Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine – version 2024

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immunoglobulines intraveineuses l.f.

intravenous immunoglobulins

Traitements thérapeutiques de plus en plus employés, utilisant actuellement surtout les immunoglobulines par voie veineuse (IgIV), en raison du nombre croissant d’affections neurologiques admises comme d’origine dysimmunitaire.
Leurs indications actuelles concernent préférentiellement : parmi les affections musculaires inflammatoires, les dermatomyosites ; parmi les maladies de la jonction neuromusculaire, la myasthénie en poussée et le syndrome de Lambert-Eaton ; parmi les atteintes périphériques, le syndrome de Guillain-Barré, les polyradiculonévrites chroniques idiopathiques, les neuropathies multifocales avec blocs de conduction et les neuropathies périphériques associées à une gammapathie monoclonale IgM ; parmi les manifestations nerveuses centrales, la sclérose en plaques. Avec les IgIV, les effets secondaires sont assez fréquents mais le plus souvent bénins et transitoires, bien qu'aient été également observées des complications majeures telles qu'une insuffisance rénale aigüe, des manifestations thromboemboliques et rarement une transmission d'affections virales. Par ailleurs les coûts sont très élevés et les résultats seulement temporaires.

E. H. Lambert, neurophysiologiste et L. M. Eaton, neurologue américains (1956) ; J. Guillain et J. Barré, neurologues français et membres de l'Académie de médecine (1916)

Étym. lat. immunis : exempt de

échanges plasmatiques

immunoglobulines spécifiques l.f.p.

Immunoglobulines injectées, à titre préventif de la survenue d’une maladie infectieuse, dans quelques indications (tétanos, hépatite B, rage), conjointement à la vaccination.
L’immunoglobuline anti-D est également spécifiquement destinée à combattre l’immunisation fœtomaternelle.

Étym. lat. immunis : exempt de

immunoglobulines (Ig) n.f.p. (Ig)

immunoglobulins

Les immunoglobulines sont des glycoprotéines douées d’activité anticorps, présentes dans les liquides biologiques, qui peuvent se fixer spécifiquement (de façon non covalente) par leurs paratopes sur les épitopes de l’antigène correspondant.
Des sites particuliers peuvent figurer sur certaines classes d’entre elles : fixation du complément, fixation sur certaines cellules (ayant des récepteurs pour leur fragment cristallisable (Fc), site de transfert placentaire.
Leur structure en quatre chaînes est révélée par des expériences de clivage. Les agents réducteurs, comme le mercapto-éthanol, permettent la libération de deux sortes de chaînes par rupture des ponts disulfures qui les relient :
- les chaînes légères (L) formées de deux domaines de 110 acides aminés. Le premier, N-terminal, a une composition variable en acides aminés avec de courtes zones hypervariables dont la diversité résulte de recombinaisons génomiques et de mutations somatiques entraînant un répertoire pratiquement illimité (elles sont le support de l’idiotypie). Le deuxième domaine est dit constant car seule une petite variation permet d’identifier soit une chaîne κ, soit une chaîne λ, caractéristique du type de l’Ig ;
- les chaînes lourdes (H) formées de quatre à cinq domaines de 110 acides aminés. Entre le deuxième et le troisième domaines existe une courte région charnière (traduction du mot angl. hinge) permettant à ce niveau une grande flexibilité de la molécule. Le premier domaine, N-terminal, est de composition variable avec des zones hypervariables situées en face des parties homologues des chaînes légères ; avec elles se constitue le paratope.
De petites variations des parties constantes permettent d’identifier les chaînes : γ, δ, α, μ, ε, caractérisant respectivement les classes d’Ig : Ig G, Ig D, Ig A, Ig M, Ig E. De même sont identifiables les sous-classes : Ig G1 (γ1), Ig G2 (γ2),Ig G3 (γ3), Ig G4 (γ4), Ig A1 (α1), Ig A2 (α2).

Les deux chaînes légères sont identiques entre elles dans une même molécule et il en est de même des chaînes lourdes.
Les Ig G, les Ig A sériques, les Ig D, les Ig E, sont ainsi composées de quatre chaînes. Les Ig A sécrétoires sont composées de deux sous-unités de quatre chaînes et les Ig M de cinq sous-unités.
Les enzymes protéolytiques clivent les immunoglobulines suivant le cas :
- soit en deux fragments (N-terminaux) , appelés Fab, constitués chacun de la totalité de la chaîne légère et de la partie N-terminale (deux premiers domaines) de la chaîne lourde restant reliés par des ponts disulfure. Ils comportent donc chacun un site anticorps. Le troisième fragment, appelé Fc, est constitué par les deux domaines C-terminaux des deux chaînes lourdes ;
- soit en un fragment F (ab’)2 formé de l’équivalent de deux fragments Fab reliés par des ponts disulfure et un fragment Fc comme précédemment.

En plus des chaînes légères et lourdes, les Ig A sécrétoires comportent une chaîne J qui assure la liaison des deux sous-unités d’Ig A qui les composent et d’une pièce sécrétoire qui le protège de l’action des sucs digestifs. Les Ig M sont constituées de cinq sous-unités et d’une chaîne J.
Les récepteurs des lymphocytes B (BCR) sont constitués d’une molécule d’Ig (dont la structure est la même que celle des anticorps qui seront synthétisés par les cellules) complétées par une région transmembranaire et une courte région intra-cytoplamique. Ceci permet de transmettre à la cellule un signal d’activation lors de la liaison avec l’antigène.
Il existe trois niveaux d’hétérogénéité des Ig :
- isotypique, mis en évidence par des anticorps d’origine animale qui reconnaissent des épitopes présents chez tous les individus d’une même espèce, permettant l’identification des diverses chaînes légères et lourdes ;
- allotypique, mis en évidence par des anticorps provenant d’un individu de la même espèce permettant l’identification d’allotypes présents sur certaines chaînes de certains individus. Chez l’Homme il s’agit des antigènes des systèmes : Gm, Km, Am ;
- idiotypique, mis en évidence par des anticorps réagissant spécifiquement avec des épitopes présents sur les parties hypervariables en fonction de la spécificité anticorps de l’Ig. Ainsi se constitue un réseau idiotype-anti-idiotype participant à la régulation de la réponse immunitaire.

G. M. Edelman, biologiste américain, prix Nobel de médecine en 1972 (1969)

Étym. lat. immunis : exempt de

Syn. anticorps, gamma-globuline

gamma-globuline, anticorps, antigène, immunoglobuline G, immunoglobuline D, immunoglobuline A, immunoglobuline M, immunoglobuline E, glycoprotéine, paratope, épitope, système du complément, chaine légère, idiotype, chaîne lourde, allotypie, isotype, idiotype

[C1, F3]

Édit. 2020

chaîne alpha l.f.

Chaîne lourde des immunoglobulines A (IgA)

maladie des chaînes alpha

[C1,F3]

chaîne epsilon l.f.

Chaîne lourde des immunoglobulines E (IgE)

maladie des chaînes ε

[C1,F3]

chaîne mu l.f.

Chaîne lourde des immunoglobulines M (IgM)

maladie des chaînes µ

[C1,F3]

déficit en immunoglobulines (syndrome de) l.m.

hypogammaglobulinemia

Déficit immunitaire soit primitif, génétiquement déterminé, ou secondaire à d'autres maladies (lymphomes malins, maladies autoimmunes, sida, traitement immunosuppresseur,…), caractérisé par un taux faible en immunoglobulines sériques et l'absence de production normale d'anticorps en réponse à une stimulation antigénique.
Le déficit peut toucher une, deux ou les trois classes majeures d'immunoglobulines sériques. Dans le déficit immunitaire combiné sévère, les immunités cellulaires et humorales sont déficitaires.

O. C. Bruton, pédiatre américain (1952)

hypogammaglobulinémie infantile liée au sexe (maladie de Bruton)

superfamille des immunoglobulines l.f.

immunoglobulin superfamily

Ensemble des protéines formées par un ou plusieurs domaines répétitifs de structure analogue aux domaines des chaînes d'immunoglobulines.
Les principaux membres de la superfamille des immunoglobulines, qui comprend environ une centaine de protéines, sont les récepteurs d’antigène des lymphocytes (TCR et BCR), les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité, les corécepteurs d’antigène CD4 et CD8, les récepteurs de Fc des immunoglobulines et certaines molécules adhésives intercellulaires.

récepteur d'immunoglobulines polymériques l.m.

polymeric immunoglobulin receptor

Le récepteur des immunoglobulines polymériques (PIGR) est une glycoprotéine transmembranaire exprimée dans la membrane baso-latérale des cellules épithéliales, fixant spécifiquement les immunoglobulines polymériques (Ig  A secrétoires et Ig M).
La fonction principale de PIGR est de transporter les dimères d'Ig A secrétoires et les poymères d'Ig M au travers de la barrière épithéliale pour permettre leur passage dans les diverses secrétions de l'organisme (mucus intestinal, mucus bronchique, salive, etc...).

Holly Turula, Christiane E. Wobus, immunologistes américaines (2018)

Sigle PIGR

Réf. Holly Turula and Christiane E. Wobus. The Role of the Polymeric Immunoglobulin Receptor and Secretory Immunoglobulins during Mucosal Infection and Immunity. Viruses 2018, 10(5), 237; https://doi.org/10.3390/v10050237.

immunoglobuline A, immunoglobuline M

[C1, C3]

Édit. 2019