Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine – version 2024

61 résultats 

dépression et démence l.f.

depression and dementia

Des symptômes thymiques, dépressifs ou expansifs, peuvent annoncer ou marquer l'évolution de tableaux démentiels, notamment vasculaires et psycho-organiques frontaux.
Tout premier épisode dépressif après 50 ans doit faire rechercher l'existence d'un processus organique sous-jacent.3 La dépression peut aussi réaliser des tableaux cliniques pseudodémentiels réversibles sous l'effet du traitement antidépresseur.
La classification de T. Feinberg et B. Goodman (1984) distinguait quatre types d'intrication dépression-démence.

T. E. Feinberg et B. Goodman, neuropsychiatres américains (1984)

Étym. lat. de : en dehors de ; mens : esprit

pseudodémence

accident vasculaire cérébral et dépression consécutive l.m.

depression after cerebral stroke

Trouble rencontré chez au moins un quart des patients atteints d'un accident vasculaire cérébral (AVC),  souvent méconnu, sinon sous-estimé.
Il s'agit surtout de tristesse, voire de désespoir et d'anxiété, avec insomnie et anorexie. Mais ces signes peuvent être masqués par des plaintes somatiques, des difficultés cognitives, une labilité émotionnelle, ainsi que des obstacles à la communication liés à un déficit neurologique, en particulier aphasique.
S'il peut exister une symptomatologie pseudo-démentielle cédant à l'épreuve thérapeutique, des symptômes thymiques peuvent, a contrario, annoncer ou masquer l'évolution d'une démence vasculaire.
Le patient souffre notamment du bouleversement de l'image de soi, de ses handicaps et de sa dépendance, des retentissements sur les siens et il craint une récidive plus grave. En fait, l'étiologie est multifactorielle, à la fois organique, psycho-affective et sociale.
Un risque accru de nouveaux AVC et de décès serait associé à la dépression.
Information, conseils et relation de soutien sont probablement suffisants dans la majorité de ces patients. Mais dans les formes majeures, une chimiothérapie antidépressive est indiquée et doit être particulièrement surveillée. Malgré l'absence d'études randomisées à grande échelle, il apparaît que les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine (fluoxétine, fluvoxamine, paroxétine, etc.), dépourvus d'effets cardiotoniques, anticholinergiques et antihistaminiques, ont une action favorable et sont bien tolérés par ces malades.

Étym. lat. accidens : ce qui survient

accident vasculaire cérébral

[H1,H3,K4]

Édit. 2016

Alzheimer (maladie de) et dépression l.f.

depression and Alzheimer disease

dépression et maladie d'Alzheimer

[H1,H3]

Édit. 2017

dépression n.f.

depression, depressive disorder

Tableau clinique dont le modèle, l'accès mélancolique aigu, réversible spontanément ou sous traitement, associe dans sa forme la plus complète : tristesse, ralentissement psychomoteur majoré le matin, idées de suicide et de mort, anxiété, insomnie des petites heures de la nuit, perte de l'appétit et amaigrissement, idées délirantes de culpabilité.
Les aspects sémiologiques sont nombreux, parfois trompeurs, monosymptomatiques. A contrario, des sentiments dépressifs banals, bien qu'inconfortables, doivent en être différenciés. Il n'y a pas de données paracliniques valides, même si certaines anomalies biologiques contemporaines de l'accès ont été constatées.
Diverses variétés ont été individualisées selon les époques et les écoles : dépression psychotique, endogène, mélancolique, névrotique, réactionnelle, atypique, saisonnière, etc. Le ou les mécanismes du dérèglement thymique ne sont pas identifiés. Dans les classifications contemporaines (CIM, DSM), le terme d'état dépressif majeur désigne les formes caractérisées (d'intensité mineure, moyenne, sévère), c'est-à-dire celles dont la dimension pathologique ne peut être mise en doute.

dépression anaclitique l.f.

anaclitic depression

État d'apathie massive avec refus du contact ou indifférence à l'entourage chez un nourrisson de six à huit mois privé brutalement de sa mère (R. Spitz, 1946).
Progressive en plusieurs semaines, son apparition fait suite à une phase de pleurs et de comportements d'accrochage à l'adulte (protestation), puis de cris avec perte de poids et arrêt du développement (désespoir). Une réversibilité est possible si, au bout de moins de trois mois, a été retrouvée la mère ou une mère-nourrice stable et chaleureuse. Sinon, s'installe un marasme de plus en plus inquiétant. Cette évolution péjorative a été individualisée par Spitz sous le nom d'hospitalisme. A contrario, l'enfant dont la relation préalable avec la mère était mauvaise, se trouve protégé.
Chez le très jeune animal, la privation même brève de l'interaction avec la mère s'accompagne notamment de modifications biochimiques réversibles par des caresses renouvelées (S.M. Schanberg).
Cet état ne résume plus les dépressions du bébé, lesquelles, en particulier, comprennent aussi celles liées à une dépression maternelle postnatale, à des carences dites qualitatives de soins de la part de la mère et/ou à des troubles somatiques tels que la douleur physique. Comme l'était la douleur, l'idée d'une dépression chez un bébé demeure volontiers un scandale.

Étym. gr. anaklinô : se replier sur soi-même

dépression (aspects biologiques) l.m.p.

biological aspects of depression

Paramètres biologiques préexistants ou persistants au-delà de l'accès dépressif (marqueurs-traits), indices possibles de vulnérabilité, ainsi que ceux contemporains de l'accès (marqueurs-états), indices possibles de guérison biologique.
Parmi les paramètres statistiques contemporains de l'accès, ont été testés principalement :
- des modifications des catabolites des diverses monoamines cérébrales. La distinction entre dépressions déficitaires en catécholamines ou en sérotonine n'a pas fait progresser la compréhension physiopathologique ni les moyens thérapeutiques ;
- des modifications des taux de certains enzymes impliqués dans ce catabolisme, avec pour seul avantage possible un meilleur ajustement de la posologie d'antidépresseurs IMAO ;
- un excès de sécrétion du cortisol, qui pourrait surtout refléter un état de stress sans être spécifiquement lié à la dépression ;
- une augmentation de la proportion du sommeil paradoxal et un raccourcissement de son délai d'apparition, inférieur à 90 minutes.
Parmi les tests dynamiques neuroendocriniens, l'épreuve à la dexaméthasone, avec absence de freination de la sécrétion de cortisol après administration de cette substance chez les déprimés, avait suscité de grands espoirs.
Dans l'ensemble, deux ordres de faits sont apparus : d'une part la multitude des paramètres biologiques perturbés chez les déprimés, qui pourrait aussi concerner le système immunitaire et les débits sanguins intracérébraux régionaux ; d'autre part l'impossibilité actuelle de cerner la signification de la plupart de ces anomalies et leur usage éventuel dans le diagnostic, la prévention ou la thérapeutique.

dépression atypique l.f.

atypical depression

1) Selon la terminologie française classique, épisode dépressif survenant en début ou dans le cours d'une évolution schizophrénique.
2) Pour certains auteurs anglo-saxons, affection mentale ainsi définie : dépression majeure, mineure ou intermittente ; nette réactivité de l'humeur aux facteurs environnants ; au moins deux symptômes parmi : hyperphagie, hypersomnie, asthénie très intense et hypersensibilité au rejet.
La composante anxieuse est souvent importante et la coexistence avec un trouble panique fréquente.
Les dépressions atypiques répondent favorablement aux antidépresseurs, tout particulièrement aux IMAO.

dépression de l'adolescent l.f.

depression in adolescence

Manifestations dominées, comme chez l'adulte, par une souffrance morale, une importante tendance à la culpabilisation et une dévalorisation tant au plan intellectuel que physique ou esthétique et un ralentissement psychomoteur.
Cependant, peuvent s'adjoindre, voire se substituer : morosité hargneuse, agitation, passages à l'acte antisocial et réactions paradoxales à l'envahissement dépressif ; préoccupations centrées sur l'image corporelle et troubles somatiques (sommeil, comportement alimentaire, etc.) ; attitudes de déni, voire de mutisme oppositionnel. Autant de masques possibles de la dépression. C'est aussi la durée des troubles qui distingue ces états des moments de "cafard", de "déprime", d'ennui. On relève rarement une explication acceptable (deuil, problèmes familiaux, déception sentimentale).
De telles dépressions peuvent être à l'origine de conduites suicidaires.
Traitements médicamenteux et psychothérapies sont le plus souvent associés. Une action thérapeutique familiale est généralement indispensable.

morosité chez l'adolescent

dépression de l'enfant l.f.

child's depression

État pathologique longtemps méconnu, voire nié, dont l'expression clinique est rarement celle de l'adulte et varie avec l'âge, le degré de maturation affective et le développement.
Chez le petit enfant (de trois à cinq ou six ans), dominent les conduites de lutte contre les affects dépressifs : désordres comportementaux principalement (depuis un calme excessif jusqu'à des crises de colère au moindre refus et aussi des oscillations de l'humeur) ; perturbations des acquisitions sociales (pas de jeux avec des pairs) ; fréquentes manifestations somatiques (sommeil troublé, alternance de refus alimentaire et de boulimie, énurésie secondaire, encoprésie) ; parfois sensibilité extrême aux séparations de la mère, avec refus scolaire.
Chez le grand enfant (jusqu'à 12 à 13 ans), sont observés surtout : une tristesse continue et intense avec autodépréciation ; des conduites de protestation contre les affects dépressifs (colère, agressivité, vols répétés, mensonges ou comportements mythomaniaques, fugues) ; un échec scolaire quasi constant.
Sur le plan suicidaire, toute idée de cet ordre exprimée doit être prise en considération, de même qu'une forte autodépréciation.

dépression (données épidémiologiques) l.f.

depression epidemiological data)

Selon l'Epidemiological catchment area study, étude majeure des années 80 aux États-Unis, taux de prévalence sur la vie entière dans une population : trouble bipolaire, 1,2%, trouble dysthymique, 3,1%, dépression majeure, 4,4%, prévalence globale pour la vie entière, 10%. Cette dernière est de 5 à 10% selon d'autres études standardisées, dont la rigueur méthodologique est variable.
Le rapport d'ensemble femmes-hommes de cette prévalence est de 2 (1,5 chez les bipolaires). Le pic de prévalence se situe de 25 à 44 ans (féminin avant 35, masculin après 55 ans ; antérieur à 30 ans chez les bipolaires ; à partir de 35 ans chez les dépressifs unipolaires récidivants).
L'incidence annuelle de la dépression est de 7,6 p. 1000 chez la femme, de 4,3 p. 1000 chez l'homme (troubles bipolaires : 7,4-32,5 p. 1000 chez la femme, 9,2-15,2 p. 1000 chez l'homme).
S'agissant de l'évolution : taux d'efficacité des antidépresseurs, 60-70% ; taux de chronicité, 15-20% ; survenue d'un accès maniaque, 10-15%, tentatives de suicide, 10-20%.
En cas d'autre trouble, la prévalence dépressive sur la vie entière est la suivante : alcoolisme, 40-60%, trouble panique, 40-50%, anxiété généralisée, 26-87%, phobie sociale, 30%, trouble obsessionnel-compulsif, 14-78%, kleptomanie, 50%, jeu pathologique, 70%.
Il convient de ne pas confondre maladie et symptômes dépressifs. Répertoriée par des échelles d'auto-évaluation, la prévalence ponctuelle de ces derniers en population générale est de 10 à 20%.
L'épidémiologie confirme l'universalité des maladies dépressives. Certaines données restent inexpliquées : gradient nord-sud, augmentation numérique dans les générations nées après 1940. Ces constats renvoient à la complexité étiopathogénique du trouble dépressif.

dépression double l.f.

double depression

Survenue d'un état dépressif majeur chez un patient préalablement atteint de dysthymie, c'est-à-dire d'un état chronique subdépressif.
M. B. Keller, psychiatre américain (1982 et 1983).

dépression du bébé l.f.

baby's depression

anaclitique (dépression)

dépression endogène l.f.

endogenous (autogenic, autonomous, endogenic) depression

Dépression d'origine interne, en opposition à psychogène, avec son caractère spontané, inexplicable, immotivé, autonome.
De nombreux critères ont été proposés pour la définir : humeur dépressive vitale, perte de l'intérêt et du plaisir, absence de réactivité émotionnelle, ralentissement psychomoteur ou agitation, anorexie et amaigrissement, perte de libido, signes de dysrégulation des rythmes biologiques (réveil prématuré ou hypersomnie, prédominance matinale des troubles). Certaines formes sont dites délirantes, à thèmes mélancoliques (ruine, culpabilité, syndrome de Cotard), persécutifs, hypocondriaques.
Ce tableau clinique correspond à ceux de dépression avec symptômes psychotiques (CIM.10) ou de type mélancolique (DSM IV) sans que soit utilisé le terme d'endogène, à connotation étiopathogénique.
La dichotomie endogène-psychogène est mise en question, car plus arbitraire et aléatoire qu'on ne l'a longtemps supposé.
La dépression endogène relève d'abord de thérapeutiques biologiques : médicaments antidépresseurs, voire sismothérapie.

J. Cotard, psychiatre français (1880)

Syn. mélancolie

endogène

dépression et maladie d'Alzheimer l.f.

depression and Alzheimer disease

Un état dépressif peut précéder la maladie d’Alzheimer ou survenir au cours de celle-ci, aggravant brutalement l’état cognitif, thymique et fonctionnel de la personne qui en souffre.
La difficulté du diagnostic de dépression au cours d’une maladie d’Alzheimer confirmée, répondant aux critères diagnostiques DSM IV, est certaine. Au moins trois des symptômes suivants doivent avoir été présents pendant une même période de deux semaines et avoir entraîné un changement notable par rapport au comportement antérieur : humeur dépressive ou diminution des affects positifs, isolement ou retrait social, diminution du sommeil, baisse de l’appétit, instabilité ou modification psychomotrice inexplicable, fatigue ou perte d’énergie, sentiments de dévalorisation, de désespoir, ou culpabilité excessive, pensées de mort ou idées suicidaires récurrentes avec plan précis ou tentative de suicide. L’ensemble de ces symptômes non liés à une médication ou à un événement externe dramatique, provoque chez le malade dément une souffrance cliniquement significative associée le plus souvent à une altération de son comportement dans la vie quotidienne.

A. Alzheimer, neuropsychiatre allemand (1906)

dépression (génétique) l.f.

genetics depression

Le caractère familial des troubles de l'humeur ayant été remarqué depuis longtemps (E. Kraepelin, 1922), le mode de transmission n'est pas connu. L'hypothèse d'une vulnérabilité génétique prédisposante est le plus souvent retenue, la plasticité des systèmes neuronaux rend probables les interactions gènes-environnement.
Deux conceptions s'opposent : analytique et classificatrice, admettant l'hétérogénéité des troubles ; unitaire, renvoyant à une même vulnérabilité génétique quel que soit l'aspect des troubles. Le facteur génétique peut être lié à l'action d'un seul locus ou au contraire à une multiplicité de gènes interagissant entre eux et avec l'environnement.
Le risque dans les familles bipolaires de développer ce trouble est élevé : 20% (population générale : 0,5-1%) ; 10% chez les parents au premier degré d'un sujet unipolaire). De l'ordre de 0,67 entre jumeaux monozygotes, la concordance est moindre chez les dizygotes. Certains résultats indiquent une concordance plus grande chez ces derniers, comparés au reste de la fratrie, suggérant une influence conjointe des facteurs génétiques et environnementaux. Les études d'adoption montrent une importance supérieure des facteurs génétiques dans le trouble bipolaire comparé au trouble unipolaire.
Pour le trouble bipolaire, les résultats les plus valides des recherches de marqueurs génétiques, réalisées par des études d'association ou de linkage, montrent l'existence d'un facteur de susceptibilité à la maladie sur le chromosome X. L'existence d'une liaison génétique avec des marqueurs situés sur le bras court du chromosome 11, à proximité d'un des gènes candidats, celui de la tyrosine hydroxylase, n'a pas été confirmée.

E. Kraepelin, psychiatre allemand (1856-1926)

dépression immunitaire l.f.

immunological depression

immunodépression, immunodéficience

dépression majeure unipolaire (épisode de) l.m.

major unipolar depressive episode

Catégorie de troubles dépressifs proposée par le DSM IV américain, qui désigne un ou plusieurs épisodes dépressifs suffisamment caractérisés pour que leur nature pathologique ne puisse être mise en doute. Cette notion exclut tout présupposé étiopathogénique.
L'épisode dépressif majeur peut se présenter : avec ou sans éléments psychotiques (hallucinations ou idées délirantes congruentes ou non congruentes à l'humeur) ; avec ou sans éléments de mélancolie (définis par un niveau d'intensité suffisant et un aspect particulier du vécu). Même dans les cas légers, il doit y avoir une détresse notable ou des retentissements d'ordre social, occupationnel ou autres.
Cet épisode peut être isolé ou suivre une évolution récurrente unipolaire, sans période hypomaniaque ni maniaque, séparée par un ou des intervalles normothymiques. On parle de guérison lorsque la rémission complète a duré, selon certains, au moins huit semaines. L'état dépressif majeur peut évoluer vers la chronicisation si sa durée est égale ou supérieure à deux ans.
Cette affection constitue l'indication commune à tous les médicaments antidépresseurs.

Syn. dépression nerveuse, maladie dépressive

dépression saisonnière

dépression masquée l.f.

masked depression

Forme clinique de maladie dépressive se manifestant par des plaintes et des symptômes somatiques ou des aspects psychocomportementaux autres que manifestement dépressifs.
Le diagnostic est possible à condition de savoir identifier les éléments dépressifs sous-jacents aux symptômes les plus évidents. Ceux-ci concernent tous les appareils : cardiovasculaire, respiratoire, génito-urinaire, etc. Les manifestations psychocomportementales les plus fréquentes sont des obsessions, des phobies, des impulsions, des conduites addictives. Chez l'enfant et l'adolescent, il peut s'agir de fugues, troubles des conduites sociales, des comportements alimentaires. Le traitement antidépresseur est le test qui permet de confirmer le diagnostic en cas de succès.
D'autres concepts sont proches : dépression latente, dépression sans dépression, dépression occulte. Au sens strict, équivalent dépressif désigne le cas de troubles en apparence non dépressifs, allergie isolée rebelle aux antalgiques, anxiété, phobie isolées, en fait symptomatiques d'une dépression alors qu'un vécu dépressif sous-jacent ne peut être mis en évidence.

dépression mélancolique l.f.

melancholia

1) Au sens classique de la psychiatrie européenne, accès dépressif de la psychose maniacodépressive.
Celui-ci est caractérisé par une intensité, une acuité particulières et la présence de signes patents dits d'endogénécité : majoration matinale des symptômes, idées délirantes mélancoliques (à thèmes de culpabilité, ruine, dévalorisation), ralentissement psychomoteur manifeste, tristesse profonde, potentiel suicidaire élevé.
Certaines variétés cliniques étaient reconnues : mélancolie simple, anxieuse, agitée, délirante à thèmes de persécution, souriante d'autant plus trompeuse que le risque suicidaire est élevé.
Les termes de dépression endogène, psychotique, sont pratiquement identiques.
2) Au sens de la CIM IO, internationale, et/ou du DSM IV, américain, ensemble sémiologique défini par :
- l'un ou l'autre des symptômes suivants durant la période la plus sévère de l'épisode actuel : perte d'intérêt ou de plaisir pour toutes ou presque toutes les activités ; manque de réactivité aux stimulations habituellement agréables (le sujet ne se sent pas mieux, même temporairement) ;
- quatre (CIM) ou trois et davantage (DSM) de ces critères : tonalité particulière de l'humeur dépressive, ressentie différemment par rapport aux sentiments éprouvés après la perte d'un être cher ; dépression régulièrement plus marquée le matin ; réveil matinal précoce (au moins deux heures avant l'heure habituelle du réveil) ; ralentissement psychomoteur marqué ou agitation ; anorexie ou perte de poids significative ; culpabilité excessive ou inappropriée ; diminution marquée de la libido.

Syn. mélancolie

dépression névrotique l.f.

depressive neurosis, psychoneurotic depression

Ensemble regroupant des symptômes dépressifs d'intensité mineure ou modérée, sensibles à des facteurs environnementaux ou psychoaffectifs, et qui s'oppose aux dépressions endogènes (faible poids des facteurs environnementaux) ou psychotiques (intensité majeure et/ou présence d'éléments psychotiques).
Ces dépressions sont souvent qualifiées de névrotico-réactionnelles pour indiquer la participation des facteurs de personnalité et des évènements de vie négatifs. Pourtant, toutes les tentatives faites pour distinguer les dépressions névrotiques et psychotiques au niveau psychodynamique, phénoménologique et thérapeutique, se sont révélées infructueuses.
Les caractéristiques détaillées par H.S. Akiskal comme propres aux dépressions névrotiques sont : préservation du sens de la réalité, intensité modérée, présence d'autres symptômes névrotiques (obsessions, phobies), origine psychogène, structure de personnalité fragile, prédisposant à la dépression.
Ce type de dépression est sensible aux antidépresseurs. Pour beaucoup de cliniciens, la notion de dépression névrotico-réactionnelle conduit à associer soutien psychothérapique, chimiothérapie et réaménagement des conditions de vie

H. S. Akiskal, psychiatre américain (1973)

Syn. névrose dépressive

dysthmie

dépression réactionnelle l.f.

reactive depression

État dépressif directement lié à un évènement objectivement traumatisant, vécu comme tel par le patient, et qui survient rapidement après celui-ci : deuil, abandon, échec sentimental ou professionnel, conflit interpersonnel, etc. En règle, il doit s'estomper avec la disparition de l'évènement déclenchant (sauf à retenir des "rechutes anniversaires" éventuelles).
La notion d'un possible terrain psychique prédisposé doit évidemment être évoquée (dépression névrotico-réactionnelle).
La dépression dite d'épuisement est aussi une situation pathologique secondaire à un stress répété et souvent à une réduction du temps de sommeil : l'expression de "syndrome du pavillon de banlieue" a été proposée pour illustrer ces pathologies dépressives.
Dans le DSM IV, la dépression réactionnelle correspond à la catégorie : troubles de l'adaptation avec humeur dépressive.

réaction, réaction névrotique

dépression saisonnière l.f.

seasonal mood disorder

État dépressif qui survient en période hivernale (dépression hivernale) et qui constitue un argument pour la recherche de modifications chronobiologiques susceptibles de sous-tendre le dérèglement de l'humeur.
Il s'agit de femmes surtout jeunes. L'intensité est souvent modérée. Au fil de l'évolution, le caractère saisonnier du trouble s'estompe.
La photophérapie a fait la preuve de son efficacité thérapeutique ; elle est un complément de la chimiothérapie antidépressive.
L'action préventive des thymorégulateurs n'est pas établie.

dépression majeure unipolaire (épisode de)

dépression sous-mammaire l.f.

submammary depression

Déformation en creux de la région antérolatérale du thorax sous la région mammaire observée chez les nourrissons et les jeunes enfants hypotoniques.
Bilatérale, souvent asymétrique, elle accompagne une hypotonie de l’abdomen. L’amélioration spontanée est habituelle.

dépression immunitaire l.f.

immunodépression, immunodéficience

matelas à dépression l.m.

vacuum mattress

Dispositif destiné au transport des blessés constitué par une poche étanche, en forme de matelas, remplie de billes de polystyrène.
Le dispositif se rigidifie lorsqu'on fait le vide à l'intérieur de la poche.
Cette rigidification  entraîne une rétraction dont il faut tenir compte en installant le patient (dégager le sommet de la tête). Très utilisé en Europe pour le ramassage et le transport des blessés par les secouristes et les équipes médicales d'urgence, ce «matelas» assure rapidement la contention des patients et l'isolement du froid. Etant perméable aux rayons X, il rend possible un premier bilan radiologique sans mobilisation du patient.

Syn. matelas coquille

hypothermie

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