douleur précordiale l.f.
precordial pain
Douleur ressentie par crises ou continue dans la région thoracique antérieure.
Leur analyse minutieuse par l’interrogatoire est d’une grande importance, pour reconnaître les plus graves d’entre elles qui sont les douleurs d’origine coronarienne (angine de poitrine) qui se propagent souvent vers le maxillaire inférieur et/ou le membre supérieur gauche.
À côté de l’angine de poitrine, d’autres pathologies peuvent entraîner des douleurs précordiales : les péricardites, la dissection aortique, les embolies pulmonaires, et de nombreuses affections extrathoraciques comme certaines maladies rhumatismales et certaines lésions digestives irradiantes (vésiculaires, hépatiques, pancréatiques, gastriques).
Étym. lat. dolor : douleur
douleur (prise en charge globale de la) l.f.
multidiciplinary care of pain
Approche multimodale du traitement de la douleur chronique dans laquelle le médicament ne doit représenter qu’une partie de la thérapeutique.
J. Bonica créa la première « pain clinic » à Washington après la première guerre mondiale. En France, depuis la loi Neuwirth (1995), la prise en compte de la douleur est devenue un problème de société.
Appréhender la douleur chronique nécessite une prise en compte individualisée de ses composantes affectives, cognitives et comportementales, voire spirituelles, au-delà de la seule démarche étiologique somatique.
Dans ce but, trois types de structures pluridisciplinaires ont été définis par l'Agence nationale pour le développement de l'évaluation médicale (ANDEM) : consultations spécifiques, comportant au moins deux somaticiens de disciplines différentes et un médecin formé à la psychologie ; unités, disposant de lits d'hospitalisation et d'un plateau technique ; centres, avec une triple mission de soins, d’enseignement et de recherche. Ces missions ont été reprises successivement par l’ANAS et l’HAS.
Le traitement initial vise à diminuer le symptôme douleur, à interrompre les cercles vicieux d'auto-entretien aux divers niveaux anatomiques (périphérique, médullaire, supramédullaire). Conjointement, le patient accède à une prise de conscience de ses réactions et comportements, de même qu'à leur meilleure maîtrise.
En dehors des mesures médicamenteuses, l'équipe peut faire appel à des blocs par les anesthésiques locaux (diagnostiques ou thérapeutiques), à diverses techniques physiques telles que la neurostimulation transcutanée, à la relaxation, aux thérapeutiques cognitivocomportementales et à diverses formes de psychothérapie.
Un placebo peut être efficace dans 30% des cas environ, probablement par la mise en œuvre d’endorphines.
Une suppression totale et constante de la douleur reste jusqu'à présent une utopie, mais son atténuation et un projet réadaptatif, si possible contractuel avec le patient et son entourage, peuvent être au moins mis en œuvre. Ainsi est évité également le "vagabondage médical", souvent préjudiciable au patient et source de "bilans" étiologiques redondants et coûteux.
J. Bonica, médecin anesthésiologiste américain (1917-1994)
Étym. lat. dolor : douleur
douleur projetée l.f.
refered pain
Douleur ressentie à distance de l'organe siège de la lésion causale.
Il s’agit surtout de douleurs viscérales qui s'expliquent par un mécanisme de convergence-divergence, caractéristique de l'anatomie fonctionnelle des afférences viscérales se projetant au niveau de la moelle. Les lombalgies lors des contractions de l'utérus au cours de l'accouchement, ainsi que les douleurs irradiées dans les membres supérieurs et la mâchoire lors de l'angine de poitrine en sont des exemples.
Étym. lat. dolor : douleur
→ amputés (douleurs des), membre fantôme
douleur provoquée l.f.
tenderness
En sémiologie, manœuvre par laquelle l'examinateur cherche à susciter la douleur du patient en lui faisant reproduire le geste dont il se plaint, en pratiquant une manœuvre ou une palpation superficielle ou profonde de la région incriminée, etc.
P. ex. le signe de Lasègue est caractéristique de la névralgie sciatique.
La douleur provoquée, désagréable pour le sujet, est un élément d'information diagnostique souvent indispensable ; elle ne préjuge pas de la nature de la lésion et son siège ne correspond pas toujours à l'origine anatomique de la lésion.
Ch-E. Laségue, médecin interniste français, membre de l’Académie de médecine (1816-1883)
Étym. lat. dolor : douleur
douleur psychogène l.f.
psychogenic pain
Cependant une activation spécifique du gyrus cingulaire et de ses afférences sous-corticales a été mise en évidence avec la tomographie par émission de positons (TEP) aussi bien dans ce type de douleurs (telles que les céphalées psychogènes) que dans les douleurs neurologiques et les illusions de douleur.
Une description trop riche, imprécise, labile, une sémiologie atypique, l'absence de données objectives orientent souvent vers une douleur psychogène. Bien que non suffisante, la notion d'une manifestation psychiatrique est indispensable : conversion hystérique, dépression masquée, hypocondrie, etc. En pratique, il s'agit plutôt d'une intrication avec des facteurs somatiques.
Comme, selon beaucoup d'auteurs, l’existence d’une douleur psychogène n'est pas scientifiquement prouvée, la qualification d'idiopathique paraît préférable, s'agissant p. ex. des glossodynies et des fibromyalgies. En tout cas, on ne doit jamais faire l'économie d'une relation avec les patients algiques, étant donné la fréquence des états anxieux (surtout dans les formes aigües) et/ou dépressifs (surtout dans les formes chroniques).
Depuis 1885, le parcours freudien sur ce sujet aboutit au problème de la conversion de l'affect en douleur dans les névroses actuelles, mais aussi à l'institution d'un clivage dans le moi par la douleur. À l'extrême, des analystes, sans doute éloignés de la douleur organique, estiment que les moyens employés pour obtenir la guérison, qu'ils soient hypnotiques, comportementaux, voire chirurgicaux, sont voués à l'échec, aux déplacements du symptôme, à son éternel retour, voire au délire.
Douleur sans support anatomique explicable, incitant à évoquer une origine psychogène. (à la ligne)
Étym. lat. dolor : douleur
Syn. psychalgie
→ psychalgie, amputés (douleurs des), membre fantôme
douleur référée l.f.
anglicisme à éviter
douleur viscérale l.f.
visceral pain
Douleur causée par la stimulation nociceptive venant d'un organe intra-abdominal ou intrathoracique.
Cette douleur se différencie de la douleur somatique parce qu'elle est diffuse, imprécise dans sa localisation et rapportée à un territoire cutané du fait de l'intrication des afférences sensitives viscérales et somatiques au niveau du deutéroneurone médullaire.
Étym. lat. dolor : douleur
échelle de la douleur de l'enfant Gustave Roussy l.f.
Evaluation de la douleur, après une observation de 4 heures, selon 10 items cotés de 0 à 4 qui se regroupent en 3 parties.
| ITEM | Cotation 0 | Cotation 1 | Cotation 2 | Cotation 3 | Cotation 4 | ||||
| 1. Position antalgique au repos |
absence de position antalgique : l'enfant peut se mettre n'importe comment. |
l'enfant semble éviter certaines positions. | l'enfant évite certaines positions mais n'en paraît pas gêné. |
l'enfant choisit une position antalgique évidente, qui lui apporte un certain soulagement. | l'enfant recherche sans succès une position antalgique et n'arrive pas à être bien installé. |
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| 2. Manque d'expressivité | l'enfant est vif, dynamique, avec un visage animé. |
l'enfant paraît un peu terne, éteint. |
au moins un des signes suivants : traits du visage peu expressifs, regard morne, voix marmonnée et monotone, débit verbal lent. |
plusieurs des signes ci-dessus sont nets. | visage figé, comme agrandi. Regard vide. Parle avec effort. |
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| 3. Protection spontanée des zones douloureuses | l'enfant ne montre aucun souci de se protéger. | l'enfant évite les heurts violents. |
l'enfant protège son corps, en évitant et en écartant ce qui pourrait le toucher. |
l'enfant se préoccupe visiblement de limiter tout attouchement d'une région de son corps. |
toute l'attention de l'enfant est requise pour protéger la zone atteinte. |
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| 4. Plaintes somatiques | pas de plainte : l'enfant n'a pas dit qu'il a mal. | Plaintes "neutres" : - sans expression affective (dit en passant "j'ai mal") ; - et sans effort pour le dire (ne se dérange pas exprès). |
au moins un des signes suivants : - a suscité la question "Qu'est-ce que tu as, tu as mal ?"; - voix geignarde pour dire qu'il a mal; - mimique expressive accompagnant la plainte . |
en plus de la cotation 2, l'enfant : - a attiré l'attention pour dire qu'il a mal; - a demandé un médicament. |
c'est au milieu de gémissements, sanglots ou supplications que l'enfant dit qu'il a mal. |
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| 5. Attitude antalgique dans le mouvement | l'enfant ne présente aucune gêne à bouger tout son corps. Ses mouvements sont souples et aisés. |
l'enfant montre une gêne, un manque de naturel dans certains de ses mouvements. |
l'enfant prend des précautions pour certains gestes. |
l'enfant évite nettement de faire certains gestes, il se mobilise avec prudence et attention. |
l'enfant doit être aidé, pour lui éviter des mouvements trop pénibles. |
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| 6. Désintérêt pour le monde extérieur | l'enfant est plein d'énergie, s'intéresse à son environnement, peut fixer son attention et est capable de se distraire. |
l'enfant s'intéresse à son environnement mais sans enthousiasme. |
l'enfant s'ennuie facilement mais peut être stimulé. |
l'enfant se traîne, incapable de jouer, il regarde passivement. |
l'enfant est apathique et indifférent à tout. | ||||
| 7.Contrôle exercé par l'enfant quand on le mobilise (mobilisation passive) | l'enfant se laisse mobiliser sans y accorder d'attention particulière. |
l'enfant a un regard attentif quand on le mobilise. | en plus de la cotation 1, l'enfant montre qu'il faut faire attention en le remuant. |
en plus de la cotation 2, l'enfant retient de la main ou guide les gestes du soignant. |
l'enfant s'oppose à toute initiative du soignant ou obtient qu'aucun geste ne soit fait sans son accord. |
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| 8. Localisation de zones douloureuses par l'enfant | Pas de localisation : à aucun moment, l'enfant ne désigne une partie de son corps comme gênante. |
l'enfant signale, uniquement verbalement, une sensation pénible dans une région vague sans autre précision. | en plus de la cotation 1, l'enfant montre avec un geste vague cette région. | l'enfant désigne avec la main une région douloureuse précise. |
en plus de la cotation 3, l'enfant décrit, d'une manière assurée et précise, le siège de sa douleur. | ||||
| 9. Réactions à l'examen des zones douloureuses | aucune réaction déclenchée par l'examen. |
l'enfant manifeste, juste au moment où on l'examine, une certaine réticence. |
lors de l'examen, on note au moins un de ces signes : raideur de la zone examinée, crispation du visage, pleurs brusques, blocage respiratoire. |
en plus de la cotation 2, l'enfant change de couleur, transpire, geint ou cherche à arrêter l'examen. |
l'examen, de la région douloureuse est quasiment impossible, en raison des réactions de l'enfant. |
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| 10. Lenteur et rareté des mouvements | les mouvements de l'enfant sont larges, vifs, rapides, variés, et lui apportent un certain plaisir. |
l'enfant est un peu lent, et bouge sans entrain. |
un des signes suivants : - latence du geste, - mouvements restreints, - gestes lents; - initiatives motrices rares. | plusieurs des signes ci-dessus sont nets. |
l'enfant est comme figé, alors que rien ne l'empêche de bouger. |
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Annie Gauvain-Piquard, pédiatre française (1991)
Réf. Gauvain-Piquard A., Rodary C., Lemerle J. :Une échelle d’évaluation de la douleur du jeune enfant. Journées parisiennes de pédiatrie 1991:95‐100
[F2, O1]
Édit. 2019
échelle objective d'évaluation de la douleur chez l'enfant l.f.
objective pain scale
Échelle adaptée à l'évaluation de la douleur chez l'enfant de 1 à 5 ans.
L'échelle comprend 5 items cotés de 0 à 2, dont la somme donne le score (maximum 10).
- Augmentation de la pression artérielle systolique par rapport à la valeur préopératoire
<10%-->0
de 10 à 20 %-->1
de 20 à 30 %-->2
- Pleurs
pas de pleur-->0
présents, mais enfant consolable-->1
présents, mais enfant inconsolable-->2
- Mouvements (un enfant immobile et prostré peut avoir une douleur majeure)
enfant calme et endormi-->0
agitation modérée, ne tient pas en place-->1
agitation désordonnée et intense, peut se faire mal-->2
- Comportement
enfant endormi ou calme-->0
contracté, voix tremblante, accessible aux tentatives de réconfort-->1
non accessible aux tentatives de réconfort, apeuré, accroché aux bras de ses parents ou d'un soignan-->2
- Expression verbale ou corporelle localisée
endormi ou calme-->0
exprime une douleur modérée non localisée (inconfort global ou position jambes fléchies sur le thorax, bras croisés sur le corps)-->1
douleur localisée verbalement ou désignée par la main ou position jambes fléchies sur le tronc poings serrés, l'enfant porte sa main vers une
zone douloureuse ou cherche à la protéger-->2
Sigle OPS
[H1, O1]
Édit. 2019
indifférence congénitale à la douleur l.f.
→ insensibilité congénitale à la douleur
neuromédiateur de la douleur l.m.
pain neuromediator
Substance influençant le fonctionnement des voies nociceptives (transmission, intégration et contrôle ascendant et descendant des messages nociceptifs).
Les principaux neurotransmetteurs de la douleur sont : tachykinines (substance P) ; calcitonine gene related peptide (CGRP) ; somatostatine, bombésine, peptide vasoactif intestinal (VIP) ; dynorphine, fibroblast growth factor (FGF) ; cholécystokinine.
Les acides aminés excitateurs (glutamate) et inhibiteurs (GABA, glycine) interviennent également dans la nociception.
Les neuromédiateurs, neurotransmetteurs ou neuromodulateurs agissent habituellement sur des récepteurs spécifiques de la membrane cellulaire.
questionnaire de la douleur de Saint-Antoine (QDSA) l.m.
Traduction et adaptation en français du MacGill Pain questionnary (MPQ)
qui apporte les mêmes renseignements avec seulement 61 mots et permet essentiellement une évaluation qualitative de la douleur chronique, en particulier la douleur neuropathique.
Pour décrire la douleur, telle qu’elle est ressentie habituellement, le patient choisit dans chaque groupe de mots, celui qui est le plus exact et attribue une note de 0 à 4 selon l’intensité ressentie.
Critères sensoriels :
- A battements, pulsations, élancements, en éclairs, décharges électriques, coups de marteau ;
- B rayonnante, irradiante ;
- C piqûre, coupure, pénétrante, transperçante, coups de poignard ;
- D pincement, serrement, compression, écrasement, en étau, broiement ;
- E tiraillement, étirement, distension, déchirure, torsion, arrachement ;
- F chaleur, brûlure ;
- G froid, glace ;
- H picotements, fourmillements, démangeaisons ;
- I engourdissement, lourdeur, sourde.
- J fatigante, énervante, éreintante ;
- K nauséeuse, suffocante, syncopale ;
- L inquiétante, oppressante, angoissante ;
- M harcelante, obsédante, cruelle, torturante, suppliciante ;
- N gênante, désagréable, pénible, insupportable ;
- P déprimante, suicidaire.
(BOURREAU F, LUU M, DOUBRERE JF, GAY C. Elaboration d'un questionnaire d'auto-évaluation de la douleur par liste de qualificatifs : comparaison avec le Mac Gill pain questionnaire de Melzack. Thérapie, 1984, 39 : 119-129.)
F. Bourreau, médecin français (1984)
syndrome de douleur extrême paroxystique l.m.
paroxysmal extreme pain disorder
Maladie rare, de prévalence inconnue, caractérisée par une sensation anormale ou inappropriée de la douleur.
La maladie apparaît dès la première année de vie avec des épisodes de douleurs rectales intenses après les selles. Elle est souvent accompagnée d'une crise convulsive anoxique réflexe. Puis à la fin de l'épisode, il y a des modifications de couleur, des phénomènes vasomoteurs de type Harlequin soit au niveau de la moitié inférieure du corps comprenant le bassin et les membres inférieurs soit un hémicorps (hémiface, membre supérieur et supérieur homolatéral). A l'âge adulte ces manifestations sont plus rares et déclenchées soit par une chute fortuite, un coup, des relations sexuelles, des rêves ; la défécation est rarement en cause. Les symptômes retrouvés plus tard sont plutôt des manifestations oculaires ou maxillaires douloureuses. Les patients peuvent présenter un ou plusieurs de ces signes.
Le syndrome de douleur extrême paroxystique, dû à des mutations du gène SCN9A est de transmission autosomique dominante.
Réf. Orphanet, Caroline Fertleman (2007)
[Q2,H1,L1]
Édit. 2017
douleur neuropathique (critères diagnostiques) l.f.
Questionnaire représentant 10 items répartis en 4 questions.
OUI = 1 point NON = 0 point Score du patient : /10
La somme obtenue donne le score du patient, noté sur 10. Si le score du patient est égal ou supérieur à 4/10, le test est positif (sensibilité 82,9 %, spécificité 89,9 %).
Question 1 (interrogatoire) : la douleur présente-elle une ou plusieurs des caractéristiques suivantes ? oui, non
1 - brûlure,
2 - sensation de froid douloureux,
3 - décharges électriques.
Question 2 (interrogatoire) : la douleur est-elle associée dans la même région à un ou plusieurs des symptômes suivants ? oui, non
4 - fourmillements,
5 - picotements,
6 - engourdissement,
7 - démangeaisons.
Question 3 (examen) : la douleur est-elle localisée dans le territoire ou l’examen met en évidence : oui, non
8 - hypoesthésie au tact,
9 - Hypoesthésie à la piqûre.
Question 4 (examen) : la douleur est-elle provoquée ou augmentée par :oui, non
10 -le frottement.
Étym. lat. dolor : douleur
Syn. questionnaire DN4
[H1]
Édit. 2018