Publié le 27 juin 2023

Résumés des séances de l’Académie*

* Par Brigitte Dréno, François Guilhot, Pierre Miossec, Jean-Baptiste Ricco, Dominique Vuitton

 

ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE.

RÉSUMÉS DES COMMUNICATIONS

SÉANCE DU MARDI 27 JUIN 2023

 

L’Algologie interventionnelle : une nouvelle voie au service de la douleur du patient

Bruno Kastler, Université Paris Cité, APHP, Hôpital Necker-Enfants malades

Les maladies aiguës, chroniques ou en phase terminale, sont fréquemment accompagnées de douleurs souvent difficiles à contrôler, malgré des traitements appropriés. La douleur passe alors au premier plan, dégradant fortement la qualité de vie des patients. Les médecins de la douleur, les anesthésistes, en particulier de l’école anglo-saxonne, ont été les pionniers en proposant des techniques de blocs, de neurolyse et d’infiltration, ouvrant la voie à la diffusion des techniques interventionnelles mini-invasives antidouleur. Certains radiologues interventionnels se sont alors investis dans les traitements antidouleur. Le guidage millimétrique des procédures par tomodensitométrie (TDM) a permis un placement optimal des instruments et a ouvert l’accès à de nouvelles zones anatomiques impliquées dans la douleur et à un arsenal thérapeutique antalgique innovant très efficace (neurolyses, alcoolisations, radiofréquences (RF), micro-ondes (MO), cryoablations, et techniques de consolidation (cimentoplasties, vissages osseux), et de thermoablation dans les douleurs tumorales osseuses.

L’auteur a présenté dans son exposé, les résultats de quelques techniques percutanées mises au point pour traiter une variété de syndromes douloureux réfractaires bénins et malins : infiltrations et neurolyses  dans  les douleurs crâniofaciales, la névralgie d’Arnold, les algies vasculaires de la face, l’algodystrophie, les névralgies pudendales, les douleurs pelviennes chroniques, et les douleurs abdominales malignes.

La maîtrise de ces procédures et l’implication croissante des radiologues dans la prise en charge des patients douloureux devraient rendre ces nouvelles techniques accessibles à un plus grand nombre de patients.

 

Quelle relation existe-t-il entre l’importance fonctionnelle d’un gène et son degré de polymorphisme ? Un point de vue intra- et inter-espèces.

Philippe Monget. INRAE, Physiologie de la Reproduction et des Comportements

37380 Nouzilly, France

Un gène est considéré comme essentiel ou important d’un point de vue fonctionnel lorsque sa perte de fonction entraîne un phénotype morbide ou létal. Selon cette définition, ces gènes dits importants devraient a priori laisser peu de place à une variabilité génétique. Cependant, le lien entre l’importance fonctionnelle d’un gène et son degré de polymorphisme est complexe, car il existe un certain degré de variabilité pour les gènes essentiels auquel s’ajoute le rôle crucial des séquences régulatrices qui jouent un rôle important dans les différences morphologiques entre espèces et dans l’adaptation à l’environnement.

À titre d’exemple, chez l’homme, la prévalence de certaines maladies génétiques plutôt très invalidantes reste élevée, car les porteurs à l’état hétérozygote semblent protégés des maladies infectieuses ou parasitaires.

L’environnement peut également provoquer une adaptation des espèces à travers l’évolution de certains gènes. La sélection positive peut aussi jouer un rôle dans les modifications des gènes du système immunitaire, reproducteur et nerveux. Enfin les séquences régulatrices des gènes jouent souvent un rôle crucial dans les différences morphologiques entre les espèces et l’adaptation à l’environnement au sein des espèces.

Cette variabilité génétique, même pour les gènes essentiels, résulte de leur évolution sur des périodes de plusieurs millions d’années. Cette variabilité explique les différences entre les espèces, comme le volume crânien de l’homme par rapport aux autres primates. Par ailleurs, l’évolution des gènes, sur des périodes plus courtes, pourrait expliquer une adaptation à un environnement infectieux, parasitaire, ou nutritionnel.

 

Pollution lumineuse : Intérêt du modèle félin comme animal sentinelle

Serge Georges Rosolen, Institut de la Vision, 17, rue Moreau, 75012 Paris.

Depuis une trentaine d’années, le développement des technologies contribue à « surilluminer » l’espace domestique et à éclairer la nuit. La pollution lumineuse présente des risques pour la santé humaine, animale et environnementale.

L’allongement de la durée d’éclairage domestique a une incidence sur l’obésité et le diabète de type 2 chez l’homme, mais aussi chez le chat domestique, vivant dans le même environnement et soumis aux mêmes impacts environnementaux. Le modèle félin, exprimant cliniquement la maladie humaine homologue, pourrait constituer un modèle animal de diabète de type 2, tant recherché par la communauté scientifique.

Par ailleurs, l’éclairement de l’espace public permet au chat nomade, prédateur carnivore diurne et opportuniste crépusculaire, d’augmenter son territoire et son temps de chasse, occasion de rencontrer des animaux de la faune sauvage eux-mêmes perturbés par la lumière nocturne. D’où un risque zoonotique majeur. Le chat doit donc être considéré comme un animal sentinelle. Le modèle félin est d’autant plus intéressant qu’il existe plus de 75 millions de chats médicalisés en Europe. À ce titre, il pourrait être un modèle idéal pour l’étude des pathologies liées à la pollution lumineuse.

Étudier les mécanismes par lesquels les chats exposés à une « surillumination » perdent le contrôle de la satiété, deviennent obèses, diabétiques et développent des pathologies oculaires pourrait servir à élaborer des protocoles préventifs pour un bénéfice mutuel.