Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine – version 2024

2890 résultats 

Lacomme (syndrome de) l.m.

Lacomme's syndrome

Syndrome douloureux ostéomusculo-articulaire abdominopelvien apparaissant chez la femme enceinte, surtout en fin de grossesse.

M. Lacomme, gynécologue obstétricien français, membre de l’Académie de médecine (1948)

lacunaires (syndromes neurologiques) l.m.p.

lacunar neurological syndromes

Syndromes qui correspondent à des infarctus profonds sous-corticaux, lacunes ou micro-infarctus.
Les principaux syndromes lacunaires sont :
- l'hémiplégie motrice pure, secondaire à une lésion siégeant sur la voie corticospinale (essentiellement bras postérieur de la capsule interne ou de la protubérance) ;
- l'hémiparésie ataxique, associant du même côté un déficit moteur et un syndrome cérébelleux dû à une lésion de la capsule interne, de la couronne rayonnante ou du tronc cérébral ;
- la dysarthrie-main malhabile, en rapport avec une lésion de la protubérance ;
- un déficit hémi-sensitif corporel, traduisant une lésion du noyau postéroventral du thalamus ou du tronc cérébral.

laminopathie n.f.

laminopathy

Ensemble de troubles et de maladies liées à des altérations et des dysfonctions des protéines lamines A et C qui interviennent dans la structure de la membrane nucléaire et la fonction du noyau cellulaire.
Près de deux cents mutations sont connues du gène LMNA situé sur le chromosome 1q22. Les différentes mutations, quand elles sont responsables de maladies semblent, dans la plupart des cas, affecter préférentiellement un seul système : musculaire, cardiaque, nerveux, osseux, cutané adipeux. Des signes discrets ou patents témoignent d’une atteinte plus généralisée.
Un autre mécanisme fait intervenir le gène ZMPSTE24 (locus en 1p34.2) codant pour une métalloprotéase à zinc responsable du passage de la prélamine en lamine avec élimination du résidu farnésyl qui fixe la prélamine dans la membrane nucléaire. L’inactivation de la métalloprotéase ne permet pas à la lamine de se former et l’accumulation de la prélamine A ou de sa partie tronquée, la progérine, est responsable de vieillissement précoce, de lipodystrophie et de troubles métaboliques comme l’insulinorésistance.,
Parmi les maladies liées à ces mutations, on peut citer : la progéria de Hutchinson-Gilford, la forme dominante de la dystrophie musculaire progressive de Emery-Dreifuss, la myopathie des ceintures de type 1B, la cardiomyopathie dilatée avec troubles de la conduction cardiaque, une forme de la maladie de Charcot-Marie-Tooth (de type 2), plusieurs types de lipodystrophies dont la dysplasie acromandibulaire et le syndrome de Dunnigan.

Claire Navarrot, P. Cau, N. Lévy, médecins généticiens français (2006 et 2014) ; J. Varela et C. López-Otín, biochimistes moléculaires espagnols (2008) ;

Étym. lat. membrana : lame, membrane ; gr. pathein : soufffrir

lamine, farnésylation, progeria de Hutchinson-Gilford, cardiomyopathie dilatée familiale, dystrophies musculaires d'Emery-Dreifuss, Charcot-Marie-Tooth (maladie de), Dunnigan (syndrome de), Köbberling  (syndrome de),  dysplasie acromandibulaire

Landry (syndrome de) l.m.

Landry's palsy

Syndrome létal rare, caractérisé par une paraplégie flasque des membres inférieurs s'étendant rapidement au tronc et aux membres supérieurs, puis au cou, aboutissant à la mort en quelques jours par atteinte respiratoire et cardiaque.
Il est rencontré dans toutes les affections du neurone périphérique : poliomyélite antérieure aigüe, polynévrites, polyradiculonévrite de Guillain-Barré, etc.

O. Landry, médecin neurologue français (1859)

langage intérieur l.m.

internal language

Expression verbale interne de la pensée, avec représentation mentale de sa propre voix.
Selon J. Dejerine, initiateur du concept, on observe la prééminence de l'image auditive dans le mécanisme du langage intérieur à l'état normal, mais aussi en aphasiologie et en pathologie mentale, notamment hallucinatoire (syndrome d'automatisme mental et d'influence, p. ex.).
Reste en fait posée la question des rapports du langage, plus précisément de la langue, et de la pensée.

Syn. endophasie

LARGE1 gene acr. angl. pour LARGE xylosyl- and glucuronyltransferase 1

Gène localisé en 22q12.3 codant pour une protéine impliquée dans les processus de glycosylation en associant du xylose et de l’acide glycuronique à l’alpha-dystroglycane, qui agit sur le cytosquelette et sur la matrice extra-cellulaire.
Au niveau des muscles squelettiques elle stabilise et protège les fibres musculaires. Dans le cerveau elle aide la migration des neurones au cours du développement initial.
Les mutations de ce gène sont à l’origine du syndrome de Walker-Warburg et de la dystrophie musculaire congénitale de type 1D.

Syn. acétylglucosaminyltransferase-like 1A, acetylglucosaminyltransferase-like protein, glycosyltransferase-like protein LARGE1, KIAA0609, LARGE, like-acetylglucosaminyltransferase, like-glycosyltransferase, MDC1D, MDDGA6, MDDGB6

Walker-Warburg (syndrome de), dystrophie musculaire congénitale

latence (période, intervalle de) l.f.

latence, latency period, interval

Après un traumatisme psychique, durée écoulée entre l'évènement et l'apparition du syndrome de répétition dans la névrose traumatique. Habituellement de quelques semaines à quelques mois, elle peut être très brève ou se prolonger plusieurs années.
De même que les symptômes de répétition et névrotiques, il s'agit d'un élément caractéristique de cette affection.
Apparemment silencieuse, cette période est fréquemment émaillée de repli sur soi, difficultés d'adaptation, états dépressifs ou au contraire euphorie paradoxale, somatisation et troubles divers des conduites.
Cette réorganisation précaire peut se déstabiliser devant une situation parfois banale mais évocatrice, par quelque analogie, de la rencontre traumatique. Dès lors, s'installe la phase symptomatique proprement dite.

lathostérolose n.f.

Syndrome héréditaire autosomique récessif lié à une erreur innée du métabolisme du cholestérol due à un déficit en 3-bêta-hydroxysteroide-delta-5-désaturase (SC5D) et caractérisé par un retard mental et un dysfonctionnement hépatique associé à diverses malformations.
La prévalence est de 1/1 000 000.
Seuls deux cas ont été décrits :
- le premier, (une petite fille) avait un phénotype complexe avec des anomalies congénitales multiples dont une dysmorphie faciale, une microcéphalie sévère, une hexadactylie post axiale du pied gauche, une syndactylie entre le 2e et le 4e orteil et entre le 5e orteil et celui surnuméraire, un retard psychomoteur important, une hypotonie axiale et des problèmes hépatiques ;
- le second a été caractérisé rétrospectivement par analyse biochimique d'une culture de fibroblastes provenant d'un patient décédé ; ce patient avait une opacité cornéenne, une hypertrophie gingivale, une polydactylie post axiale bilatérale, une syndactylie sur le 2e entre 3e orteil, une hépatosplénomégalie et des anomalies génitales avec des signes neurologiques dont une myoclonie, une démyélinisation de la substance blanche et des calcifications cérébrales.
Le diagnostic de la lathostérolose consiste à démontrer un taux élevé de lathostérol dans le plasma et les cellules par chromatographie gazeuse-spectrométrie de masse. L'étude de la biosynthèse du cholestérol sur des fibroblastes en culture permet de montrer le déficit en activité enzymatique de la SC5D, c'est-à-dire le blocage métabolique dans la conversion du lathostérol en 7-déhydrocholestérol ; il permet également l'analyse des mutations du gène SC5D. Le diagnostic prénatal est possible.

Étym. gr. lathôn : dissimulé, inapparent

Syn. déficit en stérol C5-désaturase

Réf. G. Parenti, Orphanet février 2005

lathostérol

[A4,O6,Q2]

latrodectisme n.m.

latrodectism

Syndrome clinique consécutif à la morsure par des araignées du genre Latrodectus.
Les effets neurotropes du venin des latrodectes sont dus à une protéine de grande taille, à chaîne unique, l'alphalatrotoxine, qui détruit les vésicules synaptiques.
Les signes locaux sont peu inquiétants : la douleur est retardée de quelques minutes puis apparaît une tuméfaction chaude qui évolue vers une tache cyanotique et une phlyctène (qui donnera une escarre de 2 cm environ). Dans les heures qui suivent la morsure apparaissent des algies diffusant en salves, surtout des lombes et des membres inférieurs, avec des myalgies, des contractures abdominales (pseudoventre de bois) et des signes digestifs (nausées, vomissements), visuels (vision floue, accommodation perturbée) nerveux (paresthésies, myoclonies, état confus, perte de connaissance) et cutanés (purpura, érythème).
L'évolution spontanée est en règle favorable mais des cas mortels sont signalés.
Le genre Latrodectus comprend plusieurs espèces, surtout répandues dans les zones tropicales et tempérées chaudes, notamment le sud-est de la France et la Corse où existe L. mactans tredecimguttatus, connue sous le nom de "malmignatte" ou "veuve noire à 13 points". Les femelles seules sont dangereuses.

araignée (morsure d'), envenimation, Latrodectus

Launois-Bensaude (lipomatose de) l.f.

Madelung’s disease

Affection atteignant presque exclusivement l'adulte masculin entre 30 et 50 ans, survenant principalement chez les alcooliques chroniques et constituée de volumineuses tuméfactions lipomateuses plus ou moins symétriques siégeant dans les régions cervicothoraciques antérieure et postérieure, axillaire, inguinale et pectoroabdominale.
Ces tumeurs s'accompagnent de lipomes intrathoraciques et abdominaux entraînant des compressions vasculaires ou nerveuses et peuvent être associées à des états pathologiques divers : lésions vertébrales et neurologiques, acromégalie, syndrome d'Ehlers-Danlos. L'évolution est chronique et lente; certaines tumeurs pourraient régresser progressivement après l'arrêt de l'intoxication éthylique.
Le terme adénolipomatose traduit l'interprétation erronée d'une transformation adipeuse des ganglions.

P. Launois et R. Bensaude, médecins français (1898)

Étym. gr. lipos : graisse ; ôma : tumeur ; osis : affection diffuse

Syn. adénolipomatose, lipomatose diffuse symétrique à prédominance cervicale, maladie de Madelung

Legionella pneumophila

Legionella pneumophila
Bacille à Gram négatif, aérobie, appartenant à la famille des Legionellaceae ; on en distingue 14 sérotypes dont le plus fréquent est le sérotype 1.
Cette bactérie est le principal agent étiologique de la légionellose ou maladie des légionnaires et de la fièvre de Pontiac. La contamination résulte d’un contact avec l’eau, à partir de systèmes de climatisation, d’humidificateurs d’air ou d’eau potable et s’effectue, le plus souvent, par aérosolisation. La fièvre de Pontiac se traduit par un syndrome d’allure grippale et de moindre gravité que la légionellose. Le diagnostic microbiologique est basé sur la culture de prélèvements tels que l’hémoculture, le lavage bronchiolo-alvéolaire ou l’aspiration endobronchique ainsi que sur la détection d’antigènes solubles urinaires et la sérologie, surtout utile pour les études épidémiologiques.

légionellose

légionellose n.f.

legionellosis

Infection due à des bactéries du genre Legionella, le plus souvent Legionella pneumophila, petit bacille à Gram négatif, à développement intracellulaire.
Legionella pneumophila se transmet par aérosols issus de milieux hydriques (douches, climatisation, etc.). Après une courte incubation, la légionellose consiste en une pneumopathie extensive fébrile, pouvant provoquer un syndrome de détresse respiratoire. Il s’y associe volontiers des signes extrapulmonaires, neurologiques (confusion, troubles psychiques), digestifs (diarrhée). Le diagnostic repose sur l’isolement du germe (hémoculture, liquide alvéolaire ou pleural) et sur le sérodiagnostic en immunofluorescence directe. La recherche d’antigènes solubles urinaires permet un diagnostic rapide et précoce. Le traitement comporte un macrolide ou une fluoroquinolone, en association à la rifampicine dans les formes graves.
Une autre espèce, Legionella longbeachae, dont le réservoir est constitué par le sol et non plus par l'eau, est responsable d'environ 5 % des cas de légionellose ainsi que de cas de fièvre de Pontiac. La contamination est ici liée aux activités de jardinage.
La légionellose est apparue en juillet 1976 aux États-Unis chez des vétérans de l'"American Legion".

Syn. maladie des légionnaires

Legionella

lenticône antérieur l.m.

anterior lenticonus

Anomalie de courbure de la cristalloïde antérieure qui donne à la lueur pupillaire un aspect en "goutte d'huile", bilatérale, parfois associée à une cataracte polaire antérieure.
C'est un signe caractéristique du syndrome d'Alport.

lentigo n.m.

lentigo

Hyperpigmentation maculeuse, plane ou légèrement surélevée, de 1 à 3 mm de diamètre, isolée ou multiple, apparaissant dans l'enfance ou à l'âge adulte, très fréquente, pouvant siéger en n'importe quel endroit du tégument ou sur les muqueuses.
Souvent en relation avec l'exposition solaire, il siège principalement à la face, aux avant-bras et surtout au dos des mains (lentigo solaire), ou lentigo sénile, à partir de la cinquantaine. La lésion est due à une importante augmentation des mélanocytes s'accompagnant d'une hyperplasie et d'une hyperpigmentation de l'épiderme.
Les lésions multiples peuvent faire partie de syndromes complexes tels la lentiginose centrofaciale neurodysraphique de Touraine, la lentiginose périorificielle de Peutz-Jeghers-Touraine, le syndrome LEOPARD, le xeroderma pigmentosum.
La mélanose circonscrite précancéreuse de Dubreuilh serait une évolution de cette lésion principalement à la face : lentigo malin.

Étym. lat. lens, lentis : lentille

Syn. grain de beauté (terme populaire)

lentigo sénile, lentigo actinique, lentigo malin des vieillards, lentigine

LEOPARD (syndrome) acr. m.

LEOPARD syndrome

Syndrome associant des lentigines (L), apparaissant dans l'enfance et disséminées sur la totalité des téguments; des anomalies de l'ECG (E), principalement des troubles de la conduction, un hypertélorisme oculaire (O), une sténose de l'artère pulmonaire (P), des anomalies (A) génitales à type de cryptorchidie ou d'hypospadias; un retard (R) de croissance; une surdité neurosensorielle (D pour deafness).
Il faut ajouter à ces signes cardinaux, faisant les 7 lettres de l'acronyme, une cardiomyopathie, des taches café au lait, une hyposmie, des ossicules des os du carpe et du tarse et des opacités ponctuées du cristallin.
L’affection autosomique dominante (MIM 151100) est liée dans plus de 90 p. cent des cas à une mutation du gène PTPN11 (locus en 12q24.13) codant pour la Protéine Tyrosine Phosphatase Non-récepteur type 11, dans moins de 5% des cas à une mutation du gène BRAF (locus en7q34) et également dans 5% des cas à une mutation du gène RAF1 et 3p25.2.

R. J. Gorlin, stomatoologue et généticien américain (1969) ; E. J. Moynahan, dermatologiste britannique (1962) ; R. J. Walther, pédiatre américain (1966) ; première description par E. P. Zeisler et S. W. Becker, dermatologistes américains en 1936

Syn. syndrome des lentigines multiples, lentiginose profuse, lentiginose cardiomyopathique, syndrome de Moynahan

PTPN11 gene,

leptospirose n.f.

leptospirosis

Zoonose due à un spirochète du genre Leptospira.
Les leptospiroses humaines sont causées par le "complexe L. interrogans" qui regroupe au moins sept espèces pathogènes. Les leptospiroses s'observent dans le monde entier mais sont plus fréquentes dans les pays tropicaux. En France, elles surviennent surtout en été et au début de l'automne. Les germes sont hébergés par de nombreuses espèces animales sauvages et domestiques (rongeurs surtout, mais aussi Chien, Porc, bovins,...) chez lesquelles l'infection est asymptomatique et qui éliminent les leptospires par leurs urines, souillant ainsi l'environnement: sol, eaux, etc. L'Homme est un hôte accidentel; la transmission a lieu le plus souvent indirectement par l'intermédiaire de milieux hydriques (rivières, étangs) contaminés par l'urine des rongeurs, plus rarement par contact direct avec un animal infecté (urine de rongeur, morsure...). La porte d'entrée est généralement cutanée (plaies ou excoriations, même minimes) ou muqueuse (conjonctive notamment, même intacte).
L’expression clinique est polymorphe, traduisant une bactériémie avec diffusion de l’infection à de nombreux organes, en particulier les méninges ; en l’absence de traitement antibiotique, une rechute fébrile, de cause vraisemblablement immunologique, survient au 15e jour de la maladie. L'incubation varie de 2 à 21 jours. Après un début brutal, elle se traduit par un état fébrile avec des frissons, des douleurs musculaires et articulaires et parfois un syndrome méningé ; à partir du 3e–5e jour, apparaissent des atteintes viscérales telles qu’un ictère, une insuffisance rénale aigüe, des hémorragies superficielles ou viscérales, une méningite à liquide clair, plus rarement une encéphalite, une myocardite ou des manifestations pulmonaires. Le pronostic est presque toujours favorable sous antibiotiques. La sévérité de la maladie varie suivant le sérogroupe en cause: les formes les plus graves sont les leptospiroses à Icterohaemorrhagiae, mais aussi à Australis, Canicola ou Pyrogenes, alors que Sejroe, Grippotyphosa, Ballum et Pomona (cette dernière appelée autrefois "maladie des jeunes porchers") provoquent des infections subaigües, plus bénignes (formes purement fébriles ou méningées). Le diagnostic biologique de la leptospirose associe la mise en évidence du leptospire (sang, liquide céphalorachidien) par culture ou amplification génique (PCR) et, à partir du 10e jour, par sérologie. Le traitement des leptospiroses est antibiotique par pénicilline G ou aminopénicilline ou tétracycline pendant au moins 10 jours. Les leptospiroses sont reconnues comme des maladies professionnelles dans certaines circonstances. Un vaccin préventif, bien toléré et efficace, vis-à-vis de L. icterohaemorragiae, est disponible pour les professions exposées (égoutiers, éleveurs, vétérinaires).

Étym. gr. leptê: grêle ; speira : spirale

Syn. maladie de Weil

leucémie à grands lymphocytes granuleux (LGL) l.f.

T cell large granular lymphocytic leukemia

Syndrome lymphoprolifératif caractérisé par une expansion clonale de lymphocytes T CD3+ cytotoxiques ou de cellules natural killer (NK) CD3 infiltrant la moelle osseuse, la rate et le foie et fréquemment associée à des maladies auto-immunes.
On estime que les leucémies LGL représentent 2 à 5% des syndromes lymphoprolifératifs chroniques en Europe. Les hommes et les femmes sont affectés dans la même proportion. L’âge médian est de 60 ans avec seulement 25% de patients ayant moins de 50 ans. La splénomégalie est la manifestation clinique la plus fréquente, rencontrée chez près de la moitié des patients. La présence d’une hépatomégalie, d’adénopathies ou de symptômes B est beaucoup plus rare. Sur le plan hématologique, l’anomalie la plus habituelle est la neutropénie. L’anémie et la thrombopénie sont plus rares. Une hyperlymphocytose (supérieure à 4 x109/L) secondaire à la prolifération du clone LGL est observée chez plus de la moitié des patients. L’électrophorèse des protéines montre une hypergammaglobulinémie et un pic monoclonal est rapporté dans environ 15 % des cas. Le diagnostic de leucémie à LGL repose sur la mise en évidence d’une expansion clonale de grands lymphocytes granuleux circulants. Les analyses phénotypiques montent que les lymphocytes tumoraux correspondent à des lymphocytes T mémoire effecteurs terminaux caractérisés par l’expression du marqueur CD45RA et l’absence de la molécule d’adhésion CD62L.
Récemment des mutations somatiques du gène STAT3 ont été identifiées chez 30 à 40 % des patients porteurs d’une leucémie LGL.
Les complications sont dominées par l’anémie, les risques infectieux secondaires à la neutropénie chronique et l’association avec des pathologies auto-immunes, au premier rang desquelles la polyarthrite rhumatoïde. Cette dernière précède le plus souvent le diagnostic de leucémie LGL. Le traitement de première intention repose habituellement sur l’utilisation d’immunosuppresseurs.

T. Marchand, hématologue français (2015)

STAT3 gene

leucémie aigüe à mégacaryoblastes l.f.

megakaryoblastic leukemia

Variété de leucémie aigüe myéloblastique classée M7 dans la classification FAB représentant de 3 à 5% des leucémies aigües myéloblastiques.
La plupart des cas autrefois désignés sous le terme de myélofibrose maligne ou myélofibrose aigüe sont maintenant rangés dans cette variété. Les mégacaryoblastes leucémiques sont malaisés à reconnaître en microscopie optique à cause de leur aspect apparemment lymphoïde et de leur cytoplasme sans grains. L’aspiration médullaire est souvent difficile à cause de la myélofibrose. Les mégacaryoblastes peuvent être identifiés par la microscopie électronique ou par les marqueurs spécifiques de la lignée : glycoprotéines plaquettaires Ib, IIb, IIIa (CD41 et/ou CD61). Les anomalies cytogénétiques sont souvent complexes et plus fréquentes que dans d’autres leucémies aigües myéloblastiques ; elles portent sur -5/5q-, -7/7q+, 3q21 ou q26, les trisomies 19 et 21. La t(1;22)(p13;q13) est habituellement associée à la forme M7 de l’enfant ;celle-ci survient plus fréquemment chez l’enfant trisomique 21 (syndrome de Down).

leucémie aigüe myéloblastique (LAM) : classification OMS l.f.p.

acute myeloid leukaemia (classification) AML

La notable diversité de formes de leucémie aigüe myéloblastique a conduit à les classer en plusieurs sous-goupes identifiables par leur caractère cytologique propre basé sur des données morphologiques, histochimiques et phénotypiques.
L’étude cytogénétique des cellules leucémiques a permis d’identifier des anomalies spécifiques parmi ces sous-groupes de leucémies aigües.
La première classification a été établie en 1976 par un collège d’hématologues cytologistes Français, Américains et Britanniques (d’où le sigle FAB de cette classification) ; celle-ci répartit les leucémies aigües myéloblastiques en neuf variétés reprises ci-dessous avec leur fréquence relative :


L’apport de la cytogénétique et de la biologie moléculaire, l’importance que revêtent des données morphologiques complémentaires–en particulier les signes de dysmyélopoïèse–et l’identification de nouvelles entités anatomocliniques ont conduit les hématologues, sous l’égide de l’OMS, à élaborer une nouvelle classification en 2002 qui bénéficia de précisions complémentaires en 2008 ; elle établit comme suit les différentes classes :
1 – LAM avec anomalies génétiques récurrentes
A – Translocations équilibrées / inversions,
B – Mutations génétiques ;
2 – LAM liées à des anomalies myélodysplasiques ;
3 – LAM thérapie-induites ;
4 – autres LAM (LAM NOS) voir classification FAB ;
5 – sarcome myéloïde ;
6 – proliférations myéloïdes liées au Syndrome de Down ;
7 – leucémie à cellules dendritiques blastiques plasmocytoïdes.
Ces classifications, universellement appliquées, permettent une meilleure identification des leucémies aigües myéloblastiques, un choix plus adapté de la thérapeutique et une identité de langage.

J. M. Bennett, hématologue américain (1976, 1985, 1991) pour le FAB ; J. W. Vardiman, hématobiologiste américain (2002 et 2008) pour l’OMS ; D. A. Arber, anatomopathologiste américain (2016)

leucémie aigüe myéloblastique (définition et critères), leucémie aigüe myéloblastique: apport de la génétique et des données moléculaires, FAB

leucémie aigüe myéloblastique (LAM) : paysage génomique l.f.

acute myeloid leukemia : genomic landscape

Etude du génome de la leucémie aigüe myéloblastique (LAM) par de nouvelles techniques génomiques.
Ces techniques faisant appel au séquençage de l’ensemble du génome et de l’exome ont montré que de nombreuses leucémies sont caractérisées par une hétérogénéité clonale au moment du diagnostic avec la présence d’un clone fondateur et d’au moins un sous-clone. Ces données obtenues par des études de l’évolution clonale sont un support pour un modèle dans lequel les gènes impliqués dans la régulation épigénétiques (DNMT3A, ASXL1, IDH2, et TET2) sont présents dans les cellules souches hématopoïétiques préleucémiques et interviennent très tôt dans l’évolution de la LAM. De telles cellules souches ancestrales préleucémiques sont capables d’une différenciation en plusieurs lignées, peuvent survivre à la chimiothérapie, et se développer durant les rémissions conduisant à d’éventuelles rechutes. Cette hématopoïèse clonale avec des mutations somatiques, portant sur les mêmes gènes (DNMT3A, ASXL1 et TET2), s’accroît avec l’âge et est associée avec un risque accru de cancer hématologique et de décès.
Le modèle mutationnel peut être indicatif de l’ontogénie de la LAM : c’est-à-dire, soit que la leucémie apparaît au diagnostic comme une maladie primaire, soit comme une affection secondaire à une pathologie myéloïde préalable telle qu’un syndrome myélodysplasique. C’est ainsi que les mutations de gènes SRSF2, SF3B1, U2AF1, ZRSR2, ASXL1, EZH2, BCOR, STAG2 définissent un sous-type génétique distinct de LAM qui partage des caractéristiques cliniques et pathologiques avec des LAM secondaires cliniquement confirmées.
Les investigations génétiques menées auprès de fratries atteintes de leucémie myéloïde mettent en évidence chez ces patients atteints de pathologies héréditaires une association avec des mutations germinales dans 10 gènes : ANKRD26, CEBPA, DDX41, ETV6, GATA2, RUNX1, SRP72, TERC, TERT, TP53.

H. Döhner, médecin interniste allemand, D. J. Weisdorf, hématologiste américain, C. D. Bloomfield, oncologue américaine (2015)

leucémie aigüe myéloblastique (définition et critères), leucémie aigüe myéloblastique (classification), ANKRD26, ASXL1, BCOR, CEBPA, DDX41, DNMT3A, ETV6, EZH2, GATA2, RUNX1, SF3B1, SRSF2, SRP72, STAG2, TERC, TERT, TET2, TP53, U2AF1, ZRSR2, leucémie aigüe myéloblastique (apport de la génétique et des données moléculaires)

[F1,Q1]

leucémie aigüe promyélocytaire l.f.

acute promyelocytic leukemia

Variété de leucémie aigüe myéloblastique, reconnue par l'aspect morphologique des cellules malignes et la translocation cytogénétique caractéristique t(15 ; 17).
La cellule leucémique est caractérisée à l'examen cytologique par la présence de nombreuses granulations azurophiles et une grande quantité de corps d'Auer souvent disposés en "fagots".
Il existe une sousvariété de leucémie aigüe à promyélocyte dite "microgranulaire" avec des granulations trop fines pour être visibles en microscopie optique, mais bien identifiées en microscopie électronique ou par coloration cytochimique. La translocation t (15 ; 17) est fonctionnelle induisant l'expression d'une protéine de fusion PML/RAR alpha qui joue un rôle crucial dans la leucémogénèse promyélocytaire. La leucémie aigüe promyélocytaire est désignée LAM3 dans la classification FAB. Sa fréquence est de 6-7% des LAM. L'âge médian des malades est de 30-35 ans. Une thrombopénie et une coagulation intravasculaire disséminée sont les signes cliniques prédominants qui conditionnaient jadis le pronostic immédiat de la maladie par la gravité du syndrome hémorragique. Le traitement de la maladie a été transformé par la découverte de l'action spécifique d'un dérivé de la vitamine A : l'acide tout-trans-rétinoïque. Associé à la chimiothérapie, il en a significativement amélioré les résultats en termes de survie à long terme. Récemment, l'arsenic est utilisé dans les échecs du traitement par l'acide tout-trans-rétinoïque.

Christine Chomienne et L. Degos, membre de l'Académie de médecine, hématologistes français (1989),  H. de Thé, médecin généticien et L. Degos, hématologiste français, membre de l’Académie de médecine (1990)

leucémie aigüe myéloblastique (LAM) : définition et critères, translocation, cytogénétique, corps d'Auer,  corps « en fagot »d'Auer, classification FAB, thrombopénie, coagulation intravasculaire disséminée (syndrome de), acide tout-trans-rétinoïque, proté

[F1]

Édit. 2018

leucémie chronique à éosinophile associée à FIP1L1-PDGFRA gene l.f.

FIP1L1–PDGFRA-positive chronic eosinophilic leukemia
Syndrome myéloprolifératif chronique de l’adulte, fréquemment masculin, avec éosinophilie médullaire et sanguine.
L’affection survient chez l’homme jeune (Âge : 20 à 55 ans ; H/F : 17/1) ; la splénomégalie est habituelle. Une atteinte cardiaque est très fréquente.
L’éosinophilie sanguine est supérieure à 1.5 G/L, sans anomalies morphologiques spécifiques ; l’anémie et la thrombopénie sont rares. Le myélogramme est richement cellulaire, avec excès d'éosinophiles à tous les stades; pas d'excès de blastes avec une mastocytose marquée. Les éosinophiles présentent des marqueurs d'activation : CD25, CD23, CD69. La tryptase sérique est modérément augmentée et la vitamine B12 sérique très élevée. Le caryotype est habituellement normal, mais parfois un réarrangement chromosomique est retrouvé (t(1;4) ou t(4;10)), ou une autre anomalie (trisomie 8). Le gène de fusion FIP1L1-PDGFRA est recherché par RT-PCR ou par FISH.
Le traitement avec inhibiteur de tyrosine kinase est très efficace.

D. A. Arber, hématobiologiste américain (2016)

FIP1L1–PDGFRA gene, inhibiteur de tyrosine kinase

leucémie lymphoïde chronique l.f.

chronic lymphocytic leukemia

Maladie caractérisée par la prolifération de petits lymphocytes B morphologiquement normaux et particuliers par leur phénotype immunologique qui traduit une prolifération monoclonale de cellules le plus souvent coexprimant des antigènes de différenciation B (CD19, CD20, CD23), un antigène de type T (CD5), des immunoglobulines de membrane monoclonales caractéristiques par leur faible densité.
Les principaux symptômes sont l'augmentation du volume des ganglions, de la rate, la présence dans le sang d'un excès de lymphocytes en général supérieurs à 15 000/mm3, parfois dépassant 100 000/mm3. Les principales complications de la maladie sont les infections, l'anémie hémolytique auto-immune, la transformation en un lymphome de plus haut grade de malignité (syndrome de Richter), une insuffisance médullaire progressive. Dans plus d'un cas sur deux, la maladie évolue de manière paisible sans traitement. Dans les autres cas, l'importance du volume des ganglions, de la rate, l'apparition d'une anémie, parfois hémolytique auto-immune, ou d'une thrombopénie justifient une polychimiothérapie (fludarabine, adriamycine, et même parfois, dans les formes résistantes, des autogreffes de moelle) Ces thérapeutiques peuvent conduire à des rémissions.

Sigle LLC

leucémie lymphoïde chronique (thérapeutique ciblée de la)

leucémies (manifestations neurologiques des) l.f.p.

neurologic troubles of leukemias

Manifestations neurologiques procédant de mécanismes physiopathologiques divers, plus fréquentes au cours des leucémies aigües.
Les leucémies aigües lymphoblastiques, myéloblastiques, et les syndromes myéloprolifératifs en acutisation comportent dans plus d'un tiers des cas des localisations neuroméningées infiltratives surtout arachnoïdiennes et dure-mériennes, parfois parenchymateuses (10%). Ces infiltrats peuvent être pseudotumoraux, parmi lesquels le classique chlorome.
La symptomatologie est protéiforme : signes centraux déficitaires ou épileptiques, troubles neuro-endocriniens par infiltration de la base ; atteinte des nerfs crâniens, des racines rachidiennes ; compressions médullaires ; syndrome d'hypertension intracrânienne ; hémorragies cérébrales, cérébroméningées ou médullaires. Souvent asymptomatique, l'infiltration méningée doit être recherchée systématiquement par ponction lombaire éventuellement répétée et par IRM.
L'atteinte cérébroméningée reste un facteur de mauvais pronostic, qu'elle soit constatée lors du diagnostic initial ou après une rémission. La chimiothérapie locale et générale et la radiothérapie constituent le traitement.
D'autres complications neurologiques, non infiltratives, sont possibles : hémorragies, infection virale, bactérienne ou mycosique, sans oublier les complications dues aux thérapeutiques (antimitotiques, radiothérapie).
Dans les leucémies chroniques, les manifestations neurologiques sont plus rares : infiltrations infectieuses, leucoencéphalopathie multifocale progressive.

leucinose n.f.

leucinosis, maple syrup urine disease

Affection congénitale caractérisée par une accumulation de leucine dans l'organisme, en même temps que d'isoleucine et de valine.
La présence d'une quantité anormale de ces acides aminés dans le sang et dans les urines est due à un défaut du système enzymatique qui catalyse la décarboxylation oxydative des acides α-cétoniques provenant de la transamination de ces trois acides aminés. Cette accumulation entraîne l'apparition de dérivés réduits, des acides α-hydroxylés, qui confèrent à l'urine une odeur caractéristique de sirop d'érable.
La leucinose se présente sous différentes formes cliniques à gravité variable selon le type de mutation. Il existe une forme aigüe rapidement létale et des formes plus discrètes entre 1 an et 9 ans. Dans la forme aigüe, néonatale, les signes sont liés à l'alimentation, anomalies du cri et de la succion, ataxie, rigidité musculaire, convulsions, décérébration, et rapidement grande décompensation en quelques semaines. Dans les formes chroniques ou intermittentes, une crise survient après l'ingestion d'une alimentation trop riche en protéines; en dehors des crises, pas de signes neurologiques et le retard mental régresse lors du régime diététique. A l'examen ophtalmologique, il existe une atrophie optique, un syndrome de Beauvieux (papille grise), un ptosis marqué, des mouvements oculaires incoordonnés (manœuvre des yeux de poupée), une diminution du réflexe pupillaire, une ophtalmoplégie, et un nystagmus. Il s'agit d'une anomalie du métabolisme des acides aminés ramifiés, le diagnostic se fait par dosage des acides aminés et de la leucine supérieure à 40 mg/l.
Il existe différentes localisations géniques : type 1 (BCKDHA), locus en 19q13.1-13.2 ; type 2 (DBT) en 1p31 ; type 3 (BCKDHB) en 6q14.1. La fréquence est de l’ordre de 1/290 000 naissances mais elle peut être de 1/176 dans certaines populations mennonites de Pennsylvanie. L’affection est autosomique récessive (MIM 248600, 248610, 248611).

J. H. Menkes, P. L. Hurst et J. M. Craig, médecins américains (1954)

Syn. cétoacidurie à chaînes ramifiées, maladie des urines à odeur de sirop d'érable

| page précédente | /116 | page suivante