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Déclaration dans le cadre du symposium de décembre 2023 au Brésil
Communiqué
18 décembre 2023
Le protocole de Rio 2023 : vers des politiques vaccinales optimisées[1]
L’Académie Nationale de Médecine fera des vaccins sa Grande Cause Médicale en 2024. Dans cette perspective, une délégation de l’Académie s’est rendue à Rio de Janeiro les 8 et 9 décembre derniers pour participer au symposium commun des Académies de Médecine du Brésil, des États-Unis, du Portugal et de la France en présence des ministres de la Santé du Brésil, du Portugal et du Directeur de l’Organisation panaméricaine de la santé.
Malgré la force des programmes nationaux de vaccination des quatre pays et les efforts mis en place pour convaincre leurs populations respectives de la nécessité et des bénéfices attendus de la vaccination, notamment durant l’épidémie de Covid-19, les participants ont unanimement rapporté l’hésitation croissante à se faire vacciner, l’implication déclinante des médecins à faire appliquer les recommandations vaccinales, la désinformation souvent idéologique appliquée aux vaccins. Ces éléments compromettent l’élimination, pourtant acquise, de maladies comme la poliomyélite, la lutte contre des épidémies émergentes ou l’éradication de cancers induits par des virus.
La baisse des pratiques vaccinales constatée en France et aux États-Unis, récente au Brésil et moindre au Portugal, traduit une défiance de la population vis à vis des vaccins. Ces chiffres et les variations rapportées sont influencés par (a) le degré de réticence « traditionnel » de la population à la vaccination, significative en France; (b) les messages parfois contradictoires des autorités politiques au pouvoir, conduisant à des politiques vaccinales locales plus ou moins rigoureuses ; (c) la mobilisation inégale du corps médical et (d) une évolution de la culture sanitaire de la population, initiée à l’école, et de la confiance dans la science. Des différences de politiques vaccinales existent entre les quatre pays. En France, une politique ancienne et suivie de vaccination dans l’enfance a été mise en place sans équivalent chez l’adolescent, l’adulte et la population âgée.
À l’issue du symposium, il a été unanimement souligné que le bénéfice historique et les perspectives exaltantes de la vaccination imposent une politique qui permette de vaincre l’hésitation vaccinale par la mobilisation des autorités et des agents sanitaires, l’utilisation de tous les relais d’information et une restauration de la confiance dans la science débutée, poursuivie et renforcée à l’école.
La déclaration commune des quatre académies1 souligne l’importance des vaccins comme stratégie première de prévention de nombreuses maladies et recommande de :
– s’assurer que les programmes nationaux de vaccination sont financés et offrent une couverture optimale des vaccins recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé, particulièrement chez les enfants et les personnes âgées ou vulnérables,
– réduire l’impact des fausses informations et désinformations qui circulent dans les quatre pays, ainsi que l’hésitation vaccinale à laquelle elles conduisent, et encourage la diffusion de données factuelles décrivant les résultats favorables des vaccins sur la santé des populations,
– reconnaître le contexte culturel et idéologique favorisant l’hésitation vaccinale et engage les citoyens et les communautés à construire une confiance dans les bénéfices individuels et collectifs des vaccins,
– encourager l’innovation technologique dans le développement et les pratiques vaccinales,
– mobiliser le public, les média, les professionnels de santé, les décideurs politiques, les institutions d’enseignement à faire leurs les bénéfices à long terme de la vaccination,
– mobiliser le plus de pays possible qui n’étaient pas représentés à Rio de Janeiro à s’engager en faveur de la vaccination.
Les quatre pays présents s’engagent à maintenir et renforcer leur mobilisation et proposent la création d’une « Alliance vaccinale » qui s’étende à d’autres pays et permette de réévaluer régulièrement les pratiques vaccinales, d’en suivre les progrès, de comparer les différentes approches régionales et nationales afin de favoriser les stratégies et pratiques vaccinales les plus efficaces.
[1] Ce texte a été adopté par le Conseil d’administration le 18 décembre 2023.