques a été longtemps basée sur des considérations métaboliques avec des troubles portant sur le métabolisme des glucides ou des lipides, telle la stéatose hépatique avec hypoglycémie par intoxication par l'Akee (fruit de la Jamaïque) ou par le charbon à glu (Atractilis gummifera riche en atractiline).
D'autre mécanismes ont été identifiés : carence en méthionine (intoxication à l'éthionine, à l'hexachlorobenzène), découplage de l'oxydoréduction phosphorylante (intoxication au dinitro-ortho-crésol), déplétion en gluthation réduit (hépatite grave par absorption de doses fortes de paracétamol (acétaminophène), réaction secondaire sur des structures endocellulaires de radicaux alcoylants comme dans l'intoxication au tétrachlorure de carbone où l'altération initiale est plutôt mitochondriale.
Les plus typiques des hépatites toxiques s'accompagnent d'une agression qui prédomine en général sur le réticulum endoplasmique et qui s'étend à tous les éléments cellulaires. Aucun schéma uniforme ne peut être proposé, les lésions portant aussi bien sur les lysosomes, les mitochondries, que sur le noyau, ce qui rend difficile une distinction entre nécrose et apoptose cellulaire.
La cytolyse est particulièrement marquée au cours des intoxications par le phosphore blanc ou par l'amanite phalloïde.
D'autres altérations, plutôt subaigües, se rencontrant au cours d'intoxications, sont considérées comme des effets adverses de médicaments (ictères par méthyl-testostérone, par chlorpromazine), elles sont dites cholostatiques à cause de la bilirubine non conjuguée circulante et des anomalies histologiques observées au cours des ictères par rétention biliaire.
Compte tenu de l'importance de l'activité métabolique du foie, il est difficile d'interpréter comme souffrance cellulaire la stéatose hépatique, fréquente au cours de l'intoxication alcoolique chronique, les variations réversibles du réticulum endoplasmique et des microsomes siège de nombreuses réactions d'hydroxylation et d'oxydation par les cytochromes et les oxydases, enzymes susceptibles de réponses d'adaptation lors de l'absorption de nombreux toxiques. De même l'interprétation des infections virales de rencontre n'a été possible que par l'identification des virus et des réactions immunitaires qu'ils provoquent.
Les hépatites, dites veinoocclusives, où l'altération prédomine sur le drainage veineux ont été identifiées pour les alcaloïdes du séneçon.
De nombreuses hépatites médicamenteuses, dites de sensibilisation, surviennent après absorption prolongée pendant plusieurs mois ou années de produits appartenant à toutes les classes de médicaments. Elles surviennent de façon sporadique surtout chez des femmes âgées et peuvent prendre une allure suraigüe d'hépatite fulminante après la reprise du médicament.
Les altérations hépatiques prolongées peuvent s'accompagner de séquelles fibrosantes, de l'apparition d'une cirrhose hépatique évolutive, affection classique au cours de l'alcoolisme prolongé pendant plusieurs dizaines d'années.
L'interprétation de l'apparition de cancers primitifs du foie observés au cours d'intoxications expérimentales est rendue complexe par l'existence d'une sensibilité génétique très variable ches certaines espèces, par l'existence de formations tumorales bénignes (adénomes) et par la prolifération de peroxysomes, chez le rat surtout. Les cancers primitifs sont à distinguer des métastases hépatiques beaucoup plus fréquentes, provenant d'autres cancers.

hépatonéphrite, stéatose hépatique

[L1]

acné médicamenteuse l.f.

drug induced acne, acne medicamentosa

Acné secondaire à la prise de certains médicaments.
Les principaux inducteurs sont les androgènes, les glucocorticoïdes, les antituberculeux, la vitamine B12, le lithium, l'iode, les barbituriques.

Étym. gr. akmê : pointe, efflorescence (faute de copistes pour acmé devenu acné)

acné induite

[G4,G5,J1]

Édit. 2017

angéite médicamenteuse l.f.

medicinal angiitis

Angéite survenant au cours ou au décours d’une thérapeutique médicamenteuse.
Il s’agit d’une angéite d’hypersensibilité qui touche surtout les vaisseaux cutanés de petit calibre et se traduit cliniquement par des manifestations cutanées (urticaire, purpura, éruption cutanéomuqueuse voire érythème noueux) et rarement par des manifestations viscérales. Parmi les très nombreux médicaments parfois responsables d’une angéite médicamenteuse, citons allopurinol, aspirine, anti-inflammatoires non-stéroïdiens, chlorpromazine, cotrimoxazole, furosémide, hydantoïne, pénicilline, quinidine, sels d’or, tétracycline, thiazidiques, certaines chimiothérapies antinéoplasiques et certains sérums et vaccins.

Étym. gr. aggeion : vaisseau ; ite : inflammation

angéite, angéite allergique de Zeek

[D1,G3,G4,G5,K4,N3]

Édit. 2019

association médicamenteuse l.f.

combination therapy

Procédé d'administration simultanée de deux ou plusieurs médications dans plusieurs buts : soit renforcer l'effet thérapeutique (synergie et additivité), soit associer plusieurs effets thérapeutiques, soit diminuer les effets indésirables du médicament principal.

cirrhose posthépatopathie médicamenteuse l.f.

cirrhosis due to drug-induced liver disease

Cirrhose dont les lésions ressemblent à celles d'autres étiologies mais pour lesquelles l'arrêt de l'exposition au médicament ou au toxique responsable peut amener la stabilisation des lésions.
Elles peuvent ainsi ressembler à une cirrhose posthépatitique (isoniazide, papavérine, clométacine p. ex.), à une cirrhose alcoolique (maléate de perhexiline, amiodarone p. ex.), à une cirrhose biliaire (phénothiazine p. ex.), à une cirrhose congestive (alcaloïdes du senecio, chimiothérapie antinéoplasique). Le diagnostic repose sur l'anamnèse.

cirrhose hépatique

[L1,G5,G4]

cornée médicamenteuse l.f.

medication induced lipid storage

Présence de dépôts curvilignes lipidiques à la surface de la cornée et secondaire à des prises médicamenteuses (chloroquine, amiodarone).

cornea verticillata

[P2,G5]

fibrose pulmonaire médicamenteuse l.f.

drug induced pulmonary fibrosis

Fibrose interstitielle irréversible liée à la prise de certains médicaments.
Ces fibroses s'observent parfois après certaines chimiothérapies cytotoxiques : bléomycine, busulfan, chlorambucil, cyclophosphamide, melphalan, nitrosurées ; mais aussi après la prise d'amiodarone.
Au scanner, les aspects en rayons de miel sont très rares sauf avec l'amiodarone. L'évolution vers l'insuffisance respiratoire est inexorable, parfois ralentie par la corticothérapie.

fibrose pulmonaire

[K1,F2]

Édit. 2018

forme médicamenteuse l.f.

galenic form

forme galénique

[G3, G5]

Édit. 2018

hémolyse immuno-allergique médicamenteuse l.f.

Hémolyse survenant à la suite d’une réaction immuno-allergique vis-à-vis d’un médicament.
L’anticorps n’est pas dirigé contre le globule rouge mais contre le médicament ou un de ses métabolites. Le mécanisme de l’hémolyse est de deux ordres : - fixation du médicament sur la membrane du globule rouge - formation dans le plasma de complexe médicament-antimédicament avec adhésion secondaire au globule rouge. La séquence anamnestique classique est prise du médicament - arrêt - reprise de la thérapeutique avec hémolyse aigüe intravasculaire parfois fatale. De très nombreux médicaments ont été incriminés parmi lesquels les pénicillines, la céfalotine, la rifampicine, la phénacétine, la quinine lors de la fièvre bilieuse hémoglobinurique. Le test de Coombs est positif de type complément mais l’auto-anticorps élué n’a pas de spécificité anti-globule rouge.

[F1,F3]

hyperpigmentation médicamenteuse l.f.

hypermelanosis of drug origin, drug induced hyperpigmentation

Augmentation de la pigmentation tissulaire, notamment de la peau, en rapport avec l'administration de médicaments.
Elle peut être due à l'accumulation dans la peau soit de médicaments colorés, tels que sels d'argent, amiodarone, clofazimine, ou de leurs produits de dégradation, soit de pigment mélanique dont la formation en excès est consécutive à une prise médicamenteuse, ce qui est le cas des toxidermies pigmentées fixes et des photodermatoses toximédicamenteuses, soit à l'association de ces deux mécanismes.

incompatibilité médicamenteuse l.f.

drug incompatibility

Réaction qui se développe in vivo entre deux ou plusieurs médicaments et qui aboutit à la formation de composés pharmacologiquement inactifs, difficilement miscibles, éventuellement toxiques, etc.

intoxication médicamenteuse l.f.

drug intoxication

Intoxication résultant de la prise en une seule fois d'une dose excessive d'un médicament, soit accidentelle (surdosage thérapeutique, ingestion involontaire par des enfants d'une dose destinée aux adultes), soit volontaire (tentative de suicide).

suicide

lithiase médicamenteuse l.f.

drug stones

Formation de calculs dans la voie excrétrice, consécutive à l'administration de substances médicamenteuses, telles l'indinavir, la sulfadiazine, le topiramate, du fait de l'élimination urinaire de certains de leurs dérivés métaboliques.

néphropathie médicamenteuse l.f.

drug nephropathy

Néphropathies de type histologique très divers, secondaires à la prise de médicaments, induites le plus souvent par un effet toxique aigu ou chronique mais parfois en rapport avec un mécanisme immuno-allergique.
Le tableau le plus courant est celui d'une néphropathie tubulo-interstitielle aigüe parfois celui d'une néphropathie interstitielle chronique dont le type est la néphropathie des analgésiques. On signale des tubulopathies chroniques à type de syndrome de Fanconi après consommation de tétracycline périmée, des diabètes insipides néphrogéniques avec la déméclocycline, les sels de lithium, le méthoxyflurane, exceptionnellement certains médicaments comme les métaux lourds, bismuth, sels d'or, etc. Les anticonvulsivants, la pénicillamine, peuvent induire un syndrome néphrotique.

pancréatite médicamenteuse l.f.

drug-induced pancreatitis

Accident rare dans les premières semaines de prise du produit et survenant dans les heures qui suivent son éventuelle réintroduction, ce qui évoque un mécanisme immuno-allergique.
En général, les pancréatites médicamenteuses sont peu sévères et régressent rapidement à l'arrêt du médicament. Les principaux médicaments en cause sont l'azathioprine, la 6-mercaptopurine, les œstrogènes, l'acide valproïque et la mésalazine.

photosensibilisation médicamenteuse l.f.

drug photosensitization

Modification produite dans l’organisme se traduisant par des manifestations cutanées, liée à l’interaction de la lumière et d’un médicament ayant les propriétés d’un agent photosensibilisant parvenu dans la peau soit par voie sanguine, soit après application locale.
Les réactions sont soit de nature phototoxique à type de “super coup de soleil”, soit de nature photoallergique à type d’eczéma.

photo-allergie, phototoxicité, psoralène, puvathérapie

pneumopathie médicamenteuse l.f.

pneumopathies iatrogéniques

résistance médicamenteuse l.f.

drug resistance

Inefficacité d'un médicament à des doses tolérées par l'organisme.

rhinite médicamenteuse l.f.

drug rhinitis

Rhinite chronique secondaire à l’usage excessif et prolongé de vaso-constricteurs locaux.
La composante obstructive est au premier plan des symptômes.

adénome thyroïdien toxique l.m.

toxic adenoma of the thyroid gland, Plummer’s disease

Nodule thyroïdien hyerfonctionnel responsable d’hyperthyroïdie.
Favorisée par la déficience iodée, cette situation résulte le plus souvent de la prolifération monoclonale de cellules affectées par une mutation activatrice du récepteur de la TSH. Le développement lent de la prolifération cellulaire finit par constituer un nodule initialement fonctionnel captant l’iode radioactif, puis progressivement extinctif vis-à-vis de la TSH, enfin hyperfonctionnel ce dont rend compte l’accroissement de la T3 puis de T3 et T4. A ce stade un état thyrotoxique apparaît cliniquement évident, souvent lorsque la taille de l’adénome excède 2 à 3 cm.  
L’affirmation de son caractère autonome est traditionnellement obtenue par la scintigraphie thyroïdienne : le captage de l’iode 123 (ou du technétium)  s’effectue exclusivement au niveau de la formation nodulaire cliniquement perçue (« image du drapeau japonais »). Une alternative diagnostique est  constituée par l’échographie qui fait état d’un nodule typiquement isolé souvent hypoéchogène s’accompagnant d’un accroissement du débit dans l’artère thyroïdienne inférieure et d’une hypotrophie du reste de la thyroïde.
Une telle pathologie qui ne saurait être éradiquée par les thérapeutiques médicales antithyroïdiennes, nécessite le recours au traitement par l’iode rédioactif qui a réduit les indications de la lobectomie. Dans certaines circonstances sont envisageables des traitements locaux (alcoolisation, thermo-ablation, ultrasons…).

Étym. gr. adên : glande ; ome : tumeur

exploration fonctionnelle de la thyroïde, nodule toxique, thyréostimuline, hormones thyroïdienne, hyperthyroïdie.

[F5, O4 ]

Édit. 2020

cataracte toxique l.f.

Différentes substances toxiques d’administration systémique peuvent être à l’origine d’une cataracte

Ceux sont les hydrocarbures ou les substances dérivées (en particulier le naphtalène et le dinitrophénol), les sels de certains métaux (thallium, cobalt, sélénium, agents antimitotiques, inhibiteurs enzymatiques) et un certain nombre de substances telles que les myotiques.
articulier les inhibiteurs de la cholinestérase) la chlorpromazine et les corticoïdes.

Étym. gr. katarraktès: chute d’une trappe, d’une porte de ville, chute d’eau, kata rassô : tomber complètement, chute d’un voile (devant les yeux)

cataracte

[P2,G4]

choc toxique l.m.

toxic shock syndrome

Choc d'origine toxique ou septique, dû notamment au staphylocoque.

J. K. Todd, pédiatre américain (1978)

[G1,D1]

choc toxique staphylococcique l.m.

toxic shock syndrome

Syndrome associant un état de choc, une fièvre et une éruption scarlatiniforme, dû à l'exotoxine (entérotoxine F) du Staphylococcus aureus, survenant chez des patients ayant un foyer staphylococcique et, en particulier, chez des femmes utilisant des tampons vaginaux.
L'éruption, qui évolue en 8-15 jours vers une desquamation en grands lambeaux, est fréquemment associée à un œdème des extrémités, à une langue framboisée et à une conjonctivite. L'atteinte viscérale, notamment digestive, musculaire, rénale, hépatique, etc., est responsable d'une mortalité d'environ 10%. Les hémocultures sont négatives. Le traitement associe antibiothérapie antistaphylococcique, suppression du foyer initial, traitement du choc.

J. K. Todd, pédiatre américain (1978)

choc septique, défaillance multiviscérale, toxémie

[G1,D1]

choc toxique streptococcique l.m.

septrococcic toxic shock

État de choc d'évolution fulminante survenant au cours d'une infection par des streptocoques du groupe Aβ hémolytique, de localisation variable (infection gynécologique, obstétricale, cutanée, des parties molles, angine), parfois favorisé par une varicelle.
Les symptômes sont : douleurs des extrémités, douleurs abdominales, myalgies, hyperthermie, frissons, diarrhée. Un rash éruptif n'est pas constant. La mortalité est élevée (30%).

choc septique, défaillance multiviscérale

[G1,D1]

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