Rapport
Session of 5 mars 2013

Thérapies complémentaires – acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi – leur place parmi les ressources de soins

MOTS-CLÉS : Acupuncture. Effet Placebo. Hypnose. Manipulation ostéopathique. Qicong. Tai-Chi. Thérapies complémentaires
Place of alternative therapies in medical practice (acupuncture, hypnosis, osteopathy, tai-chi, etc.)
KEY-WORDS : Acupuncture. Complementary therapies. Hypnosis. Manipulation. Osteopathic. Placebo effect. Qigong. Tai Ji

Daniel BONTOUX *, Daniel COUTURIER *, Charles-Joël MENKES *

Résumé

Les thérapies complémentaires ont-elles une place dans les hôpitaux publics ? Telle est la question que posent les auteurs après l’apparition de ces techniques dans la pratique de plusieurs établissements. Les revues et méta-analyses d’essais cliniques contrôlés montrent que l’acupuncture, la médecine manuelle-ostéopathie et l’hypnose (thérapies les plus pratiquées dans les hôpitaux de Paris) ne font preuve d’utilité que dans un nombre restreint de situations : lombalgies, cervicalgies, certaines céphalées (acupuncture et manipulations du rachis), nausées et vomissements de la chimiothérapie anticancéreuse (acupuncture et hypnose), prévention de la douleur liée aux soins chez l’enfant (hypnose). De même le tai-chi paraît efficace pour la prévention des chutes et l’amélioration de l’équilibre chez les personnes âgées. Toutefois l’avantage de ces méthodes par rapport aux soins de référence est peu ou non significatif, et quand une intervention placebo est réalisable (acupuncture, certaines manipulations) la thérapie authentique n’est pas supérieure à la thérapie simulée. L’effet placebo pourrait donc être le mécanisme commun d’action de ces thérapies. Malgré ces limites, les thérapies complémentaires sont très appréciées du public et la plupart des facultés de médecine françaises leur consacrent des enseignements optionnels de troisième cycle. Les hôpitaux publics, et notamment les CHU et les centres d’oncologie, ne peuvent donc être critiqués d’accorder à ces pratiques une place dans leur offre de soins. Les auteurs émettent cependant plusieurs recommandations afin que, en adoptant ces thérapies, l’hôpital soit perçu non comme garant de leur efficacité, mais comme lieu d’exemplarité de leur pratique et espace ouvert à la recherche et à l’évaluation objective et rigoureuse du bénéfice qu’elles apportent au patient. Ils rappellent à ce titre que ces thérapies ne sont que des méthodes adjuvantes, pouvant compléter les moyens de la médecine conventionnelle, mais ne pouvant s’y substituer.

Summary

Do so-called alternative therapies have a place in the public hospital? The authors were prompted to examine this question following the appearance of these approaches in several public medical centers. Reviews and meta-analyses of controlled clinical trials show that acupuncture, manual osteopathic medicine and hypnosis (the alternative therapies most commonly used in Paris hospitals) are helpful in only a few situation, such as lower back pain, cervical pain, some headaches (acupuncture and spinal manipulations), nausea and vomiting due to cancer chemotherapy (acupuncture and hypnosis), and prevention of care-related pain in children (hypnosis). Tai-chi also appears to help prevent falls and to improve balance in elderly persons. However, these methods have few or no advantages over classical treatments or even placebo procedures. Despite these limitations, alternative therapies are widely appreciated by the public, and most French medical schools offer optional study modules. Public hospitals, particularly teaching hospitals and cancer care centers, cannot be criticized for allowing these practices a place in their care supply. The authors make several recommendations intended to ensure that hospitals which agree to these therapies are not considered to be endorsing them, but rather to be guaranteeing their proper use and their scientific evaluation in terms of patient benefit. These therapies are subsidiary to conventional treatments and cannot replace them.

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Bull. Acad. Natle Méd., 2013, 197, n° 3, 717-757, séance du 5 mars 2013